Fluorescent Adolescent. pv Rainbow la Fraise ♥

«Je vais bougeer, ça va.
- Grouille.
- Ouaiis.
- Je sens que tu vas pas bouger avant longtemps.
- Quelle intuition.
- Tu t'es trahi.
- Nan, j'avais fait exprès.
- Je sais que non.
- Mais n'importe quoi.
- Aller, dépêche.
- NAN.
- Pourquoi tu me réponds comme ça ?
- Parce que t'es là à vouloir que je me réveille alors que j'ai pas envie, tu n'es pas mon père, il est mort alors c'est bon.
- Oui ben je le remplace, il t'en faut bien un.
- J'adore comment tu prends le sujet.
- Comment ?
- Légèrement. J'ai bien ta façon de prendre les choses.
- Merci.
- Au revoir.
- Quoi ?
- Au revoiiir.
- Mais ?
- Oh, une souris court derrière.
- J'ai jamais chassé, idiot.
- Je te permets pas.
- Et bah moi si.
- Tu fais chier.
- Pardon ?
- T'as très bien entendu.
- Non, répète-moi ?
- Non.
- Pourquoi ?
- Parce que j'ai pas envie.
- Ok, mais lève-toi, je suis en retard !
- J'ai gagné.
- Quoi ?
- J'ai gagné !
- Mais ?
- Je t'ai fait perdre ton temps, tu es en retard, j'ai gagné.
- Oh, toi ... Je te hais.
- Moi aussi je t'aime. Aller, file, tu vas te faire engueuler.
- Je te lâcherai pas.
- Vermine.
- Pardon ?
- C'est bon, c'est bon, je me lève. Mais je le fais pour moi ! Histoire que t'ai pas une tête trop moche et que je puisse rester avec toi.
- Mais qu'est ce que tu racontes ?
- Je sais pas, c'est la lumière, ça tue les yeux.
- Et le cerveau aussi, apparemment.
- Prout.
- Quelle réponse élaborée.
- Ouais ouais.
- J'ai gagné.
- Hein ?
- Tu t'es levé. J'ai gagné.
- Ouais, pas trop vite mon chou, on est juste quittes.
- A ce soir Fragrance !
- A plus Océan.»

Je souris bêtement au souvenir de la conversation que Vague des Océans et moi avions tenu hier, dans la tanière des guerriers. Une conversation matinale devenue banale pour nous deux. Nous étions idiots, puérils, enfantins, et nombre de guerriers riaient de nous. Quelles étaient nos réactions ? Une messe basse, un regard noir, un rire moqueur, et le tour était joué, certains croyaient qu'on se moquait d'eux. La messe basse ? «Fait semblant que je te dis quelque chose de marrant.» Puérils, c'était l'adjectif.

Lorsque je sortis de la tanière des guerriers, la luminosité du soleil m'éblouit un instant. Je clignai frénétiquement des yeux, cherchant à chasser les points obscurcissant ma vision. Ils ne voulaient pas partir et dans l'un deux je crus apercevoir ma protégée, Nuage d'Aurore. Mon ancienne protégée. Je reculai d'un pas. Tout cela était tellement étrange ! Elle avait été tuée, renversée par un monstre. Le monstre ... Il me hante la nuit, parfois. Je me surpris à trembler de la patte avant gauche, celle-là même blessée par un bipède. Je me ressaisis fermement et vis arriver en trottinant une apprentie, dont j'avais confondu la fourrure immaculée avec celle d'Aurore. Ma mémoire me jouait des tours. Un fin sourire étira mes traits, avant de voir l'apprentie se diriger sur moi. J'avais l'impression de voir un tas d'ennuis courir vers moi. Et si je fuyais ?

«Heu désolée de vous déranger -
- Trop tard. Mais je t'écoute.
- Heu ...
- Rêka ?
- Je cherche heu ...
- Écoute, d'habitude c'est moi qui fait perdre leur temps aux autres, et pas le contraire. Respire et viens me chercher quand t'as trouvé ta phrase.»

Je m'éloignais, attendant une manifestation de la part de l'apprentie. C'est toujours ça, le prix pour se moquer des petits : une perte de temps. Je savais qu'elle allait me lancer la question dans mon dos, j'allais avoir le temps de réfléchir à la réponse en me retournant. Tout bénef' !

«Attendez ! Je cherche Vague des O-Océans, j'ai de la mousse pour lui !
- Cherche bien, tu vas finir par le trouver.
- Heu ...
- Recommence pas ...
- Désolée. Je vous demande parce que vous le connaissez non ?
- Oui, je le connais.
- Et vous savez où il est ?
- Non, ma petite.
- Oh. Je pensais que ...
- Et bien tu pensais mal. Allez, salut.»

Je pris lâchement la fuite. L'aider ? Jamais. Pas de pot pour elle, elle avait demandé à la mauvaise personne. Évidemment, tout le monde savait que Vague des Océans et moi étions toujours fourrés l'un avec l'autre. Mais je venais de me lever, et m'importuner du matin, c'est très malpoli. Si je n'avais pas dit à cette enfant où était mon meilleur ami parce que, tout simplement, il était à moi aujourd'hui. Je savais exactement où le trouver, mais je ne le dirai pas à cette apprentie. Parce qu'aujourd'hui, il est à moi. A moi. Et à personne d'autre, personne ne m'enlèvera les minutes passées avec lui, parce qu'elles peuvent être chaque jour les dernières !

*Calme-toi, bougre fou. Tu le verras ton pote.*

Je me faufilai parmi les chatons qui jouaient gaiement, heureux de revoir le soleil. Je les enviais. Mais juste un peu. Juste un peu parce qu'ils sont un peu cons, à cet âge-là. J'accélérai le pas, trottinais puis courais pour rejoindre celui qui chaque jour me donne le sourire. Je voyais sa silhouette se dessiner, assise sur un rocher. Je ris dans le vent et accélérai encore l'allure. Il m'avait entendu, c'était obligé. Il savait que c'était moi, nous connaissions nos pas par coeur. Nous ne nous étions jamais trompés. Et pourtant, il ne bougeait pas. Il me connaissait assez pour savoir que j'allais lui sauter dessus, le faire rouler sur la pierre et lui hurler que j'ai gagné. C'était un rituel que nous n'avions jamais abandonné. Je vous avoue qu'avec sa carrure, je souffrais un peu lorsqu'il s'étalait sur moi, mais j'aimais ça.

Je le percutai donc, lançant tout mon poids contre lui. Il céda en une fraction de seconde, j'avais, comme d'habitude, trop d'élan. Un rire puissant vibra dans ma gorge et éclata à sa figure, résonnant contre les pierres. Quelle allure avions-nous ? Deux vieux guerriers, à rire et se chamailler comme deux chatons.

«ARRÊTE DE BOUGER ! ARRÊTE ARRÊTE J'ARRIVE PLUS À RESPIRER. OH MON DIEU PITIÉ ARRÊTE DE ME CHATOUILLER ARR- AHAHAHAHAHA. Pitié, pitié. AAAAAAAAAAHAHAHAHAH. VERMIIIINE. CRÈÈÈÈÈÈVE. JE VAIS TE TUEEEEER. T'es un matou mooooOOAHAHAHAHAHA !»