Les liens du cœur. || Brise d’Été - end

Ouais. Bon. Sa tentative d'apaiser la frustration avait échouée. Il l'avait pas du tout écouté et avait même essayé d'attraper le fugitif avec la même agilité qu'un écureuil, sans succès. Bordel. Oh, voilà que je recommence à être vulgaire moi... Tu parles d'une bonne journée pour chasser, elle aurait mieux fait de rester dormir dans sa tanière. Coincée dans ses pensées, le mâle lui adressa une phrase qui la fit se ressaisir.

Ça sert à rien de s’acharner, toutes les proies de la forêt savent où nous sommes.

C'est avec regret qu'elle hocha la tête. Si elle avait été plus attentive et déterminée, ils ne seraient peut être pas resté sur un échec. Il s'était assis et avait entreprit un nettoyage rapide avant de continuer dans sa lancé. Bizarre, je ne l'ai jamais connu bavard. Bah après j'en sais rien je ne lui parle pas non plus.

Tout va bien Brise d’Été ? Cet écureuil ne se serait pas enfui si tu ne t’étais pas crispé.

Mmh ? Crispé ? J'irai pas jusque là quand même... Bah zut, il avait vu. Brise d'Été n'aimait pas beaucoup s'expliquer. Qui plus est ça le concernait en fait, ses acrobaties avait fait peur à la rousse.

Oh ça ? Ce n'est rien, j'étais un peu frustrée de ne rien attraper et je n'aime pas du tout ce sentiment alors j'essaye de l'oublier. Mais... Ça se transforme parfois en nervosité, j'avais pas envie de le louper cet écureuil.

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En dehors de son caractère solitaire et renfermé, le Corbeau était un être observateur. En même temps, le temps passe lentement quand on est seul. Observer les autres était devenue une habitude, même s’il ne s’intéressait pas vraiment à la vie des autres. Tant qu’ils étaient en vie et heureux, tout allait bien. A vrai dire, et il ne l’avouerait probablement jamais à haute voix, cela faisait longtemps que Cri des Corbeaux louchait sur Brise d’Été. Pas pour les mêmes raisons que n’importe quel mâle regardant une femelle. C’était juste que, c’était juste que Brise d’Été avait été proche d’Aile d’Hirondelle. L’une de ses amis, avant que trio se forme, qu’Aile d’Hirondelle devienne une personne presque essentielle a Cri des Corbeaux. Avant qu’elle ne meurt. Le petit mâle noir n’avait alors jamais voulu, ou plutôt osé, se rapprocher de la guerrière rousse. Elle lui rappelait trop la petite Hirondelle.


« Oh ça ? Ce n’est rien, j’étais un peu frustrée de ne rien attraper et je n’aime pas du tout ce sentiment alors j’essaye de l’oublier. Mais… Ça se transforme parfois en nervosité, j’avais pas envie de louper cet écureuil »


Il leva les yeux, pour les planter dans ceux de la guerrière. Il haussa un sourcil. Il n’était pas vraiment convaincu par ses propos. Tout ça pour une ou deux proies ratées ? C’était trop d’honneur pour un écureuil qui n’avait que la peau sur os. Il agite les oreilles, continu sa toilette. Non vraiment, il n’en croit pas un mot. Il y a autre chose, mais la guerrière ne veut pas en parler. Et pour la première fois depuis longtemps, Cri des Corbeaux a envie de creuser un peu plus, s’intéresser à quelqu’un pour de vrai. Il hausse les épaules.


« Si tu le dis. L’écureuil doit être content que tu te fasses autant de soucis grâce à lui. Mais s’il y a autre chose, tu peux m’en parler. »


Il ne savait pas vraiment ce que la guerrière pensait de lui. Peut-être qu’elle était comme les autres, elle le craignait. Pas mal de gens évitaient Cri des Corbeaux. Pas grand monde n’appréciait sa langue acérée et son expression neutre. Personne ne savait lire les pensées du petit mâle. On se mettait même à avoir peur de lui.

GALLINEA

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Si tu le dis. L’écureuil doit être content que tu te fasses autant de soucis grâce à lui. Mais s’il y a autre chose, tu peux m’en parler.

Cela provoqua un petit rire chez la guerrière, le genre de rire pas du tout moqueur, montrant qu'elle s'était fait avoir, encore. Ouais, elle était pas connue pour ses mensonges la rouquine. Pauvre écureuil, si tu savais à quel point je voulais t'attrapeeeeeer !

Bon d'accord, j'avoue avoir menti, j'ai jamais été une très bonne menteuse d'ailleurs.

C'était assez étrange de le voir "s'inquiéter" pour elle. Enfin pas s'inquiéter disons plus, qu'il cherchait quelque chose on aurait dit. Elle tourna la tête vers l'arbre ou Cri des Corbeaux avait fait ses acrobaties.

J'aime pas quand on prend des risques inutiles, je ne peux pas m'empêcher de penser à si tu étais tombé de l'arbre tout à l'heure, tu m'as fais très peur. Ça m'avait un peu agacée mais j'ai rien dis, je sais que de toute manière ça n'aurait rien changé. T'es le genre de personne qui aime le goût du risque non ?

Puis son regard se reposa sur lui. Ses yeux gris clairs ressortaient de son pelage noir, ça les rendaient très perçants. Un chaton pourrait avoir peur d'une carrure pareil malgré la petite taille. Il inspirait pas confiance mais Brise d'Été savait que le physique de ses camarades ne reflétait jamais réellement leurs vraie nature.

Puis bon l'essentiel c'est qu'il ne se soit rien passé, y a pas à s'embêter

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Elle laissa échapper un petit rire, aussi faible qu’un soupire. Cri des Corbeaux semblait l’avoir percé à jour. Ça n’avait pas été très compliqué.


« Bon d’accord, j’avoue avoir menti, j’ai jamais été une très bonne menteuse d’ailleurs. »


Comme Aile d’Hirondelle. Enfin, pas vraiment. C’était plutôt comme elle le voulait. Suivait ses motivations. Ouais, Aile d’Hirondelle avait toujours eue le chic pour avoir tout ce qu’elle voulait, quel que soit la stratégie à utiliser.
Brise d’Été sembla hésiter un instant, avant de se tourner vers le grand arbre, où le Corbeau avait failli tomber quelques instants auparavant. Le mâle gris sombre se tourna aussi. C’était ça qui la tracassait ?


« J’aime pas quand on prend des risques inutiles, je ne peux m’empêcher de penser à si tu étais tombé de l’arbre tout à l’heure, tu m’as fais très peur. Ça m’avait un peu agacée mais j’ai rien dis, je sais que de toute manière ça n’aurait rien changé. T’es le genre de personne qui aime le goût du risque non ? Puis bon l’essentiel c’est qu’il ne soit rien passé, y’a pas à s’embêter. »


Elle planta ses yeux d’ambre dans ceux du Corbeau, un visage mélangeant colère, inquiétude et un soupçon de lassitude. Le guerrier la regarda à son tour, sans vraiment comprendre. Est-ce qu’elle s’inquiétait vraiment pour lui ? C’était vraiment possible que quelqu’un éprouve un quelconque sentiment de tristesse à sa mort ? Il avait presque envie de rire. Mais il se contenta de plisser les yeux et de rompre tout contact visuel. Il ne savait pas vraiment comment réagir. Et à vrai dire, s’il était tombé de l’arbre, il aurait sûrement été content. Les guérisseurs disent que quand on meurt, on rejoint ceux qui nous ont quittés. La mort n’était finalement pas si horrible que ça. Surtout quand on avait tout perdu. Il soupira.


« Non. Mais l’idée de perdre la vie ne me déplaît pas forcément. La vie de mes camarades de Clans passe avant tout, je donnerais la mienne quand ça sera le moment. »


Ouais. Il donnerait sa vie en échange d’une autre. Voilà une belle mort. Une mort digne. Une mort qui le ferait passer de l’autre côté sans avoir de remords. Une mort qui le rendrait enfin heureux. Il relève la tête, cette fois c’est lui qui plante ses yeux dans ceux de la guerrière.


« Je devrais peut-être te remercier de t’être inquiété pour moi. Qui d’autre le ferait dans le Clan ? » Il remue les moustaches, esquisse presque un sourire « Aile d’Hirondelle avait toujours le truc pour bien s’entourer. »

GALLINEA

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Non. Mais l’idée de perdre la vie ne me déplaît pas forcément. La vie de mes camarades de Clans passe avant tout, je donnerais la mienne quand ça sera le moment.

Brise d'Été remua les oreilles. Comment pouvait-on avoir aussi peu d'estime pour sa propre vie ? La rousse concevait très bien la vision de ses camarades, de mourir pour son clan. Mais elle ne comprenait pas pourquoi certains tenaient absolument à se sacrifier vaillamment. Pour la gloire ? Pour avoir le sentiment d'être mort comme on le souhaitait ? Ces gens là ne voit même pas devant eux, ils ne se rendent même pas compte de la chance qu'ils ont d'être en vie qu'ils veulent déjà mourir. Brise d'Été cherchait à être une bonne guerrière pour survivre, pas pour mourir, elle ne comprendrait jamais. Ses songes cessèrent lorsqu'elle crut apercevoir ce qu'il s'apparenterait à un sourire ?

Je devrais peut-être te remercier de t’être inquiété pour moi. Qui d’autre le ferait dans le Clan ? Aile d’Hirondelle avait toujours le truc pour bien s’entourer.

Il se sentait tant seul que ça ? Remarque ça se comprend... Brise d'Été était sans doute aveugle. Il n'avait pas vraiment d'amis, ne traînait pas avec grand monde, il est normal qu'il résonne dans ce sens.

Parfois, on se cache bien de dire à un de nos camarades qu'on s'inquiète pour lui. Tu n'es pas seul Cri des Corbeaux, il y en a pour qui tu comptes bien plus que tu ne le penses. Ta vie est loin d'être terminée et je pense qu'Aile d'Hirondelle ne voudrait pas que tu la rejoignes trop vite.

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Il allait certainement passer pour un gars dépressif, vide à l’intérieur. Peut-être que c’est ce qu’il était. Cri des Corbeaux n’avait jamais cherché à se qualifier. Il avait autre chose à faire, enfin, il n’avait surtout pas envie de le faire. Pas envie de se prendre la tête. Sa vie était comme un nuage, un épais nuage de brume. Si on avance, on se perd.


« Parfois, on se cache bien de dire à un de nos camarades qu’on s’inquiète pour lui. Tu n’es pas seul Cri des Corbeaux, il y en a pour qui tu comptes bien plus que tu ne le penses. Ta vie est loin d’être terminée et je pense qu’Aile d’Hirondelle ne voudrait pas que tu la rejoignes trop vite. »


Sûrement qu’Aile d’Hirondelle ne voudrait pas revoir la sale gueule de Cri des Corbeaux avant un moment. Elle, elle voulait profiter de la vie. Explorer, s’amuser. Elle aurait pu sauver même un moineau si elle l’aurait pu. Alors pourquoi c’était elle que le Clan des Étoiles avait prit ce jour-là ? Ce jour de pluie où la patrouille dirigée par Cri des Corbeaux avait été attaqué par un blaireau ? C’était peut-être lui le souci. Le Clan des Étoiles lui faisait payer le fait d’être le fils de Suave Menthe, la guerrière qui ne savait même pas par qui elle se faisait tringler. Il était maudit.


« Jveux bien connaître les noms de ceux qui s’inquiète pour moi ! » Il se lève, lâche un petit rire sarcastique, ironique. « Aile d’Hirondelle ne voulait pas mourir. Et pourtant on sait tous comment ça a finit. »


Il s’avance, dépasse Brise d’Été, s’enfonce dans la forêt. Ça ne sert à rien de rester ici. Ils n’avaient rien attrapé, le soleil arrivait bientôt à son zénith, il valait mieux rentrer. Cri des Corbeaux avait écoulé assez de salive pour aujourd’hui, il voulait être seul à présent. Sa queue fouetta l’air rageusement. Il était en colère, contre lui-même, contre les Ancêtres, contre la vie elle-même. S’il avait été seul, sans la rousse qui se mettrait certainement à le suivre, il aurait bien tout envoyé balader, massacrer quelques bosquets. Tout pour ne pas passer sa colère sur un être vivant.

GALLINEA

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