Il faut que je me fasse pardonner... | Petit Aulne & Lueur d'Espoir - abandon

Il faut que je me fasse pardonner...
avec Lueur d'Espoir

Queue de Loutre et moi venions tout juste de nous disputer : j’avais eu le malheur de ne pas tout à fait écouter ses paroles, perdu dans mes pensées, et elle m’avait à nouveau répétée combien je risquais d’être malheureux. Parce que oui, à ses yeux la solitude était source de désespoir. Je pensais qu’elle avait raison ; j’étais seulement incapable de faire mieux : chaque fois que j’étais en présence d’un autre félin, mon esprit vagabondait rapidement vers ce qui m’entourait. Une feuille glissant sur le sol sous le coup de la brise légère. La mousse sur les pierres qui imitaient là une forme féline, là un poisson dodu. Même les nuages ne cessaient d’accrocher mon regard, leur douce fourrure traversant le ciel si vite que j’avais parfois mal à la nuque à force de les regarder.

Finalement, je regardais ces mêmes nuages, prostré juste devant la pouponnière alors que j’écoutais Queue de Loutre marmonner dans un coin. Elle était déçue – et j’étais moi-même sincèrement attristé à l’idée de lui faire du mal – mais je n’avais pas d’autres choix que d’attendre sagement qu’elle se calme pour revenir vers elle. Peut-être même que je pourrais lui offrir l’une de mes boules de mousses garnies de fleurs jaunes que je gardais cachées juste derrière la pouponnière… Tandis que cette idée lumineuse traversait mon esprit, je vis un guerrier à l’air joyeux traverser le camp, droit vers moi. Je l’avais déjà vu : je me rappelais cette fourrure lumineuse tâchée de gris, ainsi que cette patte tordue qui avait eu le don de faire fonctionner mon imagination. Je ne lui avais jamais parlé, cependant, et la récente dispute avec ma mère me fit comprendre que c’était là l’occasion.

« Bonjour ! » criai-je un peu trop fort en bondissant devant lui, le pelage ébouriffé et les oreilles agitées. Soudain, je perdis le peu de contenance que j’avais. « Tu viens nous voir dans la pouponnière ? » Puis je réalisais soudain : « Tu sais, ce n’est pas trop le bon moment, maman est en colère alors euh… peut-être que tu ferais mieux de ne pas rentrer avant que je me sois fait pardonner » je chuchotais, persuadé que ma petite voix ne portait pas jusque dans la pouponnière (je me trompais, bien-sûr).

Il faut que je me fasse pardonner...

Il venait de partagé un moment avec Joli Cœur aussi, il était en forme, souriant. Nuage Cendrée pour sa part avançait bien dans son entrainement et il lui restait un peu de temps avant d'emmener son apprentie s'exercer, de quoi donc profiter du camp. Les anciens venait de lui assurer qu'ils n'avaient besoin de rien, or il ne voulait pas rester à ne rien faire. Il avait beau claudiquer, il aimait bouger. Il était né ainsi aussi, il compensait largement. Restait donc la pouponnière. Ce qui lui rappelait aussi une conversation avec Joli Coeur justement, ce jour où elle lui avait demander son aide pour nettoyer la pouponnière, peu de temps finalement avant la naissance de Petit Aulne et des chatons de Jaguar d'Opale. Et il s'y dirigeait justement quand une petite voix l'interpella joyeusement, le faisant sourire. D'autant plus que le petit, comme tout les petits, enchainait vivement puis, plus sombrement ce qui fit dresser les oreilles du guerrier qui se pencha légèrement en avant. Après tout, il était à demi sourd aussi, il souhaiter ne pas perdre un mot du discours de Petit Aulne.

- Bonjour Petit Aulne, je suis sûr que ta maman ne resteras pas en colère bien longtemps mais, et si tu m'expliquais au juste de quoi tu dois te faire pardonner ?

Ah les chatons ... Il était fréquent qu'ils fassent des bêtises et les avouer n'était jamais chose facile. Combien de fois lui et Roc en avaient ils fait ? Il ferma un instant les yeux au souvenir de sa jumelle partie vers il ne savait quel quête. Elle vivait toujours, du moins, il l'espérait. Un jour où, il la reverrait. N'est ce pas ? Enfin, il rouvrit les yeux pour se concentrer sur le petit qui en cet instant avait besoin de lui, de sa présence. Queue de Loutre avait parfois sale caractère, mais il savait que la reine ne voulait que le meilleure, comme toute mère. Trouver les bons mots étaient simplement parfois plus difficile que ça n'en avais l'air. Combien de fois lui-même avait il du lutter pour répondre et offrir de ces mots qui soufflaient finalement les maux qu'on lui envoyait ? Il tiqua des moustaches, s'ébrouant doucement avant de s'asseoir.

- Je suis certain que ce n'est pas aussi grave que ça en à l'air, tu ne crois pas ?

Oui, avant tout, mettre le chaton en confiance. Il pouvait parler, sans crainte à Lueur d'Espoir. Le jeune guerrier n'était pas de ceux qui se mettait en colère facilement après tout.