Intrus! [Ft. Trash] - end

Pelage Strié s'était levée de bonne heure et d'une inhabituelle bonne humeur, alors que le sol se levait. Très tôt, peu après avoir fait un petit tour du camp, elle décida d'aller voir le vieux moulin. Elle posa lentement l'une de ses pattes sur le sol avant de replonger dans ses pensées. J'ai l'impression que cela fait des lunes que je ne suis pas allée au vieux moulin! avait-elle pensée, alors que ses compagnons de Clans se prommenaient dans le camp, ayant visiblement plus de choses à faire qu'elle en cette matinée. Alors, pour ne pas importuner les autres, et aussi pour pouvoir se replonger dans ses vieux souvenirs, la femelle crème continua à avancer jusqu'à ce qu'enfin pointe à l'horizon l'un des murs délabrés du vieux batiment de bipèdes. L'odeur de ceux-ci était d'ailleurs toujours présente, bien qu'éventée, et bien souvent envahie par celle de son Clan, et l'étrange efflure des Solitaires qui passaient par fois par là. Solitaires. À ce mot, Pelage Strié ressentit un certain dégoût. Un chat ne vivant sous aucun code, sans honneur, vivant seul et pour lui-même. Voilà tout ce qu'étaient ces chats. Pelage Strié se secoua la tête, afin de sortir de ses pensées. Elle ne voulait pas penser à ces chats en ce moment, ils ne méritaient pas son attention. Pas plus que els chats des autres Clans. Les deux groupes étaient côte à côtes dans la même catégories; Ennemis nuisible au Clan. Ils pouvaient blesser ses camarades, et aussi voler leur gibier, bien que les solitaires le faisaient plus souvent que les chats de Clans. Eux, au moins avant une minimum d'honneur!

En se replongeant dans ses pensées ainsi, elle n'avait pas réalisée qu'elle continuait à marcher, et quelque chose la fit s'arrêter brusquement, la faisant reculer légèrement en sortant de ses pensées obsédantes; un mur. Elle le contourna, renfrognée, avant d'entre dans la bâtisse. Mais pour ajouter à son déplaisir, une odeur de chat, et pas de Clan, flottait dans l'air. Une trace fraiche. Très fraiche. Trop. Son regard se fit plus froid, et elle huma à nouveau l'air ambiant. Pas de doute; un solitaire. Et pas loin, d'ailleurs. Il l'observait peut-être à cet instant même! Son museau allongé se fronça légèrement alors qu'elle observait les lieux autours d'elle, prudemment.

J'entends-
J'entends juste -
Plic, ploc.

Le plic régulier d'une goutte qui tombe encore et encore de la même poutre inlassablement.
Plic ploc de mon sang qui goutte au sol après que j'ai frappé et frappé encore la pierre dure et nue.

Je me presse contre le bois pourri du mur humide comme si je pouvais entrer dans la matière et disparaître à tout jamais.
S'il vous plait faites que je disparaisse à tout jamais.
S'il vous plait.
S'il vous -

Je ferme les yeux et les images surgissent comme des démons derrière mes paupières.
Je vois Toucan étendu au sol, un trou béant dans la poitrine, mutilé, horriblement mutilé et ses yeux noirs comme deux puits sans fond qui verront plus jamais rien et je me vois hurler, pleurer frapper mais Dad reste toujours aussi mort et je vois tout ça et je sens son odeur, son odeur à elle, partout.

Je rouvre les yeux, mais ça fait rien disparaître du tout.
Je sais pas quoi faire.
Alors je suis juste allé au Moulin. C'est sale sombre et vide.
Je me sens comme ça.

Pas si vide à cause qu'il y a une présence. Une silhouette pâle et fine comme elle.

__Fa__n__tô__me ? je demande, d'une voix qui casse.

Une voix tremblotante fit soudainement son apparission, semblant sortir de nulle part. __Fa__n__tô__me ? La femelle sursauta avant de se retourner à nouveau. Un chat semblait s'être approché, sûrement le propriétaire de l'odeur qu'elle avait senti plus tôt. Et à voir comment il était apparu, c'était probablement plus lui, ou elle, le fantôme. Non, lui, se corrigea Pelage Strié. Le chat n'avait pas l'odeur d'une femelle, mais plutôt la trace olfactive d'un mâle. Un moment, elle ne bougea pas, dans cette positon, essayant d'en apprendre plus sur le chat juste en le regardant, l'analysant. Il était probablement un solitaire, et s'il ne l'était pas, elle savait qu'il ne faisait pas parti de son Clan. C'était donc un ennemi. Son museau, son pelage, ses pattes.. toutes les parties de son corps semblaient couvertes de cicatrices, certaines visiblement plus récentes que d'autres. Musclé, probablement vu sa taille, au pelage noir. Non, définitivement quelqu'un dont elle se serait rapellée si elle l'avait déjà vu. Donc il s'agissait bien d'une ennemi.

Elle s'en approcha légèrement, de quelque pas simplement posés sur le sol, dans sa direction. Ses poils légèrement hérissés. Ses griffes rentrées, mais prêtes à sortir. Ses yeux, toujours aussi froids qu'à l'habitude, bien qu'une étrange lueur s'allumait dans son regard. Une lueur combattive.

- Qui es-tu?! fit-elle d'un ton loin d'être amical.

Elle n'avait pas à être amicale. Pas avec lui. Un ennemi. Qu'il n'appartiennent pas à un Clan ne changerait rien, si c'était bien le cas. Il volait du gibier à son Clan, posait sa marque sur leur territoire. Et surtout, il n'avait pas sa place ici.

Je lève les yeux vers la silhouette. Mon coeur donne des coups dans ma poitrine et si il continue, il va la briser et s'en échapper.
C'est elle ?
Est-ce-que c'est elle ?
C'est toi ?

Qui es-tu?!

L'espoir déçu blesse comme un coup de couteau. C'est pas sa voix. C'est pas elle.
Je regarde mieux la féline en face de moi. Ses yeux sont bleus, pas rouges et allumés d'une lueur froide.
Elle pose une question à laquelle j'ai pas la réponse.
Les mots passent sur moi sans me percuter.

Qui je suis ?
Je suis le fils d'adoptif d'un solitaire putain d'incroyable. Et je viens de le retrouver mort. Je vis au Verger tout seul maintenant et je veux pas y retourner car je sais que les souvenirs m'y attendent comme des bêtes tapies dans l'ombre.
Je suis le - elle a dit comme un frère , mais ce qu'on a fait hier c'est pas ce qu'on fait à son frère - d'une femelle albinos du Clan du Vent. Je connais même pas son vrai prénom, mais je veux la voir, je veux la revoir, je veux qu'on parle de Toucan, je veux savoir pourquoi il y a son odeur partout là où il est -
Il faut que je la trouve.

Je lève un regard un peu plus lucide sur la femelle agressive devant moi. Je me lève aussi. ( Il faut que je la trouve. )

Je m'appelle Trash. je réponds, par automatisme. Et puis : Dégage.

Je fais un pas, un autre. Mais elle bloque le passage.
Je crois que je me souviens du chemin quand j'ai ramené Petite Mousse chez lui.
Je connait bien la lande, je crois que je peux retrouver leur camp.
Elle doit être dans leur camp.
Faut que j'aille à leur camp.

Laisse-moi passer.

Le regard étrange du matou noir se posa sur la chatte. Il semblait déçu par quelque chose. Par quoi? Aucune façon de le savoir. Pourtant il avait l'air d'avoir cherché quelque chose et de ne pas l'avoir trouvé. Il semblait réfléchir. Sa réponse ne vint pas avant un moment d'attente qui lui semblait être comme attendre l'éternité. Mais enfin, alors que la guerrière crème était au bout de sa patience, elle n'en avait pas grand pour les solitaires et les intrus en général, il lui répondit. Enfin. Je m'appelle Trash. Dégage. Son ton lui était très déplaisant. Après tout, ce n'était pas elle qui était rentrée dans son territoire. Le moulin appartenait à son Clan, et Trash n'avait rien à faire là. Il fit quelque pas dans sa direction, alors que son pelage s'hérissait. Son odeur, son allure, tout de lui rendait Pelage Strié encore plus méfiante qu'elle ne l'était normalement. Laisse-moi passer. Elle montra des crocs à l'inconnu, avant de lui répondre d'un ton qui se voulait sec.

- Tu est sur le territoire du Clan du Vent, alors tu as intérêt à expliquer ta présence.

Elle recula, pas pour montrer au chat qu'il pouvait passer, mais plutôt pour se donner plus d'espace. Son pelage s'était levé, comme une deuxième conscience, la faisant doubler de volume. Ou du moins, probablement, comme elle ne pouvait que l'immaginer, ne pouvant se voir elle-même.

Méfiance. Le chat ne lui semblait pas du tout commode, les balafres sur son corp en entier renforçaient sûrement cette impression, et elle n'avait pas l'intention de le laisser passer avant qu'il ne lui dise ce qu'il faisait là. Il était probablement dangereux.

- Réponds-moi simplement et ensuite je pourrai te laisser passer.

Mais ce n'était qu'une demi-vérité. Cela dépendait de la réponse du chat. De ça, et de l'impression que dégagait sa réponse. Si elle avait l'impression qu'il mentait, elle ne le laisserait pas passer aussi facilement, comme une apprenti naïve, même si la chatte beige essayait de se montrer polie, elle n'y arrivait générallement pas en présence de tels individus, qui ne vivaient pas sous le Code.

Mon ton monte d'un cran. Elle aussi.

- Tu es sur le territoire du Clan du Vent, alors tu as intérêt à expliquer ta présence.

Elle est deux fois plus grosse qu'avant, avec sa fourrure dressée sur son dos et ses crocs sortis qui jettent des éclats blanc dans l'obscurité du moulin.
Mon corps répond même pas à ses signaux fairosses.
Ma fourrure reste sagement lisse, mes griffes et mes crocs sont rentrés.
Mais je sais très bien qu'ils sortiront au moment voulu, vous en faites pas pour ça.

Elle recule, elle me jauge. Elle commence à m'énerver à se prendre pour celle qui décide qui passe et qui passe pas.

Je sais très bien où je suis. je crache. J'vais où je veux.

J'ai répondu. C'est simple. Je sais pas ce qu'elle attend pour me laisser passer.

La fourrure du chat en face d'elle ne bougea pas d'un poil. Toute lisse. Celui-ci semblait d'ailleurs très petit, ainsi. Pelage Strié eut presque honte de se présenter ainsi devant un autre chat, d'être aussi.. cruelle? Peut-être qu'aggressif serait un meilleur mot. Mais elle se secoua intérieurement, et les arguments xénophobes qu'elle entretenait depuis sa naissance refirent surface. Son pelage devint légèrement plus petit, mais pas pour la raison à laquelle penserait le solitaire. Elle n'en avait pas peur, il ne s'agissait que d'un solitaire. Personne ne viendrait l'aider, et elle elle avait son Clan. Cet intru n'avait pas sa place sur le territoire de son Clan, eux seuls méritaient de se prommener sur les landes, peu importe ce que les autres en disaient. Autres Clans, solitaires, chats domestiques, peu importe. Je sais très bien où je suis. J'vais où je veux. Le crachement du chat la fit revenir de ses pensées, violemment. Elle resta néanmoins là, à lui bloquer le chemin. De quel droit pensait-il pouvoir lui donner des ordres!?

- Je ne reviens pas sur mes mots. Tu me dit ce que tu fait ici, ou bien je vais devoir te chasser de la Lande.

Elle n'avait pas peur de se battre, et si elle devait l'attaquer pour qu'il parte, alors tant pis. Pelage Strié était une guerrière, et même si les cicatrcies du chat prouvaient que celui-ci avait sans doute déjà combattu d'autres chats, il n'avait probablement pas reçu l'entrainement martial d'un guerrier, contrairement à elle.

Je ne reviens pas sur mes mots. Tu me dit ce que tu fait ici, ou bien je vais devoir te chasser de la Lande.

Décidément je comprends rien aux femelles.
La patience j'en ai plus, les mots arrivent à rien. C'est au tour des griffes.
Je sais bien que quoique je peux lui dire, elle changera pas d'avis et la haine dans ses yeux s'éteindra pas. Les chats des clans aiment pas les solitaires, c'est un truc que chacune de mes cicatrices m'a appris.

Pas la peine de sortir les crocs de commencer à tourner en rond autour d'elle avec la fourrure gonflée. Je décide de lui sauter dessus, sans prévenir. J'essaie de la renverser au sol, en la percutant de toute ma masse de muscles.
Je me jette peut-être dans un combat déjà perdu.
Je sais aussi que les chats de Clan ils connaissent des techniques de combat que moi je connais pas. Je sais que même si je suis plus gros et plus fort, elle peut me battre avec sa vitesse et son agilité.
Mais c'est pas à ça que je pense maintenant. Mon sang pulse de l'adrénaline du combat, du désir de violence, de ressentir enfin quelque chose et de ma volonté de passer.
De passer et de la trouver.

Essaie un peu de me chasser pour voir.

Pelage Strié : 180/200
Trash : 200/200

L'intru au pelage noir se mit soudainement à lui tourner autours, comme s'il voulait l'évaluer. Ses crocs n'étaient pas sortis, ses griffes non plus, aucun signe d'aggressivité, si ce ne serait que son mouvement, ne semblait pouvoir lui être attribué. Puis, tout d'unn coup, il lui sauta dessus. Ne s'étant pas préparée à cette attaque, Pelage Strié fut facile à renverser, peut-être que le poids du mâle l'aidait un peu. Un grognement s'étouffa dans le fond de la gorge de la femelle alors qu'elle toucha le sol froid de la grange. Essaie un peu de me chasser pour voir. Sa gueule s'ouvrit instinctivement, dévoilant ses crocs blancharts alors qu'elle feulait, avant de rétracter ses pattes arrières sous le ventre du matou. De quelque mouvements rapides de celles-ci, la guerrière crème lui griffa le ventre, avant de le repousser d'un mouvement sans doute trop faible pour l'envoyer bien loin. Elle se releva, d'un saut calculé, avant de retomber légèrement sur le sol, ses pattes se pliant automatiquement dans une position qu'elle avait d'aure et déjà prise, et cela maintes fois. Son dos arqué, les griffes sorties, le museau pratiquement rétracté alors qu'elle se préparait à feuler dans la direction de son ennemi à nouveau, et ses poils, toujours hérissés, qui n'avaient d'ailleurs probablement pas meilleurs mine comme la femelle était tombée dessus, tout cela était loin de lui donner l'air noble, grand et fier qu'elle arborait en présence de ses camarades, révelant plutôt la guerrière sous son air civilisé.

Sa queue fouettait l'air derrière elle, ses griffes semblaient vouloir déchiqueter la matière dure sous ses pattes, alors que son regard froid glissait sur le pelage de celui qui l'avait lancé par terre. Elle attendait qu'il bouge à nouveau.

Pelage Strié: 180/200
Trash: 180/200