Intrégration || Toucan & le Clan - end

Come to the Shadow

S’il y avait une chose que le Serpentaire c’était bien l’audace. L’audace mal placée, l’audace que l’on peut contrôler, manipuler. Soumettre. Et ce solitaire semblait en être la représentation féline. Rejoindre le Clan de l’Ombre, voilà le but qu’il s’était fixé durant sa semaine de répit. L’empereur avait tiqué lorsque le Toucan avait énoncé sa requête. Pensait-il réellement qu’on rejoignait un Clan comme ça, d’une simple demande. Ils n’avaient même pas pu terminer leur combat, son fils volant à son secours. Un sourire naquit sur le visage du souverain, imaginant Petit Fauve dans la peau de ce Trash. Fauve connaissait sa place. Jamais il n’aurait le droit d’agir de la sorte.

Pourtant, voilà que le meneur de l’Ombre rentrait au camp, traînant un galet derrière lui. Il avait accepté. Et il ferait de lui l’un des meilleurs éléments de son empire. Quitte à s’en mordre les doigts après, il avait cru comprendre que le solitaire voulait monter sa propre troupe, Toucan restait un être à exploiter. Il allait le former, lui apprendre à se battre, à tuer, à vaincre. Et il s’en servirait pour montrer la puissance et la domination de l’Ombre.

Le trajet se déroula en silence. Serpentaire devant, Toucan derrière. Jour Pluvieux et Croc Rouge l’attendraient à l’entrée du camp, ils étaient les seuls guerriers à être au courant de l’escapade du chef, et d’une éventuelle arrivée d’un nouveau félin. L’empereur avait tout prévu, de façon à ce qu’il comprenne qu’il restait un solitaire, une potentielle menace et que même s’il allait devenir un guerrier, les claniques ne donnaient pas facilement leur confiance. Même rarement.

Il adressa un signe de tête aux deux guerriers à l’entrée et connaissant leur mission, ils encadrèrent immédiatement le petit félin, non sans lui jeter des regards méfiants et hautains. Les guerriers encore présents au camp se retournèrent au passage de l’escorte. Curieux, certains s’approchèrent, d’autres plus méfiants restèrent en retrait, leurs yeux vicieux brillant dans l’ombre. Le charcoal adressa un signe de queue à Douce Ancolie, qui rappela immédiatement les 3 enfants-roi, les confiant ensuite à Reine des Prés. Elle était la princesse du Clan, sa place n’était pas dans la pouponnière.
L’empereur bondit sur le promontoire, invitant le solitaire à s’installer en bas, aux côtés de ses gardes.


« Rassemblement. » Miaula le Serpentaire d’une voix forte, impériale.


Il était encore tôt. Seul la patrouille de l’aube était partie et quelques félins chargés de surveiller les frontières. Alors une vague de félin se regroupa sous le promontoire, des chuchotements montèrent dans l’assemblée, tous les yeux se posèrent sur le solitaire.

GALLINEA

HRP:

Ça y été. Il allait faire partie d'une grand famille, il allait intégrer l'Ombre. Il en ronronnait d'aisance, sa joie irradiait par grandes flaques lumineuses de son gosier éraillé, il était semblable à une lanterne percée, un lampadaire fuyant, un ange nucléaire. Il n'était plus un simple toucan. Encadré par deux guerriers, sous une garde chaude et rapprochée, suintant le mépris et la sueur, il avançait - on le portait presque, et ce jusqu'en bas d'un promontoire.

Il observait le Clan, cette masse de visages mi-surpris mi-dubitatifs ; pour ne pas dire hostiles. Avec son poids plume et ses côtes en xylophone, Toucan ne faisait pas bien peur. De la taille d'un apprenti, et avec une sale égratignure qui lui resterait à vie - Alby lui laissait des marques, on eût presque dit de l'amour - il ne respirait ni la santé, ni la confiance.

Il s'en tapait.

Être le centre de l'attention ne le dérangeait pas le moins du monde - il était né pour ça, c'était ce qu'il cherchait par dessus tout ; pour ne pas chercher de sens à sa vie sans doute. Toucan aimait la facilité. Et c'est par facilité qu'il avait vendu son âme au Diable, à un prix qui ferait grincer des dents Faust - ledit Diable avait fini son ascension et, du haut de son perchoir, tel l'oiseau qu'il était, il étendit ses larges ailes noires et sonna d'une voix gutturale le rassemblement. Toucan frissonna. La fête allait commencer.

Come to the Shadow

Les félines du harem pointèrent leur bout du nez hors de l’antre du meneur, et vinrent se placer à leur place. Il entendait les protestations de Petit Fauve, il voulait faire parti de l’assemblée, être prêt de son père. Il aperçut dans un coin la petite Patte d’Hermine, avec ces yeux où brillait toujours l’éclat de l’admiration, qui suintait presque de ces pupilles vertes. Le Serpentaire leva la queue, intimant le silence à son Clan, et rapidement, les murmures s’apaisèrent, pour disparaître. La foule était impatiente, tous voulaient connaître l’identité de ce chat à l’allure presque squelettique. Ils le regardaient comme la peste. Ce qu’il était peut-être. Pourtant Toucan rayonnait. Il avait gardé cette étincelle de détermination dans son regard depuis qu’ils s’étaient mis en route pour le Clan. Tout se déroulait comme il le souhait, et le Serpentaire avait bien l’intention de connaître la moindre de ces pensées.


« Mes chers frères, mes chères sœurs, vous n’êtes pas sans savoir que votre chef travaille activement à l’exploration complète de notre territoire, et de ceux qui le bordent. Je veux tout connaître de ce qui nous entoure afin de protéger au mieux mon Clan. Lors d’une de mes explorations, j’ai rencontré ce solitaire qui s’était introduit sur nos terres. Nous nous sommes battus, et je lui aie fait payer l’affront d’avoir posé une patte sur le territoire de notre Ombre. Mais lors de notre combat, j’ai vu la force, j’ai vu la rage. J’ai vu la détermination. Et j’ai décidé de récompenser cela. L’Ombre a besoin de guerrier puissant pour faire face à la menace des autres Clans. La Rivière grandit, le Tonnerre s’affirme, nous ne pouvons pas rester sans rien faire. Nous sommes grands, nous sommes les plus puissants félins de cette forêt. J’ai donc décidé d’admettre ce chat dans nos rangs. »


Pause. Il prit le temps de balayer le camp de son regard impérieux. Certains hochèrent la tête, d’autres se renfrognèrent et d’autres fixaient le solitaire, comme s’ils le connaissaient. Des membres du Clan de l’Ombre avaient donc déjà rencontré le solitaire ? Le Serpentaire renifla. Il n’avait pas été mis au courant. Il n’aimait pas ça. Et quand le souverain n’aimait pas quelque chose, il le faisait savoir. Ces membres allaient en entendre parler.


« Toucan. Es-tu prêt à jurer fidélité et soumission à ton chef, à ton Clan ? Es-tu prêt à combattre, défendre et protéger l’Ombre, et ce au péril de ta vie ? Es-tu prêt à perdre ta liberté, renoncé à ta vie de chat errant, à tes habitudes, à ta famille ? Tu t’engageras à respecter les règles et les ordres qui te seront donnés, que cela te plaise ou non. Chaque affront sera puni sévèrement. Il a certainement des chats ici présents qui rêveraient de te voir crever la gueule ouverte. Es-tu prêt, Toucan ? »

GALLINEA

HRP:

hrp:

Il était en train de lui mettre la raclée de sa vie. Le chaton qui se débattait sous le poids de Petit Fauve lâchait de temps à autre des petits gémissements plaintifs, similaires à ceux qu'avait poussé le chaton tigré lorsque la situation était inversée, il y a de cela quelques secondes à peine. Son regard doré était planté dans celui de son adversaire de fortune, dont le nom ou la catégorie sociale n'avait aucune importance pour lui. Tout ce qui importait, c'est qu'il gagnait en ce moment, et qu'il pouvait se permettre de lui demander :

« Dis-le que c'est moi ton supérieur ! Prête allégeance à Étoile du Fauve, vieille tanche, ou tu périras sous mes griffes ! »

Oui, parce qu'encore une fois c'était lui qui avait le meilleur rôle. L'autre chaton subissait presque celui du chef de la Rivière, tandis que l'enfant-roi incarnait le fier meneur de l'Ombre. Et la bataille, sur la place Aiguille, faisait rage puisqu'autour d'eux, leurs guerriers s'affrontaient probablement aussi. Mais bientôt les petits sentirent une vague animation faire irruption dans le Camp. Petit Fauve ne prêta même pas attention à la réponse de son ennemi, qui profita de l'occasion pour renverser la situation. Une fois à terre, le chaton noir aperçut la source de ce mouvement de foule : son père. Soudainement agacé par le jeu, et la pression que subissait son poitrail, le chaton grommela vivement, et repoussa l'autre petit avec plus de violence que ne le permettait ce jeu. Le prince avait décidé qu'il fallait arrêter de jouer.

Petit Fauve ne peina pas à se rapprocher de sa maternelle, qui n'était qu'à deux bonds de chaton de lui, toujours à veiller sa progéniture. Il suivit alors le regard du Clan tout entier, et découvrit, entre les deux paires d'épaule de Jour Pluvieux et Croc Rouge un petit matou bicolore. Voulant jouer les connaisseurs, il leva la truffe en humant l'air, mais ne reconnut aucune effluve. Et bientôt, il était confié à sa double grand-mère adoptive Reine-des-Prés et renvoyé dans la pouponnière. Dans cette dernière d'ailleurs, l'on se poussait pour avoir la chance d'apercevoir et de percevoir l'Assemblée que venait de convoquer Étoile du Serpentaire. L'animal noir tigré se glissa sur le seuil de sa tanière à coup d'épaule.

Alors, il comprit que l'on accueillait un étranger. Il se raidit, posant un regard interrogateur sur la figure paternelle qu'était son meneur. Ce solitaire devait en valoir la peine, car même Petit Fauve savait ô combien il était rare qu'un félin tel que lui intègre les rangs d'un Clan, et encore moins le sien.

HRP:

─ Toucan. Es-tu prêt à jurer fidélité et soumission à ton chef, à ton Clan ?

Oh, la soumission, c'était pas son truc au galet. Il hocha la tête, tout à son hypocrisie. C'est qu'ils aiment parler dans les Clans, ça cause, ça cause, tout ça pour des choses simples.

─ Es-tu prêt à combattre, défendre et protéger l’Ombre, et ce au péril de ta vie ?

Lui qui ne donnerait pas sa vie pour son fils, qui ne donnerait sa vie pour personne d'autre que lui-même, il riait au fond de ses yeux. Voyons, l'honneur, les idées, qui voudrait mourir pour ces conneries pas foutues de nourrir un chat ?

─ Es-tu prêt à perdre ta liberté, renoncer à ta vie de chat errant, à tes habitudes, à ta famille ?

Bouarf, là, comme ça, il n'était pas chaud. La vie au Camp sera sans doute amusante, mais le chat qui l'empêchera de se balader n'est pas encore né. Certes, Toucan était heureux d'avoir trouvé une communauté qui l'accepte - plus ou moins, plutôt moins que plus - mais il était attaché à sa vie sans attache.

─ Tu t’engageras à respecter les règles et les ordres qui te seront donnés, que cela te plaise ou non. Chaque affront sera puni sévèrement.

Bon, pourquoi pas, tant que ça ne le saoulait pas trop.

─ Il a certainement des chats ici présents qui rêveraient de te voir crever la gueule ouverte.

Il sourit de tous ses crocs, ça, oui, il en était sûr. Mais mieux vaut être détesté qu'ignoré, et il avait besoin de se sentir au centre du monde pour ne plus le sentir tourner si vite, trop vite. Sans lui.

─ Es-tu prêt, Toucan ?
─ Oui.

Il attendait, un peu fébrile.

Il n'avait jamais été baptisé.

Esprit Lent avait passé la nuit auprès de son frère et de son fils de cœur. Dans l'antre du guérisseur, elle se sentait à sa place, bien plus que dans la tanière des guerriers quelques fois, même si elle se considérait en premier lieu comme une guerrière et non l'aide du guérisseur. Elle n'avait pas vraiment été productive, aujourd'hui, jusqu'à l'appel d’Étoile du Serpentaire.

Ses yeux bleus fixèrent avec surprise et incompréhension le solitaire. Toucan. Le méchant solitaire. Ici. Chez elle. Encore une fois. Un grondement monta de sa gorge, et elle fixait son frère avec des lames dans son regard, l'air de dire qu'elle n'avait qu'une envie : réduire le galet en charpie. Cependant, elle ne pipa mot, restant voûtée près d'Esprit Soucieux et Naange.

Elle n'aimait pas ça. Elle n'aimait pas ce chat. C'était une mauvaise idée. Une très mauvaise idée.

« Il a certainement des chats ici présents qui rêveraient de te voir crever la gueule ouverte.
- Oui … »

Le murmure enragé s'échappa de sa gorge sans qu'elle l'eut invité à le faire. Elle dardait de son regard haineux le galet gris et froid, triste et immobile. Elle ne l'aimerait jamais, et il n'avait rien à faire ici, mais personne n'osait rien dire.

« Es-tu prêt, Toucan ?
- Oui. »

Le grondement montait, grossissait, mais elle ne disait toujours rien. Finalement, elle tourna un regard gorgé de haine vers Esprit Soucieux et Nuage Ensoleillé. Elle avait l'impression d'être menacée par cet étranger, comme s'il allait s'attaquer à sa famille, à son chaton et son frère, et elle leur siffla :

« Je l'aime pas. »

Bref résumé de la vaste étendue d'a priori et d'insultes qui voltigeaient dans sa tête.

Je sors de mon antre avec ma sœur, mon apprenti et ma bonne vieille amante l'anxiété. Je n'aime pas quand Serpentaire annonce un rassemblement, ça n'augure jamais rien de bien. Des mauvaises ondes émanent de ma cervelle échauffée, je vois déjà une déclaration de guerre, une invasion des Bipèdes, des rats dégénérés au Charnier, une extension du harem à tout le Clan, des morts en bordure du territoires des chatons disparus une épidémie et la mort le déshonneur la mort et la maladie ─

Et là il nous ramène un solitaire. Oui, il sent le solitaire, et il a l'air bien con et pouilleux. Oui, c'est bien un putain de solitaire. Putain, mais qu'est ce que c'est que cette idée de merde.

A ma droite, Esprit Lent crache son mépris. Je suis fier d'elle. Lui, crache son approbation. J'ai des pulsions violentes. L'air encore plus bourru que d'habitude, je ne décroche pas un mot et attends, les nerfs à vif, la suite du baptême.

Le rapace avait sonné le rassemblement.
Dernière Danse abandonna immédiatement sa discussion, son attention entière tournée vers le tronc d'arbre sur lequel se tenait le meneur du Clan de l'Ombre.

La féline se faufila aux premières loges, comme si être au plus prêt du tronc la rapprochait du pouvoir.
Et elle n'était pas seule au pied du tronc. Il y avait ce petit mal sur lequel tout l'intention était tournée.
Il puait le solitaire et voilà qu'Etoile du Serpentaire déclarait qu'il ferait un guerrier digne de ce nom.

Beaucoup semblaient en douter. Il était trop petit, trop gris, trop abîme et ses yeux comme deux puits sans fond. Il semblait malade, malsain. Il ne lui inspirait pas confiance.
Mais il avait un certain charme dans sa flegme, sa manière indifférente de considérer les regards hostiles posés sur lui.
Personne n'avait pipé mot.

Dernière Danse sauta sur l'occasion d'être la première à applaudir des deux mains la décision du meneur.

Bienvenue au Clan de l'Ombre, Chant du Toucan. mimauda t-elle.

Elle rompit les rangs comme c'était coutume de le faire lors d'une cérémonie de baptême - aussi étrange soit-elle - pour le féliciter.