Longing For Love - abandon

Tout chaudement blotti contre le corps de sa maman chérie, le petiot faisait assurément des plus beaux rêves. Si ses pattes frétillaient dans son sommeil, ce n'était pas qu'il s'imaginait une chasse effrénée contre une musaraigne mais, bien plus probable, qu'il s'imaginait câliner tous les êtres peuplant la pouponnière ─ ce qui n'était pas bien différent de la réalité. Bientôt, il rêverait probablement à des champs fleurissant à perte de vue, sitôt qu'il aurait fait l'expérience de vraies fleurs et non des plantes desséchées que collectait la guérisseuse. Nul besoin de dire que la vue d'une réelle fleur, rayonnant de beauté, l'émerveillerait au plus haut point. Alas, comme la neige venait tout juste de disparaître, il lui faudrait attendre encore de nombreux jours avant qu'il ne puisse faire l'expérience de la floraison. Aucun doute que le campement serait assaillit de ses cris de joies lorsque cela arriverait.

Tandis que la boule de poils était emportée au plus profond de ses rêves, Colombe Blanche profita de son inconscience pour s’éclipser. Il fallait dire qu'avec un gamin pareil, les occasions de s'étirer les pattes et profiter de la solitude manquaient un peu. Les autres Reines l'avaient probablement encouragée à aller se reposer ailleurs, et à leur laisser la charge de Petite Mousse. De fait, lorsque ce dernier ouvrit enfin les paupières et s'extirpa du sommeil, une chatte se pencha au-dessus de son joli minois pour lui souhaiter un bon réveil. Tout heureux de l'attention, le jeunot ronronna une salutation en retour... Jusqu'à ce qu'il note l'absence de la fourrure bicolore si caractéristique de sa mère à ses côtés. Devenant soudainement inquiet, Petite Mousse roula sur lui-même pour venir poser ses pattes au sol. Se hissant debout, il avança maladroitement dans la tanière, regardant autour de lui dans l'espoir de trouver sa mère chérie.

─ Ma maman elle revient quaaand?

Il demanda incessamment à celles qui l'entouraient, mais ne reçu que des réponses vagues en retour. Peut-être était-elle partie se promener, ou chasser, ou voir son compagnon, ou qui sait. Aucune de ces réponses ne satisfirent le gamin. Aucun câlin non plus. Dépité, et le coeur trop gros pour tenter de partir à sa recherche et braver l'extérieur, le jeune mâle alla s'asseoir à l'entrée de la pouponnière. Tête basse, il observa le va et vient au campement, espérant apercevoir la belle silhouette de sa mère.

Le soleil se levait, étirant ses longs rayons sur les landes. Fierté du Cerf était comme par miracle déjà éveillé. Il était pris d'une lubie, chasser. Chasser est une action banale pour n'importe quel guerrier qui se respecte, sauf pour lui. Il était actuellement en train de faire sa toilette avec soin, bientôt prêt à partir. Mais pourquoi fait-il tout cela s'il n'en a pas l'habitude ? Eh bien, pour son neveu ! Ce petit ange tombé du ciel qui ne demande que de l'amour en conserve. Il était aussi adorable et innocent qu'était beau son oncle. Alors, il voulait combler cette petite merveille. Il ne s'y connaissait pas particulièrement en chaton, ni à quel âge ils pouvaient manger de la viande, le geste le toucherait, il en était certain.

C'est donc clopin-clopant que notre beau félin sortit du camp à la recherche d'une proie. Il voulait aller vite, le gamin serait sûrement éveillé à son retour, surtout si Colombe Blanche prend la poudre d'escampette. A mi-chemin entre le camp et la lande, le matou huma le délicat parfum d'une grive. Un sourire sûr de lui, il zieuta les alentours, elle était là, à attraper un ver de terre. Il se tapit, et avec grâce il bondit sur cette dernière, qu'il acheva maladroitement avec quelques coups de crocs. Il releva la tête, et fier de lui, il fit demi-tour pour retourner au camp. Il croisa sa sœur sur le chemin, avec une amie charmante. Elle était un peu fatiguée par Petite Mousse qui était particulièrement collant, le matou ronronna amusé par son neveu qui était décidément aussi excentrique que lui.

Arrivé au camp, il le zieuta. Il aperçut la boule de poils duveteuse qui attendait avec impatience le retour de sa mère. Il courut vers lui, manquant de tomber sur lui à son arrivée. Il posa le cadavre encore chaud et peu appétissant de la grive aux pattes du mignon.

- Ce ne serait pas mon adorable neveu que j'aime de tout mon cœur ? Regarde ce que ton magnifique oncle t'a apporté, avoue, tu es touché. Bon tu veux que je t'apprenne deux ou trois trucs aujourd'hui ?

Fierté du Cerf était plus qu'heureux et fier de son neveu. Il faut dire que le beau avait « frôlé » la mort de peu non loin du territoire de la poiscaille. Ça lui avait fait l'effet d'un électro-choc dans son cerveau faut-il croire.

HRP: