Is everything meant to be broken ? [PV]

C'est bizarre, ça ne ressemble pas à un arbre. Ni à un rocher. Non, pas vraiment. Mais ça a l'air constitué de plusieurs pierres, cela dit. Cet endroit ne me dit rien qui vaille, il fait noir à l'intérieur malgré les quelques trous dans sa structure. Ça a l'air vraiment vieux. Peut être plus vieux que toute cette forêt. Et en pleine dislocation, surtout. Si ça e trouve ça va me tomber dessus dès que j'aurais mis une patte à l'intérieur. Bête, comme manière de mourir. Pourtant j'ai envie de visiter. Ce ne serait pas drôle si on ne prenait pas de risques, n'est-ce pas ? Je m'assois devant la chose, essayant de déterminer comme ça a bien pu apparaître. Il y a de grandes pales qui devaient sans doute tourner avant. En bois. Je crois qu'on appelle ça une hélice. C'est sans doute assez technique à construire. Rien de naturel. Et ce qui n'est pas naturel, c'est fait par les bipèdes. Ces drôles de créatures nettement plus grandes que les chats qui marchent sur deux pattes, promènent des chiens et ont des voix vraiment bizarres. Ils habitent dans des constructions un peu similaires, mais il n'y a pas d’hélices. J'en ai vu quelques unes dépasser de la ville, elles ont une forme rectangulaire et sont vraiment immenses. Oh, au moins le triple de cette chose ! Plus haut que n'importe quel arbre. Je me demande s'ils n'ont pas peur de tomber. Ou s'ils n'ont pas le vertige, de là-haut. Peut être. Ou alors ils s'en poquent complètement. C'est quand même bizarre de se fatiguer à construire toutes ces choses probablement dangereuses pour habiter alors qu'il y a la nature. Remarque, mieux vaut qu'ils construisent ça. Je les vois assez mal dans la nature avec nous. Un frisson court le long de mon échine. Ça a l'air très mauvais, à vrai dire. Pourvu qu'ils ne le fassent pas. Si ça se trouve il y en a là dedans. J'avance prudemment vers l'objet, en silence, m'attendant à ce que quelque chose sorte brusquement. Rien ne vient. J'essaie de repérer une odeur qui pourrait être dangereuse. Celle des possibles constructeurs. Il y en a une, mais tellement vieille et tellement effacée. Ça fait longtemps que les bipèdes ne viennent plus ici.

" Ça doit être sans danger. "

Miaula-t il , comme pour se motiver. A vrai dire le jeune chat n'en était pas si sûr. La vague odeur de bipède et l'aspect sinistre de l'endroit ne lui disaient rien. Mais vous savez comment les gens sont. " Curiosity killed the cat . " A votre avis, qui est le chat ? Bien. Karneval avait un vague sentiment de danger au fond de lui. De l’instinct qui lui disait de fuir toute odeur de bipède. Et pourtant. Trop curieux pour reculer. Il savait que c'était une mauvaise idée, mais il n'avait pas peur. Il savait qu'il vaudrait mieux partir, mais il voulait rentrer. Alors il se dit que bon, faire un tour à l'intérieur ne pouvait pas lui faire de mal. Normalement. Il voulait vraiment voir ce que les bipèdes avaient bien pu trafiquer à l'intérieur de cette construction étrange. Comment tenait-t elle ? Pourquoi ici ? Était-ce une habitation ? Tant de questions. Il voulait savoir. Savoir, toujours savoir plus. Il avait tout oublié, s'il l'avait su un jour. Il aimerait comprendre ce qu'était cet endroit avant qu'on ne l'abandonne. Pourquoi l'avoir laissé là, d'ailleurs ? Pourquoi ne pas le détruire ? Ou pourquoi l'abandonner ? Était-t il trop vieux ? Devenu inutile. C'était peut être à cause des trous dans la structure. Trop de questions. Alors le bicolore poussa un profond soupir en regardant une dernière fois l'entièreté de la construction avant de faire un pas à l'intérieur. C'était... sinistre, mais plutôt joli. la lumière qui s'infiltrait par les trous éclairait les nombreuses toiles d'araignées, ainsi que des branches taillées qui formaient un chemin vers le haut de la chose. Le vent devait passer car certaines toiles bougeaient. Il y avait un drôle de mécanisme où il restait quelques graines et probablement ce qui faisait tourner l'hélice. Ça semblait usé et plus tellement en état de marche. Mais sait-t on jamais. Le chat hésita quelques instants . Était-ce bien prudent ? Oh, tant pis. L'amnésique bondit sur une poutre, puis une autre, en espérant ne pas se mettre d'écharde dans les coussinets. Il finit par atteindre le mécanisme. Facile à repérer, avec la lumière qui pleuvait dessus.

" ... you mean , tell me I'm right... And let the SUN rain down on me..."

Une voix résonne dans ma tête. C'est marrant, je crois que je connais cette chanson. Et qu'elle est liée à cet endroit, d'ailleurs. Mais je ne comprend pas les paroles. J'ai l'esprit tellement flou. Quelques mots émergent . "sun" , soleil . L'astre doré qui brille actuellement. Peut être ce flot de lumière qui ... "rain down" , pleut . Qui pleut sur l'endroit, juste celui-ci. Oui, ça doit être le rapport. Cette voix ne me dit rien. Peut être qu'elle n'appartient à personne, qu'elle a juste été formée par mon esprit et ces souvenirs embrumés. Je me sens un peu fatigué actuellement. Dans le flou. Je regarde la lumière, sourit légèrement. C'est joli, certaines toiles d'araignées brillent. L'endroit est vraiment tranquille, bien moins glauque que ce à quoi je m'attendais. Je suis content d'être rentré, en fait. Je regarde encore la lumière puis décide de voir s'il y a autre chose d'intéressant. Il n'y a pas de bruit, même mes pas sur cette poutre sont silencieux. Il y a une peu de poussière qui tombe, et lorsqu'elle passe sous un rayon de soleil, j'en vois les grains danser, puis disparaître dans le noir. Comme s'ils n’avaient jamais été là. Le poutre craque un peu, maintenant. Ça ne me plait pas. Alors je descend. J’atterris sur une autre, amortissant le choc au mieux. Elle produit un craquement assez peu rassurant. Je descend, mais la dernière est pourrie. Elle s'effrite littéralement sous mon poids. Oops. Je ne fais même pas de bruit, me contentant de perdre l'équilibre et de tomber. En silence, hormis le craquement du bois pourri. Je vois les morceaux tomber au dessus de moi. Plus légers. Mais je suppose qu'il y a mieux à faire que d'admirer le paysage. Rapidement, je me retourne de sortes à atterrir à l'endroit. Le choc soulève de la poussière. Encore. J'ai l'impression qu'il n'y a que ça ici. Je tousse, puis je rouvre les yeux. Pour me trouver face à deux iris ambrés. Un moment je crus qu'il s'agissait de cette "lieutenante du Clan de l'Ombre" flippante, mais non. Parce que ces yeux ont vraiment l'air tristes. Pas menaçants, juste tristes.

" J- euh... Vous allez bien ? "

Demanda le solitaire, un peu inquiet, en faisant deux pas ne arrière pour mieux observer son interlocuteur. Un matou un peu plus petit que lui avec le pelage bicolore et des yeux ambrés. On voyait flotter un drôle de brouillard mélancolique . Que lui était-t il arrivé pour être dans cet état ? Pourtant il ne semblait pas pleurer.