Se sentir trahis. [Pv Nuage des Vents] - abandon

Se sentir trahis.

L'albinos en avait plus qu'assez car depuis que Madame Vent avait choisis de devenir apprentie guérisseuse, elle l'avait soigneusement éviter. Autant dire que la femelle blanche en avait pris ombrage et avait pour sa part, délaisser sa prétendue amie, l'abandonnant à son triste sort. Car quel joie y avait il a cueillir des plantes, à voir les malades nous approcher, de près, de bien trop près et mieux, à enduire les morts de plantes pour cacher leurs fumets méphitiques. Oh certes, à ses yeux, ce n'était pas bien joyeux non plus d'être apprentie guerrière, de nettoyer des litières, d'avoir en gueule des boules de mousses emplit de bile de souris et d'asticoter des anciens ronchons avec pour déloger leurs tiques, mais au moins elle, elle pouvait se défouler en se jetant sur le premier imbécile venu. En foutant des coups de pattes aux entraînements. Et en tuant des proies. Même si pour ça, il fallait affronter le froid et à présent, la neige. Mais voilà, là quelque part en elle, plus que le froid de cette maudite neige tombée sur les plaines, il y avait un froid créer par un vide, un manque. Et elle comptait bien changer cela, pas de la plus douce des manières pourtant.

Assise derrière un buisson, elle guettait sa camarade, cette traîtresse qui sans raison lui avait tourné dos, hors on ne tourner pas dos à Nuage Lunaire sans raison ! Et l'albinos attendait simplement que l'autre quitte l'antre des anciens, trépignant presque sur place alors quand le museau blanc passa la tête hors de la tanière, l'albinos sortis de sa cachette. D'un pas lourd et pesant, les oreilles rabattus sur son crane, sa fourrure gonflée, bien plus hérisser qu'ébouriffer et les crocs révélés. Menaçante, Nuage Lunaire l'était en cet instant. Bloquant le passage à celle avec laquelle elle avait partager son nid, partagés peut-être même bien plus de mots qu'à quiconque - son propre mentor faisant figure d'exception. Et l'immaculée ne voulait pas tourner autour du pot, elle détestait ça de toute manière.

- Ça va, tu t'amuses bien ? Bouffeuse d'herbe ...

Mais au fond, la blanche était surtout blessée, elle se sentait seule et pensait avoir perdue la seule avec laquelle un semblant d’amitiés s'était créer. En cela, sa queue rabattus sur son flanc en était une marque et son regard aussi, mi colère, mi frustration, mi peine. Son ton pourtant était aussi tranchant qu'une plaque de glace cassée, froid tout autant d'ailleurs. Mais pour Nuage Lunaire, s'était là la seule façon qu'elle connaissait de s'exprimer.

- J'espère pour toi que la compagnie des étoiles te convient, puisque t'es pas capable de garder tes amis.

Elle releva la tête, comme pour dominer l'autre, comme pour se donner une contenance, mais malgré tout, cela se voyait, qu'elle attendait des excuses, quoi que ce soit qui la rapproche de nouveau de Nuage des Vents. Parce que le plus difficile pour l'albinos était de en pas comprendre cette fracture soudaine entre elle. Et si elle avait tenter d'ignorer son amie, s'en était trop à présent pour qu'elle ne revienne à la charge, ce qu'elle faisait, le plus maladroitement du monde.

- Merci bien ma p'tite, gratifia Neige Grise. Tu r'passeras ce soir pour mes douleurs hein?
- Oui oui, lui répondit Nuage des Vents, ses boules de mousse dans la gueule. Je demanderai à Silence d'Hiver ce que je peux vous donner.

L'apprentie-guérisseuse passa en revue les habitants de l'antre des anciens, vérifiant qu'elle n'avait oublié personne. Jusque là, tout allait bien. Il n'y avait que Neige Grise et ses classiques douleurs d'articulation chaque fois que le temps se faisait un peu trop humide, et Poil de Campagnol qui grinchait, comme à son habitude, clamant que c'est plus ce que c'était, que c'était mieux avant, sans jamais que personne ne sache vraiment ce qu'était ce fameux "ce" qui était devenu si horrible avec le temps. Pour ça, malheureusement, il n'y avait aucun médicament, aucune plante, mais ce caractère bien trempé avait pour bienfait de faire rire la plupart des anciens, alors les apprentis pouvaient bien l'endurer quelques minutes par jour.

Nuage des Vents se redressa, les saluant d'un hochement de tête. Elle y reviendrait bien assez vite, pas besoin de leur dire au revoir (même si la plupart ne la verraient sans doute pas passer, non pas qu'ils seraient morts, mais endormis profondément dans leur énième sieste de la journée).

- Ça va, tu t'amuses bien ? Bouffeuse d'herbe ...

Elle s'arrêta brusquement, juste avant de lui rentrer dedans. Trop occupée à réfléchir, elle n'avait pas vu Nuage Lunaire arrivé, et pas vraiment compris ce qu'elle venait de marmonner. Ses boules de mousses gorgées d'eau tombèrent au sol dans un "pouf" lorsqu'elle les lâcha, incrédule.

- ... hein?
- J'espère pour toi que la compagnie des étoiles te convient, puisque t'es pas capable de garder tes amis.
- Mais de quoi tu parles?

Quoi? Pourquoi? Qu'est ce qu'il s'était passé qui avait fait que soudainement, l'albinos venait l'agresser à la sortie de la tanière des anciens? Nuage des Vents plaqua ses oreilles sur son crâne. Dans son coeur, sa poitrine tambourinait exactement comme avant, et elle sentait la chaleur monter sur ses joues, mêlées à un sentiment de confusion. La maladie n'était pas partie. Elle repensait aux paroles de sa mère; une maladie. C'était une maladie, et il fallait qu'elle s'en débarrasse. Seulement, elle n'avait encore trouvé aucune plante pour effacer ça, et préférait éviter l'apprentie en attendant. Pour leur bien.
D'autant plus qu'elle était désormais apprentie-guérisseuse, et les guérisseurs n'avaient pas le droit de...
Nuage des Vents souffla. Elle en avait marre, de cette situation plutôt désagréable si elle n'était pas douloureuse, et voulait y mettre fin.

- Bouge de là Nuage Lunaire, j'ai du travail...

Se sentir trahis.

- De quoi je ...

L'albinos était choquée que Nuage des Vents fasse mine de ne rien comprendre et cela ne faisait que la blesser davantage et par conséquent, l'agacée d'autant plus. Comment sa camarade pouvait elle faire comme si entre elles il n'y avait pas ce lien, cette amitiés ? Pour la première fois de sa vie, la blanche aux regards vermeils se sentais plus trahis que jamais. Même Nuage Tordu paraissait agréable derrière sa joie stupide. Et la suite fut comme un coup de poignard supplémentaire, vive, sa patte se leva, mais se contenta de frôler l'oreille sourde de l'apprentie, retombant mollement au sol alors que Nuage Lunaire regardait subitement le sol, comme si il y avait là un monde infiniment plus intéressant.

- C'est tout ce qui t'intéresse alors ...

Et ce qu'elle avaient vécu, le drame entourant Brise argentée, leurs disputes, le réconfort qu'elle trouvait à dormir l'une contre l'autre, effacée, si simplement. En un instant la novice au cœur froid venait de se révéler plus faible qu'un chaton nouveau né, allant jusqu'à laisser une larme solitaire, tel un diamant, longer sa fourrure, glisser le long de son museau pour enfin s'écraser sur le sol. Elle ferma les yeux, juste une fraction de seconde, juste assez pour que, quand elle les rouvrit, toute trace de douleur se soit effacer pour laisser place à une fureur bel et bien réel.

- Hé moi qui pensait que peut-être, tu étais une amie ! Mais je ne suis pas assez bien pour toi c'est ça ?! Depuis que tu as découvert les étoiles, tu t'en fiches éperdument des autres alors ? Et bien retourne à ton travail, va retirer les tiques des anciens et chouchouter les chatons ! Va donc chercher seule tes précieux remèdes !

Elle secoua la tête, de rage, de frustration, de douleur aussi, car cet abandon là lui faisait mal dans la poitrine, mal dans le crâne et elle sentait cette douleur prendre le dessus. Elle détourna la tête, prête a partir, réalisant que la conversation ne pourrait aller que de mal en pis si elle partait en laissant ça comme ça. alors après un soupir, et toujours en fixant l'entrée de la tanière des novices où un instant plus tôt, elle songeait à se réfugier, elle ajouta, doucement.

- J'étais juste venu te dire que ... Les mots semblèrent se bloquer dans sa gorge, la chatte plongea ses griffes dans le sol, serrant les crocs avant de souffler entre, comme si ce qu'elle allait dire était une honte. Tu me manques ... De nouveau elle ferma les yeux, le cœur lourd. Nuage des Vents allaient elle s'en aller, retourner à son travail en la plantant là ? Nuage Lunaire escompter en faire de même et pourtant, un mince espoir faisait encore battre son cœur normalement, affaiblissant un peu de la colère qu'elle portait.