Au-delà du silence. - abandon

Lapis Lazuli rentrait fatigué de la patrouille du soir.
Mais cela, il ne laissa personne l’apercevoir.
C’était un guerrier, après tout. Être fort, il lui fallait.
Entre la Rivière et le Tonnerre, palpable les tensions étaient.

Le crépuscule était déjà là. Pourtant, autour de lui tout s’agitait.
Étoile du Corbeau, haut perché sur son promontoire, observait les siens avec fierté.
Le mâle puissant était persuadé qu’il gagnerait.
Les rochers du soleil seraient enfin à lui.
Il aurait prouvé sa puissance, mais aurait nui,
à la vie de bien de ses guerriers.

Peut-être le félin y mourrait, lui aussi.
Rejoignant ses ancêtres, là haut dans le ciel.
Se trouvant à sa place, après avoir servi.
Mais pour l’instant, il était là, observé par deux prunelles.
Nuage de Groseille, apprenti, se tenait droite,
au milieu de la combe, dévorant un poisson.
Ses crocs étaient rougis par un sang écarlate
Aussi rouge que la baie d’If, ce terrible poison.

La mort régnait, dans la forêt.
Davantage que les chefs qu’il connaissait.
Elle prenait des vies, encore et encore.
Ne laissant comme souvenir des coquilles mortes appelées corps.
Il y a quelques jours de cela, le chat avait rencontré cette entité.
C’était Soupir d’une Vie, qui avait rendu l’âme.
La jolie femelle, il ne la connaissait pas. Mais son entrain, il l’avait toujours respecté.
Malgré la dureté de la vie Clanique et les caprices de son chef, elle avait dans son coeur une flamme.
Qui réchauffait avec ardeur celui du guerrier gris-bleu.
Sa disparition, dans son coeur, avait laissé comme un pieu.

Jamais il ne lui avait adressé la parole.
Il était resté à l’écart de cette chasseuse au pelage gris perle soyeux.
Maintenant, elle était loin de là, ayant prit son envol.
Et le regret parcourrait le corps et l’âme du félin au coeur rocailleux.
Le poil couleur nuage de pluie.
Les yeux d’une couleur ambrée profonde.
Nuage de Groseille, bien qu’elle fut autrui,
lui donnait l’impression qu’elle était en vie, ne serait-ce qu’une petite seconde.

Aux enfants, il parlait peu.
Il ne les comprenait pas, et de toute façon, préférait son calme.
Son yeux crevé écoeurait les chatons, puisqu’il était hideux;
Et bien qu’impassible, la peur des chatons lui brisaient l’âme.
Pourtant, ce jour là fut différent.
Le merle avalé, Lapis Lazuli se redressa,
et vers la jeune apprenti, il se dirigea.
Il s’installa près d’elle, d’un hochement de tête la saluant.

« Nuage de Groseille, c’est cela? »
Demanda-t-il d’un ton presque trop froid.
Mais il était ainsi, souvent seul et silencieux.
Mais son coeur, au fond, avait presque quelque chose de chaleureux.


(c’est mort, je fais pas les alexandrins :v)

À peine avait-il clôturé sa phrase que la jeune apprentie émit un grognement sourd, protégeant son repas dans un recul menaçant.
« Ouai c’est moi. Et toi t’es qui ? Je te connais pas. Tu vas me voler mon poisson ? Il est à moi, c’est mon mien d’abord. Qui va à la chasse perd sa place, nah. Eh dit eh, c’est quoi ton problème avec ton œil ? C’est pas hypersex, ça fait peur. Ca te donne un air méchant. T’es pas méchant toi, si ? T’aime les câlins ? C’est dommage ton œil parce que t’es beau, t’irais bien avec mon presque-frère »
Ses mots et la formulation de ses phrases raisonnaient comme celles d'un très jeune enfant. Jeune enfant qu'elle était encore, quoiqu'apprentie déjà. Évidemment, qu'elle ne le connaissait pas. Lui qui était si discret et solitaire, peu bavard, se mêlant rarement à la foule pour d'autres occasion que l'organisation des patrouilles. Elle avait déjà du le croiser, c'était certain. Ils partageaient le même Clan. Mais son esprit insouciant ne l'avait probablement pas retenu. Les petits avaient beaucoup mieux à faire et à penser, que d'essayer de retenir le nom des vieux du Clan de la Rivière. C'était bien là l'une de leurs dernières préoccupations.
« Je ne vais pas te voler ton poisson, Nuage de Groseille. » la rassura-t-il d'un ton calme, en espérant qu'elle se détende. Il y avait bien d'autres proies entre ces roseaux, depuis l'arrivée du printemps. Bien plus que pendant cet assassin blizzard. Il n'y avait donc aucune raison de se précipiter si soudainement vers un éventuel repas. Mais l'apprentie qui se tenait en face de lui était encore jeune. Le froid de l'hiver et la famine qui l'accompagnait représentait une majorité de sa vie, contrairement à la sienne, ou elle n'était désormais plus qu'un petit événement parmi tant d'autres. Alors, peut-être avait elle conservé une telle attitude des cicatrices laissées par les temps glacials. Ou était-ce juste son caractère. Il n'en savait rien.
« Mon oeil, c'est ce qui arrive lorsque l'on obéit pas aux règles de son chef. Les amours interclaniques notamment. Fais attention à toi, à ce sujet là. »
Bien sûr, il n'avait jamais aimé un chat d'un autre Clan. C'était son vieil ami aujourd'hui disparu, qui était coupable de ce crime, mais qui ne s'était jamais dévoilé. Par défaut, c'était le matou que l'on avait accusé. Son oeil crevé, en plus de son baptême tardif, retardé par des semaines passées à la tanière du guérisseur à se battre contre les infections, étaient là le résultat de sa punition. Pas celle d'avoir aimé. Mais d'avoir menti et caché un secret. Et cela ne devait exister au sein du Clan. Malheureusement.
Les pions n'avaient aucun droit face au roi.

Prédateur

Le mâle la regarda, détaillant son corps, il semblait considérer pendant un moment ce que venait de lui dire la novice. La Groseille n’était pas prêteuse, enfin si, mais qu’en présence de ses amis, ceux qui aimaient les bisous. Et pour l’instant le gris ne lui avait toujours pas répondu.


« Je ne vais pas te voler ton poisson, Nuage de Groseille. »


Il avait dit cela d’un ton calme, le même ton qu’employait Nuage du Hibou pour lui répondre. Peut-être que le guerrier connaissait son frère. Peu de gens aimaient Hibou, il était trop intelligent, et sa langue était bien trop aiguisée.
Doucement, Nuage de Groseille se releva, et poussa le poisson entre le mâle et elle. Elle se rassit, et enroula sa queue autour de ses pattes, elle se passa une dernière fois la langue sur le museau et remua les oreilles.


« Mon œil, c’est ce qui arrive lorsque l’on obéit pas aux règles de son chef. Les amours interclaniques notamment. Fais attention à toi, à ce sujet là. »


La Groseille ouvrit grand les yeux. Elle avait déjà désobéi mais jamais elle n’avait reçu un seul geste déplacé en guise de punition ! Il mentait c’était certain. Ou alors il n’avait pas eu de chance avec son mentor. Nuage de Taupe, qui était la seule de la fratrie à avoir reçu un vétéran en guise de mentor, se plaignait régulièrement des entraînements. Alors que Nuage du Hibou et Nuage de Groseille se la coulait douce avec Chant du Merle et Cri de la Bécasse. Même si Cri de la Bécasse était horriblement horripilante. Les amours interclaniques, c’est quand on tombe amoureux d’un chat d’un autre Clan. C’était ce que lui avait dit Taupe. Mais Groseille n’avait jamais compris pourquoi les Clans étaient méchants entre eux. Alors que tout le monde pourrait se faire des câlins et des bisous. Et puis la princesse avait déjà plein d’amoureux. Elle pouvait très bien en avoir un d’un autre Clan. Tout le monde lui disait qu’elle ferait des ravages lorsqu’elle serait plus grande et que tous les mâles voudraient être son compagnon.


« T’as eu un méchant mentor ? Moi mon mentor c’est ma presque-sœur, Cri de la Bécasse. Je l’aime bien mais elle, elle m’aime beauuucoup trop ! Merle m’a dit que c’est parce que elle peut pas avoir d’enfant, alors elle pense que je suis son enfant, mais c’est pas maman, c’est ma presque-sœur, tu vois ? Je parle trop c’est ça ? C’est parce que je suis jolie que tu me dis ça ? J’ai déjà plein d’amoureux ! Y a Nuage des Ours, Nuage d’Oiseaux et Nuage Gris. Et toi c’était qui ton amoureuse ? Elle venait de quel Clan ? Du Clan de l’Ombre ? Et tu m’as toujours pas dit ton nom ! »


La Groseille s’allongea au sol, sa queue tapait doucement le sol. Elle adressa un grand sourire au mâle, découvrant toutes ses canines blanches.

GALLINEA

HRP:

« T’as eu un méchant mentor ? Moi mon mentor c’est ma presque-sœur, Cri de la Bécasse. Je l’aime bien mais elle, elle m’aime beauuucoup trop ! Merle m’a dit que c’est parce que elle peut pas avoir d’enfant, alors elle pense que je suis son enfant, mais c’est pas maman, c’est ma presque-sœur, tu vois ? Je parle trop c’est ça ? C’est parce que je suis jolie que tu me dis ça ? J’ai déjà plein d’amoureux ! Y a Nuage des Ours, Nuage d’Oiseaux et Nuage Gris. Et toi c’était qui ton amoureuse ? Elle venait de quel Clan ? Du Clan de l’Ombre ? Et tu m’as toujours pas dit ton nom ! »

La jeune apprentie s’allongea au sol après avoir prononcé ces mots. Le mâle, lui, resterait assit. Il estimait avoir dormi suffisamment longtemps pour pouvoir s’épargner cette peine. Cette position lui convenait parfaitement. Pourquoi la changer?
Lapis Lazuli aurait trouvé l’apprentie agaçante si elle n’avait pas été si jeune. Mais son innocence était des plus naturelles à cet âge, et étant donné qu’elle était femelle, il lui souhaitait de la garder le plus longtemps possible. Juste qu’elle se calme un peu… mais bon, on ne pouvait pas tout avoir.

« Eh bien, fit Lapis Lazuli dans un rire, tu es sacrément populaire on dirait. Ils doivent être jaloux, tout ces amoureux. Oh, tu sais, je n’ai jamais eu d’amoureuse à proprement parler. J’ai du aimer quelques femelles de mon Clan, c’est vrai, mais ça s’est toujours arrêté là. »

Le félin gris bleu n’avait en effet jamais eu de réelle relation. Non pas qu’il ne le voulait pas. Mais la politique d’Étoile du Corbeau lui posait problème sur ce point. Les mariages et la misogynie ambiante étaient les seuls aspects de sa politique qui lui déplaisaient. Mais ils étaient des raisons suffisantes de son célibat.
Il le savait très bien, une simple « vue » sur une féline pouvait se transformer en mariage, qu’elle le veuille ou non. Et il pouvait, involontairement, briser la vie de celle qu’il aimait. De toute façon, ses liens d’amitiés avec plusieurs vétérans et guerriers lui suffisaient largement. Le guerrier gris-bleu était heureux ainsi. Il ne voyait par conséquent aucune raison de changer son quotidien.

« Pour répondre à ta question sur mon mentor… Il n’était pas méchant. Juste très très fidèle au code du guerrier. Il m’a bien entrainé, et je lui en suis reconnaissant. »

Pour autant, il ne souhaitait à personne d’avoir un vétéran comme celui qui avait été son mentor comme tel… Quand vous étiez un jeune apprenti plein d’entrain, ce n’était vraiment pas fun. Juste éprouvant. Le genre d’entrainement à vous donner envie de quitter bien rapidement le nom de « Nuage ».