J'LES AIME PAS MAIS J'LEUR METS TOUTES UN COEUR SUR TINDER // alba

on commence la compet:

« Et là, Jessica elle lui fait … Comment déjà … Putain je sais plus ... »

Sur ses échasses qui lui servaient de talons aiguilles, Alba se sentait belle au bras d'Ethan. C'était une chouette soirée, et les vapeurs d'alcool avaient rapidement eu raison de la petite population du lycée. Entre scandales publiques et nouveaux ébats, l'albinos avait vécu dans un gossip girl géant, et c'était ce qu'elle dirait en premier en revenant à la maison. Sa tante allait la féliciter. C'était d'un pas pressé qu'elle tirait son compagnon de bal chez elle. Il connaissait le chemin, moins sa hâte teintée d'éthanol. Nouveau sourire sur le visage, il ne verrait ni photos ni obsession chez sa compagne, elle avait de quoi boire chez elle. Vision trouble et actions téléguidées, c'était certainement la seule façon pour elle de gagner de la chaleur humaine, en dépit de sa beauté.

Cri dans la nuit, une voix venait de lui tirer l'épaule, car les capitaines écossais lui disaient régulièrement que les voix clouaient au sol, et l'équilibre d'Alba laissait à désirer.

« M... Mai... Putain mais OH t'es QUI ??? »

Relevant sa frange et s'appuyant désespérément sur la jambe d'Ethan, l'albinos tremblait des siennes et son cœur s'arrêta quand ses yeux rougeâtres s'ouvrirent à nouveau. Franco. Ange tombé du ciel ou véritable Méphistophélès revenu reprendre sa propriété, l'adolescente se contenta d'un rire sonore et perdu. Les yeux dans les vagues qu'ils s'étaient lancés, elle se laissa tomber d'une jambe à l'autre, étreignant celle du trentenaire.

« Eh mais ça fait GRAVE longtemps Franco-mon-chéri ! J'ai cru que t'étais genre … TROP MORT. »

Elle rit à nouveau, s'étouffant en posant ses dents sur l'os de son genou avant qu'il ne barricade ses sanglots. Il tente d'allumer une clope, échec, il est malade, il va peut-être vraiment mourir et dans ce cas elle aurait été visionnaire.

« Eh, connard, tu te crois spécial ? Moi aussi je l'ai baisée, hein. Ouais, moi, l'espèce de clochard trentenaire, on se marre, hein ? 
- EH ! D'abord toi là, tu fermes ta grande gueule, tu parles pas comme ça à Ethan ! »

Elle se relève difficilement en escaladant le corps du trentenaire. C'était une mauvaise idée. Un bateau dans le cœur et des nœuds dans la gorge, elle tousse à l'identique de Franco. Parler et se relever étaient deux grandes épreuves de sa vie, et elle préfère tituber vers Ethan de peur d'attraper la maladie du sida de Franco. Il montre son bras, et elle sourit.

« Ouais ouais hein ! D'abord, fais pas genre ! Parce que … Si tu le montres c'est que … C'est que j'ai fais du bon travail au fond et que t'assumes pas de trop l'aimer et que tu le regardes tous les matins en disant que WOW ALBA A FAIT DU BON TRAVAIL WOW. »

S'appuyant sur l'épaule d'Ethan, l'alcool vide son cœur et elle s'étonne qu'il soit encore rouge et non gris. Elle sent son corps devenir froid, alors que les vodkas russes la maintenait dans une chaleur estivale. Si les cocktails avaient des noms exotiques, c'était pour penser aux vacances et aux tropiques, non pas aux vieux dortoirs de leur vieille tess. Avec un regard vide, elle regarde le caniveau, élément purement érotique à ses yeux car c'était le matelas des clochards.

« Puis arrête ton numéro là oh ! C'est pas comme si t'en avais quelque chose à foutre donc va te payer une pute, je te la paie si tu veux et laisse nous ! »

Franco était parti dans son investigation pour récolter des pièces. Etrangement, Alba se sentit très outrée. Elle était jeune, et à défaut d'être jolie elle était riche. Sa famille était construite sur la mafia et la bonne conduite chrétienne et xénophobe, il manquait plus que ce soit un clochard qui lui paie de quoi se satisfaire pour ce soir. Les mains sur ses hanches, elle tenta de faire un pas vers Franco en beuglant des mots sans vraiment de sens, le tout avec un ton très poussé et non contrôlé.

Par ailleurs, il n'y avait pas que son ton qui n'était pas contrôlé, visiblement. Ses pieds décidèrent de s'épouser et ses jambes se livraient à des étreintes peu recommandables, et c'est ainsi qu'Alba se lia au sol, face contre le goudron. Instinctivement, elle se prit le nez entre ses mains, et l'alcool anesthésiait la douleur. C'est pas grave. L'important était de paraître clean, car si sa mère voyait dans quel état elle était, plus jamais elle ne pourrait sortir, et elle s'empresserait d'être déscolarisée pour que sa tante et sa grand-mère lui fasse l'école à la maison.
Et ça, c'était hors de question. Les mean-girls ne désertaient jamais.

" Eh ! Attends là ! Deux petites secondes ! "

Une poussée de colère s'empara d'elle. Franco était totalement I N C O H E R E N T et elle elle était trop C O H E R E N T E pour lui.

" Déjà ! Tu rentres pas dans mes pulls je rentre dans du 16 ans et toi non ! Enfin AHAHAHA pas dans des pulls si tu vois ce que je veux dire BOUHOUHOUHOU et DEUXIO c'est pas un clochard qui va ... "

Il ne fallait pas parler, et elle le savait. Avec un haut-le-coeur, elle recrachait tous ses regrets alcoolisés sur le caniveau, et baissa le visage pour cacher sa honte. Elle préférait se dire que Franco était dans un état pitoyable aussi, et qu'elle était en pleine détresse psychologicodramaticoromantique, donc tout s'excusait. Les mains pleines de bile, elle déglutit et cracha une fois encore, histoire d'être sûre d'avoir la bouche à peu près proche. Elle s'assit maladroitement, sortit un gel antibactérien qu'elle se trimbalait tout le temps au cas où elle serrait la main de la plèbe, et se nettoya le visage et les mains avec. Toussant à cause du sale goût du gel, elle pensait bon d'en avaler un peu pour se nettoyer de l'intérieur. Sans surprise, elle le recracha aussitôt.

" Puis déjà, j'ai déjà une pute j'ai le numéro de ta mère, elle était trop frustrée par ton père PO PO PO ! "

Après tout, la gamine rêvait bien que le fils de cette brave dame occupe la place de prostitué de luxe dans sa collection de conquête, autant transmettre les gênes.