Juste un câlin, je veux. [PV Émeraude] -end

Juste un câlin, je veux..

Petite Sangsue posa sur ses frères un regard tendre, elle les aimaient déjà très fort, autant que leur maman, et même, que leur papa l'absent. Nuage de Jaspe les avaient il regarder au moins une fois ? Pour ses frères, elle était certaine que oui mais elle, elle ne se souvenait pas d'un seul mots de son père à son égard. Mais elle avait Petit Hippocampe et petit Axolotl alors, elle pouvait bien se passer d'un mot tendre. Pour quelque temps encore, sans doute. Se levant, elle décida pourtant de délaisser sa fratrie bruyante et c'est avec un sourire pour sa mère, Nuage de Méduse, qu'elle quêta l'approbation pour se mettre à l'entrée de la pouponnière. L'obtenant, elle offrit un câlin bref mais tout aussi chaleureux avant de sortir, de profiter des légers rayons du soleil, timides pourtant. Pas trop longtemps, avait elle promis. Mais une fourrure rousse attira son regard avant même qu'elle n'est posé son arrière train au sol. Reconnaissant l'une des novices du clan, Petite Sangsue bondis à sa rencontre. Essaya en réalité car elle s'emmêla les pattes et c'est en roulant sous le nez de l'apprentie qu'elle fini. Tête à l'envers, présentant son ventre, elle offrit un large sourire, quoi que timide avant de dire.

- Bonjour, glissée j'ai ! Peur, j'espère ne pas t'avoir fait ?

Elle aimait parler comme ça, elle bredouillée moins, elle qui en réalité pouvait se montrer si timide aimait déjà les yeux vert de la chatte rousse. Une chatte qu'elle avait visiblement coupé dans son élan. Se relevant avec difficulté, la chatonne secoua sa tête, sans toutefois que ses oreilles naturellement recourbé se redresse. S'était sa petite particularité à elle. Ça et sa façon de parler, inventer lors d'un jeu finalement. Souriante, la chatonne ajouta alors gaiement.

- Les câlins tu aimes ? Moi j'adore ! Ronronnante, la boule de fourrure avait déjà oublier sa promesse de rester sur le seuil de la pouponnière, trop heureuse de découvrir son camp. Même si, elle était loin d'avoir découvert grand chose, tout juste le chemin de la pouponnière à celui de l'antre des novices, même si elle ignorait encore ce détail.

Nuage d'Émeraude traversait le camp après avoir pris son repas du midi. Elle s'était entraînée tout le matin avec Étoile d'Or et était revenue bien après que le soleil ait atteint son zénith, éreintée. Son apprentissage se déroulait correctement et tout le monde semblait content d'elle : ses aptitudes à devenir une bonne guerrière étaient évidentes et elle se montrait prometteuse. Mais tous ses efforts avaient un coût : elle revenait fatiguée, courbaturée, vidée de toute l'énergie qui, pourtant, lui faisait rarement défaut. Après avoir rassasié sa faim, elle était donc impatiente de rejoindre la tanière des apprentis et d'y piquer un petit somme : elle en avait bien le droit, après tout ! Pour la première fois, elle comprenait Nuage d'Opale et ses envies de dormir à tout bout de champ. C'était vrai que dormir était parfois une envie irrésistible... Mais que de temps en temps ! La vie était faite de plein d'autres aventures que Nuage d'Émeraude adorait vivre.
La rouquine se rendait donc vers sa tanière, ses yeux déjà mi-clos, prête à sauter dans un profond sommeil. Mais c'était sans compter une minuscule boule de poils aux tons violacés qui vint rouler à ses pattes, l'obligeant à se stopper brutalement, manquant de l'écraser. Nuage d'Émeraude grommela, recula légèrement et baissa les yeux vers la petite chose qui venait contrecarrer ses plans. Un bref coup d’œil lui suffit à reconnaître Petite Sangsue, la fille de Nuage de Méduse - les deux-là se ressemblaient d'ailleurs beaucoup - et de Nuage de Jaspe, le frère-même de la rouquine ! Voir la chatonne lui rappela la bêtise de son frère : avant même d'avoir terminé son entraînement, et hors-mariage, il avait engrossé une autre apprentie. Il n'avait même pas l'âge d'être nommé guerrier et il était déjà père ! Une situation qui faisait beaucoup glousser Nuage d'Émeraude, qui ne manquait pas de le taquiner à ce sujet.
Malgré tout, elle ne portait aucun jugement sur cette situation. Elle s'en fichait pas mal, en fait. D'ailleurs, elle n'était allée voir la portée que le jour de sa naissance, curieuse de voir la tête des bébés de Nuage de Jaspe. Mais elle était vite ressortie de la pouponnière, pas vraiment intéressée par ces minuscules boules de poils - et encore, c'était pas très poilu à la naissance ! - qui ne faisaient que piailler.
Depuis, elle n'était pas retournée leur rendre visite et ne pensait pas vraiment à le faire. Si elle n'avait aucun mauvais sentiment à leur égard, elle était par contre d'une indifférence presque totale. Son sens de la famille se réduisait à ses frères et sœurs, à présent que son père était mort, lui aussi.

Bonjour, glissée j'ai ! Peur, j'espère ne pas t'avoir fait ? dit la petite, d'une façon si étrange que Nuage d'Émeraude eut du mal à comprendre qu'elle parlait bien la même langue qu'elle. Déjà contrariée parce que ses plans de repos étaient perturbés, l'effort que lui demandait la compréhension des paroles de la gamine l'énervait encore plus. Aussi ne montra-t-elle aucune patience envers elle.

« Parle correctement, je comprends rien à ce que tu dis » grommela-t-elle en fixant durement Petite Sangsue.

Mais celle-ci ne s'arrêta pas là. Les câlins tu aimes ? Moi j'adore ! exclama-t-elle toute ronronnante ; il manquait peu de choses pour qu'elle se précipite vers Nuage d'Émeraude pour lui imposer un câlin qu'elle lui aurait alors volé. Car la réponse était non : Nuage d'Émeraude n'aimait pas les câlins, et d'ailleurs, on lui connaissait peu de marques d'affection. Non pas qu'elle était un être détestable : elle était très aimante, mais à sa façon. Il suffit d'entre des je t'aime lorsqu'elle disait je te défie, et c'était facilement visible.
Mais les câlins, non, cela ne faisait pas partie de son vocabulaire, ni de ses us et coutumes. Elle fuyait régulièrement tout contact qui n'était autre qu'un combat.

« T'avise pas de m'approcher, boule de poils » la prévint-elle alors, relevant instinctivement la patte avec un air de dégoût sur le museau, comme si le chaton était enrobé de bile de souris et s'apprêtait à se frotter à elle.

Juste un câlin, je veux..

La réprimande qui tomba fit reculer la chatonne, et il ne fallu guère davantage pour faire poindre dans ses mirettes d'or des larmes qui couleraient sans doute bien vite. Bredouillant, elle tenta de s'excuser, incertaine qu'on la comprit mieux ceci dit. Pa ... Par ... Pardon ... Je ... Déso ... lé... voul... ais ... peuh ... pas ... Secouée par la dureté de son aînée, Petite Sangsue laissa sa sensibilité prendre le dessus, ses petites pattes se mirent à trembler et elle baissa la tête, penaude, cherchant à éviter ses beaux yeux verts qui l'avaient attirer et qui à présent, lui paraissait oppressant. Fini le large sourire et la proposition de câlin, elle se sentait rejeté brutalement et son rêve s'était brisé en une fraction de seconde. Finalement, c'est à cœur ouvert que la petite tenta de faire comprendre à la novice pourquoi son doux visage joyeux s'était changer en tristesse et larmes.

- Tu ... te ... n'aime ... pas ... moi ... Pourquoi ... Hein ? T'es ...Co ... Comme ... Papa ... Jaspe ? Tu ... Tu ... Préfère ... les ... ga ... gar ... garçons ?

Petite Sangsue secoua la tête, chassant les larmes brillantes, les envoyant au loin comme on souffle sur une feuille morte pour qu'elle tombe plus loin. Elle était curieuse, comme tout chaton et le rejet qu'elle venait de découvrir de la part de l'apprentie nécessité des réponses. Même si, au vu de la tournure des choses, elle doutait qu'on lui en donne. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle s'écarta doucement du passage de son aînée, espérant ainsi apaisée les tensions, s'efforçant déjà à sourire, faiblement toutefois.

Hors RPG:

La réaction de la petite fut immédiate : elle recula et se mit de côté, sans doute pour échapper au rejet de son aînée ou à une nouvelle réprimande, et se mit à sangloter. Pa ... Par ... Pardon ... Je ... Déso ... lé... voul... ais ... peuh ... pas ... Au début, Nuage d'Émeraude sentit l'irritation agiter ses moustaches et elle roula des yeux au ciel : oh non, voilà qu'elle allait devoir gérer les larmes de crocodile d'un bébé... Elle avait d'autres choses à faire ! Mais à mesure que Petite Sangsue bégayait des excuses puis cherchait une explication au rejet de sa tante, celle-ci y prêta davantage attention. Elle détailla avec précision sa petite nièce, qui ressemblait en tout point à sa mère, Nuage de Méduse. Un pelage gris taché de bleu-violet, un poil épais et épars, une mine toute guillerette et détachée. Mais un détail en elle n'appartenait pas à la mère ; ses grands yeux jaunes, que Petite Sangsue tirait de son père, Nuage de Jaspe. Fixer intensément ces bébés-yeux rappela immédiatement son frère à Nuage d'Émeraude, qui sentit que l'irritation en elle disparaissait, remplacée par de la tendresse. Aussi exaspérant que soit le matou macho, il était son frère et elle l'aimait sincèrement ; elle ne pouvait pas détester cette petite qui avait les mêmes yeux que lui, et c'était sans parler du fait que Petite Sangsue était de sa famille. Cette naissance avait été à la base de nombreux commérages dans le Clan, mais Nuage d'Émeraude n'en avait jamais fait partie : elle se satisfaisait du pied de nez que son frère et Nuage de Méduse avait fait aux traditions, et elle se satisfaisait aussi de la déconvenue de Nuage de Jaspe devant ces chatons qui étaient de sa création, mais qu'il n'avait pas voulus.
Pour toutes ces raisons, l'attitude de Nuage d'Émeraude vira vers quelque chose de plus patient et agréable face à ce chaton. Elle ne serait jamais un exemple de bienveillance et de patience envers des petits, mais elle pouvait faire un effort. Elle devait faire un effort. Ne serait-ce que par respect pour la chatonne qu'elle avait elle-même été il n'y avait pas si longtemps. Et puis, elle devait mettre les points sur les i à propos de ce que venait d'insinuer Petite Sangsue.
Maladroitement, Nuage d'Émeraude s'allongea à la façon d'un sphynx ; ainsi, elle était à la même hauteur que sa nièce. Cela devrait déjà être moins impressionnant. Ensuite, avec toujours autant de maladresse, elle lui sourit, se voulant rassurante.

« Laisse-moi te dire une chose, Petite Sangsue : ton papa est un parfait idiot » et elle rigola en le disant, imaginant Nuage de Jaspe écouter cette conversation. « Depuis tout petit, lui et moi, on est en compétition et il ne fait que clamer qu'il est le meilleur parce que c'est un garçon ; mais la vérité c'est qu'il sait que je suis tout aussi bonne que lui ! » Elle rit encore, doucement, presque nostalgique en repensant aux premiers défis qu'ils s'étaient lancés, alors qu'ils étaient encore Petit Jaspe et Petite Émeraude. Puis elle se fit plus sérieuse, approcha son museau des oreilles de Petite Sangsue et, comme si elle lui révélait un secret, elle lui dit : « La vérité, c'est que les filles sont tout aussi fortes que les garçons. Ne te laisse jamais marcher sur les pattes ! »

Elle éloigna sa tête de Petite Sangsue : l'odeur de lait qu'elle dégageait lui donnait la nausée ; tout un monde séparait les deux chattes, mais quelque chose les réunissait, la famille.

Juste un câlin, je veux.

Quand sa tante se baissât, Petite Sangsue frémit d’appréhension, s'attendant à une remontrance, a un quelque chose sur le fait qu'elle n'était qu'un bébé à pleurer, une faible une ... Nuage de Jaspe aurait des centaines de façon de lui dire qu'elle ne servirait jamais à rien d'autre ... Mais le sourire de Nuage d'Émeraude la détrompa et le léger sourire de la chatonne s'accentua un peu, elle devait sourire, être joie, même si ce qu'on lui disait été méchant. La suite la fit recula de surprise et ses yeux papillotèrent avant qu'elle ne se ré-avance en souriant doucement. Son papa, un idiot, vraiment ? Elle ne le croyait pas, mais après tout, Jaspe été si peu là pour elle que sans doute jamais il ne saurait ce qu'on venait de lui dire alors ... Alors cela mettait un peu de baume sur son cœur, simplement. Et puis, entendre les autres rire été communicatif et rassurant, alors la solaire petite chatte rit doucement, pas avec sa voix, mais avec son corps, ses yeux pétillant de plaisir et ses oreilles frémissante, tout comme ses moustaches.

La surprise passa de nouveau sur ses traits, alors oui, les femelles pouvaient être aussi forte que les mâles ? Et si s'était Hippo-po-campe-tame qui avait raison ? Pour la première fois, Petite Sangsue se disait que oui, peut-être, elle aussi pouvait être forte, alors, sa queue s'agita de joie, et elle chassa les dernières larmes de ses yeux, ronronnant presque un peu. Ne pas se laisser ... La petite pencha la tête de côté, elle entendait, écouter mais, elle n'en serait jamais capable si ? Et pourtant, optimiste autant que manquant d'assurance, elle hocha tout doucement la tête.

- Alors, heu ... Je ... Suis pas ... nul ?

Elle bégayait, pas encore prête à re-mélanger les mots, craignant de se mettre à dos la rouquine alors qu'elle avait réussi à l'adoucir. La novice pouvait elle devenir un modèle pour elle ? En tout cas, la petite essaierait. Ronronnant de nouveau, comme si les larmes n'avaient jamais exister, elle ajouta de sa petite voie joyeuse. Donc heu ... Pas me détester, toi ? S'était un peu complexe mais elle se comprenait et tout en souriant, elle ajouta. A être forte, tu me montreras ? A nouveau, la joie avait envahis son petit être alors qu'elle se trémoussait doucement, guettant un peu de chaleur dans ses grands yeux vert, quêtant un peu d'attention aussi, où du moins, pas un rejet. Ce serait déjà bien, qu'on ne la rejette pas parce qu'elle été née "hors mariage". Sur ça, elle avait bien compris la leçon même si au final, la leçon ne lui été pas tout à fait adresser, si ?

La tristesse de la petite passa aussi rapidement qu'elle était arrivée ; Nuage d'Émeraude en fut rassurée, mais aussi un peu étonnée. La capacité qu'avaient les bébés de passer d'un état à l'autre était surprenante pour les plus grands, qui avaient quitté ce monde insouciant. La rouquine vivait pourtant encore dans ce monde il y avait peu ; mais les dernières lunes avaient été si intenses qu'elle avait déjà radicalement changé. Elle avait muri ; ce qui n'avait pas été bien difficile par rapport à son niveau de bêtises lorsqu'elle était chaton.
Petite Sangsue passa donc des larmes au rire et, réconfortée, chercha l'approbation de son aînée : Alors, heu ... Je ... Suis pas ... nul ? La question de la petite arracha un rire amer à Nuage d'Émeraude : elle reconnaissait parfaitement son frère - le papa de la petite - dans ces paroles dures que jamais aucun chaton ne devrait subir. La rouquine sentit soudain une haine brûlante venir lui réchauffer les joues : qu'est-ce qu'elle pouvait détester son frère, quand elle pensait à son esprit étriqué ! Mais comment expliquer cela à un chaton ? Comment lui dire que son père, sa figure-modèle, ne lui avait dit que des mensonges ? Les chatons avaient une telle tendance à adouber leurs parents... Ce ne serait pas une tâche aisée. Et pourtant, Petite Sangsue semblait prête à croire sa tante. Donc heu ... Pas me détester, toi ? À être forte, tu me montreras ? Nuage d'Émeraude la regarda tandis qu'elle se remettait à parler bizarrement. Cela la dérangeait parce qu'elle devait faire un effort particulier pour parvenir à la comprendre ; et ça la fatiguait. Elle n'avait pas une patience infinie envers les plus petits, contrairement à Nuage de Méduse qui était une mère-née ; mais alors, s'ils n'y mettaient pas du sien, elle avait l'impression qu'elle ne s'en sortirait pas avec eux.

« C'est d'accord, mais seulement si tu apprends à parler normalement ! » dit-elle avec un sourire maladroit mais qui se voulait encourageant.

Elle avait volontairement omis de répondre aux précédentes questions de Petite Sangsue, et particulièrement à celle lui demandait ce qu'elle pensait d'elle. Pas qu'elle la déteste, non, loin de là ; mais elle n'éprouvait pour elle aucune espèce d'affection, pour le moment du moins. Or, ce n'était décemment pas quelque chose qu'elle pouvait dire à une chatonne.

Juste un câlin, je veux.

Une seule preuve d'amour et la méfiance peut chez certain, disparaître en un instant, et tel était le cas pour Petite Sangsue qui avec la grande rouquine, jouaient aux montagnes russes des émotions. tantôt les larmes, aussitôt les rires. La suite figea la petit un instant alors qu'elle fit un gros effort pour répondre, hachant finalement la phrase de silence. Essayer ... heu non ... Je ; vais ; essayer. Un large sourire s'épanouit sur sa petite face alors qu'elle observait la novice. Le reste, déjà oublier, seul compter cette femelle qui voulait bien lui donner une chance, un petit peu de son temps. Oh qu'il devait être précieux, les grands en avaient rarement pour elle, du temps. Contente d'être parvenue à sortir sa petite phrase, elle ronronnait, tant et si bien que les vibrations se propageant à son corps lui firent perdre l'équilibre et elle s'affala d'un coup sur le flanc, heureuse comme seul les enfants savent l'être.

- Moi je; t'aime; bien. Tu ... gentille es.

Elle se redressa un peu, amusée par un brin d'herbe qu'elle tenta d'attraper, étirant ses pattes devants elle, pour finalement accrocher la petite plante et l'arracher. Je ; veux; être; comme ; toi. Des pensées simple, ainsi elle arrivait plus où moins à s'exprimer, mais en même temps, l'effort la fit bailler et doucement, elle ajouta, sans plus trop réfléchir. Dormir c'est important ... maman dit ... Et ses yeux posèrent une question, pouvaient elles s'allonger ensemble, se reposer, chuchoter entre elles ? Une demande d'un lien un peu plus vraie, sans qu'elle ne réalise a quel point le sang le leur avait déjà donner ce lien là. Celui d'une tante et de sa nièce ...

Essayer ... heu non ... Je ; vais ; essayer. Les efforts de la petite lui demandèrent du temps, mais furent productifs ; Nuage d'Émeraude lui fit un grand sourire d'encouragement, la félicitant par le même biais de sa réussite. Certes, parler normalement demandait à Petite Sangsue beaucoup de concentration et de temps, mais la rouquine était persuadée que plus elle s'entraînerait, et moins d'efforts cela lui coûterait. C'était le principe de l'apprentissage, après tout.
Fière d'elle, la fille de Nuage de Jaspe et de Nuage de Méduse se mit à ronronner, tant et si fort qu'elle perdit patte et bascula, se retrouvant allongée par terre. Nuage d'Émeraude rit doucement, amusée par la maladresse de la petite et à moitié plongée dans ses propres souvenirs : elle aussi, lorsqu'elle était encore chaton, était très maladroite et pataude. Elle se souvenait d'une fois où elle s'était retrouvée coincée dans les ronces qui formaient la tanière des guerriers ; seule l'intervention de Jolie Abeille l'en avait délogée.
Moi je; t'aime; bien. Tu ... gentille es, reprit Petite Sangsue tandis qu'elle relevait les yeux vers son aînée, l'invitant d'un regard à s'allonger auprès d'elle. Nuage d'Émeraude hésita. Elle avait d'autres choses à faire et considérait le temps passé avec les chatons comme une perte de temps pour son propre entraînement. Mais dans le même temps, elle ne voulait pas faire du mal à la petite. Elle voulait qu'elle grandisse et devienne une chatte sûre d'elle et fière. Pour cela, il fallait lui donner les moyens d'avoir confiance en elle, et la seule façon d'y arriver était d'être là pour elle, de l'épauler. Aussi Nuage d'Émeraude s'installa-t-elle près de sa nièce, les deux pattes serrées l'une contre l'autre, avec une expression sur le museau qui trahissait son manque d'assurance face aux chatons.
Je ; veux; être; comme ; toi. Petite Sangsue la regardait avec des yeux brillants, et Nuage d'Émeraude lui rendit son sourire, la félicitant encore des efforts de langage qu'elle fournissait. La réflexion de la petite la fit réfléchir : était-elle telle qu'elle avait toujours voulu être ? Si elle était un chaton, voudrait-elle être comme elle était à l'heure d'aujourd'hui ? La réponse ne mit pas longtemps à envahir son esprit : oui. Nuage d'Émeraude avait toujours poursuivi ses rêves et ses objectifs et réussissait brillamment - ou bruyamment, au choix. Elle n'aurait échangé sa vie pour rien au monde.
Mais Petite Sangsue devrait trouver son propre chemin, et sa vie n'en serait pas moins belle. Tout le chemin restait à faire ; toutes les possibilités étaient ouvertes.

Dormir c'est important ... maman dit ... Nuage d'Émeraude éclata de rire. Elle reconnaissait bien là l'esprit de Nuage de Méduse, bien contraire à celui de Nuage de Jaspe, le père de la portée.

« Ta maman a raison, il faut dormir beaucoup pour devenir grande et forte ! » dit-elle maladroitement, se disant en même temps qu'elle parlait qu'elle ne croyait pas vraiment à ce qu'elle disait. Il fallait être en forme, oui ; mais elle n'avait jamais aimé dormir longtemps, ayant toujours préféré s'activer. Nuage d'Émeraude avait dit ça en espérant un peu que sa nièce sauterait sur l'occasion pour aller piquer un petit somme ; et ainsi, la rouquine pourrait partir s'entraîner sans risquer de la blesser encore.

Juste un câlin, je veux.

Les sourires encourageant de sa tante lui faisait plaisir néanmoins, la chatonne ne pouvait s'empêcher de penser que parler normalement était difficile. Elle qui préférait tellement se démarquer en inversant les mots, comme si la mélodie qui en résultait alors était plus belle à ses oreilles. La rouquine au fond était gentille et la petite commençait déjà à s'y attacher mais dans un même temps, elle devait sentir sa tante guère prête aux contacts car si la presqu'adulte s'allongea bel et bien, il y avait entre elle une distance, si petite, ténue mais tout à la fois bien présente. Le rire pourtant acheva de mettre en confiance la chatonne qui ronronna doucement, tout en se roulant en boule, la, au milieu même du camp avec pour seul rempart au froid le corps proche de l'apprentie.

- Grande et forte, je serai.

Puis elle se leva et dans un élan de tendresse, elle vint frotter sa tête au cou de la novice avant de se reculer et de plonger ses petits yeux d'or dans ceux d'un vert émeraude. Elle y chercha un instant du soutient puis avec un large sourire, elle fit un bond, maladroit, vers l'arrière.

- Je ... Vais ... Rentrée.

Elle butait sur les mots, à nouveau et pourtant, elle était heureuse, ravie de cette rencontre, de ce moment passer car elle le comprenait un peu, l'autre n'était pas à son aise, à moins que ce ne soit sa propre fatigue, son envie de se lover contre sa mère et son frère. Toujours fut il qu'elle fila, heureuse boule de poil grise qui trottinait et basculer un peu, maladroite petite qui avait besoin de trouver sa voie et qui pour l'heure, venait de faire la connaissance avec un modèle qu'elle suivrait un bout de temps au moins. Jusqu'à trouver sa voie propre ...

HRP:

Grande et forte, je serai, déclara Petite Sangsue dans son si étrange langage. Nuage d'Émeraude devait bien lui reconnaître une chose : son originalité, sa capacité à se démarquer à son si petit âge, à avoir une personnalité à elle. C'était rare, et la rouquine n'était pas assez mature pour se rendre compte qu'il s'agissait d'une force, mais elle était assez grande pour réaliser que c'était original et unique.

« Je n'en doute pas ! » répondit-elle avec un sourire franc. Elle n'avait absolument aucun doute sur la puissance que pourrait obtenir Petite Sangsue en grandissant et en s'entraînant : lorsqu'on voyait la carrure dodue de sa mère et la puissance du corps de son père, il n'était pas difficile d'imaginer la rejetonne devenir à son tour grande et forte. Bien sûr, l'entraînement achèverait le travail ; mais elle partait avec de bonnes bases.

Je ... Vais ... Rentrer, souffla finalement Petite Sangsue en se rappelant de l'effort qu'elle devait faire pour parler normalement devant sa tante. Celle-ci lui sourit à nouveau en guise de récompense à son travail, puis acquiesça d'un coup de tête. Un chaton ne devait jamais traîner trop longtemps dehors, d'autant plus en pleine saison des neiges et avec le peu de proies qui comblaient le ventre des prédateurs. Les minuscules boules de poils devenaient alors des victimes toutes trouvées, et facile à chasser... Et puis, ça permettrait aussi à Nuage d'Émeraude de ne plus avoir la petite entre les pattes : à elle la vie libre ! Elle pourrait décider d'aller parfaire son entraînement, encore ; elle n'en avait jamais assez.

« Très bien, Petite Sangsue. Rentre vite au chaud. »

Elle se releva et poussa délicatement l'arrière-train de chatonne, la faisant ainsi avancer, certainement un peu plus vite qu'elle n'aurait vraiment été seule, avec ses minuscules pattes. Elle la poussa ainsi jusqu'à l'entrée de la pouponnière et s'assura qu'elle rentrait bien et retrouvait sa petite famille.

Alors, seulement, elle tourna les talons et s'enfuit du camp.