Petite Aube - Ombre { FINIS }

- Tu ne dois sortir du camp sous aucun prétexte, tu comprends Petite Aube ? déclara sa mère. Tu es encore bien trop jeune pour ça. Un jour, ton tour viendras.

Petite Aube eu une moue boudeuse mais elle aquiesca. Elle comprenait les dangers qui pouvait la guetter en tant que chaton hors des remparts de ronces et de feuilles de leur camp. Alors tandis que sa mère faisait sa toilette avec une autre reine à la pouponnière, le chaton commença à s'occuper seule, à l'abri du dehors sombre et effrayant. Elle savait qu'un jour elle devrait sortir de la pouponnière, devenir novice, puis peut-être guerrière -même si elle ne croyait absolument pas en ses capacités à le devenir- mais elle restait partagée entre un sentiment confus de peur, d'excitation et d'envie de découvrir ce qui se cache derrière ces murs de plantes.

A l'écart des autres chatons de la pouponnière, Aube s’intéressa à la vie en communauté de plusieurs dizaines de fourmis. Le souffle court et maîtrisé, le ventre à terre et les yeux louchant sur ces insectes qui passait devant elle en file indienne, la chatte observait leur aller et venus, portant des feuilles, des petites branches, et même parfois d'autres insectes morts qui semblait faire le quadruple de leur poids. Elle était totalement fascinée. Leur Clan aussi était organisé, mais jamais il ne saurait aussi bien organisé que ces fourmis. Tout doucement, Petite Aube commença à suivre la file, les yeux toujours rivées sur les petites bêtes. Trop occupée à partager sa toilette et n'imaginant pas une seule seconde que sa fille fasses preuve d'imprudence, elle ne vit pas la petite s'éloigner du camp. Personne ne la vit.

Inconsciente du danger, et surtout trop perdue dans ses pensées et ses observations, elle ne se rendit compte de son éloignement qu'une bonne dizaines de minutes plus tard. Et quand bien même ce n'était pas énorme, c'était déjà assez pour être perdue. En premier lieu, Aube ne paniqua pas. Elle inspecta les alentours afin de repérer un indice quelconque pouvant la ramener dans son camp. Malheureusement, rien ne lui indiquait comment rentrer chez elle. Elle imaginait déjà les prédateurs en tout genre la poursuivre jusqu'à ce qu'elle soit à bout de souffle pour finir par la dévorer. Un frisson parcouru son échine et ses poils se hérissèrent.

Un froissement de feuilles lui fit tourner la tête. Quelque chose approchait. Mais ce quelque chose, impossible de savoir ce que c'était, le vent soufflait dans son dos. Elle retint sa respiration et recula tout doucement, guettant du coin de l'oeil un endroit où se réfugier. Alors qu'elle s'apprêtait à prendre ses pattes à son cou, ne repérant aucun refuge, des mâchoires se refermèrent sur la peau de son cou. Un long silence se fit, rapidement suivis de miaulements terrifiés sortant de la gueule de la petite.

- Tu vas arrêter de piailler, oui ?? marmonna difficilement la bête qui a tenait encore entre ses dents.

La panique passée, le souffle retrouvé, quand elle fût enfin calme, la bête la déposa sur le sol humide. La petite fit volte-face en faisant le gros dos, histoire d'impressionner un peu son... Guérisseur. Petite Aube ouvrit de grand yeux ronds et en resta bouche-bée. Enfait, le monstre, c'était dans sa tête. Elle eut unn demi-sourire, se moquant intérieurement d'elle-même.

- E-... Esprit Soucieux, b-b-bonjour... balbutia-t-elle en baissant les yeux.

- Tu te rends bien compte que tu ne devrais pas quitter le camp ? gronda-t-il Allez, je dois ramener ces herbes à la tanière avant le couché du soleil. On rentre. Et ne traîne pas, où je te ramène par la peau du coup comme un chaton !!

Aube sursauta et se mit à trotter aux côtés d'Esprit Soucieux, le coeur encore battant mais soulagée. Décidément, le monde de dehors, elle n'y était pas encore assez préparée...