"amis" - abandon

Les marais, ils sentent cette odeur du passé, fluctuante selon l'humeur de celui qui la visite : La superbe odeur des pins si vivifiants et du liquide rafraîchissant mélangée pour ceux qui sont trop de bonne humeur pour voir la réalité en face, des effluves vomitives de crapaud, eau crasseuse et terre vaseuse pour ceux qui l'ont trop mauvaise que pour faire autre chose que se plaindre.

Pour Knightley, ce sera donc des marais et des arbres, sans odeur, parce que ça ne lui fait plus rien. Il ne sait plus le jour qu'on est, depuis combien de temps il les a quittés, ni pourquoi il est retourné dans ces marais pour chasser. Lui qui n'existait plus, qu'espérait-il en chassant le plus mollement possible, gaspillant chaque seconde dans le but de se faire repérer par une patrouille ? Sans doute se faire reconnaître par un membre assez vieux et entendre un "oh, tu es vivant, c'est si bien ! Reviens au clan, tu nous manque.". Infâme lubie, tout comme cette bande de fanatiques qui l'ont enrôlé, déjà en train de jouer contre ses valeurs qui lui remontent à la gorge lorsqu'il voit leurs pratiques.

De toutes façons, ce n'est pas comme si un membre allait être conciliant à son égard. Alors il cherche, alors il chasse. Alors, il attend.

La présence d’un meneur dans la vie de son clan, montrait sa force, sa puissance. La bataille contre les Lunar Pod à été une victoire. C’est alors quelques jours plus tard que j’avais décidé de sortir du camp pour patrouiller. Volonté de Fer était avec moi. Un brave guerrier ayant malheureusement oublié son passé. Je serais bien triste d’oublier qui je suis, ma famille… C’était peut-être mieux pour lui après tout ? Je ne savais pas si c’était une bonne chose ou non. Oublier pour se concentrer sur le présent ? Oublier tout ce qu’on est ? Est-il plus facile de se construire sans passé ? Je n’en savais rien.

Nous étions dans les marais, je me montrais fier, et je ne cherchais pas à être discret. Ces terres sont à mon clan et moi, et je n’avais nullement peur d’éventuels intrus. C’est plutôt eux qui auraient peur. Deux guerriers –dont un chef – avec diverses cicatrises. Symbole un peu ridicule non ? Mais c’est comme ça que les choses fonctionnaient. On gagne du respect en collectant des marques de griffes ou de crocs, ou alors il suffit simplement d’être un bon orateur, ce qui est plus difficile, selon moi.

J’entendis soudainement des bruits de pas. Je levai le museau pour sentir mon environnement, savoir qui osait se présenter sur mon territoire. Il était seul et son odeur… Oh qu’elle m’était familière à présent. Un illuminé qui se croit tout permis. Je fis signe au guerrier de se préparer. Le poil gonflé de colère, les yeux fous, je m’approchais de la bête, la tête basse, les oreilles en arrières avec un sourire carnassier. J’étais déjà un chat plutôt robuste au niveau de la carrure alors avec mon pelage en pétard je paraissais bien plus menaçant. Une fois que je repérai la forme du félin, j’émis un grondement sourd en avançant en douceur, sûr de moi. D’un signe de la queue je dis à Volonté de Fer de rester près de moi, pour qu’on attaque ensemble. Mais alors que nous étions proches de lui, je reconnus ce pelage. Blanc avec un trait doré sur le dos. Je le connais, il était à l’Ombre… Cœur…

« Cœur d’Or ? »

Un vieil ami. Si j’avais crus le voir aujourd’hui. J’étais totalement abasourdi. Il portait l’odeur de la vermine mais… Je devais comprendre. Je me calmai rapidement, reprenant mon allure normale. Je fis signe à Volonté de Fer de ne pas attaquer… Oh mais Volonté de Fer ! Bon, je devais d’abord m’occuper de mon vieux camarade. Mon attention revennait sur lui.

« Que fais-tu ici ? ça fait si longtemps maintenant… »