VIOLENT PORNOGRAPHY // ombre du hibou - abandon

Seul sous le soleil de Satan, Merle venait de retirer une proie de la pile de gibier qu'il avait - pour une fois - contribué à remplir en chassant plus tôt le matin, avec un succès relatif mais néanmoins notable pour le branleur qu'il était. Il saisit un poisson grassouillet entre ses crocs, appréciant le contact des écailles contre son ivoire. Il observa les félins aux alentours, pour choisir avec lequel partager son repas et les rituelles papouilles qu'il appréciait tant. Il vit Nuage du Hibou, son apprenti et demi-petit frère, et compagnie de ses deux sœurs ; il n'allait pas les déranger dans un moment d'intimité, il allait bien assez tôt arracher le petit malade à sa douce compagnie, et avait entendu Cri de la Bécasse dire qu'elle en ferait de même avec Nuage de Groseille. Lapis-Lazulis ? Trop intimidant. Aigue Marine ? Il préférait manger en compagnie d'un beau mâle. Ombre du Hibou ? Ombre du Hibou.

Démarche chaloupée et sourire entre les dents, il s'avança vers le guerrier mutique, et s'assit à ses côtés, déposa sa pitance devant ses pattes.

On partage mon beau ? T'as une petit mine, ça va te faire du bien de causer un peu.

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oh mon dieu, sorry(iii) du retard ! ;_;

Il n'y avait que le balancement de ses pattes. Prisonnières d'une cage verte, douce, pleine de charme. Il n'y avait que le vent, silencieux comme toujours, ami de ses pensées perdues. Et il y avait aussi ces petites gouttelettes d'eau qui tombaient de ses moustaches, et celles qui volaient un peu partout devant lui ; ces écailles, embuées d'eau, dans lesquelles étaient plantés ses crocs. Deux poissons qui ne frétillèrent pas longtemps.

Une voix s'éleva, proche de lui. L'étonnement fut intérieur, comme à chaque fois. Rien ne tiqua. Rien ne bougea. Juste une présence, un frôlement, si léger qu'il n'y crut pas. Un frémissement, peut-être. Et un poisson. Qu'il reconnu, bien étrangement. Intrigué, il tourna enfin son regard vers un jeune chat efflanqué, au sourire ravageur, dirigé, eh bien, vraisemblablement vers lui. Il haussa un sourcil – tout relatif – intérieur. Chant du Merle. Il l'observa pendant un instant, prenant note de son attitude quelque peu étrange. Qui ne lui disait rien qui vaille, accessoirement. Méfiant à l'ordinaire, il ne pouvait cependant pas dédaigner la proposition. Alors il pencha sa tête, gueule ouverte et crocs en avant, arrachant quelques écailles avant de prendre un morceau de chair juteuse. Il entendait les conversations alentours ; patrouilles, apprentis, clan du tonnerre, clan du vent, assemblée … Et une respiration, un brin sifflante et longue, qui s'éparpillait vaguement sur son dos. Ombre du Hibou jeta un coup d’œil à Chant du Merle, avant de pousser du bout de sa truffe le poisson aux pattes du guerrier.

C'est avec une certaine déception que Chant du Merle nota l'absence visible, éloquent, d'intérêt d'Ombre du Hibou. Il se préparait mentalement à faire demi-tour, le déhanché dédaigneux et le cœur d'artichaut épluché, quand le mâle prit une première bouchée, et poussa le poisson vers ses pattes gantées de blanc. Un sourire lui éclata au visage, il se contient de ne pas babiller. Toutes en nuances de gris, il s'empressa de goûter la chair crue à son tour, puis d'envoyer sa proie vers la pelisse sombre de son compagnon, avant de passer sa langue rapeuse sur l'épaule de l'oiseau nocturne. Oui, Chant du Merle aimait le contact.

T'es tout grognon aujourd'hui ou c'est ton état naturel ? Ou bien je te fais peur ? Avoue, je suis un guerrier ter-ri-fiant.

Il se cala tranquillement contre le flanc d'Ombre du Hibou, avalant la notion d'espace privé en même temps que sa pitance, et que bien d'autres choses, pensa-t-il en parcourant du regard le corps musclé du neveu de son foutu chef. Oh boy, non petit palpitant, pas lui, sinon je suis vraiment dans la merde...

Allez, raconte donc moi ce que le neveu d'Étoile du Corbeau peut bien avoir comme souci.

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Il ne put louper le sourire qui fit s'étirer les vibrisses de Chant du Merle. Comment un chat peut-il sourire avec autant de facilité ? À peine se pencha t-il sur le poisson qu'il venait de lui repasser qu'il sentit une langue sur son pelage. Râpeuse, elle aplatissait quelques épis récalcitrants. Mouillée, elle collait ses poils les uns aux autres. Il cligna des yeux une fois, deux fois. Juste avant que le tricolore n'ouvre encore une fois sa gueule, miaulant presque plaintivement, se posant des questions qui n'avaient pas lieu d'être. Auxquelles il ne se sentait pas de répondre, d'ailleurs. Sa seule envie résidait dans le toilettage dont il était l'objet ; il n'avait jamais été contre, mais il n'était pas tactile pour un sou, et quelque chose dans l'attitude de Chant du Merle lui donnait l'envie d'un rejet. Il leva seulement son regard, juste à temps pour le voir s'installer confortablement contre lui. Un clignement, deux clignement, tr-. “ Allez, raconte donc moi ce que le neveu d'Étoile du Corbeau peut bien avoir comme souci. ”

Il y eu un petit blanc. Un petit instant de gêne, qui ne dura pas longtemps. Il y eu ce regard, qu'il capta avec la chance ou la malchance du débutant. Un regard qu'il n'accepta pas le moins du monde. Et qui, peut-être, lui rappelait bien trop de choses ; des demandes et des attentes. Des envies qui brillaient de ce même éclat, dans des yeux différents. D'un sexe différent. Mais qu'est-ce ça pouvait bien faire ? Il n'avait jamais vu, jamais observé ; jamais connu, ne s'y intéressait pas. Pourtant, il ne put retenir le grondement, léger, qui pris forme dans sa gorge. Qui devait se réverbérer dans le corps appuyé contre lui. “ Chant du Merle. ” Sa voix, basse et rauque, pris elle-aussi appui sur ce son vibrant. Il ne parlait pas souvent. Mais ses actions parlaient pour lui.

Le mouvement fit rouler ses muscles ; ses poils qui avaient été lissé se rebellèrent. D'un coup d'épaule, il délogea le guerrier tricolore de son flan, l'envoyant peut-être valser une queue de renard plus loin. Ne fais confiance à personne d'autre que toi. “ Qu'est-ce que ça peut te faire ? ” Ça n'était pas de la colère. “ Mes affaires avec mon oncle ne regardent que moi. ” Ses yeux cherchèrent leurs pairs, son visage laissant entrevoir, fugace, un moment de doute, d'incompréhension peut-être, avant qu'il ne se referme.

hrp:

Un grondement sourd exprima à voix basse le rejet d'Hibou ; Merle en avait l'habitude, mais ces vibrations animales étaient autant d’épines plantées dans son cœur d'artichaut. Sensible, il n'avait qu'une fragile armure de pétales pour protéger ses sentiments. Il haussa les épaules. S'il n'y prêtait pas attention, il n'en souffrirait pas, et partirait courir derrière un autre mâle, à bonne distance, comme Achille et sa tortue. Un coup d'aiguille le décrocha du ramage de son compagnon, laissant le vide entre eux. Un vide qu'il ne pourrait jamais ô grand jamais combler, pas avec ce corps, pas avec ce sexe. Il en avait des bleus à l'âme.

Il était trop diurne pour cet oiseau de nuit.

Te fâches pas beauté, voyons. Mais comme je ne te vois que très rarement - euphémisme - causer avec les membres du Clan, eh bien, si tu veux une oreille attentive, je suis là. Motus et bouche cousue. J'ai donné ma langue au chat aha.

Il se lissa le pelage, pour se donner une contenance, toujours avec ses manières princières, Charmant en quête de damoiselle, et s'en remit à sa pitance. Qui sait, peut-être qu'Ombre du Hibou finirait par être plus bavard que son poisson.

+:

S'il s'était attendu à le voir répliquer, se défendre, faire quelque chose en somme, il s'étonna de sa réaction. Non pas dédaigneuse, mais d'une résignation presque sordide. Certains ont leurs propres problèmes. Un haussement d'épaules répondit à son interrogation muette. Et quelques paroles, un lissage et une becquée de poisson plus loin le laissèrent un brin indécis. “ Tu es étrange. Ne refais jamais ça. ” fut tout ce qu'il trouva à répliquer. Avisant le poisson déchiqueté, il s'avança vers le tas de gibier et se choisit une maigre souris. Il se replaça aux côtés de Merle, silencieux et miaula un vague garde-le pour toi avant de se plonger son museau dans la chaire sanguinolente.
Le silence ne l'avait jamais gêné ; bien au contraire. Il se complaisait dedans, comme rarement un chat l'avait fait. Il n'avait jamais demandé à ce qu'on le comprenne là-dedans ; il sentait presque l'impossibilité de la chose. Pourtant, parfois, il se prenait à vouloir ce que Merle lui proposait. Juste le temps d'un instant, pour pouvoir respirer un peu mieux ; être moins oppressé, avoir la sécurité d'une oreille amie. Mais sa méfiance naturelle et son mutisme rendaient les choses ... particulières et délicates. Sans même compter sur le fait qu'il n'avait, véritablement, confiance qu'en lui-même ; sûr de lui, peut-être un chouia imbu, mais guère plus. Rien n'empêchait la curiosité, cependant. Et quoi qu'il puisse se passer, il n'imaginait pas Chant du Merle en fourbe manipulateur ; question d'instinct.

“ Pourquoi ? ”

hrp:

Le mâle s'écarta pour se chercher une autre proie, laissant Merle le cœur à vif. Étrange. Il ne voulait pas être étrange, il aurait voulu cocher toutes les cases pour être bien sous tous rapports - il avait le sourire et le soyeux, mais il lui manquait la meuf, le travail, et l'envie d'avoir les deux premiers. Étrange. Le mot roulait dans son esprit. Quand Hibou se rassit, il ne peut s'empêcher de zieuter ce qu'il avait choisi pour s'éloigner de lui. Les dents serrés, il se força à sourire un peu. Il était plus beau comme ça.

Pas faire quoi, bichon ? Te parler ? Être aussi charmant ? Respirer ? Ça c'est un peu dur, je préfère attendre d'être mort si t'y vois pas trop d'inconvénients...

Le neveu de Corbeau avait l'air septique, avec une gueule de mauvaise augure. Il lui demandait pourquoi. Oh boy, question bien simple à la réponse si difficile à sortir. Parce que tu m'attires tiens, et que tu me casserais la gueule sans mot dire si tu le savais...

Pourquoi pas plutôt ? Parce que tu as l'air seul, parce que l'altruisme, et parce que personne n'ira m'écouter sérieusement. Pas de soucis donc.

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Un soupir passa la barrière de ses lèvres. Chant du Merle le ... dérangeait, et ce dans tous les sens du terme. Le fait de parler ne lui venait pas aussi facilement que l'autre félin ; il n'en retirait même aucun plaisir la plupart du temps, pour peu qu'il conçoive la chose comme ça. Et ce n'était certainement pas un moulin à parole comme son compagnon qui lui ferait changer d'avis. Mais pourtant, il y avait un petit quelque chose chez, un quelque chose d'étrange comme il l'avait déjà dit, un quelque chose qui rejoignait, d'assez loin, son propre éloignement. Lui aussi jouait de son caractère comme il le pouvait.

Il plissa un peu les yeux à la seconde réponse de Merle. Il n'y avait aucune ironie sous-jacente, pas même un brin de moquerie ou d'humour. Une simple vérité, énoncée sur le tas. Il se savait seul, autant de cœur que d'esprit, accroché à peu de choses. “ Tu m'as pas trop l'air d'être le félin attiré par l'altruisme pourtant. ” C'était un sentiment comme ça, mu par sa courte observation. Il n'avait peut-être jamais trop fait attention à lui auparavant, cependant, il ne pouvait croire qu'il était uniquement motivé par un sentiment purement altruiste. Il ne le sentait ni fourbe, ni vicieux, ni tout autre synonyme tiré de la même gamme. Causeur, aimant être proche, certainement. Qu'on ne l'écoute pas devait aller de pair avec son caractère. “ Ça doit aller de soi, vu le flot de paroles qu'il sort, ” murmura-t-il comme à lui-même. Il releva le regard sur le matou tricolore “ mais je peux encore comprendre ce besoin-là. ”

hrp:

Tu m'as pas trop l'air d'être le félin attiré par l'altruisme pourtant.

Ouch, touché. En effet, Merle n'était ni le félin le plus dévoué, ni le plus généreux, et surtout pas le plus bosseur ; que les autres se débrouillent un peu seuls, ça lui ferait des vacances. Il n'avait pas pour vocation de biberonner - et dans les faits n'en n'aurait jamais l'occasion.

Il esquissa un sourire, maigre paravent face à la déception, à la peine et à son pauvre cœur.

Aha, pas faux. Alors par quoi pourrais-je bien être intéressé ? Sacrée question non ?

Il continua à dépiauter son repas, attentif à ce que dirait - ou plutôt, ne dirait pas - Ombre du Hibou. Quoique, pour une fois, il était un peu causant, ce qui étonnait le Merle.

Ce besoin tu disais, bichon ?

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