~[K]aRn{e}val~

" Je suis amnésique. Donc c'est comme si j'étais né il y a quelques jours. Je sais, c'est pas terrible, mais c'est comme ça. De toutes façons vous ne pouvez rien y faire. Personne ne me connaît. Je ne connaît personne. Pas de famille à aimer. Pas d'amis à qui sourire. Pas de jeux, pas d'amour, pas d'espoir. Je n'ai pas de souvenirs heureux. Je ne me rappelle que du chagrin. Je ne me rappelle pas, en fait, mais je le sens quelque part. Vous savez, cette impression que quelque chose manque ? Ce sentiment de vide ? C'est ça. C'est tout ce que j'ai dans la poitrine, quand d'autre ont un cœur rempli de sentiments pour des chats connus. Moi je ne connais personne, je n'aime personne, je ne hais personne, alors je ne sens pas ça. C'est ce vide effrayant qui remplace ma mémoire. Quand d'autres ont des parents, des amis, des ennemis. Au final, je pense que tout ce qu'il reste, c'est de la peur. Une dose de paranoïa. Une belle quantité de chagrin et de douleur.

Je me suis réveillé un matin , et il n'y avait personne. Rien. J'avais mal à la tête. Comme si on l'avait longuement cognée contre des rochers. Je saignais, je m'en souviens. Mes coussinets étaient écorchés, j'ai craché du sang à plusieurs reprises. Et j'avais mal aux yeux. Comme si j'avais pleuré. Beaucoup pleuré. Je n'avais rien dans la tête. Et ça m'a fait peur. J'ai eu l'impression de suffoquer, craché du sang, et pleuré encore un peu. Mais je devais avoir les yeux secs, parce que ça n'a pas duré. Mon corps avait encore des habitudes, mais dans ma tête, il n 'y avait rien. Comme s'il n'y avait jamais rien eu. J'ai attendu, pensant que, peut être, quelqu'un m'avait demandé d'attendre ici pour des raisons X et Y. Mais personne n'est venu. J'étais tout seul. Et j'étais triste. Mais je n'ai plus pleuré. J'ai eu quelques flashes, mais rien de concluant. Bon, j'exagère. Je me suis rappelé de mon nom. Joli, hein. C'est Amour Toxique, en fait. Mais j'ai pensé ( si, si ) que Karneval, bizarrement, ça sonnait mieux. C'est long quand même, deux mots pour un nom. Vous ne trouvez pas ? Et puis des images bizarres ont défilées. J'ai entendu des voix. Je n'ai pas tout compris. Tout allait vite. Ils utilisaient des noms qui sonnaient creux. "Pierrot" , " Désillusion". Qu'étais-je censé comprendre. Je ne sais pas, mais je n'ai pas compris. " Amour Toxique" au moins une dizaine de fois. On me demandait de revenir. Et je m'éloignais. La voix avait l'air désespérée. Alors ça m'a attristé, moi aussi. Et j'ai pleuré. Puis, bizarrement, ça m'a fait rire. J'ai aussi entendu des cris, des grognements, des feulements. Du sang, des larmes, de la boue, de la peur, du désespoir, de la haine. Et je me sentais mal. Il y avait une boule dans ma gorge. Et un mélange de sentiments tellement horrible et tellement douloureux que, juste deux secondes, j'ai eu envie de mourir. Je n'aurais jamais pensé que la vie pouvait être si violente. Je ne sais pas si chercher ce passé qui a l'air franchement terrifiant est une bonne idée. Alors je vais me contenter de remplir cette tête vide. Ce cœur meurtri, comme s'il n'avait jamais rien ressenti d'agréable. Et on verra bien où ça mène. Mais quand même. Je ne sais pas si c'est normal. Mais au milieu du chagrin, j'ai ressenti comme ... de la satisfaction ? Je ne sais pas. C'était vraiment bizarre, ce bref sourire tordu.

Je dois être fou, non ? "