j'en attraperais plus que toi // ft. Matin Embrasé // LP - abandon

J'en attraperais plus que toi

ft. Matin Embrasé

Écaille d'Anguille baillait à s'en décrocher la mâchoire tandis qu'elle s'extirpait de la tanière des guerriers. Se déportant un peu sur le côté, elle déroula ses muscles et pattes ankylosées par la nuit passée sous le rassurant toit de saule et de roseau et leva le nez au ciel. L'aube avait déjà pointé le bout de son nez et le soleil commençait tout juste à apparaître à l'horizon. Secouant les moustaches, l'Anguille sourit et marmonna quelques notes joyeuse, se prélassant aux premiers rayons solaires qui chassaient les dernières brumes de son sommeil. Pour une fois, ses camarades n'auraient pas à subir ses ronchonnements et sa mauvaise humeur matinale. Enfin, elle était de bonne humeur jusqu'à ce que Douce Orchidée ne l'interpelle pour donner les listes de patrouille frontalière et de chasse du jour. Soupirant bruyamment, Écaille d'Anguille se leva en traînant des pattes pour rejoindre le petit groupe de guerrier qui s'était rassemblé autour de la lieutenante.

Affublée de son plus beau regard assassin, elle écoutait d'une oreille le nom des chats assignés avant elle à leur tâches respectives jusqu'à ce qu'elle entende le sien : pour Anguille, aujourd'hui c'était patrouille de chasse et pêche en binôme avec Matin Embrasé. La femelle se leva et tourna le dos à ses camarades pour chercher du regard son compagnon du jour. Ne le voyant nulle part, la guerrière se traîna en maugréant jusqu'à la tanière des guerriers pour voir s'il n'y était pas : verdict, il n'était pas là. Anguille leva les yeux au ciel et tourna la tête pour tomber sur le pelage roux qu'elle recherchait. Elle le héla de là où elle était, d'une voix assez forte pour qu'il l'entende. Eh le vieux, aujourd'hui on est ensemble pour la chasse.

J'en attraperais plus que toi

ft. Matin Embrasé

Écaille d'Anguille fut bientôt rejointe par Matin Embrasé. Oh non, en-core avec Guiguille ! Les gens vont finir par croire que je t'aime bien ! La femelle grise ricana. Tu crois vraiment ? Te fais pas d'illusion moi je t'aime pas. Puis le rouquin lui annonça qu'il devait faire son rapport à Étoile de Pierre, en insistant bien qu'il en avait énormément à dire. Écaille d'Anguille leva les yeux au ciel et se leva en direction de l'entrée du camp avant d'entreprendre une rapide toilette pour l'attendre. Elle n'eut pas le temps de s'occuper d'une touffe de poil récalcitrante que le félin revenait vers elle. Eh bah, pour un chat qui en avait beaucoup à dire c'était du rapide. Elle baissa d'un ton, jonglant entre le marmonnement étouffé et moqueur. T'as eu peur d’Étoile de Pierre ? Tu veux en parler mon pauvre chaton ?

Puis avant d'entendre sa réponse, Écaille d'Anguille se leva et passa le tunnel de roseaux d'une démarche très hautaine, suivie par son binôme qui ne tarda pas à la rouvrir. Alors alors, besoin de moi pour pêcher un peu, c'est ça ? La grise renifla avec un air faussement blessé. Comme si un guerrier de ta trempe pouvait m'apprendre à pêcher. Je suis sûre que t'es même pas capable d'attraper une souris.

Le chemin vers la rivière n'était pas très longtemps, déjà parce que les trois quart du territoire se constituait de méandres de la rivière et de petits ruisseaux. Écaille d'Anguille leva les oreilles pour capter le doux ruissellement de l'eau sur les rochers accéléra le pas, toute guillerette. Elle passa la tête à travers une touffe de roseau, ne laissant dépasser que la tête de l'autre côté. Ne prenant pas la peine de regarder derrière elle, la femelle railla une nouvelle fois Matin Embrasé. Alors t'arrive bientôt ? Fais gaffe le vieux, la tanière des anciens t'attend. Plus sérieuse, Écaille d'Anguille réfléchit à la suite de leurs aventures. Bon, qu'est ce qu'on fait maintenant ? On reste là pour que je te mette la misère à la pêche ou on avance un peu plus loin ?

J'en attraperais plus que toi

ft. Matin Embrasé

Oh, ici ou ailleurs, t'auras jamais mon expérience, de toute façon ! Écaille d'Anguille pouffa à gorge déployée en le voyant imiter certains vieux croûtons de la tanière des anciens. Finalement, la journée allait peut être mieux se passer ! Matin Embrasé trottina jusqu’au bord de la Rivière, prenant milles précautions sur sa position sur la berge. La grise en fit de même, préférant se camoufler parmi les roseaux et les joncs touffus au pied de l'eau. Tout en s'y engouffrant, elle fit peur à tout un tas de grenouilles qui s'échappèrent au fond de la rivière.

Immobile dans sa cachette, elle se mit à attendre patiemment qu'une proie s'approche d'elle et de ses griffes. Le vent soufflait doucement dans son pelage court et lui hérissait l'échine par moment. Soudain, ses grands yeux bleus captèrent un mouvement au fond de l'eau ; là, parmi les roches et caillasses du fond de la rivière nageait tranquillement un brochet d'une taille assez respectable. A chaque fois qu'elle avait pu en voir, ils étaient généralement plus petits que ça et vivaient caché des prédateurs plus gros dans la végétation des cours d'eau.

Sourire aux lèvres, elle attendit que le poisson se rapproche d'elle, toutes griffes dehors et prête à sauter dessus par la même occasion. Au fond d'elle, une petite voix lui disait qu'elle n'arriverait jamais à l'attraper de cette façon mais elle la fit taire. La patience, c'était le maître mot de la pêche aux poissons. Il s'approchait toujours un peu plus d'elle mais toujours collé au fond ; alors aux grands mots, les grands moyens ! Écaille d'Anguille attendit qu'il soit un peu plus proche pour elle et elle se glissa sans un bruit dans l'eau. Prenant appui sur la berge et sa respiration, elle fit une dernière vérification pour ajuster sa position et poussa le plus fort possible sur ses pattes arrières.

Au final l'eau n'était pas si profonde qu'elle en avait l'air et elle atteignit rapidement le fond. Mais pas le temps de penser, elle avait un brochet à attraper. Ouvrant les yeux sous l'eau, elle ne pu distinguer que quelques formes grossières et se décida à faire confiance aux couleurs et aux mouvements des éléments autour d'elle. Elle trouva ledit brochet et tenta de l'attraper, mais il était trop loin pour elle et elle l'effleura du bout des pattes. Bien décidée à l'avoir, elle prit son élan cette fois sur le fond du cours d'eau et tenta cette fois de le capturer avec les crocs.

Ses poumons commençait à la brûler quand elle sortit la tête de l'eau, son trophée entre les crocs. Mais quel ne fut pas son dépit lorsqu'elle constata qu'à la place du brochet se trouvait une pauvre grenouille qui gigotait dans la gueule de la guerrière. Si Matin Embrasé la voyait ainsi, elle était sûre qu'il allait se foutre de sa gueule.