( Lunard Pods ) Une rencontre... En temps de guerre. [ Feat Mat' ] - end

Elle était là, allongée en train de se reposer sur un des rochers au soleil qui n'était pas si chauds que ça mais bon elle était un peu fatiguée et cela ne lui coûtait rien de se reposer le temps de reprendre. Même si l'ambiance n'était plus la même depuis que le groupe des allumés avait fait un pacte avec sa chef, ce qu'elle ne comprenait pas par ailleurs. Elle était sur ses gardes, pas totalement détendue. Scrutant le moindre bruit suspect. Même le temps n'étais pas au rendez-vous, le ciel était gris et recouvert d'épais nuages ce qui l'oppressait encore plus. Elle pensait pouvoir se sentir mieux en faisant un petit tour, et pourquoi pas ramener une prise, et bah c'était pas bon. Peut être que la proie serait possible, elle ne devinait pas le futur, ce qui aurait pu lui être utile des fois même si ça gâche toute la surprise. Elle l'entendit, enfin elle les entendit. Des bruissements de feuille et des crachats de brindilles. Relevant d'un coup la tête elle regarda de l'autre côté de la rivière d'où venait le bruit. Attendant que l'inconnu ou l'ennemi se montre. Aujourd'hui elle était vraiment stressée pour tout et rien.

Il avait demandé à Nuage de Rosée de l'accompagner, durant ses rondes du matin. Mais elle n'était pas faite pour ça. Dommage. Matin Embrasé partit seul, à l'aube, faire le tour du territoire du clan de la Rivière, quitte à se faire suspecter par les fiévreuses mauviettes qui voyaient en tout et en n'importe quoi une trahison possible. Le rouquin n'était pas vraiment du genre à évaluer les risques de ses entreprises, en tout cas pas lorsqu'il était seul.

Qu'il tombe seulement nez-à-nez avec la bande de sauvages qui avait bousillé Aigue-Marine, et il se battrait. Et il mourrait. Et mis à part quelques pauvres exceptions, cela n'affecterait sans doute pas grand-monde. Sans doute pas même celle qu'il avait toujours, jadis, cherché à conquérir. Mais au moins, il aurait joué son rôle avec conviction, jusqu'au bout.

Imperceptible reniflement.

Une odeur anormale se faisait sentir, de l'autre côté de la Rivière. Normal, c'était le territoire des grimpeurs. Mais là, y'avait quelqu'un, vraiment.

L'heure n'était plus vraiment aux querelles pour les Rochers du Soleil. Matin Embrasé repensa à la bataille qu'il avait livrée à Vent du Désert. C'était volontiers qu'il recommencerait.

" Vous mijotez quoi ? " lança-t-il, provocateur à travers la brume et la grisaille.

" Vous mijotez quoi ? "

Une voix, elle ne voyais personne mais savais que c'était un poissonneux, suffisait de savoir d'où venait la voix. Elle essaya de voir l'ennemi. Parlant fort de façon à ce qu'il l'entende.

"Je ne mijote rien ! Et puis arrêtez de vous cachez, sortez de l'ombre."

Le stress la rendait incroyablement impatiente et irrité. Ne pouvant resté sans rien faire elle faisait le tour de sa pierre, toujours le regard de l'autre côté, là ou ce trouvait l'ennemi de son clan. Sa fourrure s'hérissait et redevenait calme, comme ses griffes. Le silence qui c'était installé pendant quelques instants la rendait encore plus nerveuse, l’adrénaline montait.

" Je ne mijote rien ! Et puis arrêtez de vous cachez, sortez de l'ombre. " retentit une voix féminine et légèrement nerveuse pour les oreilles expertes de Matin Embrasé, par-delà les flots.

C'était presque une incitation à violer la frontière entre leurs deux territoires. Une grimpeuse oserait-elle vraiment ? Ou peut-être avait-il affaire à une chatte fourbe, qui cherchait à provoquer un incident. En tout cas, Matin Embrasé ne pouvait pas refuser de se mettre en lumière. Voilà pourquoi il choisit de s'avancer un peu dans la Rivière. Qui leur appartenait, de toute manière. Il put distinguer la silhouette de son interlocutrice, même si le brouillard épais brouillait sa couleur. Allongée sur un rocher. Tsssssss. Il avait l'impression désagréable, debout, les pattes mouillées par le courant, bien plus bas qu'elle, qui restait confortablement installée, d'être comme au pied d'un trône.

Les pires souvenirs de sa vie ressurgissaient, à cette pensée. Ces refus qu'il avait encaissés. Sa détermination qui était devenue peu à peu le rêve vain des esclaves qu'était celui de la liberté.

" J'me cache pas. Et j'me demande bien ce que tu peux faire ici, à cette heure, à surveiller la rivière. Notre territoire. C'est comme ça que vous apprenez à grimper aux arbres ? "

Il était décidé à renvoyer chaque insulte, chaque humiliation, chaque insinuation, à la duchesse de pacotille devant qui il s'était inutilement agenouillé. Comme pour rectifier chacune de ses erreurs passées qui lui tournaient dans la tête, depuis vingt lunes. Simple revanche, pour le jeune conquérant désespéré qui sommeillait en lui. Voilà tout ce que lui inspirait cette présence féminine, qui était en réalité beaucoup moins jeune que ce qu'il avait d'abord cru.

" J'me cache pas. Et j'me demande bien ce que tu peux faire ici, à cette heure, à surveiller la rivière. Notre territoire. C'est comme ça que vous apprenez à grimper aux arbres ? "

Il se glissa dans l'eau gelé, réprimant un frissonnement et le regarda faire. L'eau doit être aussi froide que les petits flocon blanc, froide et dangereuse. Le regardant pendant quelque instant avec des yeux de merlan frit, ce reprenant vite elle repris sa mine "neutre" même si la peur ce lisait quand même. On la lit comme un livre ouvert.

"Je ne surveillait pas la rivière. N'ai-je pas le droit de profiter d'aujourd'hui en réfléchissant ? Et puis qu'est-ce que cela peux vous faire, que gagner vous en venant ici ? Je pourrais très bien vous accuser de la même chose !"

Descendant de son "perchoir" elle s'approcha du bord de l'eau, sans y tremper les pattes. Juste en face du mâle roux. Sa machoir était serrée, elle n'aimait ce regard sur le museau du poissonneux, ce regard l'irritait. Il état dure, mais injuste. Elle n'avait rien fait, ca c'était une affirmation. Alors pourquoi ? comme si il passait ses nerds sur elle.

" Je ne surveillait pas la rivière. N'ai-je pas le droit de profiter d'aujourd'hui en réfléchissant ? Et puis qu'est-ce que cela peux vous faire, que gagner vous en venant ici ? Je pourrais très bien vous accuser de la même chose ! "

Elle se justifiait. Elle reculait. Elle faisait l'aveu, peut-être, de sa honte et de son infériorité. Matin Embrasé réalisa alors pleinement qu'il ne faisait pas face à la jeune Perche Farouche de jadis. Il agressait simplement une quelconque apprentie du clan du Tonnerre. Ce constat fut à la fois frustrant et inquiétant. Frustrant car on ne répondrait jamais vraiment à ces vieilles questions qui le démangeaient, et inquiétant, car il ne s'était pas rendu compte de l'état dans lequel il s'était mis.

Il ne voulait plus attaquer. Il n'était plus rien.

" Profite d'aujourd'hui, alors, petite. " fit le rouquin, un peu hautain dans le choix de ses mots, " Vous avez repris les Rochers du Tonnerre, après tout. J'imagine que c'est légitime. D'ailleurs je devrais vous remercier de nous avoir débarrassés du Corbeau. On s'en porte pas plus mal. "

Il se rendait compte, peu à peu, que la jeune innocente était probablement encore moins concernée que lui par tous ces évènements.

" Mouais, profite d'aujourd'hui, c'est le principal. Tu es jeune, tout le monde est encore à tes pieds. Profite, profite. " reprit-il, avec cynisme. Parce que finalement, l'avenir ne l'épargnerait sans doute pas, elle non plus. Le sort ne cesserait jamais de se moquer des chats. Mais à quoi bon s'en préoccuper. La déchéance était inéluctable. Les guerriers grandissaient, jusqu'à ce qu'ils commencent à vieillir, et à se rapprocher, peu à peu mais de plus en plus vite, de leur fin.

" Profite d'aujourd'hui, alors, petite. " fit le rouquin, un peu hautain dans le choix de ses mots, " Vous avez repris les Rochers du Tonnerre, après tout. J'imagine que c'est légitime. D'ailleurs je devrais vous remercier de nous avoir débarrassés du Corbeau. On s'en porte pas plus mal. "

Elle ne lui répondit pas trop perdu par les propos illogique du mâle adverse, il l'a remerciait elle et son clan de l'avoir débarrassé du corbeau ? Il n'était mort que par la patte de sa chef. Ce chat ne devais vraiment pas aller bien, mal ou seulement était-il comme ça d'habitude. Elle ne saurait le dire. Le roux continuait sur la même piste.

" Mouais, profite d'aujourd'hui, c'est le principal. Tu es jeune, tout le monde est encore à tes pieds. Profite, profite. "

Elle vit rouge cette fois si. Comment ça à mes pieds, il est totalement à l'ouest ma parole !
Elle lui criait presque dessus.

"Je suis guerrière okay ! C'est pas parce que je fais jeune que je ne mérite pas mon nom de guerrière d'accord ! Au lieu de passer mes nerds sur toi regarde toi deux secondes ! Tu te prend pour qui ?!"

" Je suis guerrière okay ! C'est pas parce que je fais jeune que je ne mérite pas mon nom de guerrière d'accord ! Au lieu de passer tes nerfs sur moi, regarde-toi deux secondes ! Tu te prends pour qui ?! "

Elle s'énervait, elle avait raison. C'était mieux, plus sérieux. Mais en même temps, Mat s'étonnait du choix de ses mots. Comme si, face à face à un ennemi, elle cherchait plus à gagner son respect et peut-être même son amitié, qu'à l'intimider et lui montrer sa force. Peut-être se moquait-elle complètement de son clan. Peut-être était-elle seule. Le rouquin était conscient que le souffle de compassion que provoquait en lui l'idée même de la solitude n'était pas vraiment adapté aux circonstances.

Cependant, cela pouvait expliquer pourquoi la minette cherchait à se voir comme une guerrière, grande. Comme lui. Mat voyait des jeux de séduction partout. S'ils étaient distrayants, ils éveillaient toujours une certaine pointe de nostalgie, en lui. Il ne sourit pas moi avec un vague amusement.

" T'es une guerrière, toi ?! Qu'est-ce qui te retient de te jeter sur moi alors ? Mes beaux yeux ? Ah je suis bête, la rivière ! Les guerriers ont peur de l'eau, chez vous ! "

Il s'avança un peu plus, et franchit la rivière, qui était fine à cet endroit-là. Une fois ses quatre pattes au sec, sans trembler à cause du froid, il reprit en un miaulement railleur :

" Et maintenant ? " Ces petites provocations n'étaient jamais de trop, pour comprendre en face de qui il se trouvait vraiment, et aussi pour s'amuser dans son jeu, comme un fou. Comme un jeune qui a encore de l'espoir.