chaleurs d'été || pv. petit ouragan - abandon

Le soleil était à peine à son zénith que la chaleur était devenue accablante lorsqu'on se trouvait à portée des rayons. Dans le camps, les félins de l'Ombre étaient affalés à la moindre parcelle d'ombre, recherchant un peu de fraîcheur par cette chaud journée. Chasser par ces températures était inutile et Queue de Serpent ne doutait pas qu'ils étaient eux aussi à l'abri dans la fraîcheur de leurs tanières. La gueule pleine de boules de mousse engorgée d'eau, le félin ivoire s'était proposé pour ravitailler les reines et les anciens ; il se dirigea par la suite vers la Pouponnière.
Il passa la tête dans l'entrée de la tanière et fut écrasée par la température qui y régnait à l'intérieur. Heureusement, il n'y avait que Chant du Lac à l'intérieur, les autres reines avaient préféré sortir chercher un peu d'air avec leurs chatons. Queue de Serpent déposa ses boules de mousse près d'elle et la reine le remercia d'un signe soulagé et elle se leva.

« Merci Queue de Serpent, je vais y aller moi même pour me dégourdir les pattes. Tu peux t'occuper de Petit Ouragan en attendant ? »

Hochant la tête, la reine réveilla le jeune chat qui dormait encore à poings fermés et quitta la Pouponnière, laissant le petit à la charge du chat blanc qui s'asseyait près de l'entrée. Il le salua avec un sourire.

« Bien dormi ? Je t'ai apporté de l'eau comme il fait très chaud. »

Face aux questions du jeune chat, Queue de Serpent ne put s’empêcher de tourner la tête afin de lui répondre du mieux possible. Il tendit la patte et tapota la tête de Petit Ouragan.

« Hum…c’est parce que…tu as une sacrée fourrure ! Le blanc hocha la tête. On n’est pas tous égaux à la naissance mais dit toi qu’en hiver tu seras certainement bien au chaud. »

Serpent regarda le chaton s’approcher de ses boules de mousse et commença à laper la première à sa portée ; le soulagement se lisait sur son visage et il commença même à s’y frotter pour calmer les bouffées de chaleur qui devait l’enserrer depuis le début de la canicule. Le blanc attrapa une deuxième boule de mousse, qui dégoulina à nouveau sur son poitrail, et tendit la tête au-dessus de lui ; celle-ci se mit à goutter comme la pluie sur le chaton noir. Il continua ensuite à parler, malgré la mousse qui lui entravait la gueule.

« Chelon moi, tu devrais pas te lamenter pour chi peu. Même chi je conchois que ch’est plutôt embêtant. »

Un faux mouvement lui fit lâcher son paquet pile sur la tête de Petit Ouragan dans un gros « splotch » humide. Le blanc se retint de rire, ne sachant pas si le chaton allait mal le prendre et à la place il afficha un petit sourire désolé tout en laissant onduler sa queue.

« Allons bon, tu n’es encore qu’un chaton et peut être pas encore en mesure de contrôler ta réaction face à cette chaleur. Ça ira mieux quand tu seras plus grand. En attendant…tu veux faire quelque chose ? Je peux aller voir dehors s’il fait meilleur à l’ombre ; on y sera moins confiné qu’à la Pouponnière. »

hrp:

Petit Ouragan ne comprenait pas pourquoi il souffrait autant de la chaleur que les autres. Était-ce une punition du Clan des Etoiles ? La température était-elle une excuse pour lui faire comprendre qu'il était bien trop faible pour prétendre à un titre aussi noble que celui de meilleur guerrier de tous les temps ? Le chaton noir poussa un léger soupir attristé, tandis qu'il plaquait ses oreilles contre son crâne afin de montrer son désespoir, sa contrariété naissante. Queue de Serpent n'avait pas l'air de s'en inquiéter. Ça ne devait pas être une maladie, alors ? Quoiqu'il en soit … aaah … que ça faisait du bien de se frotter contre quelque chose d'humide, froid. Le fils de Chant du Lac sursauta au contact des gouttes d'eau que lui versait Queue de Serpent à l'aide d'une deuxième boule de mousse. Puis le jeune mâle se détendit et apprécia la sensation, oubliant presque la chaleur exténuante de l'extérieur. Le guerrier au pelage blanc en profita pour répondre à ses questions.

« Hum … c’est parce que … tu as une sacrée fourrure ! On n’est pas tous égaux à la naissance mais dit toi qu’en hiver tu seras certainement bien au chaud. Chelon moi, tu devrais pas te lamenter pour chi peu. Même chi je conchois que ch’est plutôt embêtant. »

Le jeune félin se demanda pourquoi il parlait ainsi. Il releva la tête et vit Queue de Serpent, avec une boule de mousse dans la gueule. Ah. Il comprenait mieux. Puis le félin adulte fit tomber accidentellement sa boule de mousse sur son crâne et le petit poussa un petit cri surpris. Il regarda vivement Queue de Serpent, fronçant légèrement les sourcils, l'air vexé ; le guerrier lui répondit par un sourire désolé, avant d'achever :

« Allons bon, tu n’es encore qu’un chaton et peut être pas encore en mesure de contrôler ta réaction face à cette chaleur. Ça ira mieux quand tu seras plus grand. En attendant … tu veux faire quelque chose ? Je peux aller voir dehors s’il fait meilleur à l’ombre ; on y sera moins confiné qu’à la Pouponnière. »

S'il faisait meilleur à l'ombre ? Voui ! Petit Ouragan était d'accord pour qu'il aille chercher un coin d'ombre à l'extérieur de la pouponnière. Il n'avait pas envie de rester confiner à la pouponnière, tandis que les autres chatons profitaient généreusement de la journée comme si de rien n'était. Il avait des entraînements à respecter !

« Oooh ! Voui ! Merci Monsieur Serpent ! Vous pourriez aller regarder dehors s'il n'y a pas un coin d'ombre où je pourrais y jouer ? La pouponnière, c'est vraiment ennuyeux … et je dois m'entraîner aujourd'hui, alors ce serait dommage que je le fasse dans un espace aussi étroit ! » miaula-t-il, un sourire sur les babines.

Et puis, secrètement, il se réjouissait de cela ; s'il parvenait à dompter la saison du soleil brûlant, il pourrait dompter toutes les saisons ! Car c'est ce que Monsieur Serpent lui avait dit : en hiver il serait plus résistant à la température que les autres. Il pourrait se pavaner durant la saison des neiges !

La proposition de Queue de Serpent eut l’air d’avoir de l’effet car les yeux du chaton s’illuminèrent lorsqu’il eut fini sa phrase. Souriant, le blanc secoua la tête pour enlever quelques gouttes d’eau qui perlait sur ses moustaches. Il ne prit pas la peine de se lécher son poitrail trempé, la chaleur ferait bien vite son travail. Laissant le petit noir dans la pouponnière un instant, Queue de Serpent passa la tête par l’entrée et fut accueilli par une vague de chaleur, sans parler de la lumière éclatante qui contrastait fortement avec l’ambiance tamisée de la pouponnière. Il chercha du regard les zones d’ombres les plus proches mais la plupart étaient occupées par d’autres chats ou les reines avec leurs petits. Et puis tout au fond, près d’un large buisson de ronces, il vit une grande zone d’ombre inoccupée. C’était leur chance ! La mine tordue, le chat à la queue rayée réfléchissait à comment rejoindre le plus rapidement possible ce petit bout de terre à l’abri de la fournaise qu’était devenu le soleil. Par là ? Non. Et par ici ? Encore moins, il y avait des individus qu’il souhaitait à tout prix éviter. Au final, le blanc trouva vite comment faire puis il recula pour retourner dans la pouponnière où l’attendait Petit Ouragan.

« Ok j’ai un plan, c’est peut-être pas le meilleur mais j’ai de l’espoir. Approche. »

Il attendit que le jeune félin s’exécute pour lui parler de la suite de son plan. Peut-être un peu foireux, son plan.

« Euh donc… Tu vas te mettre entre mes pattes, sous moi, comme ça je te protègerais de la chaleur. Si tu arrives à voir, on doit aller jusqu’à là-bas, puis ici… »

En même temps qu’il désignait les places d’ombres sur lesquelles ils devaient aller, le félin ivoire montra de la patte celles qu’on pouvait voir depuis la pouponnière. Lorsqu’il eut fini de présenter son stratagème, il dévisagea le petit de ses grands yeux jaunes.

Le regard plein d'espoir, Petit Ouragan attendit une réponse de Queue de Serpent. Alors, alors ? Le guerrier blanc, devant l'entrée de la pouponnière, sortit la tête de celle-ci et balaya les alentours du regard. Petit Ouragan se posta près de ses pattes, malgré les vagues de chaleur qui l'incommodaient, trépignant d'impatience, d'espérance et de bonheur. Il voulait vraiment s'entraîner. Et grâce à Monsieur Serpent, il pourrait le faire ! Car Monsieur Serpent avait la réponse à tout. Finalement, le félin à la queue tigrée fit volte-face, désormais face au chaton noir, puis il déclara :

« Ok j’ai un plan, c’est peut-être pas le meilleur mais j’ai de l’espoir. Approche. »

S'exécutant, le petit soldat fit quelques pas vers Queue de Serpent et tendit la tête vers lui, comme s'il lui avait eu confié un secret.

« Euh donc … Tu vas te mettre entre mes pattes, sous moi, comme ça je te protègerais de la chaleur. Si tu arrives à voir, on doit aller jusqu’à là-bas, puis ici … »

Le petit chaton haussa un sourcil, puis jeta des coups d’œil en direction de la clairière, depuis sa position actuelle. Avec difficultés, il distingua les zones d'ombre que son aîné lui indiquait, pour que finalement son regard bleu s'attarde vers le fin-fond du camp. Il avait énormément de mal à voir, surtout sous cette fournaise, mais il eut envie de faire confiance au mâle au pelage d'ivoire et hocha lentement la tête, tel un enfant obéissant. Monsieur Serpent n'était pas certain de voir son plan réussir, pourtant Petit Ouragan avait envie de lui donner sa chance. La confiance était importante au sein d'un Clan. Et puis, c'était un futur guerrier, pas une reine au nom du Clan des Etoiles ! Il lui fallait bien s'endurcir un peu … notamment en période de saison de soleil brûlant. Personne ne voudrait d'un soldat fragile comme lui s'il n'était pas capable de supporter la fournaise pendant une durée déterminée !

« D'accord, Monsieur Serpent ! Je vous fais confiance. Vous me permettez ? »

Le petit mâle d'ébène se plaça entre les pattes de Queue de Serpent puis leva la tête vers la sienne.

« Je suis prêt. On peut y aller. Je vous suis. »

La queue battant doucement, il s'attendit à voir son aîné se mettre en marche. Il était enfin prêt à tester le plan de son camarade. Il était guerrier, d'ailleurs. Alors il ne voyait pas pourquoi son plan ne fonctionnerait pas.

« Ok… Donc… C’est parti !! »

Le blanc attendit que le Petit Ouragan prenne place sous son ventre pour commencer à se mettre en marche. Il décida d’y aller doucement la première fois, afin que lui et le chaton gris noir prennent leur rythme. Le soleil cognait fort sur les épaules de Queue de Serpent mais il n’allait pas se laisser accabler par les rayons du soleil dès qu’il mettait une patte dehors. Ils atteignirent la première ombre, puis la seconde et ainsi de suite. A chaque fois qu’ils atteignaient leurs objectifs, le guerriers ivoire félicitait le petit entre ses pattes avec un large sourire. Enfin, ils atteignirent la dernière ombre, assez grande pour qu’ils ne dérangent personnes et qu’ils puissent s’amuser un peu.

« Super, on a fini par y arriver ! »

Queue de Serpent leva les pattes au-dessus des épaules de Petit Ouragan et s’affala dans l’herbe ; malgré la chaleur, les brins d’herbes apportaient un peu de fraîcheur dans les poils du guerrier. Il invita le chaton à en faire de même. Il fit une pose pour lécher son pelage et remettre un peu d’ordre dans les touffes blanches de son poitrail.

« Ah c’est agréable… Tu veux faire quelque chose en particulier, dis-moi ? »

hrp:

Monsieur Serpent, quel héros ! Il pensait au bien-être de son petit protégé et n'avançait d'un pas que s'il était certain d'avoir l'approbation du petit être qui souffrait tout autant que lui de la chaleur. Petit Ouragan s'amusa de la démarche à suivre et se hissa tant bien que mal d'ombres en ombres, sous le ventre tout blanc et tout chaud du gentil guerrier. Le fils de Chant du Lac sentit des regards intrigués se poser sur eux. A l'ombre de certains arbres ou de buissons particulièrement épais et humides, des corps allongés les regardaient contrer la chaleur avec optimisme, créativité et innocence. Honnêtement, Petit Ouragan ne se préoccupait pas tellement du regard des gens. A vrai dire, il aimait bien son divertissement du jour – qui n'était alors pas de se jeter sur des brindilles ou de jouer à la bagarre avec d'autres chatons. Se sentant défaillir face à la concentration, le chaton au pelage sombre cligna des yeux et imita la gestuelle maladroite de Monsieur Serpent pour éviter que la chaleur ne les affaiblisse trop.

Enfin, ils parvinrent à la dernière ombre, le coin d'ombre qui leur était destiné. Petit Ouragan poussa un petit soupir de contentement ; oh, qu'il appréciait l'humidité plus que tout. C'était bien pour cela qu'il se plaisait à être Ombreux, après tout, on vantait ce territoire à cause de ses nombreux marécages et de sa pénombre constante. Un royaume de ténèbres et d'incertitudes pour le monde extérieur ; un jardin secret pour ses habitants. Petit Ouragan n'avait jamais mis la patte dehors mais ça ne voulait pas dire qu'il n'avait pas hâte de le faire. A vrai dire, il pensait au jour de son baptême d'apprenti quasiment tous les jours.
C'est alors que le corps de Monsieur Serpent s'affala dans l'herbe humide, après s'être félicité, lui et le petit, d'être parvenu à atteindre un coin agréable. Petit Ouragan imita naivement le grand guerrier et prit soin d'imprégner la fraîcheur dans la moindre partie de son corps. Après quoi, Monsieur Serpent se releva pour mettre de l'ordre dans sa pelisse écaille, et le fils de Chant du Lac en fit de même, naturellement. La seule chose qui le différencia de son aîné, c'est qu'il ne perdit pas son temps à nettoyer son pelage. Au contraire même. Il aimait bien son pelage tout humide et plein de brins d'herbes accrochées.

Profitant de l'humidité et de l'ombre comme personne ne l'aurait fait, Petit Ouragan osa un regard en direction de la pouponnière, puis ses yeux bleus s'intéressèrent aux visages proches de lui, jusque celles les plus éloignées de sa position. Il n'y avait pas à dire.

Il aimait son Clan natal.

« Ah c'est agréable... Tu veux faire quelque chose en particulier, dis-moi ? » l'interrompit le soldat au pelage immaculé.

Hmm... C'était une bonne question. Qu'avait-il envie de faire, désormais ?

« Et si vous me racontiez un peu votre vie, Monsieur Serpent ? » proposa mécaniquement le petit chaton, sans trop avoir réfléchi à sa question auparavant. C'est vrai, quoi. Il ne connaissait pas tellement son camarade, en profondeur. Et s'ils apprenaient à se connaître au-delà des limites solidaires fixées depuis la nuit des temps au sein des Clans ? « J'aimerais bien apprendre à vous connaître personnellement. Comme tous les autres membres du Clan, d'ailleurs. Mais aujourd'hui, c'est vous qui allait y passer ! »

Le fils de Chant du Lac lâcha un léger rire enfantin, avant de fixer longuement le guerrier, attendant qu'il se livre peu à peu à lui.