Placidité (avec Nuage du Vent) - end

- Pense à ce que tu fais, oublie ce qu'on a dit. Y'a quelque chose d'évident que tu ne vois pas parce que tu es déconcentré.

Bien évidemment, oublier ce qu'il avait dit était plus facile à dire qu'à faire. Pouvait-on annuler l'odeur de la bile de souris alors qu'on l'avait sous le museau ? Un os de souris pris dans la gorge se délaissait-il d'un hochement d'épaule innocent ? Bien sûr que non. C'était donc le cas pour les pensées piquantes plantant leurs épines dans les parois de ses songes, l'empêchant de faire autre chose que de stresser à propos d'absolument tout. Il allait devoir absoudre ses pêchés au plus tôt, car ceux-ci tenaient absolument à garder leurs places dans son corps qui, malgré tout, n'avait pas été avertit pour les recevoir.

- Les odeurs que tu sens, elles viennent d'où, à ton avis ?

Concentre-toi ! Même si, habituellement, Crocs Nacrés posait les questions, il ne parut presque pas s'en apercevoir tant il était obsédé par son débat intérieur. Il pouvait bien lui en poser des questions, lui, mais il se donnait le droit de répondre aux siennes par un silence aussi glacial qu'une tempête… Super. Malgré ses propres pensées qui le dérangeaient plus qu'autre chose — allez, vent ! Il répondit à la demande, fronçant son visage.

- Elles.. Viennent, portées par le vent ?

Logiquement.. Se concentrant, il huma les parages, récoltant quelques odeurs apportées par l'air dans son museau. Cette prochaine proie qui attendait, perdue dans la lande, n'avait probablement pas cette notion-là, et c'était sûrement là que l'odorat venait en oeuvre, non ? Comme une piste qu'il devait remonter.. Décidément, il lui restait des choses à apprendre.

Spoiler:

- Pour te placer bien de toi-même, il faut que tu apprennes à te positionner en fonction du sens du vent. Si je suis derrière toi du point de vue du vent, tu auras du mal à me sentir même si je suis tout près. Quand tu chasses, tu dois toujours être face au vent, et t'arranger pour avoir devant toi la zone que tu surveilles.

Nuage du Vent observa son mentor se placer un peu plus haut, mouvant son corps dans la position du chasseur. Donc, il fallait se placer face au vent, observer la zone surveillé, capter l'odeur de la proie que nous voulions abattre et l'exécuter. Pas si compliqué, non ? Il allait devoir se le mettre dans la tête lors de ses chasses, mais comptait bien apprendre toutes les ficelles pour les utiliser plus tard. Un bon guerrier n'était pas seulement un combattant aguerri qui gagnait toutes ses batailles, mais aussi un chasseur hors-pair qui pouvait ramener plusieurs proies lors des saisons difficiles.

- D'ici c'est beaucoup mieux, pour sentir.

Remuant le bout de sa queue, il remarqua comment son mentor parlait pour ne pas amener le bruit vers les animaux, retenant de même cette information. La patience, le silence, le vent, la position.

- Un merle, là.

Se faisant silencieux, il se plaça derrière Crocs Nacrés et l'observa faire, relevant comment il se déplaçait, comment il bougeait et s'avançait tel un aigle piquant vers une proie. Malheureusement, l'oiseau eu le temps de s'échapper et piailla en s'envolant plus loin, narguant les deux chats au sol qui regardaient cette ombre partir dans le ciel azur. Le félin doré hocha positivement la tête et rejoignit son mentor en un bon, miaulant ;

- J'ai compris, je crois. Il faut aller dans un endroit plus calme car on vient de faire du bruit ici, et le vent, en plus de porter les odeurs, porte aussi le bruit. Ensuite, je me place face au vent et essaye de repérer une odeur qui vient d'une proie, et, silencieusement, j'essaye de l'achever.. Tout en faisant attention aux bourrasques. Je vais essayer !

Il enfonça la conversation qu'ils avaient eu au fond de son esprit pour se concentrer sur ce qu'il faisait, puis se déplaça (tout en restant face au vent) quelques mètres plus loin. Toujours dans la position du chasseur et à pas feutré, il inspira doucement les odeurs qui s'offraient à lui, espérant en avoir une qui lui donnerait l'occasion de ramener une proie au clan. Il crut attendre une éternité avant qu'âme qui vive ne se manifeste, mais reçu fugacement une effluve d'un rongeur qu'il avait déjà senti sur un des encas du tas de proies. Un lapin ! Il n'en avait jamais attrapé un, et l'excitation s'emparant de lui à l'idée d'en attraper un le prit tout d'un coup. Le matou s'approcha de l'animal, mais, trop concentré sur les apprentissages du vent, oublia complètement les alentours et fit bruisser le buisson devant lui, tout bas, mais assez pour que le lapin détale sans demander son reste. Déçu, l'apprenti releva sa tête et s'ébroua, revenant sans trophée près de son mentor.

- J'ai oublié de regarder les alentours, avoua-t-il simplement en lançant un regard déçu derrière lui. Mais, parce qu'il fallait bien passé à autre chose, il demanda : Il y a autre chose à apprendre sur le vent ? Et les journées où il n'y en a pas, on peut donc se mettre de tout les côtés sans que ça ne change grand chose ?

- Il y a toujours du vent.

L'apprenti s'étira un peu suite à cette déclaration, se rappelant des chaudes journées où il avait l'impression que le vent l'avait quitté pour s'envoler quelque part bien loin. Lors de ces parties de chasses, il allait devoir bien se prêter aux apprentissages de Crocs Nacrés pour ne pas passer comme le dernier des avariés… C'était, du moins, une des choses positives qui allait ressortir de leur rencontre. Car, quand on y pensait bien ;

Étaient-ils vraiment obligé de s'entendre, dans le fond ?

- Quand tu te bats tu dois à tout prix éviter de l'avoir de face, pour deux raisons. Le soleil aussi, d'ailleurs.

Regardant son mentor pivoter, le félin doré comprit son geste et suivit le mouvement, se retrouvant devant lui, et, du même temps, avec le vent dans le visage. Avant de répondre (parce qu'il se doutait qu'il fallait donner une réponse), il s'imagina dans un vrai combat, se demandant s'il allait être capable d'attaquer de sang-froid l'autre clan. Sur le coup, probablement, mais quels seraient ses remords après avoir observé le sang encore frais sous ses griffes ? Il n'avait pas de réponse à cette question. La seule vraie révélation allait se passer sur le champ de bataille, alors que l'adrénaline allait lui pulser dans les oreilles et son cœur se mouvoir au rythme des autres.

Néanmoins, avant de se jeter face première dans les crocs et griffes, il avait besoin de savoir comment se battre. La réponse du soleil semblait être clair à ses yeux : si on se battait face à l'astre, celui-ci allait sûrement aveugler ceux qui le regardait. Logique. De plus, le clan du vent était le seul à vivre sur la lande, et donc sûrement celui le plus apte à se positionner pendant les combats où la boule lumineuse brillait de milles feux.

- Il faut être de dos au soleil pour aveugler l'ennemi devant. Il remua ses moustaches alors qu'il pensait à l'élément du vent. Pour le vent… Quand on a pas encore attaqué, j'imagine que c'est comme la chasse. Il ne faut pas qu'il nous sente, parce qu'on perdrait l'élément de surprise.

Mais si c'était eux qui les attaquaient et que l'ébahissement n'était plus au rendez-vous ? Devait-on se mettre face au vent, ou derrière ? Il fronça ses sourcils et baissa sa tête au sol, remuant ses serres dans la terre devant lui. Soudain, alors qu'une bourrasque s'élevait fugacement, il eut cette bonne réponse en observant la poussière à ses pattes disparaitre dans un fort tourbillon. La solution était dans chaque patrouille qu'il prenait, face au vent, se battant contre les fortes agitations du ciel qui le frappait sans ménageant.

- Le vent.. Il est beaucoup plus facile de se battre dos à lui. Puis, si on est dans une terre où la poussière s'élève beaucoup.. Rajouta-t-il en observant avec admiration une autre mini tornade de saleté s'en aller, les ennemis vont la recevoir vers eux. C'est ça ?

Il pointa ses oreilles droit sur son crâne et esquissa un demi-sourire, soulagé de ne pas encore avoir eu une mauvaise réponse. Bon, rien ne disait encore que c'était celle que le matou gris attendait, mais elle semblait logique à ses yeux.

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- Alors que quand t'as le vent dans le dos, tu as plus d'options pour te défendre. On est bien là, tu trouves pas ?

L'apprenti lui lança un demi regard amusé, l'observant bailler au sol en profitant du soleil. Ce n'était pas censé être.. Un entraînement ? Bon. Haussant ses épaules, il s'étendit lui de même dans l'herbe, se grattant légèrement le dos dans les grasses herbes autour de lui. Une petite pause ne ferait de mal à personne, et c'était une belle journée qui s'étendait dans la lande… Prendre le temps de regarder autour de lui, d'oublier ses tracas de la vie, de visualiser sa sœur et lui, étendus dans les hautes plaines après une partie de chasse ardue. Sa prochaine vie de guerrier, quoi !

- Effectivement..

Il acquiesça en se remettant à plat ventre, posant sa tête sur ses pattes en profitant des rayons sur son crâne. La chicane presque oublié derrière lui, il écarta sa gueule pour laisser passer un bâillement, ceux de son mentor étant plutôt contagieux. Il allait avoir tout son temps pour cogiter sur cette conversation, mais aimait mieux user celui-ci à vider son crâne en l'emplissant de choses positives.

- Je resterais bien ici... surveiller un peu le coin avant de reprendre la chasse...
- Ça me va..

Nuage du Vent s'étendit de tout son long dans la végétation, s'imaginant bien s'endormir dans le confort de ce lit improvisé. Son manque de sommeil le rattrapait encore plus vite que la course d'un lapin, et quelques secondes de somnolences ne lui feraient pas de mal, non ? Puis, les entraînements avec Crocs Nacrés étaient assez régulier, donc il s'attendait à en avoir un autre très très bientôt. Repos mérité !

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