Rapport ▬ Busard Cendré. - abandon

Après s’être entraîné avec Nuage Roux, Raton Laveur est épuisé. Il traîne des pattes dans le camp et cherche le lieutenant du regard mais il ne le trouve pas. Le temps s’est couvert et le ciel est brumeux. Il est peut être sorti avec une patrouille. Le guerrier masqué a faim et se dirige vers le tas de gibier pour en extirper une petite souris qui date sans doute de la veille. Il s’allonge non loin du tas, seul, guettant d’un œil le retour de Busard Cendré et la sortie de Secret du Firmament.

Raton Laveur arrache des petits morceaux de la souris pour la manger lentement et qu’elle lui remplisse au mieux la panse. Il a maigrit depuis la mauvaise saison mais son épais poil masque sa maigreur. Il relève la tête et il voit le lieutenant posé sous le promontoire. Il finit sa souris, jette les os derrière le buisson et trottine à la rencontre du lieutenant, légèrement paniqué :

« Busard ! J’ai rencontré un blaireau aux Rochers au Serpents. J’étais avec Nuage Roux, on a dû fuir. Je ne sais pas où il a pu aller ni s’il est blessé. J’ai envoyé l’apprenti chez la guérisseuse pour qu’il se fasse soigner. »

Paniqué, le guerrier espère avoir bien fait de protéger l’apprenti avant de protéger le clan entier. Le vétéran doute et espère que le lieutenant comprendra son choix.

Comme à son habitude, Busard Cendré était assis, à sa place officielle, soit sous le promontoire. Il fixait les allers et venues des siens, écoutaient leur rapport, en envoyaient d'autres en patrouille pendant qu'Etoile du Vautour se chargeait de charges plus complexes.

Pourtant, même si sa tâche lui prenait relativement du temps, les longues pauses étaient fréquentes et ennuyantes. Ceci expliquait pourquoi il bailla à s'en décrocher la mâchoire, avant de reprendre son air impassible, telle une forteresse. Par la suite, il pensa à Guêpe Sauvage, kidnappée lors de l'attaque du Clan du Vent. Un vague frisson lui parcourut l'échine, craignant bien évidement pour cette dernière et pour la suite des événements.

« Busard ! » vit une voix au loin.

L'intéressé dressa vivement ses oreilles et d'un coup d’œil, découvrit qui venait de l'interpeller. Celui-ci avait l'air bien déboussolé, ce qui eut pour effet ... De faire frissonner le lieutenant une deuxième fois. Quelque chose de mauvais se tramait.

« Oui, Raton-Laveur ? »

Le tricolore arriva à sa hauteur, paniqué. Busard Cendré, lui, le fixait avec insistance, désireux de savoir ce qu'il lui voulait, mais il était tout aussi pressé de connaître la gravité du problème. Les oreilles droites, il mettait toute son attention sur le félin gris.

« J’ai rencontré un blaireau aux Rochers au Serpents. J’étais avec Nuage Roux, on a dû fuir. Je ne sais pas où il a pu aller ni s’il est blessé. J’ai envoyé l’apprenti chez la guérisseuse pour qu’il se fasse soigner. »

Un blaireau. Comme si le Clan du Tonnerre n'avait pas assez de problème sur le dos ! Le bras-droit du meneur baissa la tête, paupières closes et lâcha un énorme râle, mêlant dépit et colère. L'hiver, la guerre avec le Clan du Vent, le deuil de la tribu, la guerrière captive à récupérer et maintenant ce blaireau ...

« ... Il ne manquait plus que ça. »

Puis il réfléchit encore et encore. Comment contrer cette possible menace, alors que ses camarades étaient plus que tout, affaiblis ? Il ne pouvait pas doubler le nombre de patrouilles, ils avaient encore d'autres choses à essuyer.

« Tu sais s'il était seul ? Peut-être qu'il y en avait d'autres, remarquables qu'à l'odeur. Son possible terrier ? » demanda-t-il en relevant la tête.

Son regard dériva parmi la brume, son esprit, lui, ne flottait nullement. Pourtant, même s'il était inquiet, il se devait de rassurer le guerrier qui venait d'échapper à une mort certaine.

« Sinon, toi. Tu n'es pas trop blessé ? »

La nouvelle du guerrier n’est pas la plus belle des nouvelles. La présence d’un blaireau sur les terres c’est toujours quelque chose de délicat, il y a jamais de risque zéro tant que l’on ne s’est pas assuré qu’il a quitté les terres. Inquiet pour les membres du clan, son réflexe a été d’aller voir le lieutenant et il a bien fait. Ce-dernier lui répond :

« ... Il ne manquait plus que ça. Tu sais s'il était seul ? Peut-être qu'il y en avait d'autres, remarquables qu'à l'odeur. Son possible terrier ? Sinon, toi. Tu n'es pas trop blessé ? »

Le lieutenant n’est pas serein, ça se voit dans son regard. Le masqué soupire et réfléchit quelques instant avant de trouver la solution la plus “simple” - mais pas la plus prudente - au problème. Retournons aux rochers. Il s’étire et reprend :

« Ne t’inquiète pas pour moi, tout va bien. J’ignore s’ils étaient plusieurs, on devrait y retourner pour voir s’il a fuit et s’il y en a d’autres. En route ? »

Le guerrier commence à se tourner vers l’entrée du camp. Il fait deux pas avant de lancer un regard par dessus son épaule et d’attendre la réponse du vétéran.