My orders are absolute. || PV Toucan & Trash - end

Allez pas croire que j'espionne Toucan. Je l'espionne pas.
D'ailleurs j'ai aucune putain d'idée de ce qu'il fait de ses journées. Même si à cause du Fantôme,
j'ai appris quelques trucs qui ont piqué ma curiosité.

Et c'est peut-être pour ça que je suis sa piste. Je suis tombé dessus par hasard, mais ça peut être marrant de la suivre. A cause que, je veux juste voir vous comprenez ?
Ca me rappelle les jeux que je faisais quand j'étais gosse. J'étais un bon pisteur. Je suivais bien les pistes des chasseurs du fait que j'ai un gros nez peut-être.
Et l'odeur de Toucan me guide loin de notre repère. D'autres odeurs de chats croisent la piste et ça va vers la forêt.

Mauvais souvenirs la forêt.

Bordel de merde... Il est vraiment passé par là ce demeuré ?

Je feule encore à cause que des putains de buissons plein de branches prêtes à vous ouvrir la peau me barrent la route. Mais pas le choix, c'est ici alors je continue.
J'arrive bientôt à la clairière. Encore un fourré à passer.
Je vois le bad boy dans la clairière alors j'ouvre la gueule pour l’appeler mais le son meurt sur mes babines.
A cause qu'il est pas seul.

Et il est en train de se battre, où plutôt de se faire battre.
Je reste planté comme un abruti à regarder et à essayer de comprendre ce qu'il se putain de passe.
Et
j'ai la désagréable sensation d'avoir échoué.

C'est mon job de le protéger. C'est notre accord. Et alors que l'odeur du sang me parvient jusqu'ici je sais que j'ai échoué. Et ça fait pulser le sang dans ma tête.

Attaque-moi de toutes tes forces, Toucan. Fais moi saigner. Fais moi vivre.

Je me redresse m'égratignant copieusement au passage.
Mais je jure pas.
Je suis bizarrement calme.
Comme sentant rien.
Je pose une patte puis une autre puis j'avance plus vite puis je me mets à courir à cause que chaque mouvement en entraîne un autre que je peux pas arrêter.
C'est que les boum boum de mon cœur qui commandent.
A cause que la Machine Infernale est lancée.

TU VEUX DU SANG CONNARD ?? je dis.

Le flot d'adrénaline déferle dans mes veines. Je découvre mes crocs et dans un bond je saute à la gorge du dit connard.
Viser la jugulaire.
Et pas lâcher.

― Te souviens-tu de ce que je t’avais… Suggéré lors de notre première rencontre ? A vrai dire je ne suis pas le genre de chat patient. Je n’ai pas eu besoin de toi pour accéder à ce que je voulais. Appelle-moi Étoile du Serpentaire désormais. Je suis l’empereur du Clan de l’Ombre. Et je ne compte pas m’arrêter là…

Douces paroles à ses oreilles, le galet appréciait les chats d’action. Il supposait donc que la précédente Étoile avait chu, et pas lors d’une pluie de météores naturelle. L’ambition était une amante ardente.

― Quel genre de chat penses-tu que je suis, mon cher Toucan ? Ma sœur dit que je ne suis qu’un monstre. Mais un monstre peut-il être doté d’un esprit, et surtout d’intelligence ? Je suis seulement un génie incompris, c’est ce que je crois.
― Je pense surtout que les catégories morales que tu emploies n’ont pas lieu d’être. Monstre ou saint, ce sont deux canons inatteignables pour les chats cloués au sol que nous sommes ; nous ne nous élevons que post-mortem, alors sur Terre… Soyons déjà, c’est bien suffisant.

Il finit d’achever sa tirade avec les griffes de la nouvelle l’Étoile, l’Étoile du Matin, à quelques centimètres de sa truffe frémissante. Décidément, il aimait ce chat, il aimait son élocution, sa ambition démesurée et sa violence exacerbée. D’un bond leste, Serpentaire repris sa place. Le vent n’avait pas bougé.

― Attaque-moi de toutes tes forces, Toucan. Fait moi saigner. Fait moi vivre.

Il n’eut pas à faire jouer un seul muscle. Bien qu’il ne partage pas son sang, il était lié à son fils, à Trash, à cette montagne de muscle. Il aimait parfois à penser qu’un lien organique les joignait, lui, la tête, et le grand, le corps. Les griffes. Les crocs. La force brute. Il n’avait pas entendu le bruit de ses pas jusqu’à ce qu’il soit suffisamment près ; et encore, il saisit d’abord le souffle chaud et rapide de Trash, et sa voix, raide comme la justice, neuve comme une scie caustique, menaçante comme les éléments. Un cri primal.

― TU VEUX DU SANG CONNARD ??

Une fois que le son franchit ses babines, les choses se passèrent très vite. La gueule ouverte, il étreignit dans une étreinte de sang le charcoal, posant un baiser sauvage sur sa gorge. Il s’accrocha à lui, comme Malheur et Famine sur un pauvre Solitaire, et l’immobilisa quelque peu. Toucan ronronna, d’amour. Amour pour Trash, pour cette fidélité, pour leur lien filial, pour le sang qu’ils ne partageait pas mais ferait couler ensemble.

― Trash, je te présente Étoile du Serpentaire, le meneur du Clan de l’Ombre. Serpentaire, je te présente mon fils.

Et sur ces mots, il rejoint ensuite la bataille, déterminé à montrer sa capacité d’adaptation au chef de l’Ombre, et revigoré par l’intervention à la deux ex machina de Trash. Les deux corps mêlés bougeaient trop, aussi il ne put pas attaquer cet autre chat qui lui plaisait tant, mais il s'approcha suffisamment de lui pour s'assurer de ne pas rater son coup, la prochaine fois.

Hide & Seek

Le Serpentaire se préparait à contre-attaquer. Le Toucan allait y aller sérieusement cette fois, mais il n’allait pas se laisser faire. Loin de là. Il ressortit les griffes et alors qu’il passa tout son poids dans ses pattes arrière, se préparant à bondir, une forme non identifiée le faucha de plein fouet. Des crocs se placèrent contre sa gorge et tentèrent de percer la jugulaire.


« TU VEUX DU SANG CONNARD ? » Hurla la chose.


Agile comme un serpent, l’empereur envoya valser son agresseur d’un coup de patte puissant. Les crocs qui s’étaient niché dans son cou tentèrent d’y rester, mais le Serpentaire était puissant. Et la créature avait beau être un chat au corps musculeux, elle ne put pas s’accrocher plus longtemps. Le chat noir boula à quelques longueurs de queues de renard, et le charcoal se releva, ébroua son pelage. Sa queue se mit à battre furieusement l’air. L’empereur était en colère.


« Trash, je te présente Étoile du Serpentaire, le meneur du Clan de l’Ombre. Serpentaire, je te présente mon fils. »


La voix de Toucan résonna au loin, mais le meneur ne s’en soucia pas. Un râle sombre et menaçant grimpa entre ses cordes vocales, comme un long coup de tonnerre. Fils ou pas, il allait payer cher. Très cher. Cher pour avoir interrompu sa valse macabre avec le Toucan, cher pour avoir osé toucher l’empereur sans son autorisation, cher pour l’avoir blessé. Sa vie allait prendre fin ici même. Aussi vif qu’un éclair, le Serpentaire bondit et comme Trash avant lui, lui sauta à la gorge. Il fit basculer le solitaire sur le dos sous le choc de l’impact et enfonça ses crocs profondément. Encore un peu et il atteindrait la jugulaire. Et il lui ôterait la vie. Pourtant il s’arrêta là et retira ses crocs d’un coup, comme s’il s’apprêtait à déchirer la chaire d’une proie, pour la manger ensuite. Il leva la patte, ses griffes étincelèrent au soleil, et il griffa l’œil droit du monstre noir, lui laissant une nouvelle cicatrice dont il se souviendrait. Pour avoir attaqué le tyran de l’Ombre.


« Tu mériterais que je n’en reste pas là, misérable insecte. Je pourrais prendre goût à ton sang. »


Il desserra son emprise, et se détacha du solitaire. Il ne l’intéressait pas. Il le tuerait une prochaine fois. Il se retourna vers Toucan, et agita la queue. Leur danse avait été interrompu, il reprendrait une prochaine fois ce qu’ils avaient commencé. Lentement il s’assit, se souciant peu des blessures qui le brûlaient, il enroula sa queue entre ses pattes, dominant les deux errants de toute sa hauteur.


« La prochaine fois préviens-moi quand tu invites les petits copains de ton espèce. On attendant encore quelqu’un d’autre ? Je n’ai pas de temps à perdre. Et j’espérais que la rencontre avec ton… fils se passerait autrement. »


Lui aussi avait des enfants. Bien moins grands que ce monstre de muscles. Et ce Trash n’était certainement pas la progéniture du Toucan, il ne lui ressemblait absolument pas. Le Serpentaire était énervé, frustré. On avait gâché son moment et soudainement, il regretta de ne pas s’être acharné un peu plus sur le chaton. Ses griffes bouillonnaient encore, ses crocs réclamaient encore le goût du sang.

GALLINEA

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