Pause Déj' de Gré ou de Force ⎥ D. Danse -abandon

Les jours om Œil du Condor pouvait affirmer sincèrement qu’il était de bonne humeur étaient rares. Et une vraie bénédiction pour ses camarades de clan. Certes le matou n’avait pas un sourire jusqu’aux oreilles pour autant, mais il était visiblement plus détendu. Cette journée plutôt agréable où le soleil brillait haut dans le ciel devait sûrement aider.
Œil du Condor était installé dans un coin de soleil entre la tanière des anciens et le promontoire depuis un moment déjà. À vrai dire il était à peine sorti du camp aujourd’hui. Pour une fois qu’il respectait la décision de ses supérieurs à l’assignant à domicile, on n’allait pas se plaindre. Le monde autour de lui ne lui était pas trop désagréable, après tout ce n’était peut-être pas si terrible que ça de rester ici. Ceci étant dit, à tous les coups il ressortira aux aurores demain matin pour faire le-clan-des-étoiles-savait-quoi. Mais pour l’instant, c’était agréable. Le camp était plutôt calme et il observait les autres et leurs vas-et-viens, yeux jaunes mi-clos à cause de la luminosité. Il les rouvrit cependant en grand quand il perçut une certaine agitation. Une patrouille était de retour. Sûrement celle du matin. Et Dernière Danse était à sa tête.
Un mince sourire apparut sur ses babines et il se dressa calmement sur ses pattes. En s’étirant élégamment et secouant les aiguilles qui encombraient son beau pelage, il marcha tranquillement à la rencontre de sa chère fille, sa préférée. Depuis qu’elle avait été nommée pour seconder Étoile Maudite, elle avait été très occupée et Œil du Condor ne voulait pas la déranger pendant son travail. Alors était simplement spectateur de sa manière de faire, d’à quel point elle était douée, le cœur rempli de fierté. De tellement de fierté. Elle avait réussi là où lui-même n’avait jamais eu sa chance. Au moins un de ses rejetons avait réussi sa vie dans le sens où le père l’entendait. Le deuxième étant Esprit Soucieux. Mais bon. Pas la même chose. Vraiment pas la même chose.
Arrivant devant Dernière Danse, il miaula d’une voix neutre mais légèrement enjouée:
-Dernière Danse! Tu manges un morceau avec ton père?

Ses prunelles jaunes brillait. Il était clair que cette proposition n’en était pas réellement une. Enfin si, mais il trouvait ça irréaliste qu’elle veuille même refuser. Si elle le faisait quand même? (*) Eh bien. Disons que ça ne se passerait pas comme ça. Il piquerait sûrement une crise en disant que c’était inacceptable et il repartirait en furie dans la tanière des anciens, cette journée parfaite irrémédiablement ruinée. Et l’intégralité du camp se dirait que les bénédictions ne sont clairement pas faites pour durer.
Mais elle dirait oui. Elle venait juste de rentrer de patrouille. Evidemment qu’elle dirait oui. N’est-ce pas?
Il miaula doucement, en partie à lui-même, comme pour répondre à cette réflexion.
-Mais bien sûr que oui.

Bon, ben ça c'est fait.
Il adressa un petit sourire à sa fille, comme s'il réalisait de nouveau qu'elle était là en face de lui.

Spoiler:

♪ We are pigs - Suede

Raide comme la justice, Dernière Danse attendait les membres qu'elle avait assigné à la patrouille de l'aube.
Depuis l'arrivée des Lunar Pod à Cerfblanc, la lieutenante ne rêvait que d'une chose : étriper ces abrutis et redécorer la tanière des guerriers avec leurs fourrures.
L'humiliation qu'elle avait ressenti lorsqu'ils s'étaient introduits dans leurs camp, après voir traversé tout le territoire, pour venir les menacer et voler un chaton - car c'était eux, elle en était certaine - ne la quittait pas.

Et elle doutait d'Etoile Maudite. Elle avait peur qu'il courbe l'échine, comme une vulgaire bête sans honneur.
Heureusement qu'ils y avaient certains mâles du Clan de l'Ombre qui ne demandait pas mieux que lui faire oublier ses soucis.

***

La patrouille rentra au camp : aucune traces des intrus. Et Dernière Danse avait hâte d'échanger ragots et repas bien mérités. C'est sans compter son père qui lui barra la route, lui proposer de casser al croûte avec lui.
Sa fille ne cacha pas son manque d'enthousiasme. Elle afficha sa babine inférieure s'avança dans une moue boudeuse qu'on lui connaissait bien.
Mais Danse eut une idée pour gagner du temps. Elle déclara d'abord qu'elle avait son rapport à faire et fila dans la tanière d'Etoile Maudite, pour y déblatérer des platitudes.

Elle revint ensuite et son papa l'attendait, une proie entre les pattes. Elle ne pourrait pas y couper.
La féline alla se chercher un écureuil pas bien gros, qui écourterait ainsi le repas, et par la même occasion, la discussion.

Ce n'était pas qu'elle n'aimait pas son père : au contraire. Ses deux parents étaient très fière d'elle, et elle pouvait se vanter tant qu'elle voulait devant eux, c'était assez plaisant de discuter avec ce genre de personne
Mais ces projets de ragots se trouvaient un peu contrariés. Quoiqu'il en pensait, son père n'était plus au goût du jour maintenant et elle doutait que sa conversation serait aussi intéressante que celui d'un petit jeune.

Elle s'assit en face de lui :

Excuse-moi. Je fais les choses jusqu'au bout ~

Danse prit une bouchée du rongeur. De quoi aimait parler les personnes âgées ?


Il fait beau aujourd'hui. Tu dois avoir moins mal aux articulations, non ?

Son fin sourire s’estompa lentement. Dernière Danse semblait préoccupée. Ou alors elle ne désirait tout simplement pas le voir maintenant. Quelle ingratitude. Le visage du paternel se durcit visiblement quand sa fille marmonna qu’elle devait faire son compte-rendu à Étoile Maudite, mais plus d’incertitude que de réelle colère. Se pourrait-il qu’elle cherche réellement à l’éviter? Peu important en fin de compte. Quoiqu’il en soit, Œil du Condor la laissa s’absenter et se dirigea calmement vers la pile de gibier pour se choisir une pièce. Il retourna sagement à sa place, en attendant que sa fille revienne. Il était loin d’être stupide. Et la moue légèrement agacée qu’elle avait au visage en constatant que le matou comptait bien aller jusqu’au bout de ses plans ne passait pas inaperçue. Il savait qu’il l’agaçait. Mais bon. Pour une fois qu’il se voulait tendre et aimant envers quelqu’un pour le pur plaisir, on n’allait pas l’en empêcher, le pauvre fou. Son sourire reparut lentement quand Dernière Danse bifurqua pour aller se choisir un écureuil. Elle aurait au moins la décence d’avoir un moment avec lui. Et il appréciait. Pendant ce temps là, il se décala pour aller s’installer pour le repas. Il s’assit élégamment, queue enroulée autour des pattes et ses yeux jaunes regardaient fixement la jeune revenir.
Excuse-moi. Je fais les choses jusqu'au bout ~

Œil du Condor inclina légèrement la tête en avalant une bouchée de la proie devant lui, comme pour dire “tout naturellement”. Il était bien conscient que sa fille avait des responsabilités importantes à présent, et serait bien le dernier à la blâmer pour honorer son rang. C’était juste qu’il l’avait encore un peu en travers de la gorge d’avoir été balancé au fond de la tanière des anciens de la sorte. Manquait plus que sa fille, sa chère fille, la plus belle, la plus forte, la plus intelligente, se mette elle aussi à lui manquer de resp-
Il fait beau aujourd'hui. Tu dois avoir moins mal aux articulations, non ?

Les prunelles jaunes du matou se levèrent doucement pour regarder son interlocutrice dans les yeux. Un sourire un peu crispé apparut sur ses babines et il se pencha pour prendre une autre bouchée, dans le plus absolu des silences. Cette dernière phrase, il ne savait pas vraiment comment la prendre. Est-ce que c’était une pique mesquine et décidément dénuée de toute trace de respect de chère fille? Ou juste une remarque manquant de classe et de légèreté? Dur à dire. Donc dans le doute:
-Méfie toi, ma petite. Mes articulations se portent très bien. Tous les jours.

Accompagnées d’un regard lourd de sens, ses paroles résonnaient du fin fond de son âme. Si il n’arrivait plus à se faire respecter, même par ses propres rejetons, c’était le début de la fin. Misère. Il sourit un peu en coin, une dent apparaissant sous la babine.
-Et toi? Des soucis de frontières?

Il se baissa pour prendre une autre bouchée mais murmura avant:
-Autrement plus importants que mes articulations, tu n’trouves pas?







(Nan je suis pas en retard, ce n'est qu'une illusion de ton esprit)

Ni la météo ni sa santé n'avait fait mouche.

Danse baissa les oreilles sous la remontrance, comme lorsqu'elle était petite.
Rien n'avait vraiment changé finalement. Même si elle essayait de prendre son envol par rapport à sa famille - ce qui était réussi du côté de sa fratrie - elle appréciait toujours ses parents, qui l'avait toujours soutenue.

Elle les voyait moins souvent et partageait moins de choses avec eux, mais son papa était toujours d'agréable compagnie.

Dommage que la phase d'adolescente rebelle de Danse ne soit pas totalement terminée.


Rien. Aucune trace des barjos. récita t-elle, utilisant les mêmes mots qu'elle avait dit à Maudit quelques minutes auparavant.

Elle inclina la tête.

Je peux pas croire que ça te manque de patauger dans le territoire pour au mieux sentir une crotte de renard. La plupart du temps il ne se passe rien.

Encore sa moue boudeuse. Puis une idée :

Tu ne crois pas que la lieutenante devrait être dispensée de patrouille ? J'ai des choses plus importantes à faire moi .. et puis ça prend tellement de temps d'enlever la boue des marais de mon pelage ..