[Lunar Pod] Presque sœurs | Petite Emeraude - end

Leur aventure était lancée, bien qu'à y réfléchir, il s'agissait plutôt de celle de Petite Emeraude que de celle de Petite Hyène. Cette dernière se retrouvant à suivre, une boule au ventre, jetant des regards en tous sens pour être certaine que personne ne les voit... ou que justement, quelqu'un les voit et les ramènes dans leur tanière. Elle se demandait ce qui était le pire, sortir du camp et affronter les dangers de l'extérieurs... ou se faire attraper maintenant et subit un sermon qui serait sûrement mémorable... surtout avec le récent enlèvement des enfants de la Rivière. Cependant, tout ce passa comme la rouquine l'avait souhaité et c'est le ventre presque collé au sol que les deux jeunes femelles se retrouvèrent hors de l'enceinte protectrice et rassurante du camp. Un frisson parcourut l'échine de Petite Hyène alors que de son côté Petite Emeraude laissait sortir son émerveillement.

Se hâtant de s'éloigner davantage que juste à quelques pas après la sortie du camp, les deux petites eurent enfin le loisir d'observer ce qui était pour elles l'inconnu. C'était tellement beau l'extérieur.. mais tellement effrayant également. Un bruit continu était produit non loin, la petite femelle noire se demanda ce qui pouvait bien produire un tel boucan, essayant de se faire plusieurs hypothèse avant de finalement se retourner vers sa soeur adoptive qui fixait un jeune arbre. Droit devant elles, se dressait donc leur premier objectif. Elles devaient réussir à grimper dans l'arbre si elles voulaient pouvoir atteindre le camp du Tonnerre. Est-ce que dans les branches des arbres on pouvait ramasser les feuilles pour faire des remèdes de guérisseurs ? Sûrement !

Nouvellement motivée par cette idée des plus intéressante, Petite Hyène s'approcha de l'arbrisseau et sorti ses griffes minuscules qu'elle sortait si rarement. Elle leva ses deux pattes avants, se dressant comme elle le pouvait sur ses petites pattes postérieures et maladroitement, elle tâcha de planter ses griffes dans l'écorce fragile du jeune arbre. Forçant sur ses antérieurs pour se hisser, elle essaya ensuite de s'agripper avec ses pattes arrières mais ne sachant absolument pas comment s'y prendre, elle finit par glisser et tomber en arrière.

— Aïe !

Petite Hyène se redressa avec lenteur, ébouriffant sa fourrure et s'éloignant de l'arbre de quelques pas. Comment allait-elle faire pour attraper les feuilles si elle ne parvenait pas à se hisser à plus d'une queue de souris du sol ?

Petite Hyène fut la première à se lancer à l'assaut de l'arbrisseau, ce qui ne déplut pas à Petite Émeraude, qui avait la témérité pour se lancer, mais sans être mécontente d'observer d'abord sa demie-sœur faire : sans doute pourrait-elle en tirer quelques leçons pour se lancer à son tour !
Le début fut plutôt encourageant : Petite Hyène planta les griffes de ses pattes avant dans l'écorce du petit arbre, s'étira de tout son long - oh, ce qu'elle était grande ! Petite Émeraude paraissait d'un bébé à côté - et s'élança d'un bond. Malheureusement, sans l'adresse et la force nécessaire, elle ne sut pas planter ses pattes arrières dans le petit tronc, et glissa de tout son long jusqu'à atterrir sur l'arrière-train avec un cri plaintif.
Petite Émeraude avait tout observé depuis sa place, à quelques queues de souris de là. Instinctivement, elle avait enfoui sa tête dans ses épaules lorsque Petite Hyène avait chuté, un rictus douloureux s'affichant sur ses babines, comme si elle ressentait la douleur de sa presque sœur. Elle s'était ensuite précipitée.

« Petite Hyène ! Ça va ? » Elle baissa la tête vers son aînée, soucieuse pendant quelques secondes. Puis elle enchaîna - fallait pas lui demander trop de compassion non plus : « Jolie chute ! Bon, pousse-toi, j'essaie ! »

Aussitôt dit, aussitôt fait, Petite Émeraude venait d'imiter la position prise par son aînée avant elle, parce qu'elle l'avait jugée plutôt bonne, et que ça ressemblait à celle que prenaient les grands lorsqu'ils voulaient sauter quelque part.
La petite rouquine s'étira donc de tout son long - et c'était beaucoup dire, puisqu'elle était vraiment petite - et s'assura de planter profondément ses griffes dans l'écorce. Elle vérifia longuement sa prise, ses pattes arrières piétinant le sol : elle n'osait pas se lancer. Elle avait peur de ce qui pourrait arriver : mal se réceptionner, tomber tout comme Petite Hyène... Mais la fierté de se lancer et de peut-être réussir la poussa à faire un bond, d'une impulsion de ses pattes arrières.
Elle se réceptionna correctement sur le tronc d'arbre, et réussit à s'assurer une prise, quoique maladroite, grâce à ses pattes arrières. Celles-ci étaient néanmoins trop proches de ses pattes avant, si bien que Petite Émeraude était compliquée repliée sur elle-même, incapable de faire un autre mouvement, coincée. Elle réfléchit à toute allure, sentant ses forces l'abandonner et ses griffes se détacher progressivement de l'écorce, mais elle ne trouva aucune solution pour se tirer de ce mauvais pas.
C'était simple : ou elle sautait et tombait maladroitement au sol - elle ne maîtrisait absolument pas les sauts, et encore moins à cette petite hauteur -, soit elle ne faisait rien et attendait simplement que ses griffes ne la supportent plus : une autre chute l'attendrait alors. Dans tous les cas, ça ne s'annonçait pas glorieux. Ça s'annonçait même plutôt douloureux.

« Mam... Euh... Eau Turquoiiiiiiiise ! » gémit-elle, ayant l'espoir qu'on vienne la sauver de là.

Petite Emeraude s'inquiéta de la douleur de son aînée durant quelques secondes avant de finalement lui demander de se pousser pour qu'elle essaye à son tour. Usant des mêmes mouvement que Petite Hyène avait tenté juste avant elle, elle sembla hésiter, piétinant de ses pattes arrières, mais elle finit par se lancer, s'agrippant avec force à l'écorce du jeune arbre. Cependant, elle se retrouvait à présent totalement recroquevillé sur elle même, incapable de faire quoi que ce soit. Sa panique semblait grimper en flèche puisqu'elle se mit à appeler Eau Turquoise à la rescousse. De son côté, la petite chatte sombre ne savait pas vraiment quoi faire. Elle avait commencé à faire les cents pas, gardant son regard apeuré sur sa presque soeur. Elle ne voulait pas qu'elle se fasse mal mais il ne fallait surtout pas que des guerriers les entendent ou ils allaient se faire gronder très très fort.

— Tiens bon ! Euuh.. vas y saute !

C'était la seule solution que voyais Hyène, si elle ne sautait pas, elle risquait de se faire mal en chutant. D'autant plus qu'elle n'aurait pas la force de se maintenir dans cette position qui semblait des plus inconfortables bien longtemps. Mais la rouquine ne semblait pas vraiment emballée à l'idée de bondir. Olala ! Pourquoi l'avait-elle suivie ? Pourquoi tous les petits faisaient toujours plein de bêtises !

— Euh... t'inquiètes pas ! J'vais te rattraper.

Elle avait essayé de prendre une voix rassurante, mais n'était pas vraiment sûre que ça ait fonctionné. Tout comme elle n'était absolument pas certaine de réussir à réceptionner la petite boule de poils orangés. Mais peut être que si elle lui donnait suffisamment confiance en elle pour qu'elle soit persuadée de réussir toute seule... Mais comment faire ? Petite Hyène avait peut être une idée, mais elle n'était pas sûre que ca Petite Emeraude soit très très contente après... tant pis, elles ne pouvaient pas prendre le risque de se faire prendre !

— Tu veux sauver nos frères et soeurs mais tu restes coincée toute seule ! Comment tu veux faire si tu sais même pas sauter ?

A peine ces paroles prononcées, la fille de l'ancien meneur de la Rivière grimaça. Elle n'aimait pas dire ça. Parce qu'en plus Emeraude était très courageuse. Aussi courageuse que Petit Blaireau. Mais peut être que ça lui donnerait assez d'énergie pour la faire sauter ?

Petite Émeraude sentait ses dernières forces quitter ses membres, et même si elle n'avait jamais chuté d'aussi haut, elle imaginait très bien qu'elle allait prochainement se faire mal. L'idée même de ce qui n'était pas encore arrivé la terrorisait davantage que la situation dans laquelle elle se trouvait. Elle était complètement tétanisée, et elle entendit Petite Hyène, en bas, lui parler comme si elle était dans un autre monde, aussi loin que le Clan de l'Ombre : Tiens bon ! Euuh.. vas y saute !

« Que je saute ! Mais t'es folle ! Je sais pas sauter ! » cria-t-elle, sa voix étant le témoin des sentiments qui l'envahissaient : la peur de tomber et de se faire mal, et l'agacement de voir que Petite Hyène ne savait pas l'aider.

Ah, ce qu'elle aurait aimé - pour une fois ! - qu'un grand passe par là ! Il n'aurait eu qu'à la saisir par la nuque dans sa gueule et la redescendre doucement sur la terre ferme. Mais évidemment, pour une fois qu'on avait besoin d'eux, ils n'étaient pas là, les adultes ! Cette pensée fit augmenter la colère de Petite Émeraude, qui n'écouta qu'à moitié Petite Hyène lui dire, non sans grande conviction, qu'elle allait la rattraper. Petite Émeraude n'y croyait pas une seconde, et d'ailleurs, même si ça avait été Petit Merle en-dessous, elle n'aurait pas osé sauter. C'était trop haut ! Trop apeurant ! Trop nouveau !

Tu veux sauver nos frères et soeurs mais tu restes coincée toute seule ! Comment tu veux faire si tu sais même pas sauter ? Le sang de Petite Émeraude se mit à bouillonner dans ses tempes tandis qu'elle tournait son regard vers Petite Hyène. Était-elle vraiment en train de la provoquer, elle qui avait les quatre pattes sur Terre ? Était-elle réellement en train de se moquer d'elle ? C'en fut trop pour la petite rouquine, qui oublia sa peur en une seconde et, la seconde d'après, se jetait sur Petite Hyène, la colère lui ayant fait pousser des ailes dans le dos.
Petite Émeraude atterrit lourdement sur sa presque sœur et ensemble, elles roulèrent sur quelques queues de chat avant de s'immobiliser. Petite Émeraude avait le pelage hérissé et elle grondait.

« Répète un peu, pour voir ! » cracha-t-elle, faisant le dos rond, comme lorsque Petit Merle venait les embêter et montrer qu'il était le plus fort.

Petite Emeraude était vraiment pas décidée à sauter, mais apparemment la technique peu sympathique de la petite femelle sombre fonctionnait puisque la rouquine bondit, oubliant toute trace de peur, sur sa presque soeur. Toutes deux roulèrent sur une petite distance avant de s'arrêter. Oh non non non, la fille du chef était vraiment pas contente. Un petit couinement s'échappa d'entre les crocs de Petite Hyène qui regrettait à présent d'avoir songé à cette idée. Déjà qu'elle avait eut mal en roulant, elle voulait pas avoir encore plus mal parce qu'Emeraude se serait énervée et lui aurait donner un coup.

— J'le pensais pas, j'te jure ! Mais t'as vu, tu as réussi à descendre toute seule !

Elle avait parlé vite. Très vite, pour avoir le temps d'en placer une avant qu'il ne soit trop tard et que la petite boule rousse ne soit trop énervée pour l'écouter. Elle espérait vraiment qu'elle se calmerait. Elle l'aimait bien, Petite Emeraude, elle voulait pas qu'elles soient fâchées, surtout qu'elle était trop forte. Même qu'elle irait trop bien avec Petit Blaireau et qu'ils devraient tomber amoureux parce que les deux allaient vraiment bien ensembles.

— T'es la plus forte en plus ! Désolée, désolée.

La petite chatte noire avait commencé à se tortiller dans l'espoir de se dégager de l'emprise de sa soeur de lait. Elle n'aimait pas se battre, elle aimait pas quand les autres étaient pas content et elle aimait pas du tout quand les chats qu'elle aimait se battait contre elle.

J'le pensais pas, j'te jure ! Mais t'as vu, tu as réussi à descendre toute seule ! Petite Émeraude, les yeux plantés dans ceux de Petite Hyène, eut l'air incrédule. Elle tourna lentement la tête vers l'arbrisseau sur lequel elle était montée quelques minutes auparavant, et un sourire béat étira ses babines. Mais oui, je suis trop forte ! Même que je me suis pas fait mal ! pensa-t-elle en sentant l'adrénaline courir dans ses veines. Elle laissa ses yeux revenir vers Petite Hyène, qui était toujours plaquée au sol, et son sourire s'effaça. Petite Émeraude venait de réaliser qu'elle avait été manipulée ; cette idée ne lui plaisait déjà pas, mais le pire était sans aucun doute de se rendre compte qu'elle avait marché, et même couru. Était-elle si malléable ? Ce n'était pas digne d'une bonne guerrière : il fallait qu'elle se méfie davantage !
Vexée, Petite Émeraude recula et dégagea Petite Hyène de son emprise. Elle renifla, l'air boudeur. T'es la plus forte en plus ! Désolée, désolée. Même ces paroles, qu'elle aurait d'habitude accueillies avec fierté, ne suffirent pas à lui redonner le sourire.

« Pfff ! Et comment je peux te croire, maintenant que je sais que tu mens aussi facilement qu'Étoile du Tigre ? »

Tous les chatons avaient écouté des histoires à propos de ce grand malfaiteur qui avait vécu des siècles et des siècles avant leur naissance. Il restait dans l'imagination collective comme un chat malfaisant, menteur, prêt à tout pour parvenir à ses fins.

Lorsqu'un sourire apparut sur les lèvres de Petite Emeraude, la petite femelle sombre crut que tout était terminé et que sa presque soeur avait comprit sa technique pour l'aider, si bien qu'un sourire timide se dessina à son tour sur ses babines, cependant, lorsque la rouquine retourna sa tête vers elle, toute trace d'amusement ou de joie retrouvée s'effaça avec violence. Oh non non, elle était toujours pas contente. Malgré tout, elle rendit sa liberté de mouvement à Petite Hyène qui se releva assez rapidement pour se placer face à sa soeur de lait. Elle était presque écrasée contre le sol, la tête base et rentrée entre ses épaules. Elle s'en voulait d'avoir dit ces trucs qu'elle ne pensait pas. Elle ne voulait pas lui faire mal. Elle voulait juste l'aider. Mais comme d'habitude, elle faisait n'importe quoi. Elle était vraiment trop trop nulle. Pour tout. Emeraude lui dit même qu'elle ne pouvait pas lui faire confiance parce que c'était qu'une menteuse. Comme Etoile du Tigre ? Elle savait même pas qui c'était. Surement un personnage de conte... mais elle n'allait que rarement écouter les histoires donc..

— Non j'te jure.. J'voulais pas que tu t'énerves promis... mais sinon on se serait fait punir tu sais... et.. et on aurait pas pu sauver les autres... S'il te plait, s'il te plait désolé.

Sa voix tremblait légèrement. Elle voulait pas que la fille du chef pense qu'elle n'était qu'une menteuse. Pire, elle voulait pas qu'elle aille dire à tout le monde qu'elle était une menteuse. Déjà que les autres la trouvait étrange.. elle avait déjà assez de mal à rester avec sa fratrie, alors si tout le monde se faisait cette idée là d'elle... Oh non..

Non j'te jure.. J'voulais pas que tu t'énerves promis... mais sinon on se serait fait punir tu sais... et.. et on aurait pas pu sauver les autres... S'il te plait, s'il te plait désolé. Petite Hyène semblait réellement désolée et ne cessait de s'excuser auprès de Petite Émeraude ; celle-ci ne cessait de renifler et sentait son exaspération augmenter au fur et à mesure que sa sœur de lait s'excusait encore et encore. À l'observer, elle la trouvait vraiment différente d'elle : assez timide, plutôt suiveuse que meneuse, un peu froussarde... Ça se voit qu'on n'a pas les mêmes parents, pensa Petite Émeraude, perplexe. Mais à y réfléchir davantage, non, ce n'était pas l'unique explication : Petite Opale et Petit Quartz étaient bien du même sang qu'elle, et pourtant très différents aussi. Opale était la plus flemmarde qui soit, et Quartz était assez faible. Par contre, Petit Jaspe et Petite Améthyste lui ressemblaient beaucoup : casse-cous, aventuriers, hyperactifs. Quelque chose d'autre que les gènes devait avoir son rôle à jouer là-dedans.
Petite Émeraude laissa cette réflexion de côté et se concentra à nouveau sur Petite Hyène, qui se serait certainement aplatie au sol si ça lui avait permis d'obtenir le pardon de la rouquine. Celle-ci haussa les épaules, renifla une dernière fois, puis déclara :

« Ouais, bon, ptêt bien qu'tu m'as aidée. Un peu. » Elle fixa Petite Hyène, sondant ses pensées. Elle n'aurait pas aimé lire dans ses yeux qu'elle se moquait ou qu'elle essayait une nouvelle fois de manipuler ses réactions. « Juste un peu. »

Et puis, bon, elle avait du mal à reconnaître qu'effectivement, Petite Hyène avait vu juste et, quelle que soit la manière dont elle s'y était prise, elle avait effectivement aidé Petite Émeraude à descendre de son perchoir, et par conséquent, elle l'avait tirée d'une mauvaise posture.
La jeune rouquine aux yeux émeraudes tourna la tête vers l'arbrisseau qu'elle avait tenté d'escalader. Elle sentit une vague d'impuissance l'envahir.

« On n'y arrivera jamais... »

Et elle ne parlait bien évidemment pas de grimper aux arbres ; elle voulait plutôt parler du sauvetage de leurs frères et sœurs.

Finalement, Petite Emeraude haussa les épaules, reniflant une nouvelle fois avant d'avouer que Petite Hyène l'avait peut être aidé un petit peu, ne tardant pas à ajouter que c'était en effet juste une toute petite aide. L'aînée hésita encore un instant avant de finalement se redresser, la tête toujours légèrement basse, ses yeux fixés sur ses pattes. Lorsque sa petite soeur de lait reprit la parole, la femelle sombre suivit son regard qui c'était fixé sur l'arbuste. Oh non... la fille du chef ne devait pas perdre espoir. Et bien que Hyène ait saisi le double sens des dires de la rouquine, elle fit comme si cela ne concernait que leur projet d'escalade, elle s'avança de nouveau vers le jeune arbre et tourna ses yeux vers sa presque soeur.

— Mais.. mais non faut pas dire ça ! I-il faut juste réessayer jusqu'à y arriver.

Pleine de bonne volonté, Petite Hyène se dressa sur ses pattes arrières pour planter de nouveau ses griffes dans l'écorce. Pourtant, elle ne se lança pas. Pas qu'elle ait peur, quoique si peut être un peu, mais quelque part en elle, elle savait qu'en effet ce n'était pas leur petit groupe de chatons qui pourraient réussir à quoi que ce soit contre le clan du Tonnerre. Poussant un soupir, elle laissa ses antérieurs retomber sur la terre ferme avant de s'approche de Petite Emeraude.

— Allez... il ne faut pas perdre espoir... On va y arriver.. si nous même on y croit pas... comment pouvons nous faire ?

Tous ces absents lui pesait. Elle ne parvenait pas à comprendre comment son monde avait put basculer de la sorte du jour au lendemain. Tout allait bien et pourtant d'un coup tout s'était brisé. Comment, si vite, tout pouvait s'effondrer...?

Allez... il ne faut pas perdre espoir... On va y arriver.. si nous même on y croit pas... comment pouvons nous faire ? Petite Émeraude regardait Petite Hyène essayer de lui insuffler du courage. C'est vrai, elle avait raison : elles se devaient de garder espoir, de tout faire pour essayer de sauver leurs frères et sœurs disparus. Mais...

« Bah... Même les grands ils y croient pas... T'as bien vu, ils ont rien fait pour les sauver depuis que c'est arrivé ! »

Cela la tracassait énormément. Hormis les chatons, qu'elle arrivait à embarquer dans ses histoires de sauvetage, personne d'autre au camp ne paraissait prêt à réagir, prêt à se venger, prêt à lancer l'offensive. Elle n'avait vu aucun guerrier dire à son apprenti de se préparer pour la bataille, elle n'avait pas surpris de conversation parlant du sauvetage des chatons, elle n'avait pas vu Étoile de Pierre en grande conversation technique avec sa lieutenante, Douce Orchidée. C'était bien simple : elle n'avait vu que les chatons prendre à cœur cette histoire et avoir envie de faire changer les choses. Était-ce normal ?

À cette idée, Petite Émeraude ressentait des émotions ambivalentes. Dans un sens, elle se sentait tout à fait démoralisée d'être seule contre tous, de se sentir démunie, que les grands n'aide pas les chatons dans leur difficile tache. De l'autre sens, elle ne pouvait s'empêcher de penser : eh bien, il y a au moins nous, heureusement. Elle refusait de baisser les pattes et d'abandonner les chatons enlevés.