Retrouvaille des plus innatendu [ Ft. Sid le clodo ]

Une après-midi, devenue habitude pour Élise, le temps était passé et cela faisait maintenant bien 5 ans qu'elle avait eu son bac et travaillait chez Amaryllis. Comme tout les samedi à 16 h, elle avait emmené son fils et sa fille au petit parc n'ont loin de chez elle. Après avoir choisi un banc près du bac à sable elle s'installa et sorti les jeux et autres objets emmenés pour l'occasion. Ils jouaient tranquillement avec leurs jouets neuf, quant à la jeune mère la surveillance de ses deux petits trésors était alterné par un peu de lecture. Aujourd'hui, le temps était ravissant, une légère brise pour rafraîchir la chaleur du soleil. Une ombre passa sur elle, levant les yeux de son paragraphe elle regarda les passants et autres parents qui avaient accompagné leur progéniture. Quelques sourires et signe de la main à certains d'entre eux dont leurs enfants jouaient avec les siens suffirent pour simple politesse. Son regard s'était égaré sur ses familles unies et dont leurs sourires firent jalouser la demoiselle, son cœur se serra. Il fallait oublier et passer à autres choses, ce n'était juste qu'une erreur qui pouvait être barrée. Tout ce bonheur autour d'elle commençait à la dégoûter et lui faire tous sauf du bien, c'était l'heure de rentrer. Élise se leva pour rappeler ses enfants, mais en tournant la tête elle tomba sur une personne auquel elle n'aurait pas pensé. C'est surprise qu'elle demanda.

"Sid, c'est toi ?"

ps : je pensais faire bien mieux :x

J'peux vous dire que la pluie, j'en avais marre. Autant que du reste, d'ailleurs. Toute ma vie m'énervait, ça faisait un moment déjà que je savais plus où me mettre, et que je cherchais, et que je cherchais. Je comprenais pas, et d'ailleurs je comprends toujours pas, comment je pourrais m'en sortir. Quand on n'a pas de sous et qu'on n'est bon à rien, y'a pas mal de réalités qui nous rattrapent. La première, c'est qu'il faut payer pour dormir, pour manger, pour boire. Surtout pour manger et pour dormir, en fait. Parce que pour boire, je prends pas la peine de compter.

Mais cette journée-là était tranquille, à peu près. Je pouvais la passer à rien faire dans un endroit peinard. Mes vêtements puaient, j'étais pas rasé depuis plusieurs mois, depuis que j'avais pigé que mon vieux rasoir était mort, en fait, mais je faisais à peu près l'effort de garder des cheveux courts. Parce que si je me mettais à avoir des poux comme Nono... ça pouvait pas le faire. En même temps y'a pas besoin d'avoir de matériel pour se couper les cheveux, j'ai appris. J'ai appris pas mal de trucs. Rien qui soit très utile pour trouver du boulot un jour, c'est plutôt le contraire, j'ai appris à vivre sans boulot.

Ça me rendait malade d'y penser. J'aurais peut-être pu aider Maman à élever ses autres gosses, mais même changer les couches, je savais pas faire. Pourquoi avait-elle attendu qu'on soit grands pour me faire des petits frères ? Enfin bon, je me doute que si elle m'avait donné cette place-là, y'aurait toujours eu quelqu'un pour me la piquer, et pour l'occuper mieux que moi. Pareil qu'avec ma copine, un peu. Ça servait à rien que je m'obstine contre ma propre médiocrité.

Dans le parc, j'regardais les autres, vaguement jaloux, vaguement seul. On nous donnait généralement plus d'argent, à moi et à Nono, lorsqu'on se séparait. Y'a toujours des gens qui me reconnaissent, enfin si moi je les reconnais ça veut bien dire que certains me reconnaissent. Mais ils s'en foutent et au fond ils ont raison.

J'me disais que j'étais con, que ma journée commençait mal. Et que j'arriverais jamais à gagner de quoi retrouver une vie normale. J'avais un peu perdu le Zéphyr pour toujours, et même si ça me manquait, je ne pouvais plus rien faire. Voler une moto pour pas pouvoir payer d'essence, ou bien voler de l'essence pour pas pouvoir m'approcher d'eux, parce que les flics leur couraient déjà après... J'avais juste rien à faire.

" Sid, c'est toi ? " me reconnaissait une jeune dame dont l'air paumé me rappelait vaguement quelque chose. J'ai dû la connaître à l'école, j'vois pas d'autre solution.

" Non c'est le père Noël. " que je grogne. J'essayais de me souvenir de cette voix, de ce regard. Elle avait des mioches, déjà. " Dis donc t'as pas traîné ! " que je souris, en parfait goujat, lui dévoilant mes sales dents. Respirait-elle mon haleine fraîche de garçon qui n'avait pas touché à une brosse à dents depuis si longtemps qu'il ne s'en souvenait même plus ?

En tout cas, si elle n'avait pas traîné, elle avait réussi quand même, on dirait. Alors que moi, à me précipiter, j'ai rien fait d'autre qu'accélérer ma chute. J'suis né pour être ridicule, c'est comme ça, alors à quoi bon essayer d'être convenable ?

" Non c'est le père Noël... Dis donc t'as pas traîné ! "

Elle avait rapproché ses deux petits protégés près de ses jambes, ils étaient encore trop petit pour comprendre ce qu'était la personne en face d'eux. Un léger rire gêné s'échappa de sa gorge en regardant ses enfants puis ce Simon métamorphosé. Changé était largement le mot, une barbe était maintenant présente et ses cheveux bien moins ordonnés et propres. Ses fringues étaient trop usées, à mettre à la poubelle. La surprise de cet état passait au-dessus des retrouvailles, laissant ses deux petits quelques mètres derrières elle. Elle prit entre ses doigts une mèche plus longue de ses cheveux secs et gras, jouant avec. Les souvenirs de cette soirée pour fêter son bac lui revinrent en tête, nostalgie d'une adolescence éphémère. Elle pencha légèrement la tête sur la gauche, chercha le regard de l'ancien adolescent et lui demanda de son ton ou la candeur avait légèrement disparu laissant place à cette récente l'expérience de la dure réalité.

"Que t'ai t-il arrivé après la fête de fin d'année ?"

L'autre prend un air un peu gêné, maintenant. Mais elle part pas. Et j'arrive toujours pas à me souvenir qui c'est. Elle a pas une tête à faire partie du Zéphyr, ça non. Mais je m'en serais souvenu, si j'avais eu une copine au lycée, quand même.

" Que t'ai t-il arrivé après la fête de fin d'année ? " me demande-t-elle.

Des souvenirs festifs, j'en ai tellement... Rien qu'y penser j'ai presque un haut-le-cœur. N'empêche qu'au bout d'un moment il faut payer. Et ça je le savais déjà. Mais j'imagine qu'elle me parle d'une fête au lycée, et ça, j'ai pas dû en voir beaucoup.

Je sais pas comment je fais pour me souvenir de ce gymnase rempli de ballons, mais j'y parviens à peu près à ce moment-là. Et là, forcément, je reconnais la fille. Mais pas moyen de me souvenir de son nom. Elle avait un peu changé, maintenant qu'elle était maman. Elle semblait un peu moins paumée qu'avant. Les réalités nous rattrapent tous, de toute façon.

Elle a dû remarquer que j'ai fait un sacré effort pour me souvenir et que je la regarde un peu bizarrement, mais bon, j'en suis plus à une indélicatesse prêt. Quand on en est là où je suis, on apprend vite à arrêter de se soucier des apparences.

" Je m'en souviens plus à vrai dire ! "

J'ai un petit rire rauque à ce moment-là, et je reprends : " Mais j'ai dû faire quelques conneries, sans doute. "

Je dis ça en baissant la tête vers un des deux petits, pour jouer un peu avec son malaise.

" Enfin bon y'en a plus pour longtemps. Et puis j'en veux à personne. Si j'avais été ma copine, je me serais moi-même foutu dehors à coups de pieds dans le cul. "