Les cris sont devenus leurs rires ☼ Etoile Vaillante - end

Thème principal, Grave

Les babines de Cœur Fleuri s'agitaient dans le vide, comme dans l'espoir de retrouver l'air qui lui manquait, d'expirer les émotions qui la faisaient suffoquer ... à la place, elle entendait juste son cœur couvrir tous les sons alentours, pour ne lui laisser que la vision de la gueule de sa sœur, qui semblait prête à baver de haine comme celle d'un chien fou. Son cœur, son nom, qui disait-on représentait sa loyauté envers sa famille et son Clan ... Elle sentait la panique gratter sa gorge avec ses ongles de craie, piquer ses yeux de milliers d'aiguilles et traverser son corps par des fourmillements, qui faisaient tressauter ses paupières et trembler ses pattes.

« Je devrais y aller... »

Elle relâchait son emprise ; la guérisseuse ne bougeait pas. Etoile Vaillante quitta sa tanière. Elle ne bougea toujours pas. Puis, après un long moment à rester dans la même positon, elle se mit debout comme un petit automate en fourrure, fit nerveusement sa toilette et se mit en marche. D'un pas mal assuré et lent, elle vérifia que personne ne se trouvait dans la tanière. Il n'y avait pas un chat, pas même son apprenti - information qui ne lui fit étrangement ni chaud, ni froid. Ensuite, elle se dirigea le plus loin possible, s'assit, et laissa le monde s'effacer devant ses yeux. Cœur en croix, bouche ouverte, sa respiration brûlante griffa les murs tandis qu'elle sentait des hauts-le-cœur la secouer, le visage ruisselant de larmes, incapable de savoir quoi penser, quoi faire, quoi dire pour que cette douleur lancinante cesse, et pour que la panique arrête de dérégler son corps.

Combien de temps resta-t-elle ainsi, prostrée au fond de sa tanière comme un enfant en faute, secouée par l'angoisse et les pleurs ? Pour elle, cela sembla durer une éternité. Mais elle finit par récupérer son souffle et tarir ses larmes, son corps arrêta de trembler tandis qu'elle relevait la tête.

Elle se mit assise, fixant l'extérieur de la tanière sans vraiment y voir grand-chose. Le monde n'était plus un flou étrange et terrifiant, elle avait retrouvé un tant soit peu de stabilité. Elle ancra ses pattes dans le sol, fit demi-tour, se retrouvant face au mur de sa tanière, puis se coucha.

Cette journée avait déjà été bien trop longue.

HRP :

Il nia. Mon coeur se serra. J'aurais préféré être seule. J'avais besoin de réfléchir. Mais surtout, j'avais peur de lui faire du mal à lui aussi...

Je venais voir si tu avais besoin de quelque chose?... »

Je lui souris faiblement, et lui fis signe de s'approcher... J'étais maintenant persuadée qu'il savait. Je soupirais, d'un râle profond, fort. Empreint de mon désespoir. Pourquoi avais-je l'impression que le monde que je connaissais était en train de s'effondrer? Pourquoi? Au nom de quoi?
Et puis, comment était-ce possible d'éprouver ainsi autant de haine et d'amour pour la même personne? Être ainsi si furieusement en colère que je pourrais tout envoyer valser, mais être détruite par mes propres réactions.

"Je ne vous ai jamais raconté à toi et tes soeurs..."

J'ignorai pourquoi j'en parlais maintenant. C'était passé.

"Quand j'étais plus jeune, j'étais... compliquée disons. Tu te doutes bien que les caractères de tes sœurs ne tombent pas du ciel. J'étais impulsive, beaucoup trop. Un jour, j'ai même failli y passer .." Je fis une pause, les yeux dans le vague. Les souvenirs remontaient. D'aigres souvenirs, témoins de mon désarroi existentiel. "J'avais pourtant depuis appris à me contrôler... je pensais avoir enterré tout ça... Avoir acquis assez de sagesse pour me contrôler..."

Ma voix se brisa. Ma gorge se noua.

Tu te doutes bien que les caractères de tes sœurs ne tombent pas du ciel. ]"Je suis désolé que tu aies pu voir, ou entendre, cette dispute avec ta tante. Notre conduite était digne de celles de chatons... " mais aux conséquences qui semblaient irréversibles... Un rire nerveux s'échappa.

Soudain, mon regard croisa celui de mon fils. Mon fils. Ce mot résonna dans ma tête. J'eus aussitôt l'impression d'avoir failli. Failli à mon devoir de mère. A mon devoir de sœur. A mon devoir de chef. Je baissai le regard, comme honteuse. Honteuse d'être là à pleurer sur mon sort, être si triste que c'est à mon propre fils de venir me réconforter... n'était-ce pas censé être le contraire? D'une petite voix, je murmurai :

"Je ne veux pas vous faire du mal... Je vous aime. "

Spoiler:

hrp:

Mon petit s'avança alors. Doucement, tout doucement jusqu'à venir poser son front contre le mien, brisant ainsi, l'espace d'un instant, la distance qui nous séparait. Une distance tacite, créée probablement dès la naissance de mon petit Alcy. Je m'en rendais compte maintenant. Cette dernière n'avait cessé de se renforcer au fil des lunes, avec ce caractère qui nous opposait presque, et ces voies et style de vie si différents. Je me laissai aller contre mon enfant, cet enfant que je n'avais pas vraiment vu grandir. Que je n'avais pas suvoir grandir. Cet enfant qui était en réalité bien adulte maintenant. Je fermai les yeux, réceptive à toutes les bonnes ondes qu'un tel contact apaisant pouvait envoyer. Ces moments étaient aussi rares qu'ils étaient précieux. Pendant des secondes, peut être même des minutes, nous restâmes ainsi, sans bouger. Puis, je lui donnai un léger coup de tête affectueux, avant de lui lécher le haut du front avec amour.

Je murmurai :

"Tout va s'arranger, je te le promets."

Sur le coup, ces quelques mots étaient sincères. C'était mon souhait le plus profond. Mais cet instinct, ce sixième sens dont on ne pouvait expliquer ni l'origine, ni le fonctionnement, me murmurait d'une voix canaille que ces quelques sons n'étaient que supercheries et illusions. Qu'aujourd'hui avait été franchi un point de non retour, et que les morceaux cassés l'étaient à tout jamais. Rien ne serait plus comme avant, désormais.
Mais je ne pouvais m'y résoudre, et je ne pouvais d'autant plus l'admettre devant Nuage d'Alcidés.

"Merci mon petit Alcy d'être là. Je suis là pour vous, moi aussi, même si, là tout de suite, cela peut te paraître ... paradoxale."

Je me relevai, avec une lenteur calculée pour ensuite approcher le bicolore vers moi. Enroulant ma queue autour de ses pattes, je me mis à lui donner de petits coups de langue affectueux, les yeux fermés. Je retenais ces larmes qui menaçaient de couler. Pas devant lui. Il en avait assez vu. Il en avait assez sur ses petites épaules, je n'avais pas à rajouter la charge d'une mère devenue folle.

Spoiler:

Et j'étais trop triste pour me rendre compte du changement d'attitude de Nuage d'Alcidès. Mes sentiments se bousculaient en moi, et m'encombraient le cerveau. Je n'arrivais absolument pas à avoir les idées claires. Ce contact avec mon fils m'était réellement et sincèrement réconfortant. Cela m'avait réchauffé le cœur.

Mais il suffisait que mes pensées s'égarent pour que ma gorge se noue, que mes griffes se plantent dans le sol et que les larmes menacent de tomber. Je secouai la tête. Il me fallait une bouée de sauvetage pour échapper à la noyade. Nuage d'Alcidés ne pouvait décemment pas l'être. Une mère qui compte autant sur son fils pour surmonter ses propres erreurs, quelle honte! Une mère se devait d'être forte, et ce, d'autant plus qu'elle était chef de clan.

Il me fallait aider mon clan. Je ne pouvais pas me laisser aller. Pas aujourd'hui, pas dans ce contexte-là. Il fallait que je me ressaisisse. Je décidai ainsi de mettre cet atroce événement dans un coin de ma tête et d'aller rassurer mes guerriers et guerrières qui auraient pu entendre la dispute, à l'aide de belles paroles hypocrites telles que ce n'est rien... dispute familiale, rien de bien méchant... tout va bien... Je m'arrêtai au seuil de ma tanière pour me retourner vers l'apprenti-guérisseur, et lui jeter un dernier sourire avant de repartir.

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