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Thème X - Terres Inondées
 
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 "Tu ne peux pas empêcher que tout change, pas plus qu'on ne peut empêcher les soleils de se coucher." - end

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Coeur Brisé
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MessageSujet: "Tu ne peux pas empêcher que tout change, pas plus qu'on ne peut empêcher les soleils de se coucher." - end   "Tu ne peux pas empêcher que tout change, pas plus qu'on ne peut empêcher les soleils de se coucher." - end Empty15.07.18 15:47

"Tu ne peux pas empêcher que tout change,
pas plus qu'on ne peut empêcher les soleils de se coucher."

Une lune, presque une lune depuis cette nuit terrible où Firmament, rester au camp avait vu revenir ses camarades, un à un, blessés. Et certains ... Mort, raidis par un froid éternel, les yeux ouvert sur un monde qu'elle-même ne pouvait voir que lors de ses rares rêves avec leurs ancêtres. Et parmi ses morts, la meneuse du clan. Pour l'apprentie guérisseuse, découvrir que son père venait d'avoir une promotion était presque un soulagement, mais pour ceux qui aimait la vieille chatte tyrannique ... Mirage du désert avait souffert cette disparition, mais Mouche et Pénombre étaient revenu, l'esprit emplit de l'horreur de cette guerre sanglante. Et puis, il y avait les autres, ceux dont ont disaient "qu'ils avaient eu de la chance". Raton-Laveur dont la balafre avait effrayée la novice et qui pourtant, semblait se remettre. Et parmi tout ses camarades, une en particulier dont l'épaule en sang et les multiples "égratignures" selon ses propres paroles " se remettraient vite". Mais voilà, la vétérante fanatique malgré ses prières voyait ses forces décliner. Son épaule s'était premièrement remise, mais en surface seulement, car en profondeur ... L'infection était la, tapis, attendant de se faire sentir.

La siamoise se souvenait encore du regard de sa mentor alors qu'ensemble, elles prenaient la décision de rouvrir la chair, de tenter, d'essayer d'améliorer les choses. En vain. Mais Nuage du Firmament voulait croire que sa mère se remettrait, quand bien même on l'enverrait chez les anciens, elle vivrait. Un cycle où deux de plus, peut-être même trois. Mais qu'elle serait là pour la voir devenir guérisseuse, qu'elle serait fière, qu'elle ... Son rêve changea d'atmosphère aussitôt, et elle reconnu un bref instant le territoire du clan des étoiles, plongée dans une perpétuelle saison des feuilles vertes. Mais l'air se réchauffa davantage, comme avant un orage. Tentant de comprendre elle s'avança, sa fourrure se hérissant lentement sur son dos, instinctivement. Quelque chose n'allait pas. Et à bien y regarder, elle se serait cru aux quatre chênes, mais, quelques choses en collait pas. Elle mit un moment à remarquer un arbre, noirci, brûlé et, aux divers petits éclats qui jonchaient le sol, sans doute foudroyé il y a peu. Avec précaution elle s'en approcha, curieuse, poussée par ... Elle ne savait que trop peu quoi. Mais quoi que ce fut, cela troubla sa vision, à tel point que l'arbre disparu pour laisser place à un chat. Une chatte siamoise, qui gisait, inerte. L'apprentie guérisseuse hâta le pas, refusant ce qu'elle voyait. Refusant cette mort qui la hantait pourtant depuis quelques jours. Pensées prémonitoire où peur réveillée, toujours était il qu'elle voulu ouvrir la gueule pour miauler. En vain. A la place, elle ne put qu'entendre une voix qu'elle ne reconnu pas, une voix grave qui la forçait à écouter. Un avertissement qui frappa comme la foudre sur l'arbre comme ... Comme la mort. "Le Tonnerre frappe, prend garde".

La siamoise rouvrit un œil, en sursaut. Il faisait encore nuit noire, une nuit sans lune ni étoile. Après s'être étirer, elle sorti de son nid, précautionneuse, ne voulant réveiller personne, son cœur à elle battant trop vite, sa fourrure étant encore dressé sur son échine. Une vision, elle savait que ce rêve là était une vision. Les respirations de tous semblaient limpides, sauf celle de la vieille chatte usé par l'infection, sauf celle de sa mère et son cœur accéléra encore la cadence si possible. Cœur de Serpent n'était pas morte, elle dormait certes, plus maigre et sale que jamais. L'esprit davantage errant chaque jour, à la recherche de signe. Mais il n'y avait rien, Nuage du Firmament l'avait compris, ce que voyait sa mère, s'était une trouée de soleil entre les arbres, le vent soulevant une feuille, la caresse d'une plume qu'un oiseau venait de perdre. rien qui ne se rapporte réellement à un signe. Juste l'imagination d'une guerrière qu'un accident sur le chemin du Tonnerre avait perturber. Et l'état de cette même guerrière devenait plus que préoccupant, car la respiration sifflante était la sienne, l'infection gagnait du terrain sous le regard impuissant de celles qui devaient aider à l'endiguer. Les remèdes semblaient n'être d'aucune utilité. Seule le coquelicot abrutissait assez la chatte pour lui offrir un peu de repos face à la douleur grossissante qui enflait dans tout son être, partant de sa patte, courant dans son dos depuis peu, dans chacun de ses muscles dans ...

La jeune chatte soupira, donnant une caresse, tendre, du bout du museau à la femelle, lui demandant silencieusement de tenir bon. Encore un peu, jusqu'à ce qu'elle ramène le remède qui la sauverait. Rêve d'une enfant qui devenait adulte, qui allait apprendre définitivement que les espoirs étaient une illusion, une douceur passagère qui se brisait trop facilement. L'apprentie guérisseuse se coula hors de l'antre, observant au passage le sommeil des convalescents, les laissant à leur repos. L'air frais de l'extérieur la força à gonfler son pelage, mais là haut, rien en vint éclairer sa vue. Nul conseil, le vide, seulement après ce rêve, cette vision cauchemardesque pour elle. Mais elle la rejeter, au loin, refusant que sa génitrice ne meurt, comme si cette seule pensée pouvait repousser la vision au loin. La siamoise se força à avancer, se coulant vers la pouponnière, y jetant un regard, se rassurant en découvrant les chatons et leurs mères où nourrice, endormi, serein. Elle resta la longuement, assise à l'entrée, se demandant ce que ses parents avaient vraiment vécu à sa naissance, en découvrant que Petit Grizzly ne vivrait pas, jamais. Elle pouvait comprendre le froid entre eux depuis lors, un froid qui ne se réchaufferait jamais. Elle soupira finalement, remarquant les premiers rayons de l'aube. Clarté légère à l'horizon dans un ensemble de tâches noires. Les arbres lui cachaient la beauté du spectacle, mais elle aimait ce lieu, ce camp. Son camp. Glacée par la rosée fine, l'apprentie se secoua avant de revenir vers son antre. Nuit Hivernale était assise à l'entrée, visiblement, la chatte l'attendait. Et sans un mot, Nuage du Firmament sut. Sa gorge se serra alors qu'elle pressa le pas, comprenant sans vouloir l'admettre. Cœur de Serpent ne l'avait pas attendu, ne lui avait pas adresser un dernier mot, un dernier regard. Elle avait succomber. La vision était devenue réalité.
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Nuit Hivernale
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MessageSujet: Re: "Tu ne peux pas empêcher que tout change, pas plus qu'on ne peut empêcher les soleils de se coucher." - end   "Tu ne peux pas empêcher que tout change, pas plus qu'on ne peut empêcher les soleils de se coucher." - end Empty01.08.18 21:34

Tu ne peux pas empêcher que tout change, pas plus qu'on ne peut empêcher les soleils de se coucher
feat. Nuage du Firmament et LIBRE

Cette nuit-là fut une nuit parsemée de malheurs. Nuit Hivernale n'avait cessé d'apercevoir des félins hurlant à l'agonie, brisant l'harmonie de la forêt. Du sang... des victimes, beaucoup... la mort, la solitude, la détresse, la peur... et la colère. Ses rêves ne cessaient de la torturer, jouant avec ses faiblesses et provoquant la panique en son âme. Une bien longue et difficile nuit pour un si petit être. Si petit et pourtant meurtrit par la vie. « Qu'ai-je donc fait pour mériter cela ? » devrait-elle hurler au coupable. Il devait y avoir une raison à toute cette souffrance ! Pourquoi elle ? Pourquoi la harceler ainsi ? Elle voulait simplement... respirer. Vivre et profiter de l'instant présent aux côtés des siens. Partager, rire aux éclats !... Jamais elle n'avait ressenti autre sentiment que la peur et la solitude. Elle avait vécu dans le doute et s'était détruite, petit à petit... laissant la Mort faire de son esprit un jeu drôlement amusant. Quand se lasserait-elle ? Quand se décidera-t-elle à oublier ce jouet ? À présent, il ne restait de lui... enfin. D'elle, qu'un déchet bon à recycler.

Quand ses yeux, lourds et éteints s'ouvrirent enfin, elle resta immobile pendant quelques minutes. Les oreilles pendantes et le gueule entrouverte, elle fixait le mur. Sa tête se balançait légèrement, trahissant sa fatigue... Elle était à l'écoute du silence. À l'écoute de son cœur... et plongée dans ce calme, les minutes passèrent, tranquillement. Puis, elle revint à elle, se rappelant qu'elle devait regarnir les réserves. Mais, quand elle tenta enfin de se lever, ses pattes et sa queue lui semblèrent soudainement d'une lourdeur inhabituelle. Elle tituba, les pattes tremblantes. De peur, de fatigue... ? Elle-même ne le savait guère. La lumière n'illuminait pas encore la combe. Mais elle pouvait voir Cœur de Serpent, allongée sur son nid de fortune. À moitié morte.

— Nuit Hivernale... ?

La voix de la femelle réveilla les sens de la guérisseuse qui s'accroupit près d'elle, comme pour répondre à son appel. La pénombre l'empêchait d'apercevoir correctement le corps blessé de la guerrière. Mais apparemment, elle semblait avoir quelque chose à dire malgré son état.

— Dis-moi... j'aimerai que tu parles à ma fille. Que tu lui-

Elle s'arrêta pour reprendre sa respiration et plongea ses yeux fatigués dans ceux de la birmane.

— Dis-lui que j'ai toujours été... fière d'elle... fais en sorte qu'elle sache que je l'aime...

Nuit Hivernale acquiesça avec mollesse. Mais cela suffit à faire sourire la siamoise qui la remercia d'une voix muette avant de laisser sa tête tomber au sol. La guérisseuse ne bougeait plus, à nouveau. Elle fixait Cœur de Serpent. Assurément, cette dernière venait de s'envoler pour les cieux. Le silence persista alors. Qu'attendait-elle ? Son esprit était vidé de toute émotion. Son comportement digne d'un fantôme ! Mais elle se leva, avec peine, à nouveau. Et se dirigea lentement vers le peu de soleil qui éclairait son chemin. Puis, elle s'assit, calme, silencieuse. Elle attendait son apprentie.

Quand Nuage du Firmament arriva enfin, Nuit Hivernale ne réagit pas tout de suite. Elle mena l'apprentie à l'intérieur et s'assit, éloignée de la défunte. Laisser un moment aux enfants pour réaliser. Moment qu'on ne lui avait jamais offert, à elle. Sa famille avait simplement été massacrée. Comment aurait-elle pu veiller sa mère et sa sœur. Comment aurait-elle pu veiller des corps sans formes ? La veille, elle avait dû abandonner son père également. Museau Givré se nommait-il. Mort au combat. Son pelage autrefois d'un blanc immaculé avait été ramené à sa fille recouvert par la mort, d'un rouge vif. Il avait baigné dans une mare de sang, déchiré et balafré par les Lunar Pods. Considéré comme un traitre pour avoir combattu auprès des autres Clans, ces derniers n'avaient pas hésité à l'éliminer. Et voyant cela, la guérisseuse avait refusé de le veiller, laissant les guerriers l'enterrer loin du camp. Loin d'elle. Loin de ses souvenirs.

— Nuage du Firmament. Cœur de Serpent était fière de toi. Elle t'aimait comme une fille. Et s'en est allée paisiblement... Nos parents veillent sur nous. Même dans la mort.

Du moins. Pour la plupart d'entre nous... songea-t-elle en baissant la tête. Quelle vie affreuse. Une vie sans couleurs. Une vie sans intérêts. Une vie qui ne vaut pas la peine d'être vécue... Que fais-je ici déjà ?

Codage par Libella sur Graphiorum

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MessageSujet: Re: "Tu ne peux pas empêcher que tout change, pas plus qu'on ne peut empêcher les soleils de se coucher." - end   "Tu ne peux pas empêcher que tout change, pas plus qu'on ne peut empêcher les soleils de se coucher." - end Empty01.08.18 23:25

"Tu ne peux pas empêcher que tout change,
pas plus qu'on ne peut empêcher les soleils de se coucher."

Pas besoin de mot, un seul regard, la façon dont la birmane se tenait, là, immobile à l'entrée de leur antre, son silence, sa distance, ce rêve, cette maudite vision. Nuage du Firmament avait compris à l'instant même où elle avait vu sa mentor, vu son visage fatiguée, lu le silence de ses yeux bleus. Chaque pas se faisait plus pressant, plus rapide, plus douloureux. Son corps s'était tendu comme la corde d'un arc, trop, prête à céder. Sa respiration s'était coupé sur les derniers pas qui la séparer de l'entrée, son regard était passer successivement de sa mentor à l'abris, de la tanière à la chatte, pour revenir sur la tanière, les yeux sec, brûlant d'une façon insupportable. Sa gorge se dénoua, juste assez pour laisser filtrer un filet d'air, pour permettre un murmure, un déni de la vérité qu'elle découvrirait. Un faible "non" à peine audible. Mais déjà, la Birmane entrait, l'invitant à la suivre sans pourtant le faire. Et la siamoise fit un pas, une torture tant son corps lui semblait lourd, chaud, froid, tremblant et tendu à la fois. La barrière de plante caressa sa fourrure mais elle avait la sensation que son corps pénétrait une grotte de glace, plongeait dans une eau mortelle, serrait son cœur dans un étau. Son regard se fixa immédiatement dans la pénombre, l où elle le savait, un corps refroidissait, immobile, raide. Mort. Mort. Mort. Raide, elle le fixa, longuement, repoussant sa vision, repoussant ce qu'elle avait sous les yeux. Sa gorge semblait comme prise dans un collet et sa propre respiration devint faible. Les larmes jaillirent, torrent brûlant, incontrôlable. Elle vacilla, trébucha.

Puis d'un coup, son museau fut dans la fourrure jadis chaude, jadis réconfortante, jadis inquiétante parfois. Mais là, toujours présente. Et si la fourrure était toujours là, la chaleur partait, s’envoler. La siamoise hurla de douleur, un "Non" tonitruant, incapable de contenir le flot de douleur que ce décès supplémentaire lui apporter. Le décès de sa propre mère, la seule a avoir été présente dès le début, malgré les médisances, malgré les difficultés. La seule qui, même déçue, l'avait toujours accueillit contre elle. Bourru, Cœur de Serpent l'était, malade aussi. Esprit blesser par un choc physique intense. Une rencontre cruelle. Mais le monstre n'avait pas eu raison d'elle. Elle avait survécu à un monstre et la jeune siamoise refusait de croire qu'elle avait failli, faiblis, face à une simple plaie. Les griffes de la filles se plantèrent dans la patte immobile de la mère, comme pour la retenir, geste dérisoire, illusoire. Mais elle ne pouvait accepter de la voir partir. Pas alors même qu'elle s'était promis de montrer à la chatte fanatique à quel point sa voie était meilleure que celle qu'on avait voulu lui imposer. Le souffle lui manqua, sa gorge redevenait sèche, douloureuse et à aucun moment, Nuage du firmament ne se rendis compte d'avoir marteler ce "non" à voix haute, encore et encore. Elle ne pouvait accepter que sa génitrice s'en aille ainsi, pas alors qu'elle se sentait en froid avec, pas alors qu'elle n'avait pu lui dire adieux de vive voix. Et bientôt, son museau fut aussi trempée que la fourrure sale en dessous, dessinant des sillons clair sur le pelage immobile. Un pelage qui ne remuerait plus jamais sous le souffle d'une brise d'air.

La voix de Nuit Hivernale lui semblait venir de loin, comme si des années lumières les séparer. Mais l'apprentie ne réagit guère et si elle entendit les mots, les comprit, son esprits les rejeta, comme il rejeter en bloc tout ce qu'elle avait sous le nez. Restant planter là, la tête se frottant contre celle de sa mère, ignorant le sourire serein de la vétérane décédée. Ignorant la douceur que recelait ses dernières paroles, offerte à Nuit Hivernale. Des mots que sa mère n'avait pas eu temps de lui dire tant elle était faible tant, ses derniers jours, elle était abrutie par le coquelicot, par la douleur, par ... La démence. Mais pour Nuage du firmament, s'était tout un univers qui s'écrouler, un pan de son monde à elle qui disparaissait, abattu sans qu'elle ne puisse protester. Secouée de sanglot, son corps demander du répit mais son cœur meurtris le refuser, refusant simplement de lâcher la siamoise au corps de glace. Tout n'était peut-être qu'un mauvais rêve après tout ? Mais non, elle savait. Longtemps, elle resta là, silencieuse, ses sanglots cessant, son museau restant coller à la fourrure poisseuse de larme et de poussière. Puis, sans un mot, elle se leva, se dirigeant vers les plantes qui n'avaient nul autre but que de masquer le parfum funeste de la fin. Elle n'accorda aucun regard à sa mentor, laissant le silence emplir l'air rendu lourd de douleur.

C'est dans ce même silence complet qu'elle se mit à l'ouvrage, avec tout l'amour dont elle était capable, ses pattes tremblantes caressant le corps maigre, la vie disparue, évaporer. Le parfum des plantes domina celui du trépas bientôt plus lourd encore. Mais la jeune siamoise était incapable de parler, elle fixa encore un moment sa mère, appréciant que la Birmane l'est laisser faire, sans mot dire. Nuit Hivernale n'avait pas déranger ce rite, la laissant l'accomplir seule, comprenant peut-être son besoin de le faire, ce dernier adieux. Lentement, les yeux bleus, rougis de larmes, se rivèrent sur la guérisseuse. Il était temps que le camp entier l’apprenne même si personne ne partagerait cette douleur. ce poids, ce plomb qui s'était enfoncer jusqu'à son âme, la fissurant. L'espoir était parti, volé, dilapider. Firmament se retrouver démuni, incapable d'ouvrir la gueule de nouveau, de prononcer le moindre son. D'ailleurs, sans doute ses cris de désespoirs avaient ils alerté le clan entier au final. Mais elle s'en moquait pour la seule raison qu'elle n'en avait pas eu conscience. Elle sorti derrière la chatte, ignorant qui était venu aider à révélé la guerrière défunte en la déposant au centre même de la clairière. Elle s'en moquait. Elle voulait rester là, qu'une journée entier défile sans elle. Une éternité même. Elle voulait attendre, veiller.

Sans demander à personne, elle vint s'allonger parallèlement à sa génitrice, déposant sa tête sur l'échine de cette dernière, fermant les yeux, devenant aveugle et presque sourdre à ce qui l'entourait, laissant un océan, une abîme de douleur l'emporter. Elle se relèverait, mais pas maintenant. Elle avait besoin de temps pour se redresser. Besoin de prendre conscience que peut-être, lors de son prochain rêve à la pierre de lune, elle pourrait retrouver sa mère, heureuse, plus vive que jamais. Mais pour l'heure, elle voulait juste sentir le corps jadis musclé sous son museau, s'embrumer l'esprit du fort parfum des plantes odorantes qu'elle avait utiliser. On finirait par lui dire de laisser les anciens emmener le corps, on finirait par la forcer à avaler peut-être du coquelicot pour l'abrutir à son tour, l'endormir. Pour permettre enfin qu'elle abandonne la morte à son tombeau. Mais en cet instant, quiconque ce serait avisé de l'e éloigner si tôt se serait sans doute fait arracher les moustaches. Car a chaque félin approchant, la siamoise ouvrait un œil, guettant le camarade venu, le refermant ensuite. On aurait presque pu la croire morte elle aussi d’ailleurs tant ses flancs se soulevait lentement. Mais ses pleurs l'avaient épuisés et à présent, elle attendait. Elle ne pouvait rien faire d'autre qu'attende qu'on l'oblige à laisser Cœur de Serpent partir. Elle n'avait pas la force de faire autre chose qu'attendre.

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MessageSujet: Re: "Tu ne peux pas empêcher que tout change, pas plus qu'on ne peut empêcher les soleils de se coucher." - end   "Tu ne peux pas empêcher que tout change, pas plus qu'on ne peut empêcher les soleils de se coucher." - end Empty13.08.18 3:26

Tu ne peux pas empêcher que tout change, pas plus qu'on ne peut empêcher les soleils de se coucher.

NUAGE DU FIRMAMENT, NUIT HIVERNALE
LUNE 36

Une chatte traînait au centre du campement. Elle était couchée là, un peu comme tous les autres chats couchés sur les rochers ou les branches d'arbre, sauf que, cette fois, elle était en plein milieu, et tout semblait tourner autour d'elle. Depuis un petit moment, on lui avait interdit de sortir de la tanière, et apparemment, ça avait un rapport avec la voix déchirante qu'on entendait au loin. Chêne Argenté disait que "ce n'était pas encore le moment" chaque fois qu'elle tentait de sortir, et qu'il fallait être "très calme" parce que c'était "très sérieux". Ce devait bien l'être, pour l'empêcher d'aller jouer dehors, alors que ses pattes la démangeait. Pourtant, d'autres chatons avait eu droit d'y aller, eux, mais sa non-maman disait qu'ils "savaient mieux se tenir qu'elle", peu importe ce que cela voulait dire. Finalement, au bout de ce qui lui paraissait être une éternité, la nourrice leur donna enfin l'autorisation de franchir le seuil de la pouponnière. Bien vite, Boule de Braise compris que la féline couchée était le centre d'attention de tout le monde, et probablement la raison pourquoi ils n'avaient pas pu sortir, mais elle ne comprenait pas trop pourquoi. Personne d'autre n'ameutait pareille foule en s'endormant.

À force de se rapprocher, en faisant un gros effort pour ne pas courir (vers le corps ou ailleurs, qu'importe, seulement, courir), Boule de Braise finit par se rendre compte que partout autour d'elle, les chats avaient la mine tirée, fatiguée, le regard fuyant. Elle ne comprenait pas encore beaucoup les émotions d'autrui, mais ça ne semblait pas vraiment être la joie. À y regarder de plus près, elle s'aperçut qu'il n'y avait pas qu'un seul corps, mais bien deux, qui étaient étendus là: mais elle avait eu raison de les confondre, leur couleur étaient exactement les mêmes. Ce n'est qu'en voyant l'une remuer faiblement qu'elle se rendit compte de leur différence, et que leur position était drôlement faîtes, surtout pour celle qui ne bougeait pas. Lorsque Boule de Braise demanda à sa non-maman ce qu'elle faisait là, Chêne Argenté lui répondit que "elle était morte", et quand elle demanda ce qu'était la mort, elle lui répondit que c'était "ne jamais plus se réveiller", ce qui lui semblait plutôt triste, puisqu'il y avait moins d'aventures dans les rêves que dans la vraie vie. C'était peut-être pour cela que tout le monde avait l'air pas très content.

Tour à tour, des félins s'approchèrent pour poser leur museau sur elle, quoiqu'il ne lui semblait pas en avoir beaucoup qui s'y risquait, en contraste avec le large attroupement formé. Voulant elle aussi prendre part à cette drôle de cérémonie, ne serait-ce que pour coller son museau dans une nouvelle encolure, Boule de Braise leva son regard tout plein d'espoir vers la reine. Et ne reçut qu'une mine fermée en retour, signe de refus. Soupirant son exaspération, la petiote posa son séant au sol et s'amusa à balayer la poussière de la queue, soulevant des nuages de plus en plus gros, jusqu'à temps que Chêne Argenté la lui écrase et finisse son jeu par le même fait. La bengale jetta ensuite son regard vers Patte Ardente, trouvant que ce serait l'occasion idéale pour démarrer un jeu, mais là encore, la femelle grise mit fin à son plaisir avant même qu'il n'ait commencé. Mourir n'était donc vraiment pas drôle, surtout pour ceux qui restaient derrière à ne pas dormir pour toujours, mais sans pouvoir jouer non plus.

hrp:

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MessageSujet: Re: "Tu ne peux pas empêcher que tout change, pas plus qu'on ne peut empêcher les soleils de se coucher." - end   "Tu ne peux pas empêcher que tout change, pas plus qu'on ne peut empêcher les soleils de se coucher." - end Empty02.09.18 14:07

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    Quelque chose n'allait pas. Parfois, je comprenais que Chêne Argenté nous retienne dans la pouponnière car on avait trop embêté les grands ou on avait des bêtises, mais là, promis on avait été super gentil ! Cependant, notre non - maman n'avait pas l'air fâchée comme d'habitude, juste très sérieuse et une pointe de tristesse habitait son regard à chaque cri pleurant qu'on entendait. Ou bien était - ce de l'agacement ? En attendant quoi que ce soit, je me collai contre la fourrure grise de notre nourrice pour patienter et un peu oublier cette ambiance pesante qui régnait dehors. En même temps ça me démangeait de savoir ce qu'il s'y passait, et je n'avais aussi pas trop trop envie de confronter cet événement qui semblait tragique. Des chuchotements qui parvinrent jusqu'à la pouponnière semblaient parler de "mort" et depuis ma naissance, je fuyais cette mort comme la peste. Allais - je enfin la voir ? Je savais qu'être mort, ce n'était ne plus être en vie, mais à quoi ressemblait quelqu'un sans vie ?

    Nous pûmes enfin sortir et l'attroupement me choqua. La mort était quelque chose d'important en tout cas. Ou alors la perte de la vie ? Rassemblés autour de Chêne Argenté qui tenait surtout Boule de Braise à l'oeil, nous nous rapprochâmes du corps et.. je cru étouffer. Ces pelages siamois, Vipère Audacieuse ? Celle qui pleurait était Nuage de Firmament, et d'un élan de compassion, je voulu me coller à elle pour qu'elle cesse de pleurer, pleurs qui s'étaient éteints comme si elle était trop fatiguée pour continuer... or cette fatigue et par dessus tout, la patte de la reine grise qui me bloqua le chemin me dissuada tout geste. J'observai le corps mort en tentant de voir désespérément si c'était la belle guerrière couturée de cicatrices. Elle disait qu'elle gagnait tous les combats pourtant ! Mais après observation, cette féline semblait bien plus vieille que Vipère Audacieuse, et surtout avait une telle plaie sur sa patte.. Oui, les cicatrices n'étaient pas les mêmes. Le visage de mon héroïne en portait, et cette chatte n'en avait pas là. Je soupirai de soulagement, mais très très très bas car Nuage de Firmament semblait si morte elle aussi que la guerrière gisant là devait être une personne très important pour elle. Mon regard interrogateur se leva vers Chêne Argenté qui peinait déjà à maintenir Boule de Braise en place, et elle me glissa que c'était Coeur de Serpent, la mère de l'apprentie - guérisseuse. Je penchai ma tête sur le côté. Elles devaient s'aimer. Je pense que si j'avais assisté à la mort de notre vraie maman, je n'aurais pas pleuré comme ça. Pourquoi ne pas se réjouir de l'arrêt d'une personne qui voulait simplement votre mort ? Pour ensuite de même pas pleurer sur mon corps comme les chats le faisait à ce moment ? Non, je n'aurais pas pleuré. Et pour Papa, pleurerais - je ? Je fronçai les yeux. Lui aussi ne semblait pas tenir plus que ça à nous. Il ne nous aurait même pas sauvé alors pourquoi s'apitoyer que nous avions perdu la vie ? Dans mes proches, j'en étais sûr, je ne compterais que des gens qui en auront quelque chose à faire de moi, et je le leur rendrais bien. Donnant donnant, c'était tout gagné. Mais bon, j'espérais devoir pleuré personne de si tôt, surtout pas un membre de ma fratrie. Même si cette idée ne semblait pas déranger notre père..

    Je soufflai du nez pour me sortir ces pensées de ma tête, et me concentrai finalement sur le moment présent, où la chose la plus utile que je pouvais faire était de me coller contre ma soeur, patte posée sur la sienne, pour l'occuper et pour me rassurer de sa présence.

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