THE PROPHETIES BEGIN
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Thème X - Terres Inondées
 
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Cœur de Mimosa
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Cœur de Mimosa
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MessageSujet: you will be found /15+   you will be found /15+ Empty04.12.18 21:32

Mimosa & Serge
Even when the dark comes crashing through
When you need a friend to carry you
And when you're broken on the ground
You will be found

II

sadness

C'était une mauvaise journée que celle-là, vraiment... Une de ces journées où on regrette de s'être levée, ou d'avoir seulement ouvert les yeux; une de ces journées froides d'hiver, grises et pluvieuses, qu'aucune neige ne vient égayer, et dont les températures glacées viennent pourtant vous envelopper, vous transpercer. Au-dehors, il pleuvait à torrents, et on ne voyait même pas les étoiles, dans ce ciel sombre d'une nuit qui tombait bien trop tôt; et les gouttes de pluie trouvaient tristement leur écho sur les joues de cannelle de l'adolescente qui, à grands pas, se dirigeait vers le seul endroit où elle pourrait finalement extérioriser, loin des gens, de l'université, des gangs, de toutes les atrocités de la ville, dans le royaume qui n'était qu'à elle. Une bourrasque fit s'engouffrer la tempête avec elle, ses cheveux longs gouttant sur son manteau, en une masse frisée d'autant plus indomptable qu'elle était humide - en d'autres circonstances, la jeune fille aurait fait la moue, mais là... Elle n'avait ni la tête ni le cœur à tout ça. Encore des morts. Encore des blessés. Encore des combats. Mais pourquoi ça n'en finissait pas ! Et pourquoi était-elle tellement, tellement inutile ! La jolie princesse aux yeux d'intense chocolat retint un cri de rage et de tristesse, petite lionne, continuant sa route vers les profondeurs de l'immeuble qui appartenait officieusement à la Lune Rousse et, autant le dire, à ses sœurs, à son frère et à elle. C'était là qu'elle avait installé ses quartiers d'arts du cirque, dans une salle souterraine qui ne possédait que des fenêtres, en haut des murs, juste au-dessus du sol, pour observer le ciel; ça la calmait, en général... S'installer sur la mezzanine, au bord des vitres limpides, pour lire, écouter de la musique, composer des drinks, des couronnes de fleurs, et compter les étoiles; mais pas ce soir. C'était une autre part de son jardin secret qu'elle venait chercher là; elle venait danser, simplement, voltiger, s'élever, s'envoler, encore et encore, pour se défouler, pour se libérer, pour oublier.

Elle posa dans un coin son sac, ôta ses bottes, son manteau, puis ses vêtements, passant une autre tenue, qu'elle avait presque toujours avec elle, puis soutenant, une fraction de seconde, son propre regard dans le grand miroir: vêtue d'un simple justaucorps de gymnaste, qui s'attachait autour de son cou puis se croisait dans son dos, laissant libres ses épaules et une bonne partie de son dos, elle ressemblait à une princesse de nuit, tout en nuances de brun, de noir, sans sourire pour illuminer le tout, les paillettes d'or dans ses prunelles même ternies par la peine, ne laissant, comme seules touches de couleur, que les tatouages éphémères à effet aquarelle qui paraient le creux de son épaule et s'incurvaient délicatement, au-delà de la clavicule, vers la naissance de ses seins, sous le tissu de ténèbres brodé de minuscules points argent, blanc et bleu irisés, comme des constellations. Des dessins de peau aux formes florales, pour la jeune fille qui, quoiqu'elle fasse, portait toujours cette symbolique quelque part sur elle, en elle. Elle aimait beaucoup ces créations artistiques, cette fois-ci: mais l'heure n'était pas aux compliments et à la contemplation silencieuse dans un miroir, alors ce fut de quelques bonds agiles qu'elle se dirigea vers le premier agrès, au centre de la pièce, accrochant avec plaisir ses petites mains aux deux voiles de tissus qui cascadaient au sol, retrouvant ses tissus aériens avec un pâle, très léger frémissement des lèvres, et s'étirant un peu avant de trouver ses premiers appuis pour monter vers le ciel. La musique qu'elle avait lancée se faisait une amie, pour guérir la tristesse, juste un peu, laissant librement couler les larmes qui finirent lentement par s'arrêter, tandis qu'elle redécouvrait les figures cent, mille fois répétées; quand elle fut prête, enfin, elle se mit à danser. Des sirènes et des étoiles, des soleils et des arabesques, des écarts, des cocons, des appuis, des drapeaux, des chutes et des saltos; chaque geste maîtrisé, Mimosa dansait ainsi, au milieu de la pièce, virevoltant dans les airs, et défiait les limites pour frôler le voile, tournoyant lentement, comme une jolie pendue, ou se relevant pour un nouveau départ, explosion artistique. En cet instant irréel, la jolie petite fée était comme seule au monde, fragile et forte, lumineuse et si sombre. Ça, c'était la vérité... Mais qui aurait pu être intéressé, la voir, la contempler ? Personne. Alors, cachée, elle continuait de danser.

Peut-être tout simplement pour continuer de vivre.

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Danse du Cerf

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MessageSujet: Re: you will be found /15+   you will be found /15+ Empty06.12.18 6:40

Mimosa & Serge
I know you
I walked with you once upon a dream
I know you
that look in your eyes is so familiar a gleam

II

altération

La vitre de son cellulaire, recouverte de vices et de mots troués de septs balles pêchés, fine couche de diamant translucide au-dessus qui faisait peut-être un parallèle à sa vie — oui, un garçon à l'apparence de joyaux shooté aux démons intérieurs. Il marchait sur l'asphalte grise et mouillée de cette journée aux torrents grondants, criant au ciel qui venait de s'ouvrir la gorge pour laisser dégringoler son sang poisseux sur le corps de son enfant de chair, criant aux rares oiseaux dans les buissons qui s'envolaient --- flap, flap, flap --- devant son hurlement. Serge riait à gorge déployée, la gueule éraflée de son dernier party, le cerveau éclaboussé de ses derniers élans l'ayant amoché. Un espèce de succube qui se relevait après un combat, reprenant sa forme original d'homme aux ébats; aussi puissant que les ailes d'un archange ou simplement d'un mec un peu étrange. Il faisait des rimes un peu bizarres dans sa tête en lançant son joujou électronique en l'air, le faisant tournoyer, virevolter et valser avec la déjection des nuages batifolant moelleusement dans la voûte, le salissant. Mais s'il était aussi joyeux, ce débile intrépide, c'est parce qu'il avait retrouvé sa trace.

C'était un chien. Un serpent. Trois panthères. Quand il voulait quelque chose, il comptait bien l'obtenir; et c'était avec cette optique qu'il avait tapoté les touches de son vieil ordi, cherchant un indice d'où avait donc bien pu filer sa Perséphone. À son égard, elle ne s'appelait plus Coré, jeune fille douce et rougissante que son cerveau avait cru rencontrer lors de leurs premières secondes de regards caramels. Devenue dès la première parole reine des enfers et déesse du monde souterrain, l'Hadès aux yeux de flammes bleues n'était pas prêt à la laisser partir répandre le printemps, la retenant dans les tréfonds de l'hiver de ses longues mains habiles; il voulait tirer sur les ficelles, l'empêcher de remonter… La garder prêt de soi, prêt de Bobby Cerbère et de son château décrépis. Ses tours de magie avaient donc marchés dans un crépitement enflammé;

! Pouf !


Il l'avait trouvé. Voilà donc l'explication à son rire décousu et son faciès parcouru de tics nerveux, ses cheveux entremêlés par les gouttes abjectes d'en haut, les cernes qui s'élançaient et creusaient des rives profondes sous ses iris. Une semaine et quatre jours. Il n'avait peu dormis; s'était fait vivre aux bras des vices et avait dansé avec chacun d'eux; le sexe, c'était le meilleur remède pour oublier que sa danseuse pouvait s'éclipser loins de ses poings fermés. Alors, à quoi ressemble le palais dans lequel tu t'enfonces ? Il frappa violemment une roche à ses pieds, la faisant rebondir sur une auto dans un '' bong '' misérable. J'espère qu'il est plus beau que le mien. Sa voix écorchée par le sevrage râpait sa gorge asséchée, comme une vieille feuille de papier.

Et s'il l'appelait, seul au milieu de la rue dans sa grande cape rouge et noir, c'est parce qu'il sentait sa présence --- ou plutôt, que google maps la sentait. Il rangea donc son appareil dans la profonde poche de son manteau, comprenant que celui-ci ne serait plus utile; en effet, devant ses yeux vairons se tenait une énorme bâtisse tout de brumes vêtues, susurrant des appels d'ombres et de reflets roux. C'était donc là, qu'elle se cachait ! Pensait-elle qu'il aurait peur de s'incruster dans les sombres entrailles de ce gang ? Il n'allait point être de la même partie que Célimène pour user de l'hypocrisie, mais allait par contre utiliser les mêmes réflexes que ceux qui cachait une bassesse. Les ombres ! S'enterrant dans celle-ci, couverture claquant dans le vent sifflant, il finit par entrer dans les profondeurs du géant de pierres construits.

il n'avait qu'à suivre la musique

Il cueillait les notes dans ses doigts, se penchait pour les regarder et les analyser, jouant de son index dans la mélodie qui incrustait chaque courbes de ses paumes cristallines. La ligne directrice de cette chanson n'avait point l'air sensuelle, comme l'avait été leur danse commune dans cette cage aux néons clignotant; non, non… C'était d'un lent et triste tempo. Perséphone regrettait-elle la surface foisonnante d'une richesse naturelle ? N'était-elle pas heureuse, dans les ombres ? Le bruit de ses bottes, étouffé dans les paroles, se répercutèrent dans le couloir qu'il laissait derrière lui, continuant de s'avancer pour essayer de trouver la source de ses nuits écourtées. Goûter à son corps. Jouer le jeu. Gagner.

Et puis…
Il la découvrit
Dans les airs
Elle dansait et
Rayonnait de
Beauté alors que
Lui se cachait
Dans les
Ombres noires

Entouré de cette couche qui le protégeait de tout regard, personne ne pouvait l'apercevoir; il ne fixait que les lents mouvements de la guerrière, déesse des serpents ondulants sur les voiles de soies dans ses mains. Son visage brillant, concentré, il ne bougea pas tant que la musique se finit, penché dans cette prestation comme l'aurait été un représentant de la discipline; il fixait, dévorait et salissait sans le vouloir la pureté, ses mains croisés et sa tête penché. Ce qu'elle faisait… C'était… Exceptionnel. Brut. Passionnant. Puis, alors que la mélodie se fermait et qu'il sortait tout doucement de son rêve… Il se manifesta.

Clap, clap, clap, clap...
Une dernière seconde dans l'ébène, puis;

— C'est donc ici que tu as appris à voler ?
Je comprends mieux, maintenant…
Pourquoi tu étais aussi ravissante.


Il s'approcha de son long pas habituel, pantalon noir et camisole blanche, paradis enfer, flammes sur le dos et cheveux tout mouillés -- glissant ses mains sur le truc tout doux qu'elle serrait avant, abordant un sourire digne du Tartare et de tout ce qui s'y trouvait, si elle voulait bien y regarder… Et il accrocha ses iris décadents sur elle. Enfin.

— Coucou, Perséphone


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Cœur de Mimosa
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MessageSujet: Re: you will be found /15+   you will be found /15+ Empty06.12.18 7:40

Mimosa & Serge
Comin' like a hurricane, I take it in real slow
The world is spinning like a weather vane
Fragile and composed
Though I am breaking down again
I am aching now to let you in

II

tempête

Les saisons passaient lentement, en un cycle infini, pour une jeune déesse à la fois libre et prisonnière, nymphe d'innocence ou de luxure, tour à tour princesse des plantes et des fleurs, puis impératrice des enfers, enchantée par la lumière, ensorcelée par l'ombre; trop lentement, peut-être, pour celle qui, le doux printemps enfui et l'été audacieux et volage disparu, l'automne flamboyant ayant finalement renoncé dans un brasier aveuglant, se retrouvait seule et perdue au milieu d'un hiver glacé, où les pétales fragiles gelaient, mouraient, tombaient et se brisaient. La fille de Déméter, la Pure, la Pourvoyeuse de Fruits, douce comme le Miel, la jeune fille, enfin, à qui l'on donnait tous ces titres, frissonnait dans la saison froide et grisâtre, tandis que le ciel, d'un pur anthracite aux voiles de fumée, pleurait avec elle. Et seule dans les ténèbres, elle dansait, elle dansait, pour ne pas oublier, pour ne pas se noyer dans les eaux du Léthé... Et elle laissait glisser sur son beau visage d'ange des larmes cristallines mais amères de regrets, rebelle danseuse au milieu de ses soies, virevoltant avec adresse malgré tous les dangers. Mais après tout, après tout, pourquoi n'aurait-elle pas pu se laisser tomber, s'écraser, se briser ? À cet instant, suspendue dans le vide, elle aurait presque aimé qu'on libère la poupée, et que dans les ténèbres, au sol ne vienne échouer une marionnette aux fils coupés. Et la lumière timide jouait sur ses poignets - et elle pleurait. Faucheuse, s'il te plaît, laisse-moi encore les blés, les champs qui se courbent au soleil et chantent dans le vent frais; Faucheuse, s'il te plaît, laisse-moi m'y promener, leur donner mes pouvoirs, leur parler, aimer... Ou prends-moi également; je te laisse m'emporter. Car au milieu des fleurs et des jardins secrets, la jeune déesse peinée aurait trouvé sa place. Mais dans un monde si froid, où les roses fanées ne l'enfermaient jamais plus qu'en une prison de ronces, comment continuer ? Elle tourbillonnait, malgré tout, dans la froide lumière des étoiles, se jouant des épines qui l'égratignaient; de toute façon, les marques, personne ne les voyait.

Et elle dansait encore, quand mourut la musique.

Dans un dernier défi, encore bien accrochée, elle laissa glisser les tissus, entre ses doigts si fins, caresses mortelles pour un nœud autrement plus dangereux que ceux des mariés; ce n'était pas non plus un nœud de pendue, non... Oh, il ne la tuerait pas - il la gardait en vie. Mais quelle douloureuse existence, quand, dans sa chute stoppée par cette dernière figure en un drapé se défaisant pour qu'elle succombe enfin, le nœud de ces soieries trouvait, comme un reflet, son égal dans sa gorge, l'étouffant presque, enfin ? C'était douloureux, de ne faire que survivre; elle, elle voulait vivre. Mais elle ne pouvait crier, et le silence, menaçant, à présent, allait la submerger... La tempête qu'elle avait déjà tant repoussée revint alors l'assiéger, l'eau se pressant contre elle dans un rugissement sourd qui battait à ses tempes, l'enfermant dans un étau impitoyable, muet, dangereux, beau et mortel, les vagues écrasant son corps frêle, comme un fétu de paille, où une fleur timide, dans l'immensité de la tourmente. Et elle, elle suffoquait, elle implorait, elle se consumait, se noyait, elle, elle ne pouvait plus -

Respirer

Un applaudissement la fit revenir à la réalité, repoussant cet ouragan terrible, la faisant se reposer, doucement, comme un oiseau aux ailes un peu blessées, avant qu'elle ne se tourne, sur la pointe des pieds, vers celui qui l'avait trouvée, au cœur de ce royaume, au cœur de ses souffrances. Dans son dos, un de ses doigts vint, par habitude, danser sur son poignet... Un tic, chaque fois qu'elle était nerveuse. Chaque fois qu'elle devait composer, pour cacher ses faiblesses. Chaque fois qu'elle était surprise, pour ne dire que cela - car en voyant le visage du jeune homme qui, quelque part, l'avait sauvée, les mots lui manquaient. Lui, cependant, parla; et cette voix...

— C'est donc ici que tu as appris à voler ?
Je comprends mieux, maintenant…
Pourquoi tu étais aussi ravissante.


Elle n'osa que timidement lever les yeux vers lui, trouvant ses iris de flammes, comme une invitation, tout son corps semblant se réchauffer doucement, à cette belle vision; il était toujours captivant, harmonieux, et aussi beau que dangereux, mais... Au fond, elle venait de trouver la lumière dans la nuit, et ce soleil noir, elle l'aurait suivi. N'importe où, cette nuit. L'enfer, de toute façon, lui était une maison, lors de ce long hiver... Et au moins, avec lui, elle n'y était pas seule. Alors Mimosa observa son inconnu passer la main en une caresse dans les tissus aériens, songeant avec mélancolie à ce geste sur sa peau - mais pourquoi donc, au fond ? Son doigt à elle effleura un léger relief, son secret: non, s'il découvrait ça... L'adolescente aimait aimer, elle aimait à se damner, mais ça ? C'aurait été bien trop se révéler. Cette danse, c'était déjà tant de vulnérabilité ! Et pourtant...

— Coucou, Perséphone

Elle frissonna presque - mais pas de froid - sous ce regard brûlant d'intensité.
Un iris charbon, onyx, jais; l'autre, comme un océan, saphir, limpide, invitant.
Elle s'y noya une fraction de seconde, tout en lui répondant, reprenant son rôle:

— Bonsoir, Hadès.

Sa voix était douce.

— Que viens-tu faire ici, ce soir, quel doux vent t'amène ?
Tu n'es sans doute pas,
plaisanta-t-elle, venu m'offrir ton nom...

Ses yeux ne riaient pas.

Mais qu'importe, ce soir; offre-moi plutôt tes lèvres
Et le goût du Léthé - fais-moi tout oublier.


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Danse du Cerf

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MessageSujet: Re: you will be found /15+   you will be found /15+ Empty06.12.18 22:57


Serge & Mimosa
I don't wanna smoke,
I don't need a drink
Just tell me how you feel,
tell me what you think

II

ombres brumeuses

Les enfants auraient tous dû écouter leurs parents. Ils s'enfilaient des pilules colorées pour crever, achetaient des cannettes d'alcool aux couleurs éclatantes pour vomir leurs tripes sur le sol souillé, s'habillaient de roses et de rouges pour se faire approcher par des vieux soulons défoncés. Le flash de ces tons venimeux leurs envoyaient-ils des signaux pour s'approcher et s'enrouler d'effluves éclatantes, pour se faire caresser par les vifs tissus ou pour sentir la pigmentée sucrerie glisser en soi -- et barbouiller leurs intestins ? Hadès n'avait jamais compris; mais n'était-il pas lui-même un serpent marqué de taches bariolées, de ses yeux vairons, de son maquillage décadent, de son enveloppe charnelle qui criait à l'accouplement ? Sexe, protection, parce qu'on ne faisait pas d'enfant avec une créature de la nuit, il l'avait appris à son dépend --- se droguant à coups de reins pour oublier qu'il n'aurait jamais vraiment le cœur tout enveloppé de cannelle et de nuage. C'était pour les autres, pour les Marc, les Léo, les Adam d'une histoire qui ne comportait jamais le mot '' Serge '' dans ses lignes. Était-ce pour cela qu'il changeait tous les jours son nom, pour oublier que toutes ses couleurs vives et son cerveau éclaté ne comblerait jamais une plaie béante dans son ventre ? Peut-être que oui. Peut-être que non. Il n'avait point le temps de penser à son âme faussement parfaite, il voulait retrouver la chaleur des corps qui lui manquait tant avant de mordre et de répandre son poison, étendu sur une carcasse froide et vidée de toute étincelle.

Mais Mimosa, Perséphone, celle-là n'était pas coloré. Elle semblait s'étendre entre les bras d'une brume maussade, se laissant tomber nez premier dans la douleur de la réalité, tentant de reprendre pied dans les rêves qui l'auraient bordés. Hadès aurait presque été tenté de se dire qu'elle voulait retourner dans l'île des Bienheureux, terminant sa vie avant la résurrection pour terminer de longs et doux jours sur une plage et dans le soleil réchauffant. Vraiment ? Si les histoires racontaient un enlèvement brutal sur la jolie dame grâcieuse, elle ne disait jamais vraiment qu'elle était parfaitement à sa place dans les tréfonds, guerrière rieuse qui s'accordait aux flammes bleues et aux démons des vices morbides. Mais, cette journée-là, semblant si petite et si jeune dans son petit habit qui ne recouvrait que peu sa peau -- vulnérable --, souhaitait-elle enfin remonter à la surface ?

— Bonsoir, Hadès.

Il lui sourit. Pencha sa tête vers l'avant. La remonta.

— Que viens-tu faire ici, ce soir, quel doux vent t'amène ?
Tu n'es sans doute pas venu m'offrir ton nom…


La douce voix de sa jeune amante l'attira comme une jolie fleur, le faisant s'accoter sur les tapis derrière lui alors qu'un sourire creusait ses joues taillées. Détailler... Était-il venu lui offrir son nom ? Non. Était-il venu lui offrir une soirée dans son palais ? Une escapade dans les beaux paysages brûlés de son monde ? Certainement.

—— Une simple coincidence, lâcha-t-il alors que ses yeux pétillaient.
Et elle tombe bien, j'avais envie de jouer. Mais de toute évidence…
Toi, tu n'as pas l'air très euphorique à l'idée de t'amuser !


Il laissa une question mourir sur le bout de ses lèvres, lui soufflant de lui expliquer la cause de ses problèmes, car -- pensa-t-il, tout en levant son index pour venir le faire courir sur son bras d'une douceur extraordinaire --, les expériences de chairs n'étaient pas très intéressantes quand l'on pleurait comme une baleine. Serge avait-il seulement une pensée juste ? Et comment pouvait-on vraiment lui en vouloir ? Son meilleur ami ne ressentait que peu de sentiments, réglant le tout par le choc des corps contre les corps, le sang dans la bouche et les grognements rauques des deux garçons; ses parents étaient morts, il était un jouet cassé lancé dans la nature, attrapé par des prédateurs, léché par eux et dévoré par les plus grands. Sa tête étant elle-même une montagne russe n'ayant pas la capacité de vraiment se comprendre, il se laissait souvent vaguer dans les tourbillons, laissant cette structure l'amener où il voulait et où il le souhaitait; et puis quoi, après tout ? Son membre rendu aux cheveux de sa déesse, il plissa ses yeux d'un air interrogatif, enroulant une mèche tout doucement pour l'observer s'entortiller autour de sa peau. Pouf -- cette même mèche retourna parmi les autres et l'index du démon de son côté. Explique moi.


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MessageSujet: Re: you will be found /15+   you will be found /15+ Empty07.12.18 2:56


Mimosa & Serge
Don't you know too much already
I'll only hurt you if you let me
Call me friend but keep me closer (Call me back)
And I'll call you when the party's over

II

pluies de lumière

Lames étincelantes de métaux irisés, où des gouttes de sang lentement venaient perler. Pilules par centaines, pilules par milliers, qu'elle ne touchait jamais. Et des drinks colorés, mille fois réinventés. Dans les ombres... Petite princesse avait le plus grand mal, par moments, à garder la tête haute pour ne pas laisser sa couronne glisser, et de sa belle chevelure de ténèbres bouclée, et pour ne pas laisser ce diadème, dans un son cristallin mais pourtant déchirant, s'écraser, se briser, sur le sol glacé. Pourtant, la jolie fleur tenait bon, avec, au fond du cœur, un buisson incroyable d'immortelles de rêves, d'envie de vivre, aussi, de chimères de bonheur. Elle ne demandait pas le monde: juste la joie, les rires, l'amitié, l'amour. Elle ne voulait rien d'autre que les jours printaniers, même si parfois, les amusements de la nuit, qui lui tendaient les bras, lui plaisaient bien, aussi... La douce Perséphone était cette contradiction, ce mélange de deux mondes qui, elle pensait sincèrement, pouvaient se côtoyer; chacun avait, simplement, sa voie pour s'amuser: tous pouvaient profiter, tant que la mort s'écartait. Et Mimosa pleurait, parce que c'était tout ce qu'elle avait demandé. Pourtant, face à Hadès, souverain des ténèbres, celui qui enrichit, celui qu'on ne voit pas, le renommé, qui recevait beaucoup, les larmes de la princesse s'arrêtèrent bientôt; les cinq fleuves des enfers les entouraient déjà, et la belle déesse n'avait aucune envie d'en créer un sixième. Et puis... Dans son sourire pétillant, elle trouvait la chaleur qui lui avait manqué. Alors peut-être que, ce soir, elle pouvait être sa reine.

— Une simple coincidence, lâcha-t-il alors, les yeux brillants.
Et elle tombe bien, j'avais envie de jouer. Mais de toute évidence…
Toi, tu n'as pas l'air très euphorique à l'idée de t'amuser !


La question mourut sur ses lèvres, laissant fleurir, sur celles de la jeune fille surprise, bien frêle ce jour-là, une esquisse de sourire, et l'envie de répondre; mais dans le même temps, cette attention la surprit, au moins autant que le geste délicat qu'il eut envers elle, posant avec délicatesse son doigt sur sa peau, de son bras à son épaule, puis à sa chevelure, tirant tendrement une mèche et jouant de cette boucle avant de la relâcher, la laissant retrouver sa place, et Mimosa son souffle. Elle souriait franchement, à présent, quoique encore malheureuse; elle lui souriait, en tout cas. Le printemps refleurirait... Un jour. Mais pour l'heure, elle répondait, avec de la douceur et un brin d'espièglerie malgré l'océan de chagrin:

— Ca dépendra du jeu Puis, plus sérieuse:
Jouer toute seule... C'est moins intéressant, disons.
Et quand quelqu'un meurt, j'ai rarement envie de rire. Cela dit...

Sa main imita celle du jeune homme auparavant. À quoi veux-tu jouer ?

C'était fuir la réalité, bien sûr, mais... Elle n'avait plus envie de pleurer.
Elle voulait simplement, danser, aimer, s'amuser, et cesser d'y penser.
Alors s'il te plaît, ne me fais pas en parler...

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MessageSujet: Re: you will be found /15+   you will be found /15+ Empty07.12.18 5:28


Serge & Mimosa
All of the things we're taking
'Cause we are young and we're ashamed
Send us to perfect places

II

god of the underworld

Serge était une bombe prête à exploser, sur le point de se ficher dans chaque coin des âmes souillées, d'imploser et de s'auto dévorer. Le cadran de sa vie dégueulasse et abjecte marchait à coup de poings, coup de points, il coupait les ponts avec la mort même s'il allait toujours finir par valser avec elle dans tous les recoins; une valse entre les pilules et les bouts de vitres de ses bouteilles alors que sa voix qui hurlait l'écorchait plus que les morceaux éparpillés. Il était perdu dans l'immensité du bip bip bip que créait le son du réveil matin et c'était le soir qu'il se réveillait, la dynamite qui tic tac tocait le rendait complètement fou. Il avait beau se cogner la tête contre les murs de sa chambre, il ne pouvait en devenir un — alors il les frappait et les déchirait jusqu'à ce que ses paumes soient incrustées de chaque petite parties de ceux-ci. Serge, Serge. Autodestruction.

BOUM

BOUM

BOUM

BOUM

— Ca dépendra du jeu.
Boum, boum, boum, ce n'était non pas le son
De son explosion
Mais celui que faisait son cœur — assimilation
Jouer toute seule... C'est moins intéressant, disons.
Et quand quelqu'un meurt, j'ai rarement envie de rire. Cela dit…

Elle le regardait avec ses grands yeux de femme,
qui l'avalait.
À quoi veux-tu jouer ?


Il aimait bien être le seigneur de la destruction, ce rôle qu'ils s'étaient donnés ensemble comme des amants -- même s'il pouvait bien le faire comme un grand. Mais cette Perséphone avait l'air d'être en pleine chute dans un monde où la gravité avait un tout autre nom, alors Hadès regarda son doigt se promener sur son bras, parce que la gravité avait vite été remplacé par le mot attraction. Des fleurs qu'elle faisait pousser sur son membre aux muscles fermes, mais elles fanaient déjà, rendant leurs derniers souffles pour cause de terres non fertiles; et lui rendait un souffle pour l'oxygène qu'il aspirait, espérant que ce ne soit non pas l'air qui l'accueillerait mais les lèvres de sa Mimosa. Mimosa, Mimosa, elle était triste et ça rendait le très grand Roi des Morts, de la Destruction, de l'Enfer, de la Colère et de chaque partielle de Haine tout petit et gentil, un minuscule chien qui battait de sa queue --- à défaut de faire le même mouvement de son autre queue.

— Non ? Qui ? Si tu veux, je peux faire un appel dans mon royaume,
je vais le sortir de là en deux temps trois mouvements.

Il prit son arc et lui décocha un clin d'oeil dans le cœur.
Souris. Je n'aime pas te voir triste, et tu n'es plus seule.

Sa grande main vint capturer d'un mouvement habile les filaments gracieux que formaient la caresse sur son bras, attrapant le courant d'air pour lui pauser un brûlant baiser sur les veines. Les siennes pulsaient d'une ancre noire qui grondait en passant dans son corps, sortait de ses yeux pour venir lui esquisser des sourires sur les yeux et des cœurs sur les joues, parce qu'à défaut d'être un ange blanc, il pouvait au moins essayer d'incarner un exquis démon. Et ses grandes mains prirent le corps trop petit de la combattante — il pivota et vint la poser tout en haut des tapis, alors qu'elle reposait sur le trône improvisé et coincée devant son seigneur des ténèbres.

— C'est toi qui décide le jeu.

Ancrée dans la chaise du champs de l'oubli, un roi à la main et la couronne dans l'autre, il fallait bien qu'elle fasse sa dynastie et qu'elle commence à ordonner un peu à ses sujets — allez, vas-y, mets moi une corde autour du coup et tire un bon coup.


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MessageSujet: Re: you will be found /15+   you will be found /15+ Empty07.12.18 8:33


Mimosa & Serge
Reste là. Regarde-moi
Car dans tes yeux que je ne pourrais bientôt plus voir,
Il y a ces choses qui ressemblent à l'espoir
Et tu supportes encore mon corps entre tes bras.
Faudrait aussi que j'apprenne seule à marcher droit,
À marcher droit.

II

princess of spring and flowers

Mimosa avait toujours été une princesse des fleurs comme des âmes, connaissant à la perfection son royaume comme les cœurs; elle avait appris les noms de chaque pétale, leur langage, également, tout en découvrant, peu à peu, les subtilités des esprits et des émotions des autres qui, parfois, fleurissaient dans leurs yeux. Pour elle, chaque secret correspondait à une corolle, à une épine, à la douceur et au piquant, à l'amertume et au doux miel... Il y avait la pluie, le soleil, et bien sûr, l'arc-en-ciel de son jardin secret, des rêves et des petits bonheurs éphémères, autant que les drinks qui lors des soirées, passaient, chimères fantastiques aux goûts de magie, de larmes et d'amour, aussi, de mains en main; et tous dansaient, au milieu de la nuit et des couleurs tamisées qui jouaient sur les peaux, dansaient pour oublier un instant tout le reste et n'être plus que tempo. Chacun son bateau. Mimosa avait l'habitude des non-dits et des masques, et de lire les visages; elle était perspicace, la petite déesse qui courait les champs de Sicile, dans une autre vie, pour cueillir quelques tiges fragiles et presque translucides ornées de clochettes fragiles comme du papier de soie, comme elle, aussi, sans doute, et qui était devenue, en grandissant, une reine des enfers, amante du souverain du monde souterrain. Elle était intelligente, elle était délicate; elle était belle, elle était intuitive; elle se trompait rarement. La jolie danseuse, au cortège de nymphes, sur une mélodie aussi tendre que mélancolique, et pourtant tellement empreinte d'espoir, connaissait la musique, et comprenait les mots, mais... Cette fois, en voyant la réaction d'Hadès, son cœur à elle manqua un battement de surprise.

— Non ? Qui ? Si tu veux, je peux faire un appel dans mon royaume,
je vais le sortir de là en deux temps trois mouvements.

Un clin d'œil juste pour elle, comme un précieux secret.
Souris. Je n'aime pas te voir triste, et tu n'es plus seule.

Elle aurait voulu plonger son regard chocolat dans celui, d'onyx et de saphir, de nuit et d'océan, du jeune homme qui lui parlait ainsi, sachant sans doute qu'il était des choses contre lesquelles on ne pouvait rien faire, mais qui, à sa manière, tentait de rendre au petit ange ses ailes... Elle aurait voulu y lire une illusion, et lui dire, avec un demi-sourire, qu'il mentait; mais elle entendait qu'il était sincère, même si leurs prunelles ne se croisèrent pas. Et ce constat la bouleversa; Hadès était-il donc capable de tendresse ? Apparemment, oui, ces fleurs s'épanouissaient. Une rose d'affection et d'espoir reparut en secret dans l'âme de la jeune fille, qui abandonna sa main, minuscule dans celle, grande, du prince de ténèbres, au baiser qu'il posa, comme une douce caresse. Aussi fugace qu'un rêve, et délicate, comme les battements d'ailes d'un oiseau. Mimosa sourit. Le monde l'ignorait, bien sûr, mais au-delà des Enfers, le Renommé était aussi le roi de tout le monde souterrain: et celui-ci ne cachait-il donc pas les plus immenses trésors ? À cet instant, précisément, l'adolescente comprit qu'elle venait de trouver une pierre précieuse, et un souvenir se grava en elle, de ce moment qui s'achèverait, mais en elle, serait la plus belle des fleurs d'éternelle. Elle ne laisserait pas ce moment s'évanouir et disparaître. Jamais. Pas alors que son démon à elle la soulevait pour l'asseoir sur un trône de tapis, s'approchant d'elle pour souffler, avec une sorte de révérence:

— C'est toi qui décide le jeu.

Invisible aux yeux de tous sinon de lui, cachée au creux de ses bras, dans le palais d'Érèbe, il était peut-être temps pour elle de prendre son rôle de reine ? C'était le message que soufflaient les prunelles tempétueuses de ce garçon aux cheveux sombres, aux traits harmonieux, qui la regardait comme s'ils étaient seuls au monde, cette fois. La petite main de la jeune fille vint se poser, longs doigts fins et presque fragiles, contre la joue de son prince d'illusions qui pour une fois, était étrangement prévenant, dans leur bulle si vraie d'exquise vulnérabilité, jouer un peu dans les mèches de jais, douces comme la soie, avant qu'elle ne pose, lentement, sa bouche contre la sienne. Un accord, une composition florale, une poésie muette. Et ses lèvres en un sourire s'esquissant, tandis qu'elle se levait, le frôlant au passage et récupérant ses tissus pour les enrouler, d'un geste vif et mutin, autour de celui qui serait, pour un temps, son prisonnier. Elle les lui tendit, en décrocha d'autres pour elle - il y en avait plusieurs, de toute façon, en parallèle, suspendus contre le plafond, pantomime du ciel. Puis de dire, doucement:

— Alors viens voler avec moi.

Et, passant derrière lui, la jeune fille fit glisser avec précaution les vêtements inutiles du jeune homme de ses épaules, comme la dernière fois, les posant soigneusement près de ses propres atours, sur un coussin au sol, avant de laisser glisser, frisson léger, se petits doigts sur les grandes mains, pour les placer. Leurs corps l'un contre l'autre, le temps de le placer, elle l'acceptait ainsi totalement dans sa bulle. Et, avant de retourner à ses propres soieries, elle murmura, à son oreille:

— Et si tu ne sais pas, je t'apprendrai.

Parce que c'était vrai
Pour les deux jeunes
Ils n'étaient plus seuls
Ou alors, simplement

Ils étaient seuls ensemble.

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MessageSujet: Re: you will be found /15+   you will be found /15+ Empty09.12.18 0:01


Serge & Mimosa
Become the beast
We don’t have to hide
Do I terrify you
Or do you feel alive?


beast

De ses doigts, elle traçait des lignes de braises brûlantes qui enflammaient sa peau. Phlégéthon sur son corps domaine d'Hadès, laissant ses sentiments reposer assez longtemps pour sentir les flammes lécher le bout des émotions; des volutes de vapeurs qui s'échappaient de ses yeux vairons comme les naseaux d'un dragon. Adieu l'Achéron, rendez-le au pays des anges et de tout ce qui s'y trouve --- les larmes n'avaient plus de place dans cette valse de maintenant, salissant le monde tout dehors alors qu'ils étaient protégés par les ombres gardiennes. Adieu toute la pureté du monde, parce qu'il n'en avait jamais voulu alors qu'il reposait entre les bras des vices exaltants. Serge s'arrachait la peau pour être encore plus à nue. Il voulait qu'on pose des mains sur ses bras de chairs alors qu'il crierait d'ivresse, qu'on morde sa langue et qu'il laisse le sang couler hors de son cœur pour que celui-ci devienne tout flétri et rabougri, exosquelette au combat des humains.

Il voulait de la douleur et
De la passion pour qu'il
Ait l'impression d'exploser
Entre les griffes des mains

Mais ce baiser était différent

Lui qui était habitué à s'écorcher les genoux, à recevoir des coups et à en redonner, homme transformé en bête alors que chaque sol glissait et s'écroulait pour recevoir deux corps en collision, il s'étonnait. Ses lèvres battaient comme deux ailes de papillons, non pas comme deux poings massifs; une caresse digne d'un doux secret, un instant échangé entre deux âmes qui n'auraient jamais dû se rencontrer. Le roi eut l'ébauche d'un sourire, bouche contre bouche alors que ses mains affirmaient pleinement ses prises sur la demoiselle, une risette lancé à travers les bombes qui explosaient dans un grondement de poussière -- elle avait passé entre les mines en ne faisant exploser que celle de son envie.

— Alors viens voler avec moi.

Un de ses sourcils remonta légèrement, son visage se sciant à deux pour laisser apparaitre un air moqueur. Un défi ? Elle jouait à la déloyale, maintenant ? Avait-elle tant envie de se perdre dans ses bras ? Bien conscient de l'effet que faisait son corps, il ne l'avait que trop utilisé pour miroiter comme une pilule devant des yeux de grands drogués, devenant ce qu'ils avaient besoins pendant une nuit. Quelques heures où l'extase battait son plein, et vite ! qu'il s'échappe avant de ne développer une obsession et de baigner dans le sang de ses ennemis. Mais point le temps de songer à ces perfidies, car Perséphone s'était glissé derrière lui, enlevant délicatement son manteau pour le lancer au sol, drap noir marbré de rouge -- floup. Pantalon noir, camisole blanche, peau dévoilée et placé comme un pion, elle se décala pour susurrer;

— Et si tu ne sais pas, je t'apprendrai.

Il eut un autre sourire. Ressemblait-il à quelqu'un qui s'élevait dans les airs.. Alors que son palais se trouvait dans le plus profonds des grottes ? Il ne s'envolait qu'avec les seringues plongées dans son corps, un joint pincé entre les lèvres alors qu'il aspirait la fumée pour monter monter monter et -- éclater. Les sensations fortes… Donnez son corps à la drogue et à l'adrénaline. Sacrifiez-le.

— Je veux bien essayer…
Rien que pour toi.


Un rire cassé sorti de sa bouche pulpeuse, s'enroulant autour des rubans de soie enroulé autour de ses doigts. Il savait comment bouger son corps, certainement, mais n'avait jamais essayé de devenir un… Oiseau. Pourquoi ne pas tenter aujourd'hui !? Après tout, la seule chose que le roi des morts avait à perdre, c'était de redevenir en vie.

— Tu me fais une petite démonstration avant ?
Je vais essayer de ne pas te décevoir…

Il pencha sa tête.
Une récompense m'attends ♡ ?

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MessageSujet: Re: you will be found /15+   you will be found /15+ Empty09.12.18 6:44


Mimosa & Serge
So if you care to find me
Look to the western sky!
As someone told me lately,
"Everyone deserves the chance to fly!"


beauty

À l'ouest, le ciel accueillait dans son étreinte fervente et douce de mille nuances aussi vives que pastelles le soleil se mourant, dans un tableau de fin aussi beau que déchirant, qui annonçait, de son chemin dans les nuées, et par son chant dans le vent, le royaume d'Hadès; au-delà de l'horizon, au-delà de toutes les lois, dans ce royaume qui n'était qu'à eux, un monde de rêves, d'impossible et de rêves infinis, un monde de souffrances, de tristesses, de magie et de richesses, aussi, Perséphone et Hadès s'observaient, s'enlaçaient, aux confins du monde connu et aux portes du leur, dans le palais de la nuit où les deux souverains régnaient ensemble, défiant toutes les règles. Ils ne se ressemblaient pas: elle était la princesse des fleurs, de la beauté, des Champs Élysées et de l'Île des Bienheureux, marchant et dansant au milieu des rayons de soleil, des eaux douces, à l'ombre des grands saules et dans les prés fleuris ou sur le sable fin, là où les mortels justes et les héros pouvaient goûter le repos et la joie; il était le prince des ténèbres, du feu, du Tartare et des Asphodèles, laissant couler dans ses veines le Phlégéthon, et dans ses baisers, apportant le Léthé... Elle était nymphe de douceur, de gentillesse, lui dieu des ombres et de la mort. Mais tous les poètes du monde pouvaient bien tenter d'écrire la légende des deux immortelles; leur vérité était bien plus sombre et bien plus éclatante, bien plus tendre et bien plus déchirante, bien plus belle et bien plus douloureuse, bien plus extraordinaire que tous les mots d'Homère. Et personne ne pouvait comprendre ce qu'ils vivaient là - pour la seule raison que la jeune fille, elle même, n'était pas sûre de se comprendre, quand elle se retrouvait prisonnière de ses bras.

Mais ne pensez pas que Perséphone demeurerait pour toujours la petite enlevée;
Loin du soleil, une fleur d'immortelle fleurissait au Léthé et au Styx, plus forte.
Elle n'était pas que la déesse du printemps, car toutes les saisons étaient ses enfants
- Et au palais d'Hadès, elle tisserait l'hiver, heureuse, droite comme une reine, et fière.

Un sourire vint jouer sur les lèvres tentatrices, couronnant au passage l'initiative de la belle, tandis qu'elle observait le jeune homme, joueuse; c'était Hadès qui, le premier, avait désiré Perséphone, non le contraire; Orphée, qui, par-delà la mort et les Enfers, étaient venu s'agenouiller devant les souverains, en pleurs et en mélodies, pour demander que lui soit rendue, enfin, son Eurydice; Épiméthée, enfin, qui avait succombé aux charmes de Pandore. Son charmant inconnu craquerait le premier... Mimosa rendit, jolie fleur, un timide sourire à celui qui la contemplait. Dans ce monde seulement, elle trouvait sa confiance, avec pour seule autre âme celle de son étrange amant, qui l'embrasait d'un regard, tandis qu'elle déployait ses ailes pour l'emporter. Et ils s'élèveraient, au milieu d'un songe qu'ils créeraient ensemble; l'adolescente à la peau brune et aux mèches bouclées eut un rire clair, en entendant, alors, la réponse de celui qui, loin des mondes célestes, s'y risquait pourtant, par intérêt pour elle.

— Je veux bien essayer…
Rien que pour toi.


Ces seuls mots la faisaient voler.

— Tu me fais une petite démonstration avant ?
Je vais essayer de ne pas te décevoir…

Une récompense m'attends ♡ ?

Mais le jeu ne faisait que commencer.

— Ne dis-je pas les règles, cette fois ?
Pour découvrir ce qui t'attend, il faut jouer avec moi. ♡


Perséphone s'entoura des voiles flamboyants, laissant couler sur sa peau les fleuves de feu et d'or, ses yeux sombres scintillant comme de milliers d'étoiles, tandis qu'elle s'élevait vers le ciel insolent; le tissu, pierres précieuses, sang, étincelles ardentes, merveilles de leur royaume, coulait, obéissait, se fondait et chantait, sous ses mains, autour de son corps, l'enlaçant, la berçant, la portant, en un tableau merveilleux de maîtrise, de magie, de danger et d'équilibre, de poésie aussi ! Elle volait, comme un oiseau, avec une telle assurance, rayonnante au milieu des ténèbres, qu'il semblait que le mimosa eut fleuri en éternelle; avait-elle nagé dans les eaux du Styx, pour ne plus craindre rien ? Ou défiait-elle son amant au cœur de son propre royaume ? Qui pouvait seulement le dire... Elle était ébène, pierreries et enchantements, sa silhouette se dessinant dans le clair-obscur, gracieuse et pure, n'attendant que la plus belle profanation en guise de culte, sublime adoration, comme une invitation; et dans son sang, le vin des libations, dans sa danse, les chants. Elle défiait le jeune homme, la gravité, le monde, la vie, en une série de figures, d'arabesques, de sauts, de chutes, aussi, s'élevant pour retomber, œuvre d'art éphémère, laissant libre cours à tout son talent. Et sur sa peau, les fleurs printanières, courant sur ses clavicules puis au creux de son cou, jusqu'à la naissance de ses seins, son cœur palpitant de ce brasier infini, sous la peau de cannelle et le tissu de jais. À cet instant, dans la grande salle vide de toutes âmes, hormis les leurs, à l'unisson, elle était un phénix, renaissant de ses cendres, et, dans un frisson d'exquise agonie, elle s'abandonnait, s'offrait, brûlait. Oui, cette nuit, le même feu les consumait quand, dans un mouvement exaltant, elle bascula en arrière, sans la moindre peur, son corps formant un arc pour frapper droit au cœur le prince des ténèbres, retenue seulement par les soieries iridescentes qui, enfers si doux, enlaçaient sa taille fine et la laissait ainsi tendrement suspendue. Ses yeux à la hauteur des prunelles vairons, un sourire vainqueur sur ses lèvres rosées, elle souffla, malicieuse:

— Viens donc m'enlever, si tu t'en sens capable...

Et, tout en lui montrant les premiers gestes pour s'envoler, elle s'échappait, dans la brise envoûtante d'un parfum de fleurs et d'épices, mariant les deux mondes, entre automne et printemps, dans une douce caresse; elle s'envolait, dans un nouveau regard, qui offrait les paillettes d'ambre de ses beaux yeux chocolat, dans une nouvelle figure où les rubans dansaient, parant son corps de l'éclat du feu; elle s'enfuyait, dans un frôlement, et des mouvements légers, peau contre peau et corps s'élançant dans l'air frais qui les enveloppait, sans parvenir à atténuer l'incendie de leurs envies brûlant; elle s'épanouissait, enfin, pour composer, cette nuit, une nouvelle mélodie, laissant son cœur chanter.

Et elle défiait la gravité
Pour une aventure
Au goût de pomme mortelle
De grenade merveilleuse
De menthe acrimonieuse
Et de friandises de miel.

Elle était libre.

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MessageSujet: Re: you will be found /15+   you will be found /15+ Empty10.12.18 2:18


Serge & Mimosa
Now I want to fly into your world
I want to be heard
My wounded wings still beating


you

— Ne dis-je pas les règles, cette fois ?
Pour découvrir ce qui t'attend, il faut jouer avec moi. ♡


À l'est, une autre journée se levait dans un ciel vide de toutes réponses, vide de toutes questions; ou peut-être était-ce à l'ouest, ou encore au sud --- et de toute façon, Serge perdait le nord dans toutes les directions. Aucun de ces chemins ne lui apportait ce qu'il souhaitait, alors il ne faisait que s'enfoncer et s'avancer, le cerveau éclaté, dans un endroit où il espérait trouver assez de colle pour se ramasser, les genoux saignants écorchés et les mains tâtant dans une noirceur d'encre imbibée. Peut-être que s'il trouvait une petite lumière… Quelqu'un allait pouvoir lui expliquer. Lui expliquer que l'ironie de sa vie l'avait capturé dans une ronde infernale, chétif garçon des rues destiné à s'enfiler secrets et rêves magiques dans sa gueule pour les revomir ensuite - et vite - sur le sol glacé. Glacé. Glacé glacé glacé glacé, en fait le grand petit voulait tout simplement trouver quelqu'un à qui dire son nom égaré. Sa mère l'avait soufflé dans le creux de son oreille avant de mourir, cadavre du léger enfant; les mots s'étaient éparpillés dans le vent, emportés par un courant inconnu qui les amènerait plus loin qu'il ne pourrait jamais l'imaginer. Alors l'innommé courait à travers les bourrasques pour refermer ses petits points sur les tornades, ailes liées au sol par des fers brûlants le marquant de cinq lettres rougeoyantes -- Serge.

Son meilleur ami oubliait les noms
Et lui les empilaient sur son corps
Hadès -- Marc -- l'enfant
Mais personne ne l'avait encore
Trouvé et touché et
Découvert

Alors en attendant le produit nettoyant qui laverait ce nom, il se permit de regarder la demoiselle voler, la gueule éclatée d'une balle de sentiments. Elle s'élevait dans le ciel, son domaine de toujours qui l'appelait, et se mettait à danser avec les lumières qui caressaient son corps cannelle, elle valsait avec l'air en le secouant et en le brisant pour qu'il tombe à ses pieds, tasse brisée; ses mains enserrées autour des deux lignes flottantes, Perséphone essayait de capturer un rêve qui s'effilerait toujours plus loin et plus vite, juxtaposant la réalité et les songes en battant de ses grandes ailes. Et roi des tréfonds la fixait d'un air intéressé en se sentant toujours plus profondément enlié dans le sol, alors qu'il savait au plus profond de lui-même que même s'il s'envolait lui aussi -- il ne volerait jamais pour de vrai.

— Viens donc m'enlever, si tu t'en sens capable…

Le garçon pencha sa tête, pesant entre ses mains les portes de l'enfer, laissant couler la corne et l'ivoire entre ses mains enserrées. Un pour les rêves véridiques, un oeil bleu -- un pour les rêves mensongers, un oeil noir; dans quelles prunelles allait-il plonger ?

— Il est bien vil d'inviter le roi des ténèbres à se battre dans les airs !
Dis-moi, aurais-tu trop envie de gagner pour te perdre dans mes bras ♡ ?


Il ferma son oeil bleu, une fois
Son iris noir brûlant grésilla
Comme une promesse mensongère

Spectacle où toutes les âmes du Tartare sortaient, dégoulinant de douleur pour apercevoir leur roi voler dans les bras d'une ombre; bras enclenchés, muscles sorti, rires qui sortaient de sa bouche comme une cascade vivifiante, mensonges amusants et cent têtes spectatrices. Mamba noir inactif, poison dans son corps tout rafistolé -- il tenait les morceaux ensemble pour ne pas attaquer, pour éviter de planter ses crocs dans le cou découvert de cette peau cannelle, pour ne pas aspirer la vie en créant un gémissement scandaleux hors de ses lèvres.

ils s'essayèrent pendant quelques minutes
qui se transformèrent en cinq, dix, vingt
posant tous deux leurs bouches dans le
fleuve du Léthé pour oublier le temps
qui passait trop vite en les visant
boum, il tira
boum, il tomba

Tac, tac, tac, un éclat trouva un chemin hors de sa gueule alors qu'il souriait d'amusement, les bras étendus autour de son corps comme ses ailes cassées. Le pied toujours accroché dans les soies, des étoiles dans ses yeux, il frotta le dos de sa tête en n'arrêtant pas d'afficher une risette, euphorique malgré la chute qui venait de produire une secousse dans ses morceaux retenus.

— Uh, j'ai presque tenu une heure sans m'écraser au sol…
Tu viens me libérer ?


ou t'empêtrer dans ma toile d'araignée ?

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