[LP] But what's your problem ?! [PV Nuée d'Alcidés ] - end

« T'es lourd », venait de dire Patte Lunaire au plus léger chat adulte du Clan du vent, léger faute de son petit gabarit, petit gabarit du à sa malnutrition, malnutrition qu'il entretenait volontairement sous prétexte qu'il sacrifiait sa part pour les autres. Tout ces facteurs, et il était quand même suffisamment lourd pour l'étouffer sous sa patte à lui.

Nuée d'Alcidés l'aurait violemment bottée loin de son nid mais il se retint - ou plutôt il se fit croire qu'il se retenait, car en réalité il manquait de forces, et croyait à tort que de fermer l’œil lui fournirait de l'énergie au réveil. Mais avec quel carburant?

— « Pourquoi toi tu m'aimes pas ? » geignit la petite en tentant de se tirer d'affaire, en vain, et il rétorqua:
— Patte Lunaire, je te hais.

À défaut de pouvoir l'envoyer rouler-bouler il pesa son poids sur elle au fil de ses mots, lui déversant tout ce qu'il regrettait. « Je hais tes yeux couleur sang » « Je hais que ton poil se salisse » mais l'image de Patte Lunaire s'embrouilla devant ses yeux et les Landes de son Esprit lui criaient d'un Vent de Pitié de s'arrêter mais tout ce qu'il en fit fut de dresser les poils de son échine bicolore blanche et noire « mais ce que je hais par-dessus tout, c'est ta peau en dessous, » il feula, ses babines se relevant sur tout ses crocs qui n'avaient jamais servis à blesser autrui, « que le soleil va brûler au point de te rendre complètement folle. »

Son ton s'éreinta, il renifla - impossible de savoir s'il eut s'agit d'un sanglot ou des allergies ou de la fatigue ou d'un début de rhume ou de - et le poids de sa patte eut un rebond à la trop forte pression, l'écartant de la petite pour la ranger sous son corps avec les trois autres et fermer les yeux sur ce monde qui ne cessait de lui mentir.

See no evil,
Hear no evil
Say no--...

... Bon, on n'était pas tous parfaits.

But what's your problem ?!

L'albinos dressa ses petites oreilles. Il la haïssait, mais pourquoi ? Juste lui cracher ça, enfin - cracher était un bien grand mot - sans rien préciser n'avait pour elle rien d'une réponse. Mais il poursuivit avant même que la petite peste est pu ajouter le moindre mot - et ce n'était clairement pas l'envie qui lui manquait - la laissant tenter encore et toujours de se déloger. Elle feula à l'évocation de ses yeux et tira de plus belle sur ses pattes alors que le poids augmentait, comme si il appréciait de la tenir là, sous son joug. Chose qui évidemment, n'était pas du goût de la chatonne. Elle coucha ses oreilles finalement, en retour au feulement du chat, étant malgré tout parvenue à se retourner un tant sois peu. Sa position était certes précaire mais elle enfonça ses dents dans le coussinet à porter, inconsciente au fait que s'il sortait les griffes, elle aurait au mieux une oreille en moins ... Et la bestiole serra de plus belle, avant de lâcher pour reprendre son souffle, sa petite queue s'agitant dans la terre et les brindilles.

Et le poids s'allégea, là d'un coup, comme si la morsure n'avait jamais agis, la chatonne roula alors hors de portée, avant de se redresser, titubant tout de même un peu. Sa fourrure se dressa sur ses frêles épaules alors qu'elle beuglait à présent, petite furie en colère. Mais c'est toi qui a des rayons de soleils dans la tête ! Elle s'ébroua en même temps qu'elle recula, finissant sur son derrière, ses prunelles rivés sur son oncle, ses iris semblant briller d'un éclat plus vif, plus sanglant à mesure que la colère emplissait son petit cœur d'albinos toute jeune. Moi aussi je te hais ! Oui, sauf qu'elle restait là, à attendre que le matou l'oublie pour mieux lui bondir dessus, à attendre que le soleil se couche ... A attendre tout et rien car rien n'était beau dans son monde à elle. Soit tout l'aveuglait au dehors, soit elle devait supporter les autres, des chats comme celui allongé, pitoyable, devant elle.

Nuée d'Alcidés ne dit plus rien. Celle qui lui servait de nièce ne lâcherait le morceau que si elle se sentait à sa place et égale aux autres mais la vie ne serait jamais égale pour ceux qui se brûlaient au soleil. Et tout le monde savait ce qui était arrivé à ceux qui vénéraient plutôt la lune... Hrn.

Sans ouvrir les yeux, sans ne lui tendre une oreille et sans ne plus ouvrir la bouche, le même-pas-guérisseur du Clan du Vent arracha une pelote de mousse de son propre nid pour l'envoyer d'un coup de patte au chaton. Le coup trop faible, la mousse trop légère, elle alla simplement se poser à ses pattes, et le petit arlequin posa sa tête sur les siennes, préférant dormir, disons, en attendant.

Peut-être qu'il attendait de savoir.

Ou peut-être qu'il attendait sa fin.

HRP:

But what's your problem ?!

Patte Lunaire s'était attendue à une réaction, à autre chose qu'à la ridicule boule de mousse que son oncle lui envoya dans les pattes, boule qu'elle prit en chasse un faible instant, la dégageant un peu plus loin avant d'hésiter un pas vers le matou détestable. Il ne bougeait presque plus, en dehors de sa respiration, flanc qui se soulevait régulièrement et doucement pour retomber de la même manière. Elle trouva cela apaisant, enfin et, s'avançant, elle se glissa doucement contre lui. Sa fourrure était chaude, quoi qu'il était peut-être trop maigre, mais bien rapidement pourtant, elle trouva sa place contre le ventre. La petite s'allongea de tout son long contre le félin. Elle avait gagnée et elle se mit à en ronronner de plaisir tout en étirant ses pattes avants au loin dans le nid.

Le silence qui s'ensuivit lui parut presque suspect, mais finalement, la jeune chatte commençait à apprécier cette tanière et son occupant si peu coopératif. Elle bailla une fois où deux avant de fermer les yeux à son tour. Elle partirait rejoindre sa nourrice plus tard, quand la faim la tenaillerait. A supposer que nul guerrier ne surgisse avant sous la demande de la chatte. Après tout, elle ne faisait rien de mal, dormant juste auprès de son oncle. Plus calme qu'à l'accoutumée.