Des textes sont tellement pauvres qu'ils n'iront jamais au sport d'hiver
Sous le silence pâle de l'hiver, quand naît à peine le jour, la neige étincelle, vaste tapis velouté, grande piscine de cocaïne, éclats de verre sur lesquels je pose les pieds. Je n'ai jamais vraiment aimé ça, j'ai toujours eu le poil trop court pour supporter le froid, avant que l'hiver ne devienne synonyme de maladies et pénurie de plantes, la neige devenant symptomatique de cet état de ralentissement de la vie, et d'augmentation de la mort. Pas de manteau noir pour la faucheuse, mais une pelisse d'hermine. Eh puis, il a eu le blizzard. Il y a eu trop de morts. Il y a eu la faim, et notre fin, presque. Depuis cet épisode, je n'aime vraiment plus la neige, et vois les tombées de poudreuse comme des mauvais augures.
En somme, ça va être une journée de merde. Je me détourne de l'horreur qui se déroule à l'extérieur, et me concentre sur le guerrier qui est venu me trouver aux petites heures de l'aube, pour un problème de maux de ventre. Je finissais de lui appliquer un remontant quand une voix me vrille les tympans. Celle de mon fils. Bouffée de chaleur et rose poudré sur les joues, je me détourne pour l'accueillir.
ESPRIT SOUCIEUX! C'est quoi cette merde blanche partout ?! Un poète, mon gamin. La grâce de son père dans la bouche, des mots fluides et apaisants, glaçon sur une plaie à vif, pavot pour les bleus à l'âme. Je gronde un peu, colère et amusement. C'est son premier hiver. De la flotte solide, fils. De la neige. La mange pas, tu vas être malade. Un sourire m'arrache la gueule, il est quand même touchant, ce kiddo. Au pays des soleils morts, il vient rallumer quelques flammes dans la nuit.
CODAGE PAR AMIANTE