[LUNAR POD] Si seulement je pouvais...~ [Pv Nuage nacré] - abandon

Lorsque j'ouvris les yeux, je me retrouvais dans un monde merveilleux. Je voyais le monde s'assoupir autour de moi lors d'un soir de pleine lune, tout était si calme dans le camp du vent, tout était si calme contrairement à avant. Il est vrai que je n'avais pas l'habitude de voir le monde aussi calme, mais tout était si paisible, bien trop paisible pour y croire. Je ne pus prendre la peine de me redresser dans ce soir de clair de lune, le manque de force me clouait au sol sans que je puisse bouger d'un poil.

A chaque fois que je tentais de redresser la tête afin d'observer chaque chat qui disparaissait dans la pénombre de la nuit, tel des fantômes, je m'enfonçais de plus en plus sur le sol, jusqu'à que mon pelage ventral commence à s'accrocher au sol chaleureux du camp du vent. Etais-je en train de fusionner avec ce lieu ? Si seulement je le savais ? Je ne pus prendre le temps de me redresser pour m'en rendre compte, le manque d'énergie me tiraillait de l'intérieur.
Alors que le dernier chat disparut de la tanière des apprentis, je finis par doucement me faire absorber par le propre terrier de blaireau qui m'abritait.

Lorsque j'ouvris les yeux, je me rendis compte que tout ce que je venais de vivre, aussi étrange soit-il n'était qu'un simple rêve. Rien de bien alarmant. Je regardais autour de moi, encore les yeux troubles du réveil pour voir ce qui m'entourait, je voyais de grandes pales, du bois sentant la poussière et la moisissure à porté de truffe : je me situais juste en dessous du vieux moulin. On dirait bien que je m'étais encore assoupi juste un moment. Rien qui change, les bonnes vieilles habitudes qui reprennent.

Au final, les habitudes font que je me rends même plus compte que je m'endors, comme si le sommeil était inscrit dans mon empreinte génétique : Rien de plus passionnant, je n'avais qu'à profiter de ce petit plaisir qui s'offrait à moi. Je baillais encore à m'en décrocher la mâchoire alors que je restais lové sur le sol, collé en même temps au bois du vieux moulin : est-ce que j'allais encore être absorbé par ce bois si jamais je me rendormis ? Malheureusement, je ne pouvais pas me décider de me rendormir quand je sentis une odeur différente sortir de toutes ces odeurs que je pouvais percevoir autour de moi. Un chat était en train de s'approcher, je posais la tête sur mes pattes en attendant l'arrivé du chat.

Alors que j'avais très souvent l'impression de m'enfoncer dans le sol à chaque pas que je faisais, je pouvais avouer que rester allongé laissait une sensation assez reposante. Après tout, tous mes muscles n'avaient même pas besoin de travailler, la presque-totalité de mon corps était au repos et se prélassait alors que je pouvais profiter de ce moment de tranquillité pour piquer une petite roupillon dans le chaud comme dans le froid.

Et en parlant de froid, il est vrai que l'hiver se montrait assez rude pour un chat comme moi avec le poil court. Mon pelage avait beaucoup pouvoir me protéger du froid, il avait aussi des limites, sûrement due à un problème de longueur.

Fort heureusement, on ne pouvait pas sentir le froid lorsqu'on est dans le monde des rêves, ce qui était toujours un petit plus pour justifier ses moments de sommeil. Les membres légèrement tremblotant, le poil hérissé par le froid, mon regard las, mais pourtant intéressé se porta sur la présence qui venait de se rapprocher en m'adressant la parole :

" Ils t'ont demandé de monter la garde ici ?! " 

C'était bien Nuage nacré que j'avais pu avoir le temps de voir souvent à la tanière des apprentis. C'est vrai que beaucoup d'apprentis mènent une vie assez mouvementé à remplir les tâches pour le clan. S'ils aiment ça, autant qu'ils continuent après tout. Je secouais légèrement la tête :

- Non, pas vraiment... c'est un rôle de guerrier, ça, c'est pas pour moi. Je... faisais un petit somme avant de reprendre ma recherche.

Et je crois que le pire était que je n'avais même pas besoin de lui mentir en disant tout ça. Après tout, j'aidais aussi le clan en faisant ce que je fais ? Aucune raison de s'excuser d'être parti en douce afin d'éviter d'avoir les corvées à faire. Je pris une grande inspiration, laissant de la place pour un bâillement avant même de finir ma phrase, posant ma tête à nouveau sur mes pattes.

" Donc toi aussi tu dois rechercher de la mousse ? Ou bien autre chose ? De la bile de souris ? " 

Je devais avouer que la vie devait être bien fastidieuse. Passer ses journées à s'entraîner pour devenir « un bon guerrier », remplir les corvées en cherchant de la mousse ou même de la bile de souris ? Mais qui est-ce qui pourrait aimer ce genre d'activité aussi déprimant soit-il ? Après, il était toujours question de faire ce qu'on pouvait aimer, je n'avais pas tellement l'impression de pouvoir trouver une sorte d'amusement là-dedans.

Quelque soit le sujet de ma recherche que je connaissais très bien, je sentais que l'apprenti en face de moi était encore loin de connaître la vérité. Après tout, je n'avais parlé à personne de cette idée si on retire Coeur Fleuri qui était la seule intéressée dans cette histoire. Je secouais légèrement la tête comme pour exprimer qu'il était encore loin du compte :

- Non, ce que je cherche est bien plus passionnant, je trouve.

Aussitôt que ma réponse fut sortie de ma bouche, je me disais qu'il était peut-être venu le temps de me dégourdir les pattes. Je me relevais lentement en prenant le temps de m'étirer chacune de mes pattes, chaque muscle avant de retourner à nouveau mon regard, tête baissée en direction de Nuage nacré.

" T'aimes bien cet endroit ? Boule de Poussière et Cri des Albatros disent qu'il y a des fantômes, par ici. Perso j'aime pas trop, je trouve que ça sent mauvais et c'est jamais assez surveillé... Mais bon, comme c'est pas gelé, peut-être que je vais trouver de la mousse... En tout cas t'as pas l'air mal à l'aise ! "


Je lançais un petit regard vers l'entrée du vieux moulin avant même d'éternuer d'avance, sentant toute l'humidité et toute la moisissure qu'on pouvait y trouver à l'intérieur. Je n'avais pas vraiment en tête ce qui pourrait m'effrayer dans cet endroit, et je pouvais être en tout cas sûr de ne pas être souvent gêné ici avec la confirmation de l'apprenti : ce n'est jamais assez surveillé.

- C'est pour ça que je viens dormir ici... y'a pas souvent grand monde. En tout cas, si... si je peux me le permettre, tu as plus de chance de te briser la nuque en tombant d'une poutre moisie que de tomber sur un fantôme.

Le chat commença à marcher d'un pas lent en direction de l'entrée du vieux moulin. De toute façon, je sentais bien que l'apprenti souhait y entrer pour récolter sa mousse, alors autant l'accompagner s'il n'y avait même pas à marcher tant que ça pour y entrer. Je continuai alors d'un ton monotone :


- Après, si ça t'intéresse, on peut y jeter un coup d'oeil, mais on y trouvera que de la mousse, et encore de la mousse... Rien qui ne mérite qu'on gaspille de l'énergie pour y aller.

Pour être franc, il est vrai que ce n'était pas dans mes habitudes d'accepter de remplir des corvées. Mais quelques fois, je me disais que l'occasion se présentait. Du moins, je pouvais au moins l'accompagner dans le vieux moulin afin qu'il puisse en récupérer le plus possible, tant que je l'aide à en ramener au camp : peut-être que les guerriers allaient me laisser tranquille après tout ça, et au moins j'aurais rendu service à l'apprenti.

Je m'avançais d'un pas lent, laissant Nuage Nacré entrer en premier. Il pouvait remarquer par lui-même la mousse qu'on pouvait trouver, et c'était aussi intelligent de sa part de prendre le chemin de ce lieu, pensant sûrement qu'il y aurait e la mousse à l'abri du froid. J'entrai dans ce lieu, regardant l'apprenti commencer à gratter la mousse collée afin d'en récupérer un maximum :

Le camp n'est pas loin d'ici...je peux t'aider à en porter un peu si tu veux, j'irai me reposer après.

Aussitôt, je me rapprochais doucement de l'apprenti afin de prendre un peu de mousse que l'apprenti avec pu accumuler. Je vis Nuage Nacré terminer ses recherches alors qu'il exclama avec enthousiasme ;

" Génial. Je crois qu'avec ça, les anciens vont me laisser tranquille un moment ! "
" T'es bien sympa de me filer un coup de main. Tu veux que je t'aide aussi ? "

En effet, et c'était bien la raison pour laquelle, j'allais l'aider : je pouvais très bien comprendre le fait de vouloir avoir la paix. Je lui adressai un petit sourire malgré ce regard las qui ne changeait pas.


- Oh, t'inquiète pas. Je n'ai besoin de rien, mais c'est gentil de le proposer

Le cas des corvées était toujours un sujet « très » intéressant. Aussi bien qu'il est vrai que je pouvais m'attendre à qu'on vienne m'harceller à chaque fois que je pouvais faire un pas dans le camp du vent.. Autant que je pouvais des fois avoir l'idée d'aller dormir à la belle étoile proche du vieux moulin, histoire d'avoir juste pour une nuit. Mais l'hiver était rude, et je ne souhaitais pas non plus prendre le risque d'avoir le pelage gelé.

Je regardais mon partenaire de recherche chercher la mousse et commencer à la récolter. C'était une bonne récolte à mon goût, en espérant que ça leur convienne : ce serait dommage que Nuage nacré se fasse incendier pour ne pas en avoir ramené assez, ce serait fâcheux. Je me rapprochais un peu de lui pour prendre un tout petit petit de mousse afin de commencer à le suivre avec une démarche lente. Nous sortions de du vieux moulin pour sentir à nouveau l'air froid sur notre pelage.

" Je suis sûr qu'ils seront contents de te voir, au camp ! "

L'apprenti m'adressa la parole comme avec un air confiant. Je n'en étais pas sûr, je faisais à moitié attention à ce que pouvait me dire Nuage nacré à ce moment-là. Une odeur étrange que j'avais du oublier avec le chemin inverse attirait toute mon attention.

- A...Achends...ch'ai chenti chune ocheur...

La flemme de cracher la mousse que j'avais dans le museau, je m'arrêtais pour me rapprocher de l'odeur pour me retrouver devant une sorte de plante à l'odeur très forte. Je crachai la mousse sur le sol afin de pouvoir regarder de plus près. Je n'avais jamais vu ce genre de fleur, et cette odeur était toute nouvelle pour moi. Peut-être que la guérisseuse allait pouvoir me renseigner sur ma trouvaille. J'esquissai un petit sourire satisfait avant de le récolter en le mettant dans une feuille, comme un moyen de le récolter sans prendre le risque de m'empoisonner si la plante serait toxique : qui sait, je savais très bien que certaines plantes pouvaient avoir un effet nocif.

- Ch'arrive...

Je repris alors la marche dans la direction de l'apprenti, en espérant qu'il m'avait attendu.