MAYDAY ! MAYDAY ! [PV Coeur Fleuri et Nuage de Guépard] - abandon

« Et ne traîne pas en chemin ! »

Cœur Fleuri venait d'envoyer Nuage d'Alcidés chercher quelques remèdes non loin du campement. Elle n'appréciait pas de le voir s'écarter depuis sa vision et la tension montante dans le Clan. Certains pensaient Tâche d'If incapable d'assumer le rôle de lieutenante, d'autres désapprouvaient la montée au pouvoir trop brusque d’Étoile Vaillante, beaucoup de jaloux jasaient dans leur dos.

Elle ne dormait pas tranquille, avec tous les soucis qui lui tournaient dans la tête. Elle se remémora subitement son rêve, alors qu'elle voyait du coin de l’œil l'endroit où elle rangeait ses poisons, du temps d'Etoile Fauve. Elle caracolait joyeusement sur les terres libres aux côtés de Force de l'Ours, sentant malgré tout un poids sur sa poitrine. Puis, subitement, sa sœur surgissait, brandissant des baies d'if en hurlant des choses qu'elle ne comprenait pas, mais qui ressemblaient à des menaces de mort, et toute sa famille la dévisageait, l'air de dire « désolé mais t'aurais pas dû faire ça … ». Puis, de la foudre, la colère des Étoiles s'abattait sur elle et elle seule, et elle tremblait encore de ce cauchemar …

Avec un air désolé, elle observait Petit Silence, qui se reposait dans un coin de son antre. Elle n'avait jamais été aussi triste d'avoir un membre de sa famille près d'elle. Ah, si seulement j'avais pu t'éviter ça, mon bichon … Puis, brutalement, une boule de fourrure écaille déboula devant ses yeux. Avant qu'elle ait eu le temps de comprendre ce qu'il se passait, elle entendit la voix paniquée de Tâche d'If résonner dans l'antre :

« Cœur Fleuri, c’est grave ! Nuage de Guépard a été attaqué par faucon, sauve-le s’il te plaît ! »

Sans se presser, Cœur Fleuri s'approcha du corps blessé. Elle n'avait pas envie de se prendre un coup de patte paniqué du morveux, qui gigotait déjà dans tous les sens en voyant que c'était bel et bien la guérisseuse du Clan qui venait à lui. Elle n'osa pas encore trop le toucher, et l'observa de loin. Il avait effectivement l'air bien mal en point : ses gestes étaient lents, son regard semblait incapable de se fixer sur quelque chose, et une vague terreur secouait tout son corps, et Tâche d'If ne semblait pas en meilleur état. L'écaille ne prononça pas une parole, et la lieutenante se calma d'elle-même.

« Bon. Je vois que tu es un peu calmée, Tâche d'If. Ça me fera un problème à régler en moins. Je m'occuperai de toi après, tu ne m'as pas non plus l'air en forme. »

Elle se pencha vers Nuage de Guépard, manquant de se prendre un bon coup de patte arrière dans le visage.

« Sérieusement, Nuage de Guépard … Tu préfères souffrir le martyr plutôt que je te touche ? Ça en deviendrait presque vexant … Tu peux m'aider à le tenir en place, Tâche d'If ? »

D'une patte ferme, Cœur Fleuri força l'apprenti à se tenir assis, appuyant sa patte contre son épaule pour qu'il tienne droit. Inspectant rapidement son frêle corps, elle constata les multiples griffures qu'il portait sur les flancs, et les entailles, plus préoccupantes, qui barraient son flan, son épaule ainsi que sa joue. Elle s'approcha sans crier gare de son visage, et marmonna :

« On va commencer par ça. »

La guérisseuse tourna ensuite le dos à la mère et au fils, afin d'aller chercher toile d'araignée et son nécessaire à cataplasme.

Le second souffle, c'est lorsque on arrête de souffrir. C'est quand on se relève ; que l'air rentre à nouveau dans nos poumons sans les embraser, que notre corps va au-delà de la fatigue et que qu’on repart au combat en vainqueur.
Voilà ce dont se souvenait Nuage de Guépard de ses entraînements avec sa mentor albinos. Les yeux mi-clos et luisants comme s'il eut été pris de fièvre, il frissonnait en songeant qu'il finirait par se relever. Un voile blanc passa devant ses yeux, il reconnut l'odeur de Nuage Nacré et de sa mère. Mais! Ce n'était pas sa mère, une chatte blanche le tenait contre elle. Il sortit de son microcauchemar en sursaut, baissa sa tête qui glissait le long du flan de sa mère, sa patte dégoulinait de sang. Mais pas comme dans ses jeux avec Cœur Givré. Il releva sa tête pour la poser sur l'épaule de Tâche d'If et gémit quand une douleur électrique lui remonta dans la mâchoire. Chancelant, il vit finalement se rapprocher l’entrée du camp.
Haletant et marchant à grand peine pour suivre sa mère, il ne s’aperçut pas tout de suite qu’ils se rapprochaient dangereusement de l’antre de la sorcière.

« Cœur Fleuri, c’est grave ! Nuage de Guépard a été attaqué par faucon, sauve-le s’il te plaît ! - Ça va aller, Cœur Fleuri s’occupera bien de toi, promis. » L’apprenti blanc ne réagit pas aussitôt. Quand il la vit il hurla et se cabra. Elle dit quelque-chose qu’il ne comprit pas, Tâche d’If l’attrapa fermement, entravant les mouvements de la patte qui n’était pas trop douloureuse. Cœur Fleuri le fit asseoir, son contact lui arracha un cri de désespoir. Il ferma les yeux en pleurant lorsqu’elle s’avança de son visage. Il tenta de s’évader de l’étreinte de sa mère mais sas douleurs aux côtes lui irradièrent toute la poitrine, la gorge et les reins de douleur.

Cœur Fleuri sentait l'anxiété de Tâche d'If dans son dos. Elle comprenait l'inquiétude de celle-ci, que Nuage de Guépard considérait comme sa mère. La souffrance palpable de l'apprenti lui serrait le cœur. Il avait beau lui donner du fil à retordre, la guérisseuse ne pouvait s'empêcher de lui porter de l'affection. C'était peut-être même parce qu'il lui causait tant de soucis qu'elle l'appréciait. Elle pressait ses toiles d'araignée contre les blessures qui suintaient encore de sang, lorsque que Tâche d'If lui demanda :

« Tu penses qu’il a des blessures graves ? Tu sauras les guérir ? Je ne doute pas de tes capacités, Cœur Fleuri, bien entendu, c’est juste que … »

L'écaille leva un regard tranquille vers la lieutenante. Des blessures, elle en avait vues d'autres, et des biens plus sérieuses que ça ! Il ne fallait pas prendre à la légère les douleurs de l'apprenti, et le sang qui coulait de ses plaies, mais Cœur Fleuri n'était pas inquiète. Les saignements s'atténuaient déjà, et elle changea tranquillement les bandages précédents.

« Je ne sais pas encore ce qu'il va advenir de ses blessures, sans doute de sérieuses cicatrices et un sacré temps de repos, mais il va s'en sortir, ne te fais pas du mouron, tu sais que je n'aime pas ça ! »

Elle sourit gentiment à la calico, puis attrapa des brins de thym et les déposa devant elle.

« Tiens, c'est du thym, ça permet de calmer l'anxiété. Je n'ai plus de pavot, donc il faudra faire avec ça. Il faut qu'il le mâche, je le ferai s'il n'y arrive pas. »

La guérisseuse attrapa ensuite des baies d'acerola, et les pressa rapidement afin d'en faire une pâte plus ou moins compact. Elle trottina jusqu'à la sortie de sa tanière pour trouver de la mousse humide, et l'imbiba de la mixture d'acerola. Elle l'appliqua ensuite sur les plaies sales de l'apprenti, craignant déjà ses hurlements de terreur et de douleur. Ignorant les plaintes de ce dernier, elle s'adressa directement à Tâche d'If :

« C'est de l'acerola, c'est pour éviter les infections. On ne voudrait pas qu'il perde une patte ! »

HRP :