On dit que les apparences sont trompeuses, mais pas que celles-ci...#Petite Aurore.#Terminée

De ma naissance jusqu'à il y a quelques jours, ma vie était paisible, heureuse. Puis, ces ordures, ces lâches, ces puants nous ont envahi ! A l'improviste, et sont repartis, malgré tout, la queue haute et le regard hautain et moqueur, celui de ces guerriers de jadis, comme au temps d'Etoile Illusionniste, d'après les anciens. Comme au temps où le Clan du Vent était considéré comme le Clan le plus faible de la Forêt...

Ils sont venus, soit-disant pour montrer l'exemple à quiconque oserait défier ou faire obstacle au Clan de l'Ombre. Leur exemple valait-il qu'il débarque avec leurs meilleurs guerriers ? J'croyais que pour eux nous étions le Clan le plus faible de la Forêt ? Ou alors voulaient-ils réellement nous écraser, pour montrer leur supériorité ? Tu te souviens lorsqu'une terreur sans nom m'a saisi, Nuage de Cerise ? Quand ce guerrier est apparu, comme le diable en personne, ses iris triangulaires tourbillonnant furieusement ? Que Maman s'est mise devant nous pour nous protéger ? Et que ce guerrier l'a froidement envoyé bouler avant de planter ses longs crocs dans sa nuque ? De ce sang qui a coulé, juste avant que l'on entende ce sinistre craquement et que les yeux de Maman se ferment pour toujours ? Il s'est ensuite dirigé vers moi, un sourire inquiétant au museau. J'ai tenté de feuler un miaulement d'avertissement, mais qu'un faible bruitage ridicule n'est que sorti de ma gueule ? Mes petites griffes encore fragiles ne feraient rien à ce grand guerrier après de minuscules égratignures. Faible, je suis, faible je reste, nan ?  Seule face à un monstre, ce monstre que je nomme Mort. Seule face à celui qui abrégera ma vie ici. Sans avoir pu devenir un jour apprentie, ou même guerrière. Sans avoir pu fonder une famille. Sans..

Un éclair argenté déboula dans la Pouponnière, percutant violemment le félin de l'Ombre qui s'apprêtait à m'abattre d'un coup de patte. Papa !  Les deux félins roulèrent férocement au sol recouvert de bruyère, s'échangeant de puissants coups de mâchoires et de griffes, le sang jaillissant d'un peu partout. Terrifiée, je sortis moitié en courant, moitié en trébuchant, et me retrouvai dans un cauchemar.

Des cadavres jonchaient le sol à présent vermeil. Des félins se battaient un peu partout, mais la domination de l'Ombre semblait évidente. Puis, un matou passa devant moi, un matou que je reconnus immédiatement grâce aux descriptions que les guerriers rapportaient des félins des autres Clans lorsqu'ils revenaient des Assemblées. C'était le Chef du Clan de l'Ombre. je lui lançai un regard haineux qu'il me rendit d'un air suffisant, avant de plonger et de sauter sur une femelle sous mes yeux. Par derrière en plus, sale lâche ! N'écoutant que mon coeur, je lui sautais dessus et plongeait violemment mes petits crocs dans sa nuque épaisse avant de la secouer de toutes mes forces. Il grogna, sans doute importuné par les gouttes de sang qui jaillissaient à présent, et tombant dans ces orbites sombres, l'aveuglant à moitié. Il lâcha la femelle, qui s'enfuit, me lançant un regard impuissant, avant de disparaître, comme aspirée par la mélée.

Il finit par se débarrasser de moi, et me projeta violemment à terre. Je restai un instant couché, le souffle coupé, puis, sans jeter un regard en arrière, je m'enfuis en passant sous les pattes de deux guerriers qui s'affrontaient violemment. Je courus, évitant agilement les guerriers qui barraient ton chemin, errant au hasard dans ce Clan que je ne reconnaissais même plus. J'entrai dans une tanière vide, et me cachai dans un coin, tremblant de peur et de froid, mais saine et sauve. Je t'avais vu combattre Nuage de Cerise, dans la horde de félins et de griffes, je t'ai également vu tomber au combat. Je t'ai vu me lancer ce dernier regard, signifiant que je devais m'enfuir pour me protéger et j'ai appliqué ton conseil. J'attendis avec appréhension, et, petit à petit, j'entendis les miaulements et les bruits du combat s'amoindrirent, jusqu'à cesser complètement. Je ne saurais dire combien de temps a passé, combien de secondes se sont écoulées, mais l'aube pointa le bout de son museau, que je n'avais toujours pas bougé. Et c'est là que j'entendis des pas. Quelqu'un s'approchait ! Je me recroquevillai, espérant qu'il ou elle ne me voie pas lorsqu'il pénétrerait dans l'Antre. C'était le Chef, Etoile Ailée. Elle me prit délicatement entre ses crocs et m'emmena dehors. La clairière était emplie de félins blessés et anéantis. Il ne restait que trois corps au milieu de la Clairière, et je les reconnus au premier coup d'oeil. Papa, Maman, Soeur. Tous morts et froids. J'ai juste laissé une larme couler sur mon pelage souillé. Mais juste une. J'attendrais de voir les autres, ces crottes de renard, en verser lorsque je les exterminerai. Tous, sans exception. Jusqu'au dernier.