Things gonna be alright ► Mimomo & Lune - end

Alright, Jain

« Aïe … » fut le premier mot qu’elle prononça en se levant. Déplaçant avec précaution son corps convalescent, elle se demanda immédiatement chez qui elle allait bien pouvoir aller se changer les idées. Cinq jours s’étaient écoulés depuis la bataille des Quatre Chênes, et le Clan se remettait doucement de la blessure, de la trahison, des pertes. Esprit Lent, elle, avait toujours su se soigner rapidement, impulsivement, en fonçant tête la première vers de nouvelles aventures – ce qui lui jouait parfois quelques tours. Mais elle était bien décidée à aller amener un peu de joie autour d’elle, elle devait pour ce faire aller à la rencontre de ceux qui lui donnaient l’énergie de distribuer des sourires.

Elle pensait à Esprit Soucieux. Son frère était toujours le meilleur, mais elle en avait assez de rester couchée dans sa tanière à attendre la guérison. Puis elle songea à Grain de Sel, mais il avait l’air de souffrir de la voir blessée. Elle s’interrogea sur Nuage de l’Aube, mais elle ne pouvait pas l’entraîner dans son état. Envol des Fées, ou son papa, ou sa maman ... Elle ne se sentait pas de leur faire la conversation. Enfin, elle se demanda si Etoile Maudite … Mais elle craignait de le voir. Finalement, sa pensée s’arrêta sur Papillon de Lune et Petit Mimosa.

En ce moment, elle passait beaucoup de temps à la pouponnière. Elle adorait l’énergie lumineuse des chatons, leur dynamisme flamboyants, leurs petits yeux scintillants. Esprit Lent s’annonça joyeusement en pénétrant dans l’antre des reines et ravala ses grimaces de douleur. Elle ne voulait pas amener de négativité ici. Les bébés devaient rester en-dehors de tout ça – pour l’instant.

« Mimomomimomimosaaaa ! » fit-elle en glissant son nez près du chaton qui semblait encore somnolent. Sa fratrie semblait s'amuser un peu plus loin avec d'autres chatons de la pouponnière. La tigrée leva ensuite le nez vers la reine et souffla : « Tu vas bien, Lunette ? Les petits ne t'ont pas trop embêtée cette nuit ? »

HRP :

Dormir. Rêver. Un cocon de visions féeriques, douces, pastelles; le nid, chaud, rempli de mousse et de plumes; la fourrure de maman Papillon de Lune contre elle, ses ronrons qui la berçaient, son corps mince comme coussin; blottie contre sa maman, les yeux clos, Petit Mimosa était, une fois n'étant pas coutume, restée plus tard que les autres dans la pouponnière et dans le palais de son esprit. Cette nuit, elle avait mal dormi, et peiné à retrouver le sommeil après que Petite Violette, qui bougeait - encore -, lui ait adressé un nouveau coup de patte, la tirant de cet autre monde qu'elle créait en pensées. Dommage... Elle aurait aimé explorer la grande prairie fleurie, que parcourait un petit ruisseau clair et chantant, la forêt, les grands sapins; comme tous les chatons, elle voulait explorer le dehors, mais, comme on répétait sans cesse qu'à moins de six lunes, elle n'avait pas le droit de quitter le camp, son monde, elle le rêvait. Elle aimait son pays des merveilles. Alors maintenant qu'ils jouaient tous, ils pouvaient bien la laisser un peu profiter de tout ça, et des câlins de leur maman. Elle en avait bien le droit. Ça lui manquerait, ça, quand elle serait apprentie! Mais elle aurait toujours Petite Violette, Patte de Lys, Petit Aulne et aussi Petit Cerisier, l'enfant d'Éclat d'If et son ami, un chaton timide et solitaire, auprès d'elle dans la tanière des novices, quand ils seraient tous Nuages, au moins. Elle ne serait pas toute seule... Enfin, sauf dans un cas un peu particulier. Ça, Petit Mimosa aurait bien aimé: dans ce cas-là, elle aurait une raison d'être toute seule. Parce qu'autrement, ça faisait peur la solitude.

« Mimomomimomimosaaaa ! »


Et ainsi, elle rêvait, elle pensait, suivant son cœur sur son chemin de la vie. Mais la féline menue, encore petite boule de fourrure duveteuse, et modèle très réduit de son papa, Étoile Maudite, ne dormait pas; elle somnolait, juste. Pas assez pour ne pas entendre quelqu'un d'autre entrer dans la pouponnière, et ses frères et sœurs jouer avec d'autres chatons; pas assez pour ne pas sentir la fragrance d'un autre chat, un adulte, clairement. Et bientôt, une voix acheva de lui confirmer ce qu'elle pensait, lui faisant ouvrir ses yeux encore ensommeillés pour se trouver nez à nez avec une guerrière, Esprit Lent! Oui, c'était elle! La gentille guerrière. Elle était différente, et la réservée et sensible féline à la silhouette menue et arrondie, fourrure duveteuse, l'adorait, parce que la combattante n'hésitait jamais à jouer avec elle ou venir lui tenir compagnie. C'était super! Mimosa eut un grand sourire enthousiaste, et se décida enfin à cesser de dormir, redevenant une boule de poils pleine d'énergie, de curiosité et de tendresse. Pourtant, la première chose qui l'intrigua, cette fois, ce fut l'odeur de plantes qui se mêlait à celle de son amie "grande". Étrange. Elle avait joué avec les plantes d'Esprit Soucieux elle aussi ? Comme certains des chatons, le jour où ils s'étaient faits gronder très très fort ? Esprit Lent, installée près d'elle, parlait à Papillon de Lune, faisant aussi réagir la chatonne par sa deuxième question.

« Tu vas bien, Lunette ? Les petits ne t'ont pas trop embêtée cette nuit ? »
« Moi ils m'ont embêtée! Violette elle donnait des coups de patte en dormant ! »

Petite moue déçue de la princesse ombreuse faisant partie de la portée de fleurs constellations.
Mais plutôt que de bouder, il y avait plein de choses intéressantes à faire. Comme poser des questions.

« Pourquoi ta fourrure sent les plantes, Lenlen ? »

HRP:

La tendresse, Bourvil

Le visage de la guerrière se fendit d’un sourire en voyant celui de la petite … c’était joli, le sourire d’un enfant, comme un rayon de soleil au cœur d’un nuage. Elle aurait voulu le toucher de ses coussinets, ce petit cœur moelleux d’enfant, si plein d’espoir, si plein de lumière …

« Moi ils m'ont embêtée! Violette elle donnait des coups de patte en dormant ! »

Esprit Lent rit doucement. Ce n’était pas dans ses habitudes, de rester ainsi calme. L’amour de toutes ces petites âmes rayonnait dans la pouponnière et apaisait son esprit parfois embrouillé par toutes les idées qui lui passaient par la tête. Il était bien commode de croire que l’esprit de la tigrée était vide, mais en réalité, une foule d’univers, d’hypothèses, d’histoires passaient à une allure folle dans son crâne, sans qu’elle soit capable de les verbaliser correctement. Alors, parfois, elle préférait vivre dans sa tête et les garder pour elle. Il n’y avait bien que les chatons pour comprendre ces fourmillements de pensées et s’y intéresser …

« Pas trop, par rapport aux premières nuits. Je suis juste trop angoissée pour m’endormir complètement ! »

Esprit Lent hocha la tête, satisfaite de sa réponse mais marquant son inquiétude par rapport à son angoisse. Un instant, Petit Mimosa parut boudeuse, une étoile un peu moins vive, puis son regard d’astre s’alluma à nouveau et elle s’exclama :

« Pourquoi ta fourrure sent les plantes, Lenlen ? »

La guerrière ondula de la queue de contentement, ravie de la question.

« Alors alors c’est facile ! Moi, je suis aide-guérisseur, ça veut dire que je suis pas super intelligente et douée comme Esprit Soucieux, mais que quand il a besoin, eh bah moi je peux aller l’aider, je connais les noms des plantes les plus importantes, mais j’en sais encore moins que les apprentis-guérisseurs, comme l’ancien apprenti, Nuage Ensoleillé ! Il savait tout un tas de choses, il était très intelligent. »

Dire le nom de son fils de cœur à haute voix était un remarquable progrès pour la guerrière. Cependant, le ton un peu triste qu'elle employa pour terminer son discours marquait le fait qu'elle n'était pas encore totalement passée à autre chose. Depuis le baptême de Nuage de l’Aube et sa courte discussion avec Grain de Sel, Esprit Lent avait pu faire un pas en avant dans son processus de deuil. Mais il restait encore une petite aux pattes rousses à nommer, bien qu'Esprit Lent ne sache pas trop par où commencer …

« Tu aimerais bien être guérisseuse, Petit Mimosa ? Ça t'irait bien ! Tu ne penses pas, Lunette, que ça lui irait bien ? En plus tu aurais le meilleur mentor de toute la forêt - que dis-je ! De toute la PLANÈTE ! »

« Pas trop, par rapport aux premières nuits. Je suis juste trop angoissée pour m’endormir complètement ! »

Angoisse ? Mimosa avait écouté la réponse de maman Papillune sans trop la comprendre, songeant malgré tout que ça devait encore être une histoire de grands. Et ça avait semblé rendre Lenlen inquiète, aussi. Alors la chatonne s'était collée contre sa mère, un petit peu, en un câlin plein de tendresse, parce que les guerriers disaient souvent que les petits, c'était des jolies lumières, ces temps-ci. Elle, elle voulait bien devenir une toute petite étoile, pour les deux félines qui veillaient sur ses jours, et peut-être qu'elle réussissait, parce que la nouvelle venue, sa grande amie, s'était illuminée et avait ondulé sa queue de contentement face à sa question. Alors c'était simple, au fond ! Ses yeux de soleil grands ouverts, la petite féline brune tigrée écoutait, émerveillée par ce qu'elle voyait comme de la féerie, la réponse de celle qui dégageait dans la pouponnière une fragrance de plantes se mêlant au parfum habituel, tout doux et lacté. Mimosa se sentait bien, là: c'était son monde. Le parfum de ses proches, et celui des feuilles, qu'elle aimait déjà.

« Alors alors c’est facile ! Moi, je suis aide-guérisseur, ça veut dire que je suis pas super intelligente et douée comme Esprit Soucieux, mais que quand il a besoin, eh bah moi je peux aller l’aider, je connais les noms des plantes les plus importantes, mais j’en sais encore moins que les apprentis-guérisseurs, comme l’ancien apprenti, Nuage Ensoleillé ! Il savait tout un tas de choses, il était très intelligent. »

Aide-guérisseur... Fascinée, Mimosa admirait son amie encore plus à présent, et la guerrière expliquait, face au petit visage joyeux de la fillette qui, rêveuse, se disait qu'elle pourrait apprendre, elle aussi ! Elle aussi, elle voulait savoir ! Et puis comme ça, peut-être qu'elle pourrait être intelligente et douée et utile elle aussi. Savoir des choses et aider sa famille et son Clan, parce que Violette et Aulne feraient de bien meilleurs guerriers qu'elle... L'enfant aurait voulu en savoir plus, sur Nuage Ensoleillé, aussi, mais le ton d'Esprit Lent, en finissant, était tout triste, alors bébé lumière avait préféré garder sa petite langue rose derrière ses minuscules crocs et ne pas dire mot. Soleil il était parti, mais elle elle serait une petite étoile pour Lenlen ! Son amie, du reste, reprit, s'adressant cette fois à Papillon de Lune et faisant naître une idée-rêve-espoir dans la tête de sa protégée:

« Tu aimerais bien être guérisseuse, Petit Mimosa ? Ça t'irait bien ! Tu ne penses pas, Lunette, que ça lui irait bien ? En plus tu aurais le meilleur mentor de toute la forêt - que dis-je ! De toute la PLANÈTE ! »
« Tu crois que je pourrais ? » avait-elle demandé, toute contente et enthousiaste. « Dis, maman, je pourrais ? Et puis Esprit Soucieux il accepterait, tu crois, Lenlen ? Pour de vrai ? »

« Ou-oui bien sûr, ça lui... ça pourrait lui aller ! Mais sache que les guérisseurs sont choisis par les étoiles. Esprit Soucieux en serait peut-être heureux, mais il ne peut pas faire de toi une apprentie destinée à ce rang. »

La première pensée de Petit Mimosa, en entendant ces mots, fut une vague de découragement, mais surtout de dégoût d'elle-même: avec une estime de soi plus que vacillante et un énorme complexe d'infériorité, la petite fille ne pouvait que penser des mots de sa maman ce qui en découlait comme une suite logique - elle ne mériterait jamais cette place. Mais la deuxième pensée... Ce fut un regain de courage, et d'envie; elle prouverait qu'elle pouvait devenir une bonne guérisseuse, et comme son papa sapin, elle faisait confiance aux Étoiles. Peut-être que la Toison Argentée resterait muette et mystérieuse pour elle, mais elle saurait toujours faire le meilleur choix, et Mimosa, en attendant, tenterait de se montrer digne de l'honneur qu'elle demandait.

S'il vous plaît, priait la jeune fleur, avec ferveur. S'il vous plaît je veux juste aider les Clans, aider mon Clan.

Il était rare que la féline réservée aie des élans affirmés tels que celui-là.
Pourtant, quand la brunette répondit, sa voix ne tremblait pas.

« Alors je ferai de mon mieux pour être digne du choix des Étoiles... Et de la confiance d'Esprit Soucieux. »

Maman Papillune semblait un peu opposée à l'idée, même si sa fille, pour une fois, voulait suivre son rêve. Mais c'était compliqué. Et il lui faudrait rêver, beaucoup, à la chatonne, pour braver les pensées de la guerrière, que celle-ci exposait à présent avec une sorte de tristesse que Mimosa ne comprit pas - elle était peut-être, même si elle détestait cette réponse des adultes, trop petite pour ça ? En tout cas, elle n'osa pas poser de questions... Elle, elle devait répondre !

« Mais pourquoi voudrais-tu être guérisseuse, ma chérie ? C'est difficile tu sais. Soigner des félins en fait partie, mais il arrive des jours où même Esprit Soucieux ne peut les sauver. Et puis... les guérisseurs ne peuvent pas avoir de compagnon. Tu devras peut-être aussi abandonner tes frères et sœurs... et moi-... enfin, nous. Tes parents, tu sais ! »

La petite chatte tigrée eut un ronron rassurant, en se frottant contre le flanc de sa maman. La brunette aimait bien la pouponnière, avec son odeur lactée, le nid où elle se blottissait contre sa famille, et puis maman Papillon de Lune, papa Étoile Maudite, et ses frère et sœurs arbre et fleurs - Aulne, Violette et Lys. Mimosa aimait sa famille plus que tout. Ne l'oublierait jamais. Et puis, ses amis non plus. Cerisier, Lenlen, Ouragan... Le reste de sa famille, Houx, Léopard. Elle avait tant de gens à aimer, à protéger, tant de gens sur qui veiller. Elle aurait voulu dire tout ça à sa maman, et lui expliquer qu'elle les aiderait mieux en étant guérisseuse. Mais elle n'avait pas les mots pour fixer la tempête, exprimer l'océan de sentiments qui l'animait, et le printemps éternel de l'affection qu'elle portait à ses proches. Et pourtant, elle devait essayer ! Alors elle commença, timidement. Pour tenter.

« Mais maman... Je vous laisserai pas, ni toi ni papa ! Vous êtes ma famille pour toujours. Et Violette et Lys sont mes sœurs pour l'éternité. Aulne restera toujours mon jumeau. Sauf que j'ai peur de ne pas vous être très utile comme guerrière, et je préférerais apprendre à soigner, qu'à infliger des blessures... Si les Étoiles m'en jugent digne. Sinon, je tâcherai d'être une bonne guerrière. Mais moi, j'aime l'odeur des plantes, et puis les connaissances, et aider les autres. »

Elle ajouta, avec un pincement au cœur.

« Je sais que je ne pourrai pas tout faire - Soucieux peut pas tout soigner, alors moi non plus je pourrais pas. Mais je veux essayer. »

Et pour elle, les histoires de compagnon, c'était bien trop lointain pour être considéré !

« Tu crois que je pourrais ? Dis, maman, je pourrais ? Et puis Esprit Soucieux il accepterait, tu crois, Lenlen ? Pour de vrai ? »

Papillon de Lune eut un drôle de regard, le genre de regard qu’Esprit Lent ne parvenait pas à déchiffrer, un regard qui voulait parler à la place des mots. La guerrière remua des vibrisses à la réponse de la reine, qui ne semblait pas franchement convaincue de ce qu’elle disait, et qui toussota au milieu de sa phrase. La tigrée hocha néanmoins la tête, les guérisseurs ne se choisissaient pas au hasard. Elle appuya de nouveau les dires de Papillon de Lune par de tristes gestes de la tête, la réalité de ce rôle était bien différente de celle qu’on lui donnait. Il ne suffisait pas de jouer avec des plantes, de savoir poser une toile d’araignée et de reconnaître une maladie pour être guérisseur. Avec de grands pouvoirs venaient de grandes responsabilités.

« Tu devras peut-être aussi abandonner tes frères et sœurs... et moi-... enfin, nous. Tes parents, tu sais ! »

Esprit Lent ferma à demi les yeux, contrariée par cette affirmation. Esprit Soucieux ne l’avait jamais abandonnée, elle ! Ni leurs parents, d’ailleurs, il avait tout mis un point d’honneur à leur venir en aide. Alors qu’elle s’apprêtait à répondre, légèrement froissée, Petit Mimosa reprit la parole, après un ronron accompagné d’une douce caresse sur le flanc de sa mère. La guerrière crut fondre devant ce petit morceau de soleil qui soufflait des rayons de miel.

« … Sauf que j'ai peur de ne pas vous être très utile comme guerrière, et je préférerais apprendre à soigner, qu'à infliger des blessures... Si les Étoiles m'en jugent digne. Sinon, je tâcherai d'être une bonne guerrière. Mais moi, j'aime l'odeur des plantes, et puis les connaissances, et aider les autres. Je sais que je ne pourrai pas tout faire - Soucieux peut pas tout soigner, alors moi non plus je pourrais pas. Mais je veux essayer. »

Tant de bonne volonté dans une si petite boule de poils ! Elle répondait si purement aux inquiétudes de sa mère ! Les guerriers n’avaient qu’à bien se tenir … et à en prendre de la graine.

« Tu auras du temps pour être avec ta famille. Sousou, il a toujours du temps pour moi, ne t’en fais pas. »

Elle parlait à Petit Mimosa, mais lança un rapide coup d’œil en coin à la reine, pour lui indiquer qu’elle s’adressait à elles deux.

« Je serais heureuse et je t’aiderai quoique tu sois, Mimomo. Tu seras la meilleure des guerrières ou des guérisseuses, ne t’inquiète pas. Tout t’ira comme des plumes à un moineau, tu es faite pour voler au-dessus de tout ceux qui disent du mal de toi ! Et puis, avec une maman comme celle que tu as derrière toi, il ne peut rien t’arriver non plus … »

Elle sourit à Papillon de Lune, l’air de lui signifier qu’elle n’avait rien à craindre.

« Tu auras du temps pour être avec ta famille. Sousou, il a toujours du temps pour moi, ne t’en fais pas. »

Malgré ses grandes convictions de petite fille, les mots de son amie Lenlen firent un bien immense à Petit Mimosa, comme un câlin, très doux, très tendre, très rassurant et très sincère - ça se lisait dans les yeux bleus de la grande, et la chatonne, qui venait de croiser ce regard azuré du sien, couleur de miel et de soleil, esquissa un joli sourire, emplie de gaieté, d'espoir aussi. Parce qu'elle avait bien remarqué que les prunelles de la guerrière avaient glissé vers maman Papillune, et au fond, Mimosa espérait que la sœur d'Esprit Soucieux pourrait convaincre la reine. Parce qu'elle détestait tellement les disputes... Et voulait tellement être apprentie guérisseuse !

« Je serais heureuse et je t’aiderai quoique tu sois, Mimomo. Tu seras la meilleure des guerrières ou des guérisseuses, ne t’inquiète pas. Tout t’ira comme des plumes à un moineau, tu es faite pour voler au-dessus de tout ceux qui disent du mal de toi ! »

Heureuse, pleine d'affection, la jolie fleur s'avança d'un pas léger, agile quoique par moments à peine maladroit, et se précipita dans la fourrure grise tigrée de Lenlen pour lui faire un câlin prolongé, plein de ronrons; une étreinte qui voulait dire "merci", et tellement plus encore; une étreinte qui voulait dire, aussi, qu'elle aurait bien aimé emmener la femelle avec elle dans le ciel quand elle s'envolerait... Mimosa se sentait mieux, avec ces mots là comme précieux talisman, même si elle doutait toujours beaucoup d'elle-même. Et elle voulait essayer de prouver aux Étoiles et à ceux qu'elle aimait qu'elle en valait la peine, qu'elle pouvait faire quelque chose de bien elle aussi - parce qu'elle avait le plus grand mal à se le prouver à elle-même. Avec une douceur infinie, Esprit Lent ajouta, à l'adresse de Papillon de Lune autant que de sa fille:

« Et puis, avec une maman comme celle que tu as derrière toi, il ne peut rien t’arriver non plus… »

Mimosa sourit, lançant un regard de bonheur à sa mère. C'était vrai... Sa famille était son univers, et avec eux, elle pourrait tout braver. Ensemble. Pour eux. Reportant son attention sur la guerrière devenue son amie, si drôle souvent par ses réactions et toujours prête à jouer avec elle comme une enfant, la chatonne demanda malgré tout, minuscule silhouette brune tigrée, prunelles ambrées, et sérieux empreint d'émotions:

« Alors j'aurai du temps pour eux ? Et je serai pas obligée de renoncer à Aulne ? À Lys ? À Violette ? »

S'il te plaît. S'il te plaît. Réponds-moi oui.
Je n'ai pas envie d'abandonner ce rêve-là.

« Lenlen... Est-ce que tu peux m'apprendre un peu de ce que tu sais ? »