« Fairy tales are more than true: not because they tell us that dragons exist, but because they tell us that dragons can be beaten. »
Vent du Désert ne faisait pas le poids. Elle était légère comme un grain de sable, rapide comme les souffles du nord, douée pour filer à toute vitesse entre les arbres noueux de la forêt de Cerfblanc. Mais elle n’était, malgré elle, pas taillée pour faire face à un adversaire qui se trouvait dans son élément.
Il aurait fallu le faire reculer, mais comment?La tête sous l’eau, la reine paniquait. Impossible de réfléchir dans ses conditions! L’eau terrible s’infiltra entre ses narines, s’y faufilant aisément comme un serpent vicieux cherchant à étouffer sa proie. Et ça brûlait, si fort!
Roulant sur le côté, quitte à alourdir davantage son pelage avec l’eau de la rivière - c’était désormais moins important que de recracher cette eau et reprendre son souffle - elle se libéra et dans quelques violentes quintes de toux, rejeta toute cette maudite eau.
C’était de la peur et de la colère que l’on lisait dans ses yeux. Comment osait-il, lui, ce bougre de la rivière, s’en prendre à une reine - pire encore, une pupille! - sur son propre territoire? Si la douleur dans sa gorge ne l’en empêchait pas, elle lui aurait feulé au visage.
Il fallait fuir, mais comment? La réponse semblait évidente: en courant bien entendu! Et elle en avait largement l’occasion. Mais elle était pupille désormais, elle se devait de faire honneur à son clan, et non pas de fuir face à cette impie!
Son pelage à la fois hérissé et trempé lui donnait un bien drôle d’air: à la fois dressé plus plaqué contre son corps. La sensation était si désagréable! Comment faisaient ces faux-chats pour s’y complaire?
Les griffes dehors, les muscles bandés, Vent du Désert était prête à attaquer.
Mais quelque chose la retenait. L’eau; elle avait peur de se retrouver piégée, suffocante à nouveau. Ses petits, aussi, sans doute. Si elle venait à mourir ici où à se retrouver trop blessée pour s’en occuper, ce serait faillir à son devoir de nourrice.
Petite Aubépine avait déjà trop souffert… Ses enfants avaient déjà assez payé pour ses erreurs.
De plus, elle se trouvait là sur les Rochers du Soleil. Territoires de conflits qu’ils venaient de récupérer après les avoir perdus dans la bataille précédente qui les avait opposé face au Clan de la Rivière il y a des lunes de cela. Perdre ici était bien plus signifiant que partout ailleurs.
Prudente, Vent du Désert recula de quelques pas sans quitter son assaillant du regard. Grognante et menaçante, elle se faisait clairement comprendre. Essaie donc de me suivre, maudit poisson, tu seras sur mon territoire, au milieu des arbres, et je te ferais payer des actes.
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Tu me le paieras, chat de la Rivière! Tu me le paieras très cher! Étoile de Suie entendra parler de cette histoire: celle d’un enfoiré s’introduisant sur les terres ennemies avant de s’attaquer à une reine!
Sans demander son reste, elle se contenta de faire demi-tour, honteuse et en colère.
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S.REMAUD 2016