Une rencontre Particulière ♥

Lorsque je franchis la porte d’entrée du camp l’aube n’avait pas encore osé pointer le bout de son nez. Je me délecte de cette odeur fraiche qu’est celle de la rosée sur la mousse avant de m’asseoir au milieu du camp. Je scrute avec attention ce clan qui est le mien, ce clan qui m’appartient. Je cherche quelqu’un qui n’a malheureusement pas l’air d’être réveillé. Alala. Quand je pense qu’il s’agit de la lieutenante que j’ai choisie moi-même. Oui, moi-même. Je ne suis pas n’importe qui voyez vous, pas une de ces simples gens qui partent en patrouille de l’aube avec leurs amis pour discutailler sur ordre de leur chef. Moi je n’ai pas de chef et pour cause, je suis la cheffe du clan de l’ombre. La grande et respectée, voir crainte plus qu’autre chose, Etoile Infernale.

N’ayant rien à faire je scrute le camp tout en mangeant un campagnol plutôt dodu. La saison des feuilles vertes approche à grand pas et le soleil ainsi que les proies ne se privent pas de nous le rappeler. Une pensée sournoise me traverse alors l’esprit. Si Echo des Ombres, ma lieutenante, n’est pas là pour jouer les rabats joie… Je peux aller me promener où je veux ! Je peux même aller embêter les autres clans ! Un sourire sadique se dessine sur mon visage tandis que je finis mon petit déjeuné rapidement. Un matou qui festoyait près de moi s’approcha alors, espérant sans doute une quelconque cérémonie de partage avec moi. Ne le laissant même pas ouvrir la bouche je fais comme si je ne l’ai pas vu et me dirige l’air fière et hautaine vers la sortie du camp.

Une fois dehors je jette un rapide coup d’œil en arrière pour être sure que le guerrier ayant eut l’audace de m’approcher précédemment ne me suive pas animé d’un espoir sans fondement. Je suis libre comme l’air et à part ma lieutenante personne n’a le droit de me suivre et d’espérer quelque chose de moi en même temps. Je toise donc l’entrée du clan, fière d’avoir découragé ce mâle, et reprend mon chemin ne sachant trop où aller.

Quelques instants plus tard un dilemme se dresse devant moi. A droite vers les marais ou à gauche vers le chemin du tonnerre. Un doux fumet monte alors jusqu’à mes narines. Ne serait-ce pas là un petit campagnol qui galope vers la gauche de mon territoire ? Je m’élance donc à sa poursuite, l’odeur du chemin du tonnerre commence alors à m’emplir les narines. D’ailleurs une autre flagrance accompagne celle des monstres dont le bruit et l’odeur me son si familiers.

Finalement j’ai laissé filé ma proie car trop distraite pour chasser convenablement. Je grommelle avant d’arriver devant ce petit passage que nous seuls connaissons et qui passe en dessous du chemin du tonnerre. Justement, l’odeur du clan du même nom est un peu trop forte à mon goût. Je tombe alors nez à nez avec un membre du clan du tonnerre. Fronçant le museau de dégoût et bombant le poitrail pour bien lui faire comprendre que je ne suis pas qu’une simple guerrière, je le laisse prendre la parole :

-Sa, salutation ... Je me nomme Couleur de l'Aube.

Je le toise d’abord d’un air fier puis je me détends. Amusé par tant de politesse je laisse un sourire étendre mes babines. Mon poil blanc luit au soleil. Il me regarde dans les yeux, mes yeux rouges sang qui font si peur. Et je dois dire que ça me plait beaucoup. Je prend donc la parole :

« Salutation guerrier du tonnerre. Moi je suis Etoile Infernale, cheffe du clan de l’ombre. Que fais-tu ici, sur des terres qui sont à la limite d’être les mienne ? Comment se porte ton clan, la chasse est bonne ? »

[La mienne c'est darkred :D]

Il n’arrête pas de me regarder. Loin d’être intimidée je me concentre sur lui, sur ce qu’il semble penser ou avoir envie de dire. Il est étrange, ce mâle, et moi j’aime bien étudier tout ce qui sort de l’ordinaire. Etrangement nos deux pelages sont assez familiers, alors qu’au niveau du caractère ça ne doit pas être ça du tout.
Je me surprends à être curieuse, chose qui ne m’étais pas arrivé depuis que j’ai découvert, il y a au moins 22 lunes de cela, mon jeune cousin transit de froid dans la neige. Alors que des souvenirs heureux me reviennent a l’esprit il s’incline respectueusement devant moi. Je souris, un sentiment de force et de suprématie m’envahissent alors pendant qu’il réfléchit. Je suis cheffe maintenant, j’ai tout un clan à mes pattes, des dizaines de guerriers sous mes ordres… Je suis ce que j’ai toujours voulu être : puissante.
Alors que je me couvre d’éloges je le vois hésiter. Doit-il ou ne dot-il pas divulguer des informations sur son clan à moi, la meneuse d’un des pires clans adverses. Une fois sa réflexion terminée il me répond sur un ton égal qui me surprit beaucoup. Je le pensais soumis, je pensais qu’il avait admit depuis notre rencontre qu’il m’était inférieur. Mais non, visiblement pour lui nous sommes sur un pied d’égalité. J’écoute alors sa réponse en remuant les moustaches, il m’intéresse de plus en plus.

-L'endroit où je suis posé à ce moment même, je l'ai découvert par hasard. Mon clan se porte à merveille. Et sa chasse est très bonne. Et vous ? Ton clan va-t-il aussi bien que le miens ? Ou il est affaibli par quelque chose ?

Sa dernière phrase est sèche. Tellement sèche que je suis surprise de ne pas m’être énervée. Au contraire je le trouve d’autant plus intéressant. Quel dommage de ne pas avoir un tel guerrier dans mon clan, il est si rare qu’un mâle attise ma curiosité. Il n’a pas peur de moi. Il est bien le seul, même ma mère avait peur de moi ! Mon frère m’a toujours craint. Jamais il n’a osé s’approcher de moi pour une accolade fraternelle, ou encore la cérémonie de partage. Mais ce chat là au pelage nacre, je sens qu’au fond de lui il donnerait n’importe quoi pour passer du temps avec moi. Je réponds alors, en bombant le poitrail après m’être assise dignement en face de lui :

« Le clan de l’Ombre se porte très bien, je suis extrêmement fière d’être à sa tête. Nous manquons de jeunes recrues mas rien de plus, une routine semble s’être tranquillement ancrée dans notre vie. »

Ce que je déteste au plus au point. Ma queue se met alors à battre le vent sans néanmoins que je ne dégage la moindre agressivité. Je n’aime pas ne rien faire, rester immobile m’insupporte. J’ai l’impression qu’une seule minute passée assise me rapproche des arbres. Je ne veux pas m’enraciner ! J’ai trop de choses à faire, à accomplir avant de devenir une vieille cheffe lasse de tout. Tant de choses… Comme le comprendre.

[Scuze du retard >.<]

Petit Up, 11 jours :3

Il pose de nouveau son regard sur moi. Je sens dans ses pupilles ambrée un sentiment fort, que je ne connais pas. Ce n’est pas du respect, loin de là, ni même une quelconque admiration. C’est tellement puissant que mes pattes se mettent soudain à trembler. Comme si cette expression dans son regard me transperçait de parts en parts. Je ne comprends pas. Moi qui déteste les mâles, moi qui fais tout pour leur être supérieure… Celui là arrive à me faire un effet qu’aucun ne m’a jamais fait. Il me regarde simplement. Pourtant j’ai l’impression qu’il m’analyse, moi, la meneuse la plus froide et la plus cruelle que la forêt ait connue. Son regard se déplace alors, et je remarque que le balancement de ma queue émet un sifflement aigu et répétitif. J’arrête ce mouvement sonore tandis qu’il me regarde de nouveau. Il prend la parole, sa voix semble coincée comme s’il s’était retenu trop longtemps de me poser cette question.

« Est-ce que tu peux savoir ce que je ressens quand tu me regarde au moins ?. »

Je le contemple sans dire un mot. Sans rien penser. J’essaye simplement de comprendre le sens de cette phrase. Il semblait énervé, pourtant j’ai été drôlement sage cette fois ci, non ? Je le suis du regard Même s’il se lève. Même si sa queue bat l’air. Mes oreilles bougent, cette phrase m’a troublée. Pourquoi ? Pourquoi une simple phrase m’a-t-elle affectée à ce point, moi, la meneuse de glace ? Un grondement sourd, que j’adresse à moi-même, monte doucement dans ma gorge. Il est presque chez moi. Je devrais être prêt psychologiquement à le tuer. Je devrais le regarder comme une proie, un lézard ou une sourie. Même pire, ce ne devrait être qu’une charogne encore dégustable pour moi. Et pourtant, ce n’est pas le cas. Ce qui se trouve devant moi c’est Couleur de l’Aube. Le lieutenant du tonnerre. Pourquoi tant de considération ?

Malgré moi et malgré toutes ces pensées confuses fusant dans mon esprit je n’ai pas pu m’empêcher de fixer le passage par lequel cet étrange matou est arrivé. Ce passage, il est dangereux qu’un autre clan le connaisse. Car c’est un chemin parfait pour une invasion. Je e sais rien du clan du tonnerre, et ne désire pas en savoir plus que ça. Mais je ne veux pas, qu’une seule de ces charognes vienne poser ses pattes chez moi. Je devrais peut être le tuer. Pour qu’il emporte son secret dans sa tombe. Mais je ne m’en sens pas la force. Je ne peux que le regarder. Encore et encore. Il reprend la parole.

« Car c'est impossible, il continuait tout bas, je l’entendait à peine, je t'aime ...»

Sa dernière phrase semblait avoir été murmurée. De façon à ce que je n’entende pas ce qu’il avait à me dire. Mais le fait est que ce son atténué parvint à mes oreilles. Mes moustaches remuèrent. Je continue toujours de regarder ce matou blanc au poil aussi épais que le mien. A me regarder, on dirait que je n’ai pas entendu ce qu’il vient de me dire. Mais si. J’ai très bien, voir même trop bien, entendu. Ce pourrait être un moyen de le contrôler, cet amour qu’il nourri à mon égard. Mais cette pensée ne me traverse même pas l’esprit.

« Je crois que je dois rentrer .»

Lance-t-il alors. Je le regarde toujours, mes yeux le fixent sans aucune lueur. Je grogne avant de me lever péniblement, engourdie par la chaleur ambiante.

« Pars si tu veux, mais reviens ici dans trois jours. Tu auras une réponse. »

[Scuze du retard ^^]