Deux petites fleurs, un instant de bonheur - "Je t'aime de tout mon cœur" | ft Patte de Lys - end

Ce jour-là, le soleil brillait sur les territoires de l'Ombre, et l'atmosphère, quoique encore fraîche dans le camp, demeurait plus chaude que d'ordinaire, conduisant les félins à chercher refuge à l'ombre des arbres, là où, entre les branches, la lumière jouait à cache-cache avec les feuillages, dessinant des taches d'or sur le sol, à l'image du soleil qui embrasait les prunelles ambrées de Petit Mimosa et caressait gentiment sa fourrure. Heureusement qu'elle n'avait pas une pelisse trop épaisse ! Elle se glissa néanmoins sous une voûte végétale, et soupira de soulagement en profitant de la brise, ronronnant davantage en voyant une silhouette neigeuse couchée un peu plus loin. Une silhouette avec des yeux verts mi-clos, que la petite fleur jaune - qui portait par ailleurs ce nom mais aussi un brin de la plante sur l'oreille - connaissait par cœur : Patte de Lys, sa petite sœur. Nouveau ronron. Mimosa adorait sa famille, et sa fratrie faisait toujours éclore des jolies fleurs de bonheur en elle, mais surtout, elle était celle qui comprenait le mieux le caractère un peu plus paresseux de la petite blanche - au contraire de Petit Aulne et Petite Violette, leurs deux aventuriers. Mimosa, elle... Elle aimait suivre son frère et sa sœur, mais de nature rêveuse, douce et tendre, elle aimait aussi se rouler en boule contre le flanc immaculé de la dernière du quatuor pour dormir un peu ou juste discuter. Pourquoi pas ? Et quand le soleil baisserait, plus tard, elles pourraient jouer un peu, s'amuser, et finir par s'endormir, toutes les deux... C'était un joli programme. Alors pourquoi pas ? Petit Aulne et Petite Violette était les Étoiles savaient où, et Mimosa, qui avait passé un moment à sauter partout, à poser des questions aux guerriers, et à faire des câlins et des jeux avec leur père, Étoile Maudite, entre deux tâches du meneur, qui, quoique très occupé, trouvait toujours le moyen d'accorder un peu de temps à sa famille, était fatiguée. Alors elle s'allongea, en douceur, comme une plume se posant au sol, à côté de sa sœur, et, avec un petit mouvement de fatigue, sa gueule ouverte montrant une petite langue rose et de minuscules crocs pointus, posa sa tête sur ses pattes avant. Pourtant, elle gardait ses yeux grands ouverts, songeuse, patiente. Elle miaula, d'une petite voix douce, pour ne pas déranger le petit lys auprès d'elle:

« Tu te vois comment, quand tu seras grande ? »

HRP:

Je ne savais plus vraiment quand je m'étais levée mais ce qui était sûre c'est qu'il faisait tout juste jour. Et bien évidemment, savoir que je m'étais levée avant les lève tôt était source de fatigue et d'irritation pour moi. Avoir gâcher du sommeil, c'était un sacrilège. Je m'étais donc empressée de m'allonger en boule dans un coin de la clairière choisi au hasard. J'avais soupiré longuement avant de me rendormir aussitôt. C'était la douce voix de Petit Mimosa qui me réveillait en me demandant comment je me voyais plus tard.

J'ouvrais mes deux yeux avec lenteur, jetant un regard à ma tendre sœur. Elle s'était installée avec tant de délicatesse que je ne l'avais point entendu approcher. Petit Mimosa pour la faire courte était celle qui avait le moins la bougeotte de la bande ce qui n'était guère pour me déplaire. Je lui offrais un large sourire accompagné d'un ronron. Je poussais même l'effort en lui déposant une léchouille sur la joue. Je lui répondais ensuite, ne sachant pas vraiment ce qui pouvait bien m'arriver de fabuleux avec mes envies de sommeil constant :

"-Hum.. Dans cette même position peut être ? En train de dormir ou de me cacher des tâches quotidiennes.. Et toi ? Je vois bien que tu meure d'envie de le dire. Vas-y. Je veux tout savoir."

Avec lenteur, tout en douceur, Patte de Lys avait rouvert les yeux, et la petite chatonne blanche à taches noires, à la pelisse duveteuse un peu ébouriffée et parfois aplatie par endroits, à cause de sa sieste, avait posé son joli regard vert sur sa sœur, et ronronné doucement. Petit Mimosa avait apprécié ce geste pour ce qu'il était: un remerciement pour la tendresse et le calme avec lequel elle l'avait tirée de son petit somme, et une déclaration d'affection toute gentille, toute précieuse, de la part de la paresseuse jeune féline - que la brunette aux prunelles de soleil et d'or aimait beaucoup beaucoup fort. Un ronron assorti d'un grand sourire et même d'une petite léchouille sur la joue, que Mimosa lui rendit avec tout l'amour d'une sœur, savourant ce moment avec la plus calme des fleurs constellations - ça lui faisait du bien, à elle, de se poser. Et mieux encore, l'enfant neigeuse du clan de l'Ombre, plutôt que de se rendormir immédiatement, avait répondu ! L'autre, silhouette menue à la fourrure brune parcourue de fins traits plus foncés, sentit son cœur se réchauffer face à tout ça. Patte de Lys l'acceptait, et elle était toujours rassurée quand on lui prouvait qu'on l'aimait; et elle était, du reste, ravie de passer du temps avec elle ! Patte de Lys l'acceptait au lieu de regretter son sommeil, alors qu'elle avait ronchonné un peu parce qu'elles s'étaient réveillées avec le soleil levant. Mimosa aimait bien, c'était joli. Mais elle était fatiguée, elle comprenait.


« Hum.. Dans cette même position peut être ? En train de dormir ou de me cacher des tâches quotidiennes.. Et toi ? Je vois bien que tu meure d'envie de le dire. Vas-y. Je veux tout savoir. »

Mimosa ronronna avant de répondre. Elle imaginait beaucoup de choses, tout le temps, et elle était contente de partager ses rêveries magiques, pastelles et... Étoilées. Parce que ça, elle ne l'avait pas encore confié, à personne. Et pourtant, le dire à Patte de Lys en premier, c'était comme une évidence. Elle, parce qu'elles discutaient plus facilement au calme. Ensuite, maman, papa peut-être, et Aulne, et Violette, et Cerisier. Et puis Lenlen ? Mais elle, elle devait s'en douter, vu que la petite chatonne s'accrochait à elle comme une boule de bardane à une fourrure de chat. Et puis tatie Fée ! En réalité, Mimosa aurait adoré le dire à tout le Clan. Mais Lys passait toujours avant.

« Je sais pas trop, ça dépend pas de moi mais... » murmura-t-elle, un peu timide. « J'aimerais bien ne pas devoir arpenter la voie des guerriers. Je veux dire, j'aimerais bien apprendre à chasser et un peu à me battre, le minimum mais... J'ai envie de devenir guérisseuse, moi. Alors oui, si on s'imagine comme on veut, je serais l'apprentie d'Esprit Soucieux. »

Elle esquissa un petit sourire, renvoyant paresseusement d'un petit coup de patte la boule de mousse ayant roulé vers elles à Violette, qui jouait avec d'autres chatons. Les Étoiles seules savaient où se cachaient Aulne... Mimosa ajouta ensuite, avec un sourire :

« Mais j'espère qu'on pourra toujours continuer à se retrouver, et pourquoi pas pour se cacher des responsabilités pour se reposer et parler ! Après, je pense que Vivi' et Aulne ont trop la bougeotte pour ça mais bon, moi j'aime bien quand on est juste comme ça. On est bien et il fait frais. Ça me manquerait. »

Et elle le pensait. Ces moments-là, c'était des moments privilégiés avec sa sœur.
Et elle l'adorait. Parce que la petite blanche, c'était un refuge de douceur et de calme.

« Et toi, comme mentor ? » miaula-t-elle à nouveau, avant de bâiller, dévoilant une petite langue rose et de minuscules crocs pointus. « Y a quelqu'un que t'aimerais bien ? »

Petit Mimosa était d'abord réticente à révéler ce qu'elle a sur le cœur mais, elle finissait par cracher le morceau avec timidité. Disant avec subtiliser qu'elle voulait devenir guérisseuse et non guerrière comme la plupart des membres du clan. La bagarre ce n'était pas pour elle on dirait et je pouvais qu'aisément la comprendre. Ce n'était pas vraiment ma spécialité non plus. Mais j'avoue, ne pas être d'avantage attiré par la profession qu'elle visait. Je voyais bien dans ses yeux pétillants qu'elle avait envie de devenir l'apprentie d'Esprit Soucieux. Elle m'offrait un large sourire sincère et joyeux avant de renvoyer, avec autant de paresse que moi, une balle en mousse à Petite Violette. Elle reprenait ensuite toujours accompagné par ce doux sourire, qu'elle ne voulait pas qu'on se sépare pour autant. Elle voulait qu'on continue à se retrouver ainsi. Je me sentais honorer. Elle me demandait ensuite quel mentor j'envisageais.

Tout d'abord, je lui faisais un câlin juste pour la remercier de penser à moi même au delà de l'apprentissage. Cela faisait bien plaisir. Je me reculais ensuite, m'installant de nouveau à mon aise. J'avais fait un mouvement rapide, j'allais mettre au moins 2 minutes à m'en remettre. Je lâchais un petit bâillement sourd avant de lui répondre en haussant les épaules :

"-Oh tu sais.. Faut que mon mentor réussisse à me faire bouger.. J'en ai aucune idée.. J'aurais bien aimé Esprit Lent peut être. Elle me fait marrer."

Petit Mimosa avait toujours eu tendance à laisser parler son cœur puis ses rêves, et parfois, ne réalisait pas forcément qu'elle avait dit quelque chose qui paraissait spécial aux yeux des autres, quelque chose qui vaille la peine d'être souligné; elle avait laisser échapper les mots, et puis c'était tout. Douce, mélodieuse, toute petite et toute duveteuse, elle était jolie, fine, mince, avec de minuscules oreilles, une fourrure brune tigrée, de grands yeux d'or et une voix chantante. Et surtout, surtout, un cœur immense qui disait toujours vrai. Sa vérité, en tout cas. Parce que tout le monde n'avait sans doute pas la même version. Mais pour elle, ça semblait si normal! Déconcertée, la petite chatte vit sa sœur sembler honorée puis bouger à nouveau pour lui faire un câlin, avec une vivacité étonnante pour Patte de Lys - Mimosa adorait sa sœur fleur, mais elle savait aussi à quel point celle-ci pouvait s'avérer paresseuse, souvent, et chérissait ces gestes, fermant les yeux une seconde pour humer le parfum familier que dégageait la fourrure blanche de celle qui l'enlaçait, tachetée de noir. Sa belle, sa précieuse petite sœur. Un peu lente, mais géniale. Bien sûr que non, la rêveuse qui visait le poste d'apprentie guérisseuse ne la laisserait pas en arrière! Une famille, c'était pour toujours. Et puis... Violette et Aulne couraient un peu trop partout pour garder un œil sur la féline neigeuse. Et surtout, Mimosa adorait la tendresse calme de celle qui s'était à nouveau éloignée un peu pour s'installer confortablement à ses côtés, bâillant gentiment. Patte de Lys était comme ça, un peu lente, souvent fatiguée, et les gestes brusques, elle les compensait par un temps tranquille. Mimosa connaissait ça, sauf qu'elle, c'était son esprit qui n'arrêtait jamais, créant par instants une immense lassitude. Alors elles restaient là, ensemble. Et puis sa sœur avait répondu à la question de la fillette aux prunelles d'ambre et de soleil.

« Oh tu sais.. Faut que mon mentor réussisse à me faire bouger.. J'en ai aucune idée.. J'aurais bien aimé Esprit Lent peut être. Elle me fait marrer. »
« On verra bien. » miaula gentiment Mimosa, ajoutant la suite avec une sorte de complicité malicieuse. « Réussir à faire bouger Patte de Lys, la tâche la plus difficile de toute leur vie de guerrier ! » Elle souriait, avec tendresse, loin de tout reproche. Elle riait doucement, heureuse. « Elle est gentille Lenlen, et puis elle est drôle! Ça serait une bonne mentor. »

Tout en discutant, son regard s'était posé sur l'entrée du camp, et une nouvelle pensée avait éclos en elle, ajoutant une couleur à sa couronne de fleurs. La petite princesse, rêveuse, contempla une seconde les grands sapins dont la cime jouait avec le vent, sous l'azur du ciel parsemé de nuages, le sentier qui s'enfonçait dans les bois, puis souffla:

« Tu as envie de découvrir ce qu'il y a hors d'ici, toi ? »

Elle marqua une pause.

« J'ai envie de voir la rivière. La lande. Les quatre chênes. La pierre de lune. La forêt du tonnerre. Les clairières, les chutes. J'ai envie de découvrir ce qu'il y a dehors... Pour de vrai, pas dans les histoires. De savoir par moi-même, de comprendre. De vivre une Assemblée. »

Et puis...

« Je me demande à quoi ça ressemble, aussi, le domaine des étoiles. Et puis, l'explorer en rêves, ça doit faire moins mal aux pattes! »

Rien qu'en pensant à la guerrière, je souriais tendrement. Il y a pas à dire.. Si elle était mon mentor, on serait une paire unique. Un duo bien différent. La flemmarde et la grande guerrière très conservatrice. En tout cas, c'est comme cela que je la voyais.. Mais elle était aussi marrante, parfois, quand elle était lente d'esprit comme pouvait l'indiquer son nom de guerrière d'ailleurs. Je me demandais même quel nom pourrait me donner mon père quand je serais une guerrière accomplie ou du moins à la fin de mon apprentissage obligatoire.

Petit Mimosa rigolait doucement, me disant que l'épreuve la plus dure pour un guerrier serait de réussir à me faire bouger. Je lui répondais par un doux sourire, loin de me sentir vexer, cela me faisait bien rire. Elle confirmait ensuite mes pensées en disant qu'Esprit Lent était drôle et sûrement un super mentor. Ma sœur rêveuse semblait attirer par un point au delà du camp. Je la regardais, attendant qu'elle me fasse part de ses pensées. Ma sœur me demandait par la suite si j'avais envie de découvrir ce qu'il y avait là bas. Elle faisait ensuite une pause avant de reprendre en me faisant par de ses envies. Elle voulait voir rivière, lande et quatre chênes de c'est propre yeux. Mais pas que.. J'avais l'impression qu'elle voulait voir toute la forêt mais pas que.. Elle voulait voir également la patrie des ancêtres. Toutes ses découvertes me donnaient mal aux pattes à moi.. Même à la tête. Trop de chose à voir. Mais je comprenais ce qu'elle voulait dire. Ce qu'elle voulait voir et ressentir. Je me penchais vers elle, ne voulant pas tâcher ma réputation auprès d'autres personnes que Petit Mimosa :

"-Je t'accompagnerais dans tes découvertes.. J'ai bien envie de voir ce qu'il y a là-bas. Mais si jamais sur le chemin, t'avais l'envie de me porter.. Je dis pas non. Faut dire que ça paraît si loin. Regarde, rien que la pouponnière est bien à une dizaine de pas là. C'est fort loin, tu trouves pas ? Alors le bout de la forêt.. Baheu.. C'est l'autre bout de la terre pour moi."

Après un sourire en réponse à la petite pique complice que Mimosa avait lancé, Lys l'avait contemplée en silence, attentive à ses rêveries, et ça, la brunette en était très contente. Sa sœur à la pelisse toute blanche l'écoutait toujours, et ça lui faisait du bien, surtout vu l'air doux et tendre qu'arborait la chatonne souvent endormie - ça la faisait se sentir précieuse aux yeux de sa jolie sœur fleur, elle qui doutait tellement d'avoir une quelconque valeur. Comme les ronrons d'Aulne, les coups de langue de maman Papillon de Lune, les moments volés avec son papa, Étoile Maudite, les jeux avec Violette ou les câlins de Lys. Les siestes, les sourires, les fous rires. C'était une nouvelle perle à ajouter au collier précieux qu'elle renfermait dans l'écrin de son cœur, une nouvelle pierre précieuse, une nouvelle fleur pour sa couronne, un instant de bonheur. Et une fois n'était pas coutume, Lys semblait... Active, à sa mesure. Mimosa savourait le moment, l'appréciant pleinement, parce que si sa douce amie et sœur avait l'air d'avoir mal aux pattes à cette seule pensée d'explorer, elle semblait aussi intéressée. Se penchant vers la petite aux yeux d'or pour lui souffler quelques mots à l'oreille, la chatonne aux prunelles émeraudes susurra, semblant abandonner sa réputation de paresseuse un instant:

« Je t'accompagnerais dans tes découvertes.. J'ai bien envie de voir ce qu'il y a là-bas. Mais si jamais sur le chemin, t'avais l'envie de me porter.. Je dis pas non. Faut dire que ça paraît si loin. Regarde, rien que la pouponnière est bien à une dizaine de pas là. C'est fort loin, tu trouves pas ? Alors le bout de la forêt.. Baheu.. C'est l'autre bout de la terre pour moi. »
« Moi je veux bien mais je suis pas sûre que je pourrais. » rit gentiment la brunette tigrée, donnant un doux coup de museau à sa cadette. « Mais j'adorerais que tu viennes avec moi. »

Elle marqua une pause, et suggéra, malicieuse:

« Ou sinon on demande à Aulne de nous porter ! Mieux, à un guerrier ! »

L'image était plutôt drôle; un guerrier qui marchait avec elles sur le dos !

Je faisais un moulinet avec ma patte, appuyant le fait que la pouponnière était bien trop loin à mon goût. Comment voulez vous qu'avec mes petites pattes je tienne le coup ? C'est vraiment impossible.. Pas étonnant que je dormais les quatre cinquièmes du temps. Pendant que je m'imaginais mon périple jusqu'à mon lit de repos, Petit Mimosa m'avait répondu qu'elle n'était pas contre.. Mais, parce qu'il y en avait souvent un, elle ne savait pas si elle en était capable. Elle me donnait ensuite un petit coup de museau affectueux avant de continuer, disant que cela lui ferait plaisir si je venais. Je lui répondais par un ronronnement satisfait. Petit Mimosa faisait un sourire malicieux avant de reprendre en proposant Petit Aulne comme porteur ou un guerrier lambda choisi pour l'occasion. Je dois dire que l'idée me plaisait bien. Je me redressais d'un coup, avec un large sourire en lui répondant :

"-Mais c'est que t'en as des bonnes idées ! Viens on va y aller tout de suite.. Je suis sûre qu'on peut trouver une âme charitable. Sinon, on se rabat sur Petit Aulne."

Je faisais trois pas en avant, m'arrêtant brusquement. Ma tête me tournait. Je m'étais levée bien trop vite. La terre tanguait. Je réussissais tout de même à revenir auprès de ma sœur. Je lui révélais, moins énergique que ma levée tout en m'affalant sur la pauvre Petit Mimosa :

"-Humf.. T'as pas envie de me traîner jusque là bas ?"

« Mais c'est que t'en as des bonnes idées ! Viens on va y aller tout de suite.. Je suis sûre qu'on peut trouver une âme charitable. Sinon, on se rabat sur Petit Aulne. »

D'un bond, Patte de Lys s'était levée, surprenant sa sœur par cette soudaine vivacité, et s'était élancée de trois pas en avant, comme pour se précipiter vers l'âme charitable en question - autant dire n'importe quel éventuel guerrier ayant bon caractère et la carrure pour les porter, même si l'idée semblait amusante à Mimosa. Sauf que trois pas, pour la jolie dormeuse à la pelisse neigeuse, c'était beaucoup, surtout à cette allure; elle s'arrêta brusquement, semblant sonnée, sans que la brunette n'ait le temps de vraiment bouger, et revint d'un pas maladroit vers cette dernière... Pour s'effondrer sur elle. Et même si la fillette aux prunelles d'or adorait l'enfant aux yeux verts, les deux chatonnes formaient à présent un tas de pattes, de fourrures et de fatigue au joli nom de fleurs. Parce que soudainement, Mimosa sentait elle aussi ses pattes faiblir: Lys n'était pas lourde, mais elle, elle avait une silhouette si menue que cette simple chute avait chassé l'air de ses poumons. Leurs voix se mêlèrent:

« Humf.. T'as pas envie de me traîner jusque là bas ? »
« Humf... Attends... J'arrive... » soupira la petite tigrée.

À petits coups de pattes, s'étirant de son mieux, se glissant comme elle le pouvait entre le corps de sa sœur et le sol, étira le sien, puis parvint à se sortir de ce joli pêle-mêle, souriant ensuite tandis qu'elle prenait sa sœur par la peau du cou et commençait à avancer, avec difficulté. Ça semblait beaucoup plus facile quand c'était Lenlen qui le faisait sur elle, ou maman Papillon de Lune, ou même papa Étoile Maudite ! Elle, elle était mince, quoique relativement haute sur pattes pour son âge; elle était d'une ossature fine, légère, constitution un peu frêle, quoique vive, rapide et agile. Mais elle devait y arriver, pour ne pas décevoir sa sœur ! Avec un peu de peine mais beaucoup d'application, à pas lents, Mimosa tira donc Lys un peu, puis, atteignant sa destination, se laissa tomber à côté d'elle, choyant sur le sol sans la moindre grâce. La délicatesse cédait le pas à l'épuisement...

« Tu sais quoi ? On devrait reporter cette sortie à demain ! » fit-elle en bâillant. « Et on ira demander à Lenlen ! »

Elle se retourna sur le dos, glissa son regard pour chercher le visage de sa cadette, en ronronnant.

« Tu en penses quoi ? »

HRP:

Je soupirais de fatigue, je n'avais pourtant fait que trois pas.. Je me promis de m'entraîner un peu à la marche à l'avenir mais pour l'heure, il fallait me faire bouger. J'avais la flemme de faire marcher mes petites pattes. Elle voulait se la couler douce comme le reste de mon corps et je me devais d'être équitable pour chaque partie de mon corps.

Sous mon poids, Petit Mimosa s'était effondrée. Elle essayait de nous relever, j'acclamais son courage. Elle était forte ma sœur. Elle serait sans aucun doute une bien belle personne. Toujours là pour la famille. Je le savais. Qu'est ce que je ferais sans elle ? Et bien je marcherais toute seule pour commencer.. Une épreuve presque insurmontable évitée grâce à la petite fleur. Petit Mimosa se sortait de mon étreinte avant de me tirer par le col. Je me laissais faire, traînant les pattes dans la poussière. Un large sourire de satisfaction avait pris place sur mon visage. C'est avec une certaine lenteur que nous arrivons à destination. Ma sœur me lâchait épuisée par l'effort. Me disant, entre deux respirations, qu'on devrait reporter la sortie à demain. La petite fleur se mettait ensuite à bailler. A croire que les rôles étaient inversés. Ronronnant, elle me demandait mon avis. Je me redressais, en forme comparé à ma sœur et lui répondais gentiment :

"-Et bien.. Pourquoi pas. On verra ça à notre réveil."

HRP: