Le goût du drame (Ravin Fourbe) - end

Spoiler:

- "Mon apprentie serait bien malheureuse de ne plus m'avoir. Mais trêve de lamentations. En voilà une qui est pour moi."

Ravin Fourbe jeta un coup d’œil dans la même direction que lui et effectivement, une petite souris c'était décidée à pointer le bout de son museau. Dans ce genre de petit défi, il arrivait que certain trichent en faisant du bruit pour faire fuir le gibier. Pour sa part, Ravin Fourbe trouvait ça très stupide. Il aimait se battre loyalement et détestait la triche.

Il resta donc figé sur place, ne bougeant pas d'un  centimètre pour ne pas faire fuir la petite souris. Cependant cela n'empêcha pas le petit rongeur de s'enfuir, laissant à nouveau le guerrier bredouille.

- Ah c'est moche, c'est moche, se moqua gentiment le guerrier blanc en secouant la tête la droite à gauche comme s'il était désespéré.

- "Il y a des jours, comme ça. Où je me dis que la clan des Étoiles aime bien s'amuser avec mes pauvres espoirs. finit-il par reconnaître. Au moins, Nuage de Rosée n'est pas là pour voir ça."

Ravin Fourbe se donna un coup de langue sur la patte tout en réfléchissant à une réponse.

- Si elle était là, je suis sûr qu'elle serait impressionnée par tes talents de chasse. Il faudrait peut-être que je chasse avec elle une fois, histoire de voir si la poisse c'est contagieux. D'ailleurs, j'espère que je vais pas l'attraper, dit-il en imitant un air choqué tout en posant sa patte sur son poitrail.

Il s'approcha des buissons à la recherche d'une nouvelle proie et tomba truffe à truffe avec une souris. Quelle chance, celle-ci est pour moi ! Le guerrier se mit en position et s'en approcha au maximum, relevant bien son arrière train tout en gardant sa queue collée contre lui pour ne pas qu'elle frotte des fougères ou autres buissons. Une fois suffisamment proche, Ravin Fourbe bondit et ses  griffes se plantèrent dans la queue de la souris. Aussi vif que l'éclair, il la plaqua avec l'autre patte pour ne pas la laisser filer et la tua aussi rapidement et efficacement que la grive auparavant.

- Ah non c'est bon, c'est pas contagieux. En revanche, évite de m’éternuer au museau on ne sait jamais, ironisa le guerrier. Ironie du sort, j'attrape tout ce que tu rates. Tu ne voudrais pas rater un corbeau histoire de compléter le tableau ?

Ravin Fourbe attendit que son camarade de clan rajoute quelque chose à ses paroles mais il mit un peu de temps à répondre, et surtout, son ton était un peu plus froid.

- "J'ai assez chassé, pour ma part. De toute façon, je n'étais passé que pour une patrouille frontalière. Vaudrait mieux pas trop tenter le sort."

Il aurait bien rajouté qu'il ne faisait pas vraiment une puissante patrouille frontalière à lui tout seul, surtout s'il tombait sur des intrus mais son instinct lui soufflait de garder le silence. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi il avait prit ce ton là mais pour éviter tout dérapage, il préféra tourner sept fois sa langue dans sa gueule avant de parler.

- "Et quelle patrouille ce fut. J'ai dirigé Matin Embrasé et... Matin Embrasé.", dit-il en pouffant.

Ravin Fourbe fixa ses pattes, ses oreilles s'agitant doucement sur le sommet de sa tête. Il passa en revue son pelage blanc qui s'agitait doucement avec le vent, au même rythme que les brins d'herbes.

- Tu sais, on dit qu'on est jamais mieux servit que par soit même, c'est peut-être pas une si mauvaise chose de se débrouiller seul de temps en temps.

Le guerrier se tût, redressant la tête pour fixer le mâle roux et blanc. Ses yeux gris analysèrent les siens, ambrés comme le reflet du soleil sur l'eau de la rivière. Il ne le connaissait pas vraiment et il aurait bien aimé savoir s'il avait lui aussi vécu quelque chose de grave, une histoire un peu comme la sienne. Cependant, il ne forçait la patte à personne car même si presque tout le clan connaissait sa peur et la raison, il ne parlait de son ressentit sur ces évènements à personne. Il n'était pas encore prêt.

- Tu voudrais qu'on marche un peu ou tu préfères que l'on rentre ? Demanda-t-il simplement pour briser le silence.

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Le mâle roux et blanc tourna la tête vers la rivière et Ravin Fourbe suivit à nouveau son regard. Il s'était attendu à y trouver une proie qu'il aurait bien pu essayer d'attraper pour rentrer mais non, il regardait juste la rivière. Lui même se perdit dans les petits clapotis, se laissant bercer par ce son qu'il aimait tant. Beaucoup voyait la rivière comme une mort certaine, lui la voyait comme une alliée de poids. C'était l'arme secrète du Clan de la Rivière. Enfin, pas si secrète que ça mais personne ne savait de quelle façon nous pourrions nous en servir contre eux.

« Oh pour ma part je vais rentrer assez vite. Mais tu n’as peut-être pas envie de t’interrompre dans tes exploits ! »

Ravin Fourbe ne dit rien. Il n'avait pas vraiment envie de continuer à chasser ou même à pêcher. Il y avait déjà de quoi rapporter au campement et il n'avait plus envie de se vanter d'être un bon chasseur, ou d'avoir juste la chance de son côté.

« Evite juste de parler de mes piètres tentatives. Tu comprends, y’en a encore qui me respectent un peu, dans ce Clan ! »

Le guerrier blanc afficha un sourire en tournant la tête vers le guerrier, ayant jusque là son regard toujours rivé sur la rivière.

- Ne t'inquiète pas pour ça je ne dirais rien, personne à besoin de savoir que tu n'as juste pas était chanceux cette fois-ci.

Il posa son regard sur la grive qu'il avait réussit à attraper et la poussa du bout de la patte vers le plus âgé.

- Tien, tu peux la ramener au campement. Tu n'auras cas dire qu'elle vient de toi, de toute façon je n'arriverais jamais à porter les deux.

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- "Oh mais t'en as plus besoin que moi. Si tu pouvais épater un peu une apprentie ou deux avec, ça me ferait des vacances !"

Ravin Fourbe lui lança un regard suspect. Des apprenties sérieusement ? Il avait peur de mal interpréter ses paroles. Pourquoi des apprenties et pas des guerrières ? Il le trouvait si jeune que ça ?

- Dit tout de suite que je suis de mauvaise compagnie, se renfrogna-t-il.

Le mâle roux commença à marcher en direction du campement. Ravin Fourbe attrapa de son mieux ce qu'il avait chassé quelques instant plus tôt et le suivit. Il pensait qu'ils en avaient finit avec la rivière mais Matin Embrasé s'arrêta net devant une plante qui semblait anodine aux yeux du guerrier blanc.

" Eh puis Cœur de Neige n'a que faire de grives. Mais elle sera ravie que je la raccompagne ici. "

Il se contenta de lever les yeux au ciel, reprenant le chemin du campement tout en maugréant la bouche pleine.

- Elle n'en a que faire, elle n'en a que faire. Ça m'étonnerais quand même qu'elle mange de l'herbe.

Il n'attendit pas de réponse de la part de son camarade de chasse, filant jusqu'au campement avec les proies pendant de sa gueule. Pour lui la journée était un franc succès et l'ennuie qu'il ressentait depuis le début de la matinée avait complétement disparu.