COCKTAIL SENSUEL DE TCHOIN ET DON JUAN || douces caresses feat. coup de foudre -end

Tout à coup, le calico se vit défaît de sa proie arrachée avec talent par le chat marbré, par une manoeuvre précise et, l'instant d'après, se retrouva face à ce dernier, triomphant.

Il l'avoua, il ne l'avait pas vu venir, et trouvait la situation très amusante. Le guerrier du Tonnerre prit à nouveau la parole, continuant son monologue:

"...Pas que toute cette attention ne soit appréciée mais, tu préférerais pas trouver un coin plus discret, où partager cette grenouille?"

Oups-! C'est seulement en cet instant, enfin, qu'il remarqua être resté silencieux tout ce temps. Sous sa couverture de poils immaculés, ses joues s'empourprèrent à cette réalisation, lui faisant éprouver une pointe de culpabilité. Le mâle s'était si bien joué de lui, avec ses atouts charmeurs, ses phrases énigmatiques et les arabesques de son corps qu'il bougeait à merveille, qu'il en avait oublié l'usage de ses cordes vocales! Il rattrapa sa faute immédiatement:

"Oh, évidemment - avec plaisir!" répondit hâtement le guerrier élancé qui, avec sa voix, recouvra également son assurance.

Ayant repris de sa contenance, Douces Caresses lustra d'une ou deux léchouilles le poil de son poitrail, quelque peu mis en désordre par toute cette mascarade,  puis reposa ses yeux sur le chat joueur. Dessous ses babines beiges pendait la grenouille, prise par une cuisse dans le coin de sa bouche. C'était là une offre plus qu'alléchante qu'il lui proposait... Il aurait fallu que l'Ombreux soit possédé, ou fou, pour ne pas l'accepter. Il y voyait là une occasion de se rapprocher - encore une fois - du mâle attirant, lui faire découvrir les saveurs d'une proie de son Clan, et...
Il avait, aussi, des... motifs ultérieurs. Lui aussi, pas vrai?

...

...




« Ben... tu la prends ou non? »




J'en ai peut-être trop fait...?

HRP:

"Milles excuses..." s'excusa tout bas le calico, un peu embarassé par la petite incompréhension.
Il glissa gracieusement sa tête près de celle du bengal et saisit la grenouille.





Initiant la marche, il fit comprendre sans les mots qu'il allait les diriger dans un endroit plus... accueillant.

HRP:

Enfin une réponse! Le rapprochement se fit volontairement, cette fois - pas de bassesses pour lui prendre la grenouille, La Trompe l'Oeil s'avança, le pied léger, tout en se penchant pour lui prendre la grenouille de la bouche. Ce-faisant cependant il n'avait pas lâché son regard du sien et maintenant qu'il s'était départi de cette candeur, de cet ensorcellement, c'est le bengal qui ressentit comme une émoustillement lui prendre au dos et en descendant.

Sa queue fendit l'air d'un mouvement sec lorsque le calico prit la tête de leur petit tandem, et le bengal lui emboîta le pas, jetant un discret regard par-dessus son épaule pour regarder se distancer les fourrés et les herbes hautes de l'orée de la forêt desquels il s'éloignait. Sauf pendant la Lune Rouge, encore récente sur son corps, par les cicatrices, autant dans sa tête, par ce sentiment de vide qu'il ressentait, il n'était jamais sorti des Terres du Tonnerre comme ça et un regain d'énergie le prit au pas en se redressant, ronronnant, bienheureux par la validation de l'offre du guerrier aux poils frisés. Peu lui en coûtait de le suivre - s'il se faisait mener dans un piège, tant pis, il savait se défendre, quitte à devoir séduire ses adversaires avec son corps ou ses mots.

... La marche se fit dans le silence, et le bengal sentit son oreille tiquer car c'était Douces Caresses maintenant qui tenait tout le mystique entre les deux. Sa queue ondula, il en fit passer distraitement le bout sur la cuisse du calico, regardant devant, sans toutefois savoir où se trouverait leur destination. Il suivait sans savoir, ressentait la nervosité mais sans la vivre.

— « Alors,

il lança à la cantonade.

Étoile du Serpentaire, hein? ~

Il lança avec un sourire en coin un regard vers lui, ronronnant et poitrine bombée. L'énergie statique, entre les poils de la queue du bengal et les siens, le fit frissoner.

"Alors, Étoile du Serpentaire, hein?"

C'est avec un peu de surprise plutôt qu'avec aruhissement - car ils n'avaient pas prononcé un traître mot de tout le trajet - que le calico réagit à cette amorce. Il relançait le sujet et, même si entre-deux il s'était passé beaucoup de choses en si peu de temps, l'ombreux ne l'avait certainement pas oublié. Sauf que cette fois-ci, sa réaction était plus diluée car il n'était pas pris de court et il était plus à l'aise avec son interlocuteur...

"Mon "Chef déchu"..." cita le bouclé. "Enfin, il est un peu plus que ça pour moi, ajouta-t-il, mais peut-être que tu le sais déjà, mh?"

Douces Caresses avait envie de lui demander ce qu'il savait vraiment de lui, car Coup de Foudre le cherchait bien, en lui larguant de tels bagages sans vraiment élaborer d'avantage - c'était aussi un peu de sa faute aussi car il était resté sans voix. Mais il se dit que "non, plus tard, ce n'est pas le moment," les questions sérieuses attendront.
Enfin, c'était peut-être un peu aussi parce qu'il avait du mal à parler avec la grenouille.
En attendant, ses oreilles frémirent au songe de l'endroit auquel il les menait. C'était encore à une petite trotte d'ici.

Sa question l'aida à se dénouer la langue:

— « Mon "Chef déchu"...

Sa réaction se fit beaucoup plus tenue cette fois, et il apprécia la contenance retrouvée de la Trompe l'Oeil:

Enfin, il est un peu plus que ça pour moi, mais peut-être que tu le sais déjà, mh?
— Mm-mh, Coup de Foudre maugréa par la négative, ponctuant sa réponse d'un haussement des épaules. Détrompe-toi, tout ce que je me souviens, c'est d'une chatte brune, mouchetée, pleine de tiques et la folie dans les yeux, qui me traite d'imposteur.

Il eut un petit rire, en secouant sa tête lorsque le flou souvenir se dépeignit devant ses yeux. Il se rappelait de l'ambiance de la forêt ce jour-là, et il se rappelait même avoir reproché à cette chatte d'avoir gâché la scène avec tout sa, toute cette folie. Elle avait traitée sa mère (?) de chienne (??), c'était risible à quel point il n'avait eu aucun contrôle sur cette situation!

— Je veux dire : imposteur de quoi?? Il rondit la nuque en marchant, dodelinant de la tête: Ha ha hah, ça devait être un sacré type, ce chat, à voir comment vos yeux s'arrondissent devant son "fantôme"!

- Mm-mh, (Douces Caresses haussa les sourcils), détrompe-toi, tout ce que je me souviens, c'est d'une chatte brune, mouchetée, pleine de tiques et la folie dans les yeux, qui me traite d'imposteur."

Ses yeux se plissèrent dans une grimace d'incompréhension avant qu'il ne saisisse de qui il s'agissait.

"Fleur de Ciguë? rétorqua-t-il plutôt à lui-même, dans sa réflexion.
- Je veux dire : imposteur de quoi??" continua le bengal comme s'il avait ignoré le calico, dont il doutait être le cas. "Ha ha hah, ça devait être un sacré type, ce chat, à voir comment vos yeux s'arrondissent devant son "fantôme"!"

A nouveau, Douces Caresses dressa ses fins sourcils, dévoilant le maquillage sombre de ses yeux. "C'était surtout elle, le sacré type... Complètement absorbée dans son adoration." Oh, l'ironie. "Je ne l'ai jamais trop appréciée, même si on se parlait peu." "Elle était naïve," "incapable d'avoir sa propre opinion, un vrai mouton. A quoi bon lui parler, hein? Elle n'était bonne qu'à se pavaner." Et c'était un véritable talent chez elle: elle était belle, sans nul doute,c'est pour ça qu'elle visait le harem ; et Douces Caresses n'aimait pas la concurrence. "Au final, c'était devenu sa fatalité. Une fois privée de son meneur, comme elle n'existait pas sans lui, elle s'est laissée dépérir."

Il fixait ses pattes de ses yeux verts, d'une expression indéchiffrable.

"Et elle en est morte."

Brusquement, il tourna son visage vers Coup de Foudre, lançant ses "cheveux" au vent en jetant en arrière grâcieusement sa tête d'ange. Comme si de rien n'était.

"Mais tu n'as rien d'un imposteur! Elle était folle. Peut-être que tu lui ressembles - physiquement, oui, mais ça ne veut pas dire qu'on doit t'y comparer. Tu es ton propre personnage unique à toi-même, pas un "fantôme"..."

De belles paroles, mais il est plus facile de le dire que de le réaliser.

— « C'était surtout elle, le sacré type... Le bengal redressa sa tête, piqué d'intérêt par ce que le calico dillué avançait: Je ne l'ai jamais trop appréciée, même si on se parlait peu.
— Vraiment !

Sa queue s'en alla d'un côté à l'autre en traquant la suite des mots de son compère qui semblait avoir du mal à filtrer et ses pensées, et ses paroles:

— Incapable d'avoir sa propre opinion, un vrai mouton. À quoi bon lui parler, hein? Elle n'était bonne qu'à se pavaner.

Eh bien - à le voir aller (et à l'entendre surtout!) Coup de Foudre ne put s'empêcher un rictus, cherchant à le cacher d'une patte en claudiquant un instant sur trois car Douces Caresses, à côté, ne semblait pas la tenir en haute estime! Comment l'avait-il appelée?... Il oubliait.

— Au final, c'était devenu sa fatalité. Une fois privée de son meneur, comme elle n'existait pas sans lui, elle s'est laissée dépérir.
— ...

Il se pencha, pesant sa patte, devant, pour incliner la tête et fixer son regard dans celui de son interlocuteur qui égara le sien sur la terre noire du Chemin du Tonnerre qu'ils remontaient, tranquille, sous le paysage et la couleur des arbres d'automne partout autour. Poussées par une brises, des feuilles grattèrent la terre noire et Douces Caresses laissa tomber:

Et elle en est morte. »

...Et elle en est morte.

Coup de Foudre entrouvrit sa bouche pour relever ses observations qu'aussitôt Douces Caresses se redressa, faisant voler en cascade ses longs poils d'oreilles et frisés capables de rivaliser ceux d'un Papillon (et je ne parle pas de l'insecte!).

— « Mais tu n'as rien d'un imposteur! Il s'exclama. Et Coup de Foudre, béat, se laissa distraire autant par les folâtres rubans coiffés qui oscillaient au vent que par la grenouille qui pendait de la bouche du somptueux chat à côté, les pupilles rondes de stupeur. Elle était folle. Peut-être que tu lui ressembles - physiquement, oui, mais ça ne veut pas dire qu'on doit t'y comparer. Tu es ton propre personnage unique à toi-même, pas un "fantôme"...
— Personnage, répéta le bengal, une lueur dans l'oeil.

Il fit jouer en silence le mot sur sa langue car d'entre le personnage et le fantôme il était bien plus le second, si on en jugeait l'état de sa tête cassée... Lorsqu'Étoile de Suie avait été exécutée il était resté de longues heures à l'observer, à attendre qu'elle ne se relève, car il l'avait vue se relever quatre fois. Douces Caresses disait la chatte mouchetée folle mais qu'est-ce qui causait vraiment la folie? Ce n'était pas une émotion, un ressenti, c'était un état - la seule chose qui le différenciait entre lui et elle était l'état de son admiration pour Étoile de Suie... Non- pas tout à fait- ce n'était pas encore ça...

Les yeux devant, humant l'air, il se laissa distraire par les nuages dans le ciel et quelques oiseaux qui volaient, insouciant de tous les dangers malgré leur position sur la route:

— J'en déduis que toi, tu as trouvé quelqu'un d'autre?

"Pour ne pas te laisser dépérir".

L'espace d'un instant les chats se retrouvèrent seuls, livrés à eux-même, enfermés dans leur propre esprit, remués par les réflexions des deux. Pourtant foulant côte-à-côte l'herbe rousse longeant le chemin surnaturel, ils traversaient leurs méditations - pourtant semblables - sans l'autre.

"J'en déduis que toi, tu as trouvé quelqu'un d'autre?"

Le calico laissa échapper un soupir. Est-ce-qu'il aimait la direction que prenait cette discussion, et ce que le bengal insinuait? Aucune idée- il faut dire qu'il n'avait pas l'habitude, du tout, de réfléchir à ces questions, particulièrement quand elles s'appliquaient à lui-même, et encore moins de les verbaliser.

Avait-il véritablement trouvé quelqu'un d'autre? Est-ce-qu'il considérait le substitut d'Etoile du Serpentaire, Feulement, comme un être à part ou la continuation d'un autre qui était déjà mort? Au fond, était-il mieux ou différent de Fleur de Ciguë? Un frisson couru le long de sa colonne vértébrale à cette pensée morbide. Etait-il destiné au même sort?

Il se mordit la langue, raffermissant sa prise sur la patte de la grenouille aussi. "Je ne suis pas comme elle. Mon Chef est mort et je suis toujours debout. Je ne suis pas fou comme elle." Il entrevit la cicatrice barrant son coussinet dans sa marche. C'était un temps révolu, n'est-ce-pas? Pourtant, il ne parvenait pas à s'y faire.
Toute cette réflexion était très désagréable. Il arrêta.

"Peu importe," lâcha le félin, évasif. "Je n'aurais pas fini comme elle."

Si son chef déchu avait suffisament de pouvoir pour pousser des chats à l'adulation, Coup de Foudre se doutait que ses victimes ne se l'enlevaient pas de la peau si facilement. Lui-même avait eu du mal à se reconstruire après la perte de leur cheffe.

Pas qu'il l'eut particulièrement appréciée - enfin, oui, mais pas exactement comme tout le monde le suppose - mais Étoile de Suie avait été une telle force ravageuse dans toute la forêt que de retourner au calme était... bizarre, pour un jeune guerrier qui ne se rappelait de personne d'autre avant sa montée au pouvoir. Et de marquer un parallèle entre Caresses et la chatte mouchetée pleine de tiques sembla effrayer celui-ci car au milieu de la réflexion il fut secoué d'un frisson, puis sa mâchoire se mouva jusqu'à serrer ses dents sur la grenouille et il baissa les yeux sur on-ne-sait-quoi qui échappa à l'observation du bengal. Ce qui ne lui échappa pas fut la marche qu'il stoppa :

— « Peu importe, il lâcha, plus pour lui-même que pour répondre au fantôme marbré et charcoal qui feutrait ses pas, continuant la marche de quelques pas devant pour lui faire face. Je n'aurais pas fini comme elle.

Les pupilles du bengal frémirent dans ses yeux.

— Qu'est-ce qui te rend si sûr? ce qui rima avec "Qui crois-tu berner".

Maintenant que son comparse s'était démontré réceptif et avait ouvert la discussion, il ne lui laisserait pas le loisir de s'en échapper. Il inclina sa tête sur le côté en répondant:

— Même moi j'aurais pu finir pareil, avec Étoile de Suie. Quoique contrairement à la chatte mouchetée, il ne s'était pas laissé dépérir physiquement. Il pencha la tête de l'autre côté:

Mais je suppose que parfois la chute de l'arbre est trop fascinante pour s'ôter de son chemin...

Ou de celui du blizzard. Ou de celui des Monstres sur la route qu'ils marchaient, ou de celui de tout danger qu'il soit car devant Douces Caresses, le doppelgänger de son chef déchu semblait fasciné par tout. Seule son inbridable curiosité brillait dans ses yeux, attendant ou bien la répartie de son potentiel ami, ou bien que ce-dernier ne se remette en route pour l'amener on-ne-sait-où où partager leur dîner.