(flashback) Taciturne & double-jeu. -abandon

Les journées se passaient bien tranquillement, enfin ... Pour un lieutenant. Voilà quelques jours qu'il venait d'être nommé futur successeur de son frère et rien ne semblait perturber la paix qui habitait le camp. Fini les Lunar Pod, fini Etoile de Suie, fini la guerre. Autant dire que ça réjouissait le félin gris, surtout pour le confort de sa compagne. Mais malgré tout, les batailles lui manquaient, aujourd'hui, tout était plus ou moins répétitif, soit ennuyeux. Les journées se résumaient à dormir, se réveiller et reprendre ses fonctions.

Il souffla. Conscient que ses pensées contredisaient ce qu'il avait pu dire autrefois, et pourtant, il ne pouvait délaisser son esprit guerrier ... Celui qui l'avait toujours habité malgré les périodes de paix crescendo-decrescendo.

Enfin, son temps de repos fut bien vite troublé. Du coin de l’œil, il remarqua l'étrange pelisse de Coup de Foudre : l'énergumène lors de sa nomination. Rien qu'à le voir, le vétéran faillit lever les yeux au ciel ... Car oui, il l’agaçait. Bien entendu, il ne soupçonnait nullement sa relation de proximité avec sa nièce, mais, son speech lors du passage de guerrier à lieutenant l'avait bien marqué.

« Mh. Coup de Foudre ... »

Il lui lança un regard mauvais, peu ravi de sa visite et il ne le cacha pas. Le frère du Vautour n'appréciait pas son jeu, il avait une trop grande-gueule, peu digne d'un guerrier. Au lieu de crier sous tous les toits la victoire du dirigeant et de son bras-droit, il aurait mieux fait de le féliciter et de partir dans la foulée.
Oui, il n'aimait pas qu'on se donne en public, encore moins ses exploits.

« Que me vaut l'honneur de ta visite ? »

Toujours aussi silencieux, il se contenta simplement de fixer le félin qui même s'il n'avait pas encore adressé un seul mot, l'énervait déjà.

Un air de dégoût passa sur le visage du gris, tandis que le charcoal répétait ses quelques mots, un demi-sourire en coin. Cependant, celui-ci claqua sa langue contre ses dents, de mécontentement. Busard Cendré arqua un sourcil, soudainement soucieux de savoir ce qui pouvait autant l'énerver ... Mais il n'avait pas à trop à s'en faire, le matou souriait à nouveau.

« La prochaine fois, attends que je l’attrape avant de m'appeler, Raton-Laveur. »

Busard Cendré cligna plusieurs fois des yeux en entendant ce nom qui lui était visiblement destiné. Il en fut tellement perturbé qu'il entendit à peine la déclaration de son interlocuteur, sur son envie de partager sa proie ratée. Tonton puis Raton-Laveur, qu'est-ce qui pouvait bien se passer dans sa tête ?

« Raton-Laveur ?, le concerné fixa le sol faisant les gros yeux, il était mal barré, ... Tu ferrais mieux d'aller voir Nuit Hivernale, t'en auras bien besoin. »

Et qu'elle en profite pour t'enlever ce sale sourire de la gueule pensa-t-il très fortement. Malgré tout, le frère d'Etoile du Vautour restait persuadé que ce détour ne lui ferait pas de mal, en plus de le confondre avec un " jeunot ", il arrêtera enfin avec ses entrées fracassantes.
Enfin, même si le lieutenant tentait de faire l'impasse sur comment il venait de l'appeler, il n'arrivait tout simplement pas à oublier.

« Raton-Laveur ... Nan, mais j'ai quand même pas la tête de cette bestiole ! »

Il n'avait rien contre ce guerrier-là, mais bien contre son nom qui lui faisait défaut, ici et maintenant. Car, la ressemblance entre le félin au masque et à l'animal qui partageait son nom, était tout à fait frappante. Alors pourquoi l'avait-il appelé comme ça ? Il arrêta soudainement d'y penser, prenant conscience que ça ne servirait à rien. Ni une, ni deux, il revint sur un sujet évoqué plus tôt.

« Et tu n'crois pas qu'il est un peu trop tôt pour manger ? »

Et puis partager une proie avec toi, non merci.