Aching - end

Aching

PV NUAGE SILENCIEUX

Les jours s'étaient écoulés depuis que le monstre avait fauché son ami, le réduisant à un corps molasse devenu maigre par la fièvre ─ du moins, de ce qu'on lui disait. Car Nuage de Mousse avait été tenu loin de la tanière des guérisseurs. Il serait dans leurs pattes, il dérangerait le repos de l'accidenté, il risquerait de le contaminer avec les maladies extérieures. Toutes les excuses avaient été bonnes pour le tenir à l'écart, l'empêcher de venir loger son museau contre la douce fourrure de son ami et respirer longuement son odeur, si fiévreuse soit-elle. Il ne pouvait qu'imaginer à quoi ressembler son compagnon, à quel point le monstre l'avait défiguré, et surtout, comment il prenait le choc. Nul doute que l'apprenti devait être dévasté ─ il ne marcherait jamais plus comme avant, et ne parviendrait probablement jamais à devenir guerrier, avait murmuré Coeur Fleuri d'un air sombre.

Nuage de Mousse ne voulait pas y croire ─ le blanchâtre allait réussir à vaincre sa blessure, et leur prouver à tous qu'il valait mieux que le monstre. Et puis, la violence et les combats et la chasse, ce n'était pas pour eux, ça ne l'avait jamais été, et Nuage Silencieux ne manquerait rien en n'y participant pas. Il pourrait veiller sur les petits, et leur raconter des histoires, et aller cueillir des plantes avec sa tatie, et, et surtout, il serait là à tous les soirs pour épauler Nuage de Mousse et lui faire un câlin réconfortant. Et les Étoiles savaient à quel point il se languissait de se blottir contre son ami. Alors, lorsque la guérisseuse lui avait finalement donné le feu vert pour qu'il aille le voir, Nuage de Mousse avait laissé en plan toutes idées d'entraînements pour se précipiter à l'intérieur de la tanière, ses pattes piétinant rapidement le sol humide. Il se dirigea vers l'alvéole où se reposait son ami et s'arrêta brusquement à l'entrée, soudain consciencieux de lui-même, incertain de savoir comment il serait accueilli.

─ Coucou copain, comment tu vas? Tenta-t-il d'une petite voix.

Tâche blanche dans l'obscurité de la pièce, Nuage Silencieux était recroquevillé dans un coin, là où se trouvait sa couche aménagée et entretenue par Coeur Fleuri et Nuage d'Alcidés.
Il oscillait entre sommeil et éveil, tantôt shooté par les plantes bienfaitrices que lui procurait son oncle et sa grand-tante, tantôt réveillé par la douleur qui le ramenait brusquement à la réalité. Cette dernière s'était atténuée depuis l'accident mais Il ne sentait cependant toujours pas l'âme de se lever, tant les décharges étaient parfois violentes lorsqu'il se tournait.
Alors il était cloitré ici, dans une semi-obscurité, restant couché jours et nuits. Encore heureux qu'il partageait l'endroit avec les deux guérisseurs, dans le cas contraire, il en serait mort d'ennui et d'inquiètude.

Le chaton blanc ouvrit des paupières lourdes, fixant le mur de terre en face de lui. Un rapide balayage du regard suffit à lui faire comprendre que ses deux hébergeants étaient sortis. Il était seul dans cette tanière dont il connaissait déjà tous les recoins à portée de vue, à force d'y chercher les moindres détails, de sa place, faute de ne savoir quoi faire d'autre.

Coeur Fleuri lui avait expliqué qu'il ne pourrait jamais plus marcher correctement. Lorsque le monstre l'avait percuté, sur le chemin du Tonnerre, il avait apparemment fracturé son col du "fait-mur" et sa hanche, l'handicapant à vie et rayant par la même occasion sa carrière déjà pas brillante de guerrier. Mais l'apprenti n'écoutait que d'une oreille : concentré sur son rétablissement, il ne réalisait pas l'ampleur des conséquences de son accident.

Il allait refermer ses paupières, prêt à se concentrer pour retrouver le sommeil, mais un bruit de pas à l'entrée lui indiqua l'arrivée d'un visiteur, sans aucun doute ses deux colocataires qui rentraient déjà. Pourtant, lorsqu'une petite voix à l'entrée se fit entendre, le coeur de l'handicapé se réchauffa, répendant dans son corps une douce chaleur.

« Coucou copain, comment tu vas? »

« M-Mousse !! » S'exclama-t-il, comme pour se convaincre lui-même que son ami était bel et bien là, tant il n'y croyait pas.

Il voulu bondir pour lui retrouver et le serrer entre ses pattes, mais sa blessure le rappela à l'ordre lui envoyant un décharge qui lui décrocha une grilace de douleur. Alors, comme si ça allait changer quelque chose, il lança un regard noir aux croûtes de sang séché qui s'étaient formées sur son bassin. Pourtant, comme si son ami guérissait tous les maux, il oublia vite sa déprime et son agacement pour l'accueillir d'un grand sourire qui dévoilait ses crocs luisants dans l'obscurité. Mais alors qu'il l'observait approcher, il se souvint de sa promesse passées plusieurs lunes auparavant et la tristesse se peignit sur ses traits.

« P-Pardon... » Murmura-t-il en détournant le regard. « Je ne peux pas m'entraîner avec toi... ».

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PV NUAGE SILENCIEUX

La tanière était sombre, si sombre que cela lui faisait un peu peur, mais ses yeux s'étaient habitués à l'obscurité... Et il n'avait pas besoin de la meilleure perception qui soit pour trouver le corps de son ami, si blanc dans la noirceur. Pourtant, la blancheur n'était pas aussi éclatante que d'habitude: elle était souillée, emplie de terre, de -- de sang! Réalisa le petiot avec horreur. Ne pouvait-il pas se nettoyer lui-même? N'y avait-il personne pour lui faire la toilette? Peut-être que ça lui faisait trop mal, qu'on ne pouvait pas le toucher? Ou bien, et ce serait là le pire, est-ce que le sang ne cessait jamais vraiment de couler? Il avait l'air dans un si terrible état, à peine meilleur que lorsque Étoile Vaillante l'avait ramené au clan. À ce souvenir, le pauvre gamin vacilla, un malaise le prenant, puis se força à prendre de longues inspirations. Nuage Silencieux était vivant, il s'en remettrait, et bientôt, ils passeraient leurs journées ensembles comme avant. Tout allait s'arranger. Même s'il ne marcherait plus jamais. Nuage de Mousse n'en avait que faire ─ il avait besoin de son meilleur ami, son plus fidèle compagnon, pas d'un guerrier qui surclasserait tous les autres.

─ Coucou copain, comment tu vas? L'avait-il salué.

Et le blanchâtre avait sursauté, ne croyant pas tout de suite que quelqu'un soit vraiment dans la tanière. Et encore moins son ami. Avait-il cru qu'il l'avait oublié? Nuage de Mousse cala sa tête, honteux de ne pas être venu plus tôt. Il aurait dû insisté auprès de Coeur Fleuri. Elle arguait qu'il avait besoin de repos, mais son coeur, lui, avait besoin de son amitié. Et à ça, le rouquin avait échoué. Mais son ami ne semblait pas lui en vouloir, ou du moins il l'accueillit avec son enthousiasme habituel ─ jusqu'à ce que sa blessure le ramène à l'ordre. Un gémissement lui échappa avant qu'il ne parvienne à faire un pas, et Nuage de Mousse eut peur un instant que sa blessure ne s'ouvre à nouveau et que le sang n'en gicle. Fort heureusement, cela ne fut pas le cas, bien qu'il ne pouvait pas imaginer la souffrance dans laquelle se trouvait son ami. Celui-ci n'avait cependant pas l'air morose et encore moins accusateur: il ne blâmait pas son ami de ne pas être venu le joindre plus tôt. Soulagement. Et une pincée de honte qui restait tenace. Et elle augmenta lorsque les traits s'affaissèrent sur le visage de Nuage Silencieux. Voilà. Il allait lui en vouloir, lui cracher au visage, le maudire de ne pas avoir été blessé, lui, le --

─ P-Pardon... Je ne peux pas m'entraîner avec toi..

Son petit coeur se serra. Nuage Silencieux ne le blâmait pas. Ne lui en voulait pas. Il se blâmait plutôt lui-même d'être dans cet état, d'être presque mort, d'avoir perdu sa capacité à marcher, et donc, toute chance de jamais devenir guerrier. Et maintenant il se traînait sous terre, trop faible ou honteux pour en sortir. Devant son malheur, sa culpabilité, Nuage de Mousse ne pouvait pas rester immobile. Il s'élança vers son ami, dépassant sa gêne première, et l'enlaça dans ses pattes. Dans son énervement, il en oublia presque la blessure de son comparse et serra peut-être un peu trop fort. S'en rendant compte, il lâcha prise brusquement, ne désirant surtout pas causer plus de tord au pauvre chaton. Les yeux luisant de larmes, un peu à son habitude, il lui confessa:

─ Je m'en fiche de l'entraînement, je m'en fiche que tu puisse pas marcher, tout ce que je veux, c'est que tu sois à mes côtés, toujours.

Le chaton blanc avait détourné le regard, fixant ses pattes, honteux et fautif. Ce n’était pas du courage dont il avait fait preuve, ce soir là, mais bel et bien de la bêtise. Il avait été stupide et maintenant il se retrouvait cloîtré dans la tanière des guérisseur, blessé inutile qu’il était, volant la place d’un autre chat plus méritant.
Ah vraiment, il détenait tous les records ! L’handicapé idiot qui avait foncé droit dans le gueule du monstre. Bravo Silence, bravo. Il se félicitait lui-même.

Et son ami aurait du le blâmer, lui dire qu’il s’était comporté comme un imbécile. Il aurait eu raison de se détourner de lui : en plus d’être un couard, il était maintenant un estropié, destiné à vivre aux détriments du clan du Vent. Et pourtant… Nuage de Mousse s’élança vers lui pour venir l’enlacer. La vague de douleur qui irradia sa hanche, lui arrachant une grimace, n’était rien face au soulagement qu’il ressentit en recevant tout l’amour de son ami.

« Je m'en fiche de l'entraînement, je m'en fiche que tu puisse pas marcher, tout ce que je veux, c'est que tu sois à mes côtés, toujours. » Lui assura le chaton crème, en plantant ses billes humides dans les siennes.

Et aujourd’hui, Nuage Silencieux en était sûr : Nuage de Mousse serait à jamais son meilleur ami.

« C’est plutôt toi qui devra être à mes côtés pour toujours... » Murmura le gamin, un sourire triste peignant ses babines. « Difficile de bouger dans cet état... Ah-ah… ! »

Le ton avait voulu être jovial, mais la boutade n’était pas franchement drôle. On sentait bien que le cœur n’était pas vraiment à la rigolade. Pourtant, il était trop heureux de retrouver son copain pour gâcher le moment avec des jérémiades, alors, laissant passer un court instant, il rajouta :

« Mais c’est d’accord : on ne se séparera jamais. » Il ferma les yeux quelques secondes, savourant le moment, avant de les rouvrir pour ronronner : « Clan du Cœur à jamais ? »

La proposition s’ensuivit d’une patte tendue, montrant ses coussinets. À Nuage de Mousse de sceller l’accord en y posant la sienne.

Aching

PV NUAGE SILENCIEUX

Ils se regardaient yeux dans les yeux, larmoyant tous deux presque comme des madeleines, toujours en union sur leur effervescence de sentiments. Comme ça au moins, Nuage Silencieux savait qu'il ne lui mentait pas, qu'il était vrai dans cette promesse de toujours être à ses côtés. Et comme ça, il n'aurait plus à pleurer de peur, mais de joie, de savoir que son compagnon ne le quitterait jamais.

─ C’est plutôt toi qui devra être à mes côtés pour toujours... Nota le blanchâtre. Difficile de bouger dans cet état... Ah-ah… !

Son rire n'était pas bien profond, peut-être parce que Nuage Silencieux ne voulait pas se blesser, ou bien, plus, parce que ce n'était pas franchement drôle. Un air abattu se peignit sur les traits de Nuage de Mousse, honteux du rappel. Évidemment qu'il n'avait pas voulu dire que Nuage Silencieux devrait l'accompagner tout le temps! Il n'avait pas voulu lui rappeler son handicap, son infirmité! Tout confus, le rouquin bredouilla quelques excuses, à mi-voix, mais ne voulant pas réellement que son ami les entende et s'empresse de le rassurer. C'était lui qui avait commis une bourde! Il allait devoir faire mieux à l'avenir. Fort heureusement, le petit blanc ne lui en tenait pas rancune, et ce fut même avec un ronronnement qu'il prononça ses mots suivants.

─ Mais c’est d’accord : on ne se séparera jamais. Clan du Cœur à jamais ?

Les paroles lui firent chaud au coeur, et aussitôt la joie revint en lui, toute gêne oubliée. Le Clan du Coeur! Le meilleur clan, et surtout, le plus gentil! Évidemment qu'ils en feraient partie, ce projet resterait à jamais dans leur coeur ─ et peut-être dans leur futur! Le petit mâle laissa sa queue frétiller d'excitation, et un doux ronronnement vint se joindre à celui de Nuage Silencieux. Si son copain voulait toujours de lui et de leur clan, alors il allait les avoir, Nuage de Mousse se ferait un devoir de le faire!

─ À jamais! De toute façon, dans le Clan du Coeur, t'auras pas besoin de chasser ni de combattre! Je t'apporterai tout, et on n'aura aucun ennemi! Et ta grande tatie nous montrera toutes les plantes qu'on aura besoin, comme ça on sera toujours heureux et nourris et en santé, ensemble!

Évidemment que Nuage de Mousse répondit positivement à sa proposition, sa courte petite queue tremblant de bonheur. Le Clan du Cœur tenait toujours, et le chaton blanc s’en réjouissait, laissant un sourire de béatitude heureuse marquer ses babines.
C’était la première fois qu’il se sentait heureux et aimé, depuis son accident, mais aussi la première fois qu’il en oubliait sa blessure et sa culpabilité. Et tout ça, encore une fois, c’était Nuage de Mousse qui lui apportait, avec son cœur ouvert et sa simplicité.

Peu importaient les regards lourds qui pesaient sur lui, au sein du camp du Vent, à cet instant précis. Nuage du Mousse lui insufflait une confiance en lui qu’il ne se connaissait pas, et il en avait grand besoin. Il se sentait minable, inutile et stupide, avant son arrivée, et il avait l’impression que l’entièreté du clan pensait la même chose. Mais non, le rouquin ne rejoignait pas l’avis général et confirmant une nouvelle fois leur indéfectible de leur amitié, il lui assura en un ronron :

« À jamais! De toute façon, dans le Clan du Cœur, t'auras pas besoin de chasser ni de combattre! Je t'apporterai tout, et on n'aura aucun ennemi! Et ta grande tatie nous montrera toutes les plantes qu'on aura besoin, comme ça on sera toujours heureux et nourris et en santé, ensemble! »

Si le chaton blanc avait pu, il se serait jeté contre la fourrure duveteuse de son ami pour le serrer entre ses pattes, là, tout contre son cœur où le rouquin occupait depuis plusieurs lunes déjà, une place importante.
Mais handicap l’obligeant, il resta en place, se contentant de hocher la tête en luttant contre les larmes qui perlaient aux coins de ses yeux, touché par tant d’affection de la part de son plus proche ami.

« Pendant que tu seras à la chasse, je te ferai le nid le plus douillet qui soit, tu verras ! Comme ça, tu dormiras toujours très bien. »

C’est tout ce qu’il avait trouvé de mieux à répondre. Il ne voulait pas que Mousse soit condamné à s’occuper de lui pour l’éternité, alors, il devait lui aussi trouver un rôle à remplir, quand bien même celui là était ingrat et peu utile.
Tant pis, faute de pouvoir faire autre chose, il prendrait sa mission très à cœur, il s’en faisait la promesse !

Mais alors qu’il s’évadait dans ses rêves et chimères, la réalité le rattrapa lorsque, changeant de position, la douleur se réveilla dans son bassin. Il la laissa s’estomper en grimaçant, essayant de cacher son mal pour ne pas que son ami s’inquiète, mais il vit bien que sa tentative se solda en échec, alors il s’empressa de le rassurer :

« Cœur Fleuri dit qu’après du repos et un peu de rééducation, ça fera moins mal et je pourrais même marcher un peu ! » Miaula-t-il en coulant un regard vers ses pattes raides avant de proposer, enthousiaste : « Tu m’aideras à faire de l’exercice ? »

Aching

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Le blanchâtre ne lui sauta peut-être pas dans les pattes en réponse aux réassurances du rouquin, mais l'amour qui brillait dans ses yeux suffisaient amplement pour réchauffer le coeur de Nuage de Mousse. Acquiesçant à son plan de vie idyllique, Nuage Silencieux ajouta qu'il contribuerait en leur faisant le nid le plus douillet possible. Le jeunot ronronna à l'idée, s'imaginant déjà dormir aux côtés de son compagnon, comme au bon vieux temps. Quelle vie parfaite ce serait! Même si, seul bémol, il devrait assurée l'entièreté de la chasse, du moins jusqu'à temps qu'ils se trouvent de nouveaux compagnons. Cela ne serait pas une mince affaire, considérant ses piètres performances jusqu'à présent. Voire impossible. Mais le chaton préféra ne rien dire à Nuage Silencieux, ne voulant certainement pas briser leurs espoirs avant même que leur projet ne prenne forme. Il fallait garder espoir.

─ Je suis sûr que tu me feras la plus belle couche du monde, et on sera toujours au chaud tant qu'on restera ensemble!

Son esprit ne pouvait pas s'empêcher de voler vers ce tableau, et imaginer le bonheur qu'ils auraient à être ensembles tous les deux pour toujours. Cependant, il ne fut quand même pas aveugle à la grimace de douleur que tira Nuage Silencieux lorsqu'il tenta de bouger. Aussitôt, le rouquin s'élança vers lui, prêt à intervenir si besoin était ─ s'il devait rattraper son ami, ou s'il devait partir chercher Coeur Fleuri en hurlant. Fort heureusement, ce n'était qu'une douleur passagère, et Nuage Silencieux eut bientôt un petit sourire, comme pour s'excuser de l'avoir inquiété. Leur moment parfait s'était un peu dissipé, mais Nuage de Mousse refusait de le laisser complètement disparaître à cause de leurs angoisses mutuelles. Il fallait rester fort.

─ Cœur Fleuri dit qu’après du repos et un peu de rééducation, ça fera moins mal et je pourrais même marcher un peu ! Tu m’aideras à faire de l’exercice ?

Un peu de joie lui revint à l'annonce de cette nouvelle. Coeur Fleuri pensait qu'il allait pouvoir marcher à nouveau! Bon, probablement après quelques exercices bien souffrant, Nuage de Mousse n'était pas aveugle au point de croire que cela se ferait sans douleur, mais entendre que la guérisseuse avait espoir ne pouvait que lui en donner à lui aussi. Que cela soit clair, si Nuage Silencieux n'était pas capable de marcher, qu'il ne deviendrait jamais "utile" au clan, son ami ne l'en aimerait pas moins. Il l'adorait au plus profond de son être, et la capacité de marcher était sans importance. Cependant, si le chaton réussissait à se déplacer, même juste un peu, cela ne pouvait être que pour le mieux! Et Nuage de Mousse serait là à chaque étape, l'encourageant dans ses démarches. Il fallait resté positif!

─ Bien sûr que je t'aiderai! Je vais être à tes côtés, toujours! On fera des petites balades, tu pourras te repose sur moi, on arrêtera quand ça te fera mal! Et si Coeur Fleuri dit que tu vas réussir à marcher, alors tu vas y arriver! J'en suis sûr!

Près de son ami était l’endroit où il se sentait le mieux. Nuage de Mousse lui donnait la sensation d’être quelqu’un d’important, au moins pour lui, et son handicap ne devenait alors qu’un détail secondaire.
Cet instant était si précieux aux yeux de Nuage Silencieux. Depuis plusieurs jours, il avait souffert de la solitude. Comme lui arracher la marche n’avait pas suffit au Monstre qui l’avait renversé, il lui avait en plus retiré le loisir de voir ses amis, son ami. À présent, il pouvait enfin le retrouver, quand bien même il ne pouvait pas profiter de lui comme il l’aurait voulu, puisque cloué à sa couche de feuilles. Au moins, Nuage de Mousse était présent, bel et bien là, à le rassurer, tout près de lui. Il n’était plus seul.
Et une nouvelle fois, prouvant son amitié indéfectible, son ami de toujours lui miaula avec enthousiasme :

« À jamais! De toute façon, dans le Clan du Cœur, t'auras pas besoin de chasser ni de combattre! Je t'apporterai tout, et on n'aura aucun ennemi! Et ta grande tatie nous montrera toutes les plantes qu'on aura besoin, comme ça on sera toujours heureux et nourris et en santé, ensemble! »

Un sourire heureux vint illuminer le visage du chaton blanc ; Oui, il n’avait pas à s’en faire pour son avenir : Nuage de Mousse chasserait toujours les nuages noirs qui se dressaient au dessus de sa tête. Et, regorgé par tant d’optimisme, il couva l’apprenti guerrier d’un sourire bienveillant, osant enfin se confesser à voix haute :

« Nuage de Mousse, tu es vraiment mon meilleur ami ! » Ronronna-t-il. « Le meilleur de tous les amis qu’on puisse rêver d’avoir ! »

Et, de sa patte avant gauche, il attira l’apprenti tout contre lui pour le serrer entre ses pattes. Il lui serait éternellement reconnaissant.

Aching

PV NUAGE SILENCIEUX

Le bonheur était revenu en entier sur le visage des deux chatons, sans arrière pensée, sans crainte, sans douleur. La vie était terrible, cruelle, incompréhensible, mais à eux deux, ils pouvaient tout braver. Peut-être que le Clan du Coeur n'était pas près de se créer, mais il finirait par exister, Nuage de Mousse en était certain. Il suffisait d'avoir espoir, et tout finirait par s'arranger. Les Étoiles veillaient sur eux, et Elles ne pouvaient qu'approuver la profondeur de leur amour.

─ Nuage de Mousse, tu es vraiment mon meilleur ami ! Le meilleur de tous les amis qu’on puisse rêver d’avoir !

Joignant l'action à la parole, le blanchâtre attira son ami contre lui dans une forte étreinte. Les mots étaient prononcés avec tant de ferveur que le rouquin sentit ses yeux lui picoter de larmes. Oh! Qu'est-ce qu'il l'aimait lui aussi, son meilleur ami! Il aurait tout donné pour resté blotti contre le poitrail de Nuage Silencieux, à profiter de sa chaleur, sa douceur, son amour. Et pour le convaincre qu'il valait tout l'or du monde, que l'état de ses jambes n'allait rien changer dans leur relation, si ce n'était que les rendre plus proches.

─ Je t'aime tellement! Proclama-t-il en retour.

Et, tout ronronnant, il passa le restant de la journée blotti auprès de son compagnon, s'endormant même à son chevet, bercé par des rêves paisibles.