Le deuxième frère que je n’ai jamais eu ► Etoile Maudite - end

Esprit Lent retint un petit grondement de surprise en voyant Etoile Maudite se lever. Il ressemblait à un macchabée qui se désarticulait, la démarche lourde, lente, comme s’il portait tous les malheurs du monde sur son dos. Elle se rappelait de son triste état au lendemain de la bataille, elle l’avait observé de loin, mais il n’expliquait pas son air las.

« Ce n’est qu’une mauvaise passe, ça arrive… Tout s’arrangera, et je retrouverais ma lumière. Il y a juste des questions que je me pose, et les étoiles peuvent me répondre. »

Ce n’était pas le genre de réponse qu’elle attendait. Elle aurait préféré qu’il s’agace de son ton colérique, qu’ils parlent de ce qu’il avait sur le cœur. Mais le meneur ne semblait pas prêt à faire des confessions … Que pouvait-elle faire ? Cette situation la mettait en colère et elle regardait furieusement ses pattes grises piétiner le sol.

« La lumière, elle est déjà là. C’est toi qui la vois pas » marmonna-t-elle.

Elle pensait à Papillon de Lune, à Petit Mimosa, à Petit Aulne, Petite Violette et à Patte de Lys, à toute sa famille qui risquait d'être oubliée s'il perdait le soleil de ses yeux. Elle soupira, décidant de ne plus faire l'enfant difficile elle ajouta :

« Mais en tout cas … Je suis sûre qu'Hermine et Naange sont contents là-haut. Et être fâchée contre toi ne m'aidera pas à les faire revenir alors … voilà. J'espère que tu auras les réponses que tu attends, parce qu'on n'a pas toujours celles qu'on veut. Et les choses finissent toujours par aller mieux, j'en sais quelque chose ! »

La guerrière finit par sourire, gagnée par son optimiste habituel. Elle se dirigea lentement vers l'entrée de la tanière, à petits pas, puis se ravisa et vint enfouir son nez dans la fourrure d’Étoile Maudite, quelques instants. Elle n'avait pas pu s'empêcher, elle était tellement contente de sentir qu'elle retrouvait un ami !

« Je te laisse tranquille. Merci de m'avoir écoutée. Ah oui et moi aussi, je peux t'écouter si tu veux parler. Tu n'as qu'à envoyer Danse me chercher, je serai là ! »

Elle s'en alla alors sur un dernier hochement de tête en guise d'au revoir, soulagée de la conversation qu'elle venait d'avoir, mais aussi un peu inquiète par l'état d’Étoile Maudite. Quand reverrait-il le soleil ?

HRP :

Elle marmonna quelque chose que je n’entendis pas. Je glissais en douceur vers ma torpeur habituelle. Je repartais loin. Esprit Lent était là, comme une lumière. Chacune de ses phrases me ramenait vers la réalité.

« Mais en tout cas … Je suis sûre qu'Hermine et Naange sont contents là-haut. Et être fâchée contre toi ne m'aidera pas à les faire revenir alors … voilà. J'espère que tu auras les réponses que tu attends, parce qu'on n'a pas toujours celles qu'on veut. Et les choses finissent toujours par aller mieux, j'en sais quelque chose ! »

Hermine, Naage, deux anges qui n’aurait jamais dû partir. Ils étaient si jeunes. Tout était si flou concernant ces deux petits. Mais je restais un monstre, je restais le même. J’étais devenu, le temps de cette exécution ce que je ne voulais jamais être.

Alors que la guerrière se dirigeait vers la sortie, elle revenait rapidement vers moi enfouissant son museau dans mon pelage. Mon reflexe fut de l’attraper avec mes pattes, en douceur, juste le temps de lui montrer qu’elle était dans mon cœur, qu’elle était là, et qu’elle le serait toujours. Elle devait comprendre par ce geste que je l’aimais. C’est la sœur que je n’ai jamais eu. Je tenais à elle, même si ma tête me disait de revenir dans la brume, loin de mon petit soleil. Je luttais contre elle pour qu’elle me laisse, au moins un instant, montrer mon affection à la guerrière.

« Je te laisse tranquille. Merci de m'avoir écoutée. Ah oui et moi aussi, je peux t'écouter si tu veux parler. Tu n'as qu'à envoyer Danse me chercher, je serai là ! »

Et elle partait. Je voyais ce rayon de soleil quitter ma brume pesante. Petit à petit, la chaleur solaire de la guerrière quittait mon antre, ma tête, laissant le brouillard sombre, humide, lugubre. La douce guerrière.

« Si c’était si facile. »

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