L'inconnue aux yeux tout remplis de tendresse ◊ ft Sangsue -abandon

C'était un étrange sentiment que celui qui emplissait le cœur de la Muse, ce jour-là; devenue lieutenante, un moment sans novice, elle renouait avec ses habitudes, et pourtant, devait trouver une nouvelle manière de vivre son quotidien. Les entraînements avec sa fille, Nuage de Méduse, s'étaient mués en sorties solitaires, ou en compagnie d'autres de ses camarades, pour pêcher, patrouiller ou chasser - les journées et les nuits se succédaient doucement, dans une ambiance paisible, tandis qu'elle devait, de temps à autre, épauler Étoile d'Or ou donner des conseils ou des tâches aux guerriers, aux plus jeunes. C'était, en réalité, un retour à la vie connue auparavant à la jolie guerrière, princesse d'eau et de sable, mais pourtant, tout était changé, et la présence de sa cadette à ses côtés lui manquait; les éclaboussures dans la rivière, l'épuisement, l'air ravi face aux proies qu'elle attrapait, et à l'enchantement de la vie qu'elle découvrait. Les échecs, le travail, le caractère volontaire de la petite chatte taupe et mauve, au nez taché, et puis les réussites... Nuage de Méduse s'était néanmoins installée à la pouponnière, sincère et pleine d'amour, et la tête haute face aux commentaires acerbes des autres, pour devenir reine, et les lunes, passant, amenaient les chatons. Depuis quelques temps, trois petites boules de poils avaient ouvert les yeux, dans la tanière, trois tout petits que Museau Bleu, de loin, couvait de ses yeux verts tout remplis de tendresse: Petit Hippocampe, Petit Axolotl et Petite Sangsue.

La belle lieutenante connaissait le premier des trois chatons, seulement, adorable félin miniature qui se revendiquait de n'être plus un bébé, rêvait d'être un oiseau et s'appelait, selon ses propres dires, "Hoppi Carpe" - un sourire s'esquissa délicatement sur son visage, amusé et aimant, à cette seule pensée; il était attachant... Mais surtout, elle voulait prendre des nouvelles de sa petite novice, nouvelle maman, à présent, et veiller sur sa fille, juste un peu, comme sur ses petits-enfants; alors, ses cadeaux dans la gueule, elle se dirigea, en cette douce matinée d'automne qui ventait, vers la pouponnière à l'autre bout du camp. Une truite, à partager avec Nuage de Méduse, et pour Petit Hippocampe, qui avait annoncé qu'il n'aimait pas le poisson, et qui était, de toute façon, trop jeune pour manger des proies, une petite couronne de fleurs et un galet poli, tout lisse, tout gris. Un gris clair, même - la vétérane avait retenu ce que voulait l'enfant. Alors, en entrant dans la tanière, elle déposa devant sa fille le repas, la saluant d'un sourire, puis, délicatement, disposa ses cadeaux pour le fils de celle-ci; tout était calme, aujourd'hui. Du moins... Jusqu'à cet instant. Mais ça, c'était sans compter sur un autre des enfants.

L'inconnue aux yeux tout remplis de tendresse

Repue, la petite chatte aux yeux d'ambre s'était longuement endormi, avant de s'éveiller, le ventre lourd et pressée de se soulager. Ce qu'elle fit en filant à toute allure, après moult chute en vérités. Le regard des autres membres de son clan pouvait lui paraître dur, alors, rapidement, elle avait pris habitude de revenir se terrer dans le pelage de sa mère, mais pas cette fois, car, entrant dans la pouponnière, elle avait découverte une guerrière. Une femelle imposante et au regard doux, une chatte qu'elle avait déjà aperçue, de loin. La lieutenante du clan, même s pour elle, rien que le mot était imprononçable alors savoir ce que tout ça signifiait ... Se cachant dans les roseaux, elle scruta la nouvelle venue, soulagée à mesure des minutes passant en découvrant Nuage de Méduse sereine et mieux, la nouvelle venue aux beau yeux tendre avait offert à sa mère un beau poisson et à Petit Hippocampe, un caillou. Mais les choses matériels n'intéresser pas la chatonne qui, faisant mine de rien, de revenir tout naturellement du discret petit coin où les chatons se soulageaient, posa son regard sur la chatte. Sans un mot, elle la contourna puis, se voulant aussi vive et agile qu'une truite, elle se retourna, s'emmêla les pattes et, fini sous le ventre de la femelle.

- Qui tu es ? Là pour faire des cadeaux, tu es ?
Depuis qu'elle avait découvert qu'en parlant ainsi, elle parvenait à faire de petite phrase sans bredouiller, Petite Sangsue abusé de cette façon grotesque de parler qui amuser parfois la galerie. Mais cela pouvait tout autant agacer, cependant, la vétérante li semblait amicale alors, après un regard à sa mère et un autre à son frère -trop absorber par son "jouet - elle se jeta sur la patte de la lieutenante, s'y frottant allègrement.

- Moi je ... préf... fèheu...raillle les chalins ... heu ... les câlins j'aime, dire je veux. Comme si mélanger les mots autrement l'aider à s'accorder à ses pensées, lier son esprit et sa gueule, ses hésitations cessaient dès lors que l'ordres des mots, la chatonne inverser. Une assurance nouvelle naissait de cette façon là de s'exprimer, mais plus que cela, s'était sa joie toujours plus forte qui guider sa voix. Boule d'énergie et de tendresse, elle s'était mise à ronronner si fort que ses oreilles "retournées" en vibraient. Le tout bien sur, sans cesser de se frotter à la patte de l'invitée.

Museau Bleu connaissait assez peu les petits de son apprentie - autant dire de sa fille, puisque le regard empli de tendresse qui effleurait une certaine fourrure mauve n'était pas tout à fait celui d'une mentor, malgré le secret qu'elle devait garder, muette, dans son cœur - à l'exception de Petit Hippocampe, en tout cas depuis que ceux-ci avait ouvert les yeux et commencé à explorer le Clan; elle n'avait pas eu l'occasion de visiter autant qu'elle l'aurait souhaité, et, son rôle la tenant parfois éloignée de la pouponnière, royaume d'enfance que la princesse de l'eau avait quitté bien longtemps auparavant, n'avait pas encore eu l'occasion de découvrir la petite silhouette qui miaula quelques mots, élocution étrange et petite voix timide.

« Qui tu es ? Là pour faire des cadeaux, tu es ? »

Museau Bleu esquissa un petit sourire amusé, coulant un regard en coin à Méduse avant de reporter toute son attention sur la minuscule chatonne bleue et lilas, aux yeux d'or; comme elle était jolie ! Un peu maladroite, aussi - contre les pattes de la vétérane, sur le dos, elle représentait à la perfection les petites erreurs d'un enfant qui avait encore beaucoup de maladresse, sur ses pattes, à cet âge; mais surtout, la seule fille de la portée semblait douce, et gentille, et infiniment affectueuse. Quand Petite Sangsue se frotta contre la grande patte beige, la guerrière se sentit fondre - et bientôt, son museau à la teinte bleuet venait se poser doucement tout contre le petit corps, en ronronnant très fort.

« Moi je ... préf... fèheu...raillle les chalins ... heu ... les câlins j'aime, dire je veux. »

Les bégaiements de la fillette expliquaient sa manière différente de parler, comme si jongler avec les mots, les faire danser, changer leurs places et créer une mélodie différente mais jolie, l'aidait à vaincre sa timidité; Museau Bleu comprenait, même si, trop sûre d'elle, elle n'avait jamais eu à gérer le même problème - ce qui importait, de toute façon, c'était que sa petite-fille puisse s'exprimer malgré tout, en trouvant sa manière bien à elle; ça la caractériserait, ça aussi... Et ça la rendait aussi drôle qu'attachante. Adoptant ces constructions de phrases par mimétisme, pour rassurer et encourager autant que faire sourire, Museau Bleu se glissa délicatement jusqu'au sol pour se trouver moins haut, par rapport à la toute petite - ainsi, ses grands yeux d'un vert jade se trouvaient à la hauteur du visage enfantin. Sa voix cristalline se fit aussi très douce.

« Museau Bleu, la lieutenante, je suis. Pour vous voir tous, je viens. Un câlin, tu aimerais ? »

À travers l'attitude de Sangsue, de toute façon
On sentait clairement une belle demande d'affection
Et la princesse de sable et d'écume, à travers ses ronrons,
Était ravie de pouvoir lui offrir des câlins et un peu d'attention.

Comme une confidence
Elle souffla
Gentillesse et tendresse:

« Aujourd'hui, là, juste pour toi, je suis. »

Et c'était vrai
Hippocampe jouait
Méduse mangeaient
Plus tard, elles parleraient
Mais à cet instant, il n'y avait
Que la petite chatonne
Qui ronronnait.

« Faire quelque chose, tu veux ? »

Elle n'avait pas le droit
D'être sa grand-maman
Mais aux yeux de l'enfant
Elle pouvait être, cette fois
Encore un peu
L'inconnue
Aux yeux
Tout remplis de tendresse.

L'inconnue aux yeux tout remplis de tendresse

Un sourire, s'était bien plus qu'il n'en fallait à la petite pour se sentir un peu rassurée, d'autant plus que n'ayant pas tout à fait une très bonne estime d'elle-même, elle avait besoin de ses signes des autres. Ses petits rien qui lui annonçait qu'elle pouvait sans risquer un feulement agressif. Et puis, la douce caresse du museau s'approchant lui fit relever queue et dos, ravie, heureuse, conquise par cette adulte toute douce qui, sans avoir encore eu temps de dire le moindre mot, lui rendait cet amour qu'elle offrait. Et mieux, la grande se coucha, faisant ronronner d'autant plus le petit moteur de chair en Sangsue, faisant frémir de plaisir tout le corps de la chatonne. Sa fourrure se dressée par vague douce, retombante aussi tôt, comme une mer sous une brise légère. Résultats des muscles qui, l'espace d'un instant, se contracter à peine, juste assez pour traduire le surplus d'émotion positifs de Petite Sangsue. Et que la Museau Bleu prenne temps de parler comme elle figea la petiote qui mit un instant, yeux écarquiller, pour comprendre que 'autre faisait ça pour elle, et elle toute seule. Aussitôt, elle s'éclaira de l'intérieur et un sourire visible jusque dans ses prunelles cerclés d'or.

- Beaucoup même, j'aimerai ! Furent les seuls mots qui quittèrent son petit museau alors que sans attendre, dans la fourrure chaude de l'épaule devenue à sa taille, elle se plongeait délicieusement, serrant comme elle le pouvait, ses petites pattes autour du cou trop imposant. La suite, elle ne s'y attendait guère davantage et cessant de ronronner, elle offrit à la lieutenante des lèches légères et douce sur cette babine si proche de sa petite tête. Et en entendant la proposition, de nouveau, de côté, sa tête pencha, la faisant basculer en arrière, perdant son maigre équilibre dans un éclat de rire joyeux, sonore, enfantin.

- Pas tomber, pour commencer, je pourrai ?

Basculant son arrière train de gauche à droite pour se donner un peu d'amplitude, elle bascula de côté pour ficxer aussitôt cette inconnue - qui n'en devenait plus unes - avant de miauler, tendresse incarnée. - Des chatons, toi aussi, eu tu as ? Curieuse féline qui voulait comprendre son clan, les familles, le mariage. Cette pensée soudaine lui fit poser une autre question tant, sa naissance hors mariage pesait sur ses frêles épaules, regards lourds et murmures mesquin. Mariée, tu es ? Oui, s'était le plus important. Le mariage. Où tout du moins, la petiote tentait de se l’imaginer, sans véritable résultat mais ça, elle été seule juge de ses propres rêves, de ses imaginations.

Museau Bleu avait toujours été sûre d'elle, bien au contraire de sa petite-fille, en un contraste qui la faisait sourire avec nostalgie, mais s'il avait été, à tout hasard, dans sa nature d'hésiter, et de se poser des questions sur le bien-fondé de ce qu'elle avait fait, elle aurait oublié toutes ses appréhensions et trouvé toutes ses réponses sur le petit visage transfiguré par la joie de la minuscule boule de poils devant elle: un grand sourire s'était esquissé sur son visage, ses prunelles d'or scintillaient plus fort que toutes les étoiles du ciel, et ensemble, ils illuminaient son visage, comme deux petits soleils. Son cœur aussi devait être plein de lumière et de couleurs - la lieutenante en fut heureuse. C'était tout ce qu'elle souhaitait à ce bébé, petite silhouette toute douce, au duvet bleu parsemé de petites taches lilas, et au ventre couleur de neige: de la joie, des sourires, des jeux, du bonheur, et des fous rires à n'en plus finir. Elle était si pure, la seule fille de Nuage de Méduse ! Elle méritait d'être aimée - et à voir le comportement de Nuage de Jaspe, ce ne serait pas l'arrogant jeune mâle qui lui offrirait la place dans son cœur. Museau Bleu, elle, ne devait rester que l'inconnue aux yeux tous remplis de tendresse; mais quand la petite répondit, ce fut à son tour de sentir les floraisons d'affection qui s'épanouissaient dans son cœur, comme la gaieté sur ses jolis traits.

« Beaucoup même, j'aimerai ! »

Il ne fallut pas davantage de paroles pour que la minuscule princesse de la pouponnière passe ses pattes fines autour du cou de l'adulte, pour se blottir dans la chaude pelisse de sable et d'écume, Museau Bleu la sentant ronronner tout contre son cœur; quelle adorable enfant ! Mais la fillette n'avait pas fini de la surprendre, et bientôt, une langue rose déposait, sur sa joue, une tendre caresse; la vétérane, elle, se sentait fondre peu à peu... Émue, elle rendit cette affection à l'adorable gamine, et bientôt, leurs rires s'entrelaçaient, quand cette dernière tomba en arrière, miaulant innocemment:

« Pas tomber, pour commencer, je pourrai ? »
« C'est une bonne idée. » ronronna gentiment l'aînée.

C'était tellement innocent, un enfant.
Surtout à cet âge là - et elle, petite ange...
Avec douceur, Muse l'observa se relever
Encourageante et aimante, pour elle.
C'était tellement innocent, un enfant.
Surtout celle-ci, au sourire adorable.
Mais parfois, avec tant de candeur,
Ils pouvaient poser des questions
Si simples, mais qui serraient le cœur.

« Des chatons, toi aussi, eu tu as ? »

Curiosité.
Gentillesse.
Peine.
Amour.
Joie.
Tendresse.
Douceur.

Museau Bleu ne trouva pas immédiatement la force de répondre, son regard glissant, par dessus la tête de la petite fille, jusqu'à la mère de celle-ci, pour contempler un instant la plus jeune des reines - sa Nuage de Méduse, son apprentie, sa fille. Oui, la belle lieutenante aux yeux de jade avait eu des chatons. Et si seulement, si seulement Petite Sangsue avait su ! Elles étaient une famille. Mais la petite ne comprendrait peut-être pas, et de toute façon, certaines choses les protégeraient mieux en restant des secrets. Mais elle n'avait, malgré tout, pas envie de mentir à sa protégée d'un jour... La minuscule princesse méritait la vérité, simplement, et rien d'autre. Une autre question, cependant, changea légèrement le sujet, une interrogation qui semblait trop lourde pour les frêles épaules de celle qui la posait. Tout doucement, un miaulement:

« Mariée, tu es ? »

À celle-ci, tout au moins, Museau Bleu pouvait répondre.
Attirant contre elle la petite pour une étreinte, elle souffla alors:

« Non, mariée je ne suis pas. Et des chatons, le droit d'avoir je n'avais pas. »

C'était aussi près de la vérité qu'elle puisse s'aventurer.
Aussi près qu'elle puisse mener les choses, sans tout lui révéler.
Un jour, peut-être, quand elle serait plus grande ? Un jour...

« Mais sais-tu, ce n'est pas si important le mariage. »

Je n'avais le droit d'avoir des chatons, mais je l'ai pris.
C'était inattendu et c'était une folie, mais je ne regrette rien.

« Pourquoi, petite princesse, tu poses cette question ? »

Les grandes prunelles de jade étaient des lacs de délicatesse, d'affection, de tendresse.
Pour sa jolie fillette. Mais pour le reste du monde... Selon la réponse, elles seraient des épées.

L'inconnue aux yeux tout remplis de tendresse

Ne pas tomber, grandir, mais avant de grandir, il fallait laisser le temps agir et ça, ça pouvait être long. Pas pour Petite Sangsue qui croquait la vie à pleine dent, profitant de chaque instant pour faire des découvertes, pour admirer le moindre détail. de cette herbe folle qui pousse en se tordant à cet insecte qui rampe doucement sur le sol humide. Un rien pouvait la faire sourire. Et si parfois, les larmes pointaient dans son regard, elles ne duraient jamais tant elle préférait cacher cela sous un amour profond, faisant mine de ne pas être touchée et de continuer à briller, malgré tout. Et si la chatte ne lui répondit pas sur les chatons, la question était déjà oublier, pousser loin, afin que la rivière l'emporte dans son courant, pas parce qu'elle avait compris le silence de la douce adulte, mais bien davantage parce qu'à cet âge là, l'esprit demeure libre.

Et la suite s'oublia presque dans un nouveau câlin. Pas de mariage, soit, tant pis, s'était juste sans doute, que cette gentille inconnue n'avait pas encore trouver le bon papa. Et pour la petite perle de la rivière, cela n'était pas si grave, puisque la lieutenante n'avait pas parler d'enfants, n'est ce pas ? Et pourtant, son esprit imprima un instant la vérité, avant de la balayer, souffler par un vent chaud d'amour alors que ses deux prunelles se figèrent dans celle de cette femelle si tendre avec elle.

Parce ... heu ... que ... hé ... pas gentils sont certains ... avec Maman aussi. De honte ils parlent et ... Honte pas un joli mot. Comme une épine dans un nid ...

Elle cherchait ses mots, bafouillant, cafouillant, se perdant dans la peur subitement, de se voir disputer. Mais la douce Muse ne semblait pas prête à s'envenimer alors doucement, la chatonne ajouta. Pas être obligé d'être marier, on est ?

Pour aimer, elle aimait tout ceux qui voulait bien l'aimait en retour, devait elle donc faire un choix, n'offrir ses câlins qu'à certains. Secouant la tête, oubliant le sérieux, elle offrit un large sourire. Oh ! Nager je veux ! M'apprendre tu pourras ? L'eau, elle aimait l'eau, s'approcher de cette matière liquide qui changeait de couleur avec la course du soleil. Et voilà que déjà, bien loin, se retrouver ses craintes, joyeuse boule de fourrure qu'elle savait être.