Hello my young and perfectly beautiful lady ft. Nuage de Groseille - abandon

Il se revoyait, planté à côté de son bourreau. Ciel Orageux, son père, s'était montré plus sympathique depuis la bataille contre le Clan du Tonnerre. En effet, Nuage de Saumon s'y était fait remarquer en forçant une ennemie à battre en retraite. La cicatrice qu'il portait à l'épaule était désormais la marque de sa bravoure, et une source de fierté pour le vétéran gris, qui n'avait jusqu'alors jamais réellement cru en son fils. Cela faisait quelques jours seulement que Cœur de Neige lui avait autorisé à reprendre les entraînements, et Rivière Sombre évitait de lui infliger de trop grands efforts afin que la plaie se rétablisse correctement. En parallèle, on le poussait souvent à aller pêcher, puisqu'il excellait dans le domaine et que l’exercice était moindre, mais en revanche très utile au Clan. Ainsi, sa côte de popularité était en hausse au sein du Clan de la Rivière, et même Nuage de Brochet le jalousait.

Il était donc là, forcé de coller son père. Ce dernier souhaitait l'introduire un peu plus aux autres vétérans, le montrer comme un jeune prodige alors que sa victoire relevait davantage de la chance que du talent. Mais cela, on l'interdisait de le dire, ou on camouflait ses dires en le désignant de modeste ou d'humble. Mais le sujet favoris de son père, en ce moment, était les femelles. Sans cesse, on lui demandait s'il n'avait pas des vues, et Nuage de Saumon avait même surpris sa mère le surveiller lorsqu'il discutait avec des félines de son âge. Il faut dire qu'il serait bientôt un jeune guerrier, et que les parents casent toujours leurs petits avec une certaine prudence, cherchant parfois longuement celui ou celle qui mérite les faveurs de leur protégé. Planté comme un poteau, il écoutait Ciel Orageux lorsque Nuage de Groseille sortit des tiges de roseaux qui bordaient le Camp. L'apprenti sable posa son regard bleu ciel sur le pelage cendré de la novice, se remémorant combien cette dernière n'avait pas eu de chance durant la bataille. Soudain, il reçut un grand coup d'épaule, et le regard taquin de Ciel Orageux accompagna une voix autoritaire, pressant le jeune mâle d'aborder la féline. Il n'avait jamais reçu une telle attention, et autrefois il aurait même subi un long discours moralisateur sur les priorités d'un apprenti. Mais aujourd'hui, on le forçait à s'intéresser aux félines. Aujourd'hui, on lui demandait de se comporter en adulte, d'inviter Nuage de Groseille à aller pêcher ensemble, de lui parler longuement d'elle, de ses envies, de ses projets d'avenir. Et, battant en retraite devant la détermination de son paternel, Nuage de Saumon s'était retrouvé face à la belle féline aux yeux ambrés. Timide, il avait seulement bafouillé un vague :

« Hm.. Hé ! Salut ! Ça fait drôlement longtemps qu... Enfin, non parce qu'on se voit presque tous les jours mais... Mh. Écoute, ça te dirait qu'on aille pêcher tous les deux ? Je connais un bon endroit que Rivière Sombre m'a montré. Et puis, avec mon épaule je ne peux pas faire grand-chose... »

Et à présent, il se retrouvait comme un idiot à ne pas savoir quoi ajouter, tandis que les deux apprentis se dirigeaient vers le dit spot de pêche. Il était en feu, et n'y voyait là aucune allusion érotique, l'apprenti-guerrier dont il est question est bien trop pur pour cela. Non, il était simplement horriblement gêné par la situation, et le souvenir récent du petit clin d’œil qu'avait glissé son père en voyant les deux jeunes s'éclipser ne faisait qu'insister sur son malaise.

Young lady

Elle rêvait qu’elle nageait, riait gorge ouverte. Près d’elle, son presque frère Chant du Merle lui envoyait de l’eau en hurlant comme un chaton. Cri de la Bécasse risquait une patte dans l’eau tandis que Nuage de Taupe et Nuage du Hibou essayait de pêcher un poisson à deux. Toute la famille s’amusait, sous les regards bienveillants de Plume d’Effraie et Souffle Mordants. Nuage de Groseille n’avait jamais connu son père et sa petite lune d’existence en compagnie de sa mère ne lui permettait pas de connaître clairement l’apparence de sa mère. Les deux adultes étaient flous, mais leur sourire était bien clair. Et ce fut certainement le plus beau rêve de la petite Groseille. Au combien elle voudrait que ce songe devienne réalité.


Elle se réveilla doucement, tiré de son sommeil par la douce caresse de sa sœur. Sans relever la tête, elle renifla. Elle sentait de l’eau couler de ses yeux, comme si on lui avait mis des nuages de pluie dans ses belles prunelles. Sans se détourner vers sa sœur, qui se levait déjà pour partir à l’entraînement, elle lui adressa un maigre bonjour, et se roula en boule, la tête enfouie sous son long pelage. Son rêve flottait encore dans sa tête, comme un doux souvenir. Elle voulait que ce soit une réalité. Peut-être devrait-elle dormir pour toujours pour pouvoir vivre à nouveau ce songe ? Elle resta un moment ainsi, essayant de se rendormir, pour voir une nouvelle fois le visage de ses parents.


Lâchant un long soupir, elle sortit de la tanière des apprentis, la queue traînant au sol. Aujourd’hui, elle n’était pas d’humeur à bondir de partout, même si Petite Abeille lui proposait de jouer avec elle. Enfin, elle changerait vite d’avis si la petite chatonne lui proposait de partir à la chasse aux papillons. Les yeux rivés au sol, elle se dirigea vers la pile de gibier où elle y retrouva Nuage du Hibou. Son grand frère avait passé la nuit dans la tanière de Cœur de Neige, et la petite ne comprenait pas bien pourquoi. Voyons que sa petite sœur avait le moral dans les chaussettes, il la bouscula gentiment et lui lécha le museau, juste à l’endroit où se situait une longue et fine cicatrice. Elle remua le museau et loucha pour la regarder. Souvenir de son moment passé avec le solitaire étrange, et de la bataille pour les Rochers du Soleil, la petite ne savait pas quoi penser de sa première blessure de guerre. Elle avait perdu son combat face à cette apprentie du Clan du Tonnerre, et elle regrettait de s’être tant enjouée pour participer à cette guerre inutile. Elle avait vu à quoi ressemblait un champ de bataille, et elle espérait ne plus jamais y retourner. Elle partagea un maigre campagnol avec son frère et se dirigea vers la sortie du camp, espérant pouvoir se remonter le moral en se baignant dans la rivière. Soudain, une chose se rapprocha d’elle, et la princesse se retrouva nez à nez avec Nuage de Saumon, son compagnon de guerre. Lui aussi avait reçu un beau cadeau, une grande cicatrice sur l’épaule.


« Hm… Hé ! Salut ! Ça fait drôlement longtemps qu… Enfin, non parce qu’on se voit presque tous les jours mais… Mh. Écoute, ça te dirait qu’on aille pêcher tous les deux ? Je connais un bon endroit que Rivière Sombre m’a montré. Et puis, avec mon épaule je ne peux pas faire grand-chose… »


Elle avait penché la tête sur le côté à la requête de l’apprenti. C’était rare quand quelqu’un voulait sortir chasser avec la petite. Généralement, tout le monde évitait de la côtoyer, elle était bien trop bruyante et trop gamine. Nuage de Groseille ne comprenait pas pourquoi, lorsqu’on recevait son Nuage, on devait se comporter comme un adulte. Elle n’avait que six lunes. Et pour elle, ce n’était vraiment pas beaucoup.
Hochant la tête, elle se laissa guider distraitement par l’apprenti au poil sable. Le voyage se passa dans le silence. Ce qui était inhabituel pour la petite novice, elle ne remarqua quand même pas la gêne du Saumon. Elle n’avait pas pour habitude d’être seule avec quelqu’un d’autre, qu’il soit apprenti ou guerrier, mâle ou femelle et croyait que tout le monde rentrait dans la case « ami » tant que ce monde aimait les bisous. Est-ce que Nuage de Saumon aime les bisous ? C’était une question qu’elle se promit de demander, mais pour l’instant, ils arrivaient près de l’endroit où la Groseille avait rencontré Trash. C’était ici que la petite et le solitaire avaient essayé de chasser des souris, sans réel succès. Peut-être que cette fois si, elle aurait de la chance ?
Prévenant son compagnon d’un battement de queue, la novice se plaqua au sol, et s’approcha lentement d’un petit trou. Elle entendait déjà les petits couinements du rongeur gris et, tout à coup, un museau rose fit son apparition. Ni une, ni deux, Nuage de Groseille bondit, et rentra sa patte dans le terrier, agrippant la souris de ses griffes. Victorieuse, elle sortit son butin avec un large sourire et l’emmena près de la rivière, où elle s’installa, attendant que le matou la rejoigne.


« Dit Nuage de Saumon… Tu aimes les bisous ? »

GALLINEA

HRP:

Ils avaient fait route dans le silence, et ce dernier devenait d'ailleurs une gêne supplémentaire au calvaire du malaise que subissait aujourd'hui Nuage de Saumon. Il allait, dans un élan de courage, s'adresser à sa camarade lorsque cette dernière lui fit signe de se taire à l'aide de sa queue. Le regard ambré de la toute jeune novice se portait dans des fourrés, et bientôt l'apprentie grise s’aplatissait à même le sol, les muscles bandés. Il ne lui fallut pas plus d'une ou deux secondes avant de bondir comme une truite hors de l'eau, pour replonger sur une souris. Souriante et surement fière de sa prise, Nuage de Groseille trottina sans rien ajouter vers la rivière. Le mâle au poil sable fut intrigué par une telle spontanéité venue d'une si jeune féline.

Elle sera surement très douée à la chasse ! songea-t-il d'ailleurs. Le matou bicolore fronça les sourcils lorsqu'il se rendit compte qu'il accordait déjà une qualité à son homologue féminin. Puis, de nouveau troublé, il se dit qu'il avait admis la même à Nuage de Crème, pourtant un mâle don il était devenu l'ami. Ce n'est pas ambigu, conclut-il pour lui-même.

« Dit Nuage de Saumon… Tu aimes les bisous ? »

La voix stridente de sa comparse à la longue pelisse le tira de ses pensées. L'animal bicolore fit un pas en arrière, soudain surpris par la question de sa cadette. Gêné, il répondit d'une voix trahissant son trouble.

« Comme tout le monde, je suppose. Enfin, si le bisou n'est pas forcément passionné, tu vois. Mais ne m'embrasse pas. »

Comme s'il souhaitait esquiver une éventuelle attaque de bisous, Nuage de Saumon fit un bond agile pour contourner Nuage de Groseille, le regard inquiet. Elle n'est tout de même pas amoureuse de moi ? Si ? Mais c'est trop tôt, on s'est à peine parlé. Et si elle se jouait de moi, voulait se venger de la bataille avec le Tonnerre et de ma réussite ? Pire, et si elle était vraiment aimante et que je lui brisais le cœur en ce moment ? Je suis un monstre, je suis un monstre, je suis un monstre. De toute façon, elle est trop jeune, puis moi aussi, je veux dire : suis-je vraiment prêt à être sien ? Et si elle m'annonce qu'elle attend des petits ? Attends, non c'est impossible. C'est possible ?

« Hmpf. Erm... ET SI ON PÊCHAIT ? » finit-il par hurler -beaucoup trop fort pour que ce soit socialement acceptable d'ailleurs- alors que son visage se tordait en tout sens de façon totalement incontrôlée.

Sans attendre la réponse de l'autre, il s'éloigna et porta son regard dans l'eau, à moitié concentré sur la féline et ses mouvements, et à moitié sur sa pêche.

C'est ainsi d'ailleurs, qu'à la vue d'un tout petit gardon il s'élança, quittant la berge d'un bond, comme si la terre meuble lui brûlait les coussinets. Il plongea misérablement dans la rivière, dans un grand splash!, sans même frôler sa cible de base. Lorsqu'il ressortit sa tête de l'eau, des gouttelettes pendaient à ses vibrisses et le novice au nom de poisson battit des pattes pour rejoindre Nuage de Groseille. Il avait besoin de cette douche froide.

HRP:

Young lady

Il ne s’agissait pas d’une simple question. Nuage de la Groseille savait que Nuage de Saumon était… Gentil. Enfin, elle ne savait toujours pas s’il aimait les bisous. Mais le jeune félin aux couleurs sable semblait assez timide et n’avait pour le moment jamais fait quelque chose de méchant. Il lui avait même proposé son aide durant la bataille. Et ça, la Groseille en serait toujours reconnaissante. Il était le seul apprenti du Clan à avoir gagné son combat contre son adversaire du Tonnerre. Alors pour la princesse, il était encore plus fabuleux que Nuage d’Oiseaux. C’était un vrai Prince Charmant.
La tête penchée sur le côté, la grise rayée attendait patiemment la réponse du novice qui semblait légèrement paniqué


« Comme tout le monde, je suppose. Enfin, si le bisou n’est pas forcément passionné, tu vois. Mais ne m’embrasse pas »


Groseille ouvrit grand les yeux. Le petit supposait mal, à la Rivière il n’y avait pas beaucoup de monde qui aimaient les bisous. Nuage de Saumon était définitivement qualifié comme gentil dans le cœur de la princesse. Mais elle ne comprit pas forcément le sens de la seconde phrase du novice. Un bisou restait un bisou non ? Il y avait des bisous différents des autres ?
Nuage de Groseille ricana à la demande du Saumon. Un petit bisou ne faisait pas de mal à personne. Mais Chant du Merle lui avait appris que les mâles disaient que les bisous étaient uniquement pour les filles. Un truc de mec quoi. Nuage de Saumon voulait faire l’enfant viril devant Nuage de Groseille. Elle aussi elle savait faire.


« Hmpf. Erm… ET SI ON PÊCHAIT ? » Hurla soudain le novice sable.


Penchant une nouvelle fois la tête pour mieux voir les sortes de grimaces qui se dessinaient sur le visage de l’apprenti, Nuage de Groseille jugea bon de l’imiter. Était-ce un jeu ? Alors qu’il s’éloignait pour se rapprocher de la rivière, la petite continuait les grimaces en tout genres, toutes plus ridicules les unes que les autres. Soudain, sans aucune raison apparente, Nuage de Saumon bondit dans l’eau. Surpris, la novice le regarda sortir de l’eau les yeux ronds. Que lui prenait-il ? Un nouveau jeu ? Alors suivant le mouvement, la Groseille se leva et fonça dans la rivière. Elle bondit, dans un « YAOUHHH » à faire fuir même les proies du Clan de l’Ombre et plongea dans l’eau dans une espèce de bombe incontrôlée. Elle revint à la surface en rigolant de son rire d’enfant.
La petite vraiment s’amusait bien avec Nuage de Saumon.

GALLINEA

HRP:

Son pelage était tout dégoulinant d'eau. Cette dernière d'ailleurs était devenue un poids de plus dans la fourrure de l'animal sable et blanc, si bien que lorsqu'il s'extirpa de la rivière, il se sentit aussi lourd qu'un de ces gros rochers immergés. Sur ses vibrisses, on pouvait apercevoir de fines gouttelettes fermement accrochées, qui glissaient au rythme de ses pas. La pelisse de Nuage de Saumon était mi-longue, ce qui était assez rare pour un félin de la Rivière. En effet, ceux-là possédaient majoritairement de longs poils qui les protégeaient de la froideur de l'eau, et cette masse s'allégeait aussitôt que les guerriers plongeaient, les rendant alors parfois même plus agile sous l'eau que sur terre. Perché sur ses quatre longues pattes, l'apprenti-guerrier au menton blanc commençait déjà à se sécher à grands coups de langue, sans même prêter attention à l'énergumène au nom fruité.

« YAOUHHH ! » finit-elle par hurler d'ailleurs.

Splash ! Il ne retint même pas son hoquet de surprise lorsqu'il bondit sur place, les membres tendus à l'extrême, les yeux écarquillés et le dos rond. Nuage de Groseille, suivant son exemple, avait bondit dans la rivière, aspergeant son homologue masculin d'eau alors qu'il s'accordait un brin de toilette. Il allait lui hurler dessus, littéralement sortir de ses gonds mais le rire enfantin de la novice grise eut raison de sa colère. Aussi se mit-il à rire avec elle, se moquant de sa propre réaction et du magnifique plongeon qu'elle venait de réaliser. La féline tigrée était de toute évidence encore très jeune, il ne devait pas la brusquer ou la gronder à la première occasion.

« Je pense qu'on a fait fuir tous les poissons, maintenant ! Aller, viens dont te faire sécher. » l'invita-t-il d'un ton empli de sympathie.

Lorsqu'elle le rejoint, Nuage de Saumon s'éloigna un peu, prétextant qu'il revenait, et qu'il allait juste chasser. Il était pourtant de nouveau trempé jusqu'aux os. Mais le novice bicolore ne voulait pas rentré au Camp ainsi : mouillé et bredouille. Nuage de Groseille s'était déjà emparée d'une belle petite souris. Cependant, elle, n'avait encore rien à prouver à personne. Lui, du haut de ses 14 lunes, passerait bientôt le test de guerrier afin de recevoir éventuellement son nom définitif. Il ne pouvait donc pas se permettre de jouer plus longtemps, et devait donc rester sérieux dans ses parties de chasse.

Bien qu'il était facilement pistable au vu de la longue traînée d'eau qu'il laissait derrière lui, Nuage de Saumon était décidé à attraper quelque chose. Et puisqu'il ne devait plus y avoir de poissons sur plusieurs kilomètres, il s'en remettait aux proies terrestres. S'il faisait un pêcheur de talent, notre félin haut-sur-pattes était un chasseur et un pisteur médiocre. Au point qu'il fut surpris de percevoir, non-lui de lui, la présence d'un rongeur teinté de gris. Quelle chance ! Je n'aurais pas d'autre occasion comme celle-là ! pensa-t-il en adoptant soigneusement la position nécessaire. Rivière Sombre le lui avait enseigné peu de temps avant sa disparition, et le novice sable n'avait jamais rien attrapé depuis. Mais, plein d'espoir, il sauta droit sur la souris, qui eut largement le temps de lui filer entre les pattes. Il donna quelques vains coups avec ses membres, tentant désespérément de toucher sa cible mais cette dernière avait déjà pris la fuite.

Tête et queue baissées, Nuage de Saumon songeait qu'il ne parviendrait jamais à être un chasseur acceptable, et que jamais il ne quitterait l'antre des apprentis.