Maladie d'hiver | Secret du Firmament - abandon

Petite Source n'avait pas eu envie de se lever ce matin. Il n'y avait pas de petit chaton noir et blanc patientant devant la pouponnière pour observer les grandes-personnes ce matin là. Il neigeait doucement, une brise fraiche parcourait les arbres pour se faufiler jusqu'au camp du territoire du Tonnerre.
À la place de l'endroit où se tenait le chaton, un vide comblé par la neige, un petit brin d'herbe révolté se tenant fièrement droit, refusant de se soumettre au poids de la poudre blanche.

Les premières lueurs de l'aube perçaient le rideau de lierre qui tapissait l'entrée de la pouponnière. À l'intérieur, le calme plat. Quelques ronflements, d'autres ronronnaient tandis qu'une reine nourrissait ses petits. Petite Source, d'habitude silencieuse, avait la respiration sifflante. Elle avait fait un cauchemar pendant une nuit agitée où elle avait donné des coups à ses frères et soeurs. Un immense oiseau noir la poursuivait dans la pouponnière en voulant la manger. Il avait le même regard que toutes ces grandes-personnes qui la regardaient de travers, d'un air mauvais. Elle était toute seule, appelant à l'aide, ses cris masqués par les battements d'aile bruyants du volatile.

Elle fut réveillée par un éternuement qui lui fit reprendre conscience de son mal de gorge. Il ne lui donnait pas envie de se nourrir, car boire lui faisait vraiment bobo, ça lui piquait partout dans la gueule et elle voulait pleurer.
Petite Source se roula en boule contre sa maman-de-lait, les yeux brillants et le nez coulant. Elle avait à la fois chaud et froid, sa seule certitude était d'être fatiguée. Elle ne comprenait pas pourquoi : elle n'avait pourtant pas mangé de chenille, avait été sage, gentille, et n'était pas sortie de la pouponnière.
Triste et épuisée, elle ferma les yeux, cherchant le sommeil qu'elle ne parvenait pas à trouver. Aucune position n'était satisfaisante et ne la faisait se sentir mieux. Elle voulait bouger mais aussi rester là, immobile. Confuse, un peu perdue, elle se mit à pleurer, essuyant son museau trempé contre sa queue.

Maladie d'hiver.

La siamoise s'était réveiller tôt, trop tôt. Le calme, le silence dans son antre la dérangeait, elle qui n'avait toujours connu l'endroit qu'avec sa mentor. Exilée, disparue du fait, elle n'en avait senti nul trace lors des derniers jours. la birmane était parti, les étoiles seules savent où et secrètement, la siamoise lui souhaiter d'avoir enfin trouver sa place, sa joie. Parce qu'en faisant ce choix là, Nuit Hivernale lui avait permis de rester dans son clan, de donner la vie et de voir ses petits, même si elle ne pouvait s'en occuper. Comme par habitude maintenant, elle sorti en douce et après s'être soulagée, elle avait trouver de la neige, appréciant cet aspect là de l'hiver, qui lui permettait de frotter son ventre, d'étouffer les dernières traces de lactations qui s'étaient presque pleinement effacé. La guérisseuse s'était ensuite dirigée vers le tas de gibier, prélevant une souris maigre pour elle et une grive pour Croc Fendu qui la veille, s'était plainte de ses douleurs, du froid et de tout en réalité.

La chatte seal point alla donc rendre visite à la femelle irrité et irritable et la salua doucement, lui offrant la plus belle des deux prises, avant d'inspecter le nid de l'ancienne, ravi du travail des deux apprentis qui, de mauvaises grâce la veille, avait du ressortir sous son ordre pour offrir à la femelle un nid plus chaud. Satisfaite, malgré les grommellements de la grincheuse chatte, elle attrapa sa souris, mangeant en écoutant d'une oreille distraite les plaintes de Croc Fendu. L'ancienne ne parvenait pas à faire autre chose que râler après tout et s'était devenu un rituel habituel en quelques temps seulement. Pourtant, son repas fini, Secret du Firmament ausculta la vieille femelle, par acquis de conscience, s'assurant que les maux de l'ancienne n'était pas pire, et vérifiant ainsi qu'elle ne devait donc pas faire un aller retour afin de lui offrir l'un de ses remèdes. Non pas que de soigner ses camarades la déranger, simplement, la mauvaise saison durerait encore et la siamoise voulait éviter de gaspiller inutilement. C'est pourtant en faisant promettre à Croc Fendu de la faire appeler au besoin qu'elle s'en alla. Elle devait se rendre à la pouponnière, après tout, les chatons demeuraient fragiles et surtout, elle voulait s'assurer que les siens grandissaient bien ...

Mais dès son approche, Secret du Firmament se raidis, à l'entrée, l'absence de Petite Source était surprenante, c'est donc aux aguets que la femelle passa la tête dans l'antre, avant de s'y glisser, saluant Ourse Polaire qui sommeillait à demi, Boule de Chaleur et Boule de Neige la tétant avidement alors que Boule de Chance dormait, visiblement repu, la tête poser sur Petit Phoque. La reine lui désigna immédiatement Petite Source, un peu en retrait et lui murmura que la petite l'inquiétait, sans plus. Après tout, elle avait quatre bouches de plus à nourrir que prévu et même si la guerrière était loyale, elle n'en était pas moins épuisée. Surtout qu'il était encore tôt. La guérisseuse approcha donc la chatonne, penchant doucement sa tête vers la petite pour lui donner un petit coup de museau tendre, en profitant pour vérifié ainsi la chaleur de la femelle.

- Bonjour Petite Source.

Elle se recula, juste assez pour observer la chatonne qui frissonnait visiblement, ayant clairement un peu de fièvre. Comprenant bien que ça n'allait pas, elle lui demanda alors, la voix aussi douce que possible.

- Tu veux bien me dire ce qui ne va pas ?

La guérisseuse ne voulait pas inquiéter la reine, aussi, elle lui sourit. Après tout, Petite Source avait souvent le museau dehors alors ... Néanmoins, la siamoise n'était pas sereine, au contraire, elle craignait que ça ne soit grave, après tout, les chatons étaient si fragiles en cette saison ...

Roulée en boule contre sa mère, mordillant sa queue tout en pleurant, Petite Source ne leva pas la tête lorsque Secret du Firmament arriva dans la pouponnière. Toujours pas davantage quand on l’appela par son nom. Elle se contenta de marmonner une sorte de « mmmggnn » pour exprimer son mal être, refusant de bouger. Elle avait peur que tout irait plus mal encore si elle le faisait, alors elle préférait rester immobile.

- Tu veux bien me dire ce qui ne va pas ?

Question difficile à laquelle Petite Source n’avait pas exactement la réponse. En fait, elle ne savait pas ce qui n’allait pas, parce que trop de chose n’étaient pas normales - ou, du moins, pas habituelles - et parce qu’elle ne savait même pas ce qu’elle voulait.
Ne sachant pas ce qui lui arrivait, plus confuse qu’avant après avoir entendu cette question, elle se mit à geindre puis à pleurer, enroulant sa queue autour d’elle-même pour se cacher de tout ce mal qui l’assaillait, qu’importe l’endroit où il pouvait se cacher. Il devait forcément être quelque part.

- J’ai bobo partouuuuut… miaula-t-elle doucement entre deux inspirations pour nettoyer son nez couvert de morve.

Allait-on la punir pour ça? Avait-elle fait une bêtise? Et si on l’aimait moins qu’avant?
Petite Source rampa jusqu’à sa mère de lait, se cachant du mieux qu’elle pouvait dans son pelage. Si on ne la voyait pas, personne ne saurait.

- J’ai même pas- j’ai même pas mangé de cheniiille…

Elle avait entendu parler de cette histoire, ce petit chat à peine plus grand qu’elle qui était parti quelque part - elle ne savait pas où - tout seul, et il ne pouvait plus être aimé, et il avait eu très mal, tout ça parce qu’il avait mangé une chenille.
Alors Petite Source laissait les chenilles tranquilles. Elle ne ferait pas de bêtise.
De toute façon, c’était l’hiver. Elle n’avait jamais vu de chenille, ne savait même pas à quoi ça pouvait bien ressembler. Dans tout les cas, elle n’avait jamais rien mis d’autre à la bouche que le lait de la madame qui la nourrissait, sa queue, ses pattes, et les oreilles des autres chatons.

Maladie d'hiver.

Impossible pour la siamoise de ne pas voir a quel point la chatonne était mal, de sa presque absence de réponse à sa posture, tout chez la petite en était preuve. Et si la guérisseuse ne se sentait pas tout à fait prête à gérer seule son clan, légèrement désemparée de ne plus avoir le regard froid de Nuit Hivernale sur les épaules, elle n'en avait pas moins acquis assez d'expérience pour réagir. Alors le pauvre miaulement du bébé aux yeux bleu lui arracha le coeur, un peu mais tout en la laissant se cacher, la femelle se redressa, laissant ses pensées divaguer vers les raisons de cette douleur. Avec les chatons, les réponses étaient trop imprécise mais la fièvre de la petite, alliée à ce nez qui coule et à ses ... Des courbatures, oui, cela ne pouvait avoir qu'une seule signification, un mal blanc au mieux, mais le vert peut-être. Ne voulant prendre aucun risque, Secret du Firmament se releva avant d'entendre Source parler de nouveau, si faiblement que la guérisseuse demanda à Ourse de pousser la petite vers elle, ce que la reine fit, délogeant en douceur la petite malade, afin que la guérisseuse puisse la voir.

- Oh Petite Source, je sais bien que tu n'as pas manger de chenille, mais je suis heureuse de te l'entendre me le confirmer. Tu n'as rien fait de mal tu sais, tu n'as pas besoin de te cacher de moi. Je suis là pour t'aider à ne plus avoir bobo partout.

Avec sourire et douceur, elle repoussa la petite dans le giron protecteur de la nourrice, non sans une délicate lèche sur sa tête. oh comme elle n'aimait pas ce qu'elle voyait. Avec un ronronnement rassurant elle reprit parole, autant pour la nourrice que pour la toute petite.

- J'ai ce qu'il te fat dans ma tanière, de l'herbe à chat. Tu va voir, ça sent très bon.

Et la siamoise s’éclipsa, filant jusqu'à son antre, y pénétrant en cherchant des yeux, du museau, une trace de celle qui l'avait former, se maudissant presque aussitôt en se souvenant que plus jamais ce parfum là ne remplirait l'antre. A pas preste, elle approcha du trou dans lequel ses remèdes se trouvaient, au sec, à l'abris et sans trop chercher, elle attrapa une plante odorante qui la faisait saliver. Oh ce que l'herbe a chat était tentatrice mais Petite Source en avait besoin et elle fit demi-tour en une volte vive. Elle traversa ce qui la séparer de la pouponnière à la hâte, ignorant l'appel d'une guerrière qui sans doute, s'inquiéter de la voir retournée à la pouponnière, un remède en gueule. Ce n'est qu'une fois a destination qu'elle se figea, posant son regards sur les chatons, juste un instant avant qu'elle ne cherche Source, de nouveau.

- Petite Source ? Elle attendit que la chatonne réagisse, même rien qu'un peu avant de déposer les herbes sous le museau de cette dernière.

- Tu ne peux sans doute pas les sentir et peut-être que tu ne trouveras pas ça aussi bon que le lait, mais j'ai besoin que tu manges ça, parce que ça va te soigner, tu veux bien ?

Un sourire, un regard tendre, tout dans la guérisseuse réveillait cet instinct qu'on aurait pu qualifier de doux, protecteur, en un mot, maternel. Elle ne voulait pas que Source la voit comme "celle qui donne des plantes infecte" parce que ceux qui la voyaient ainsi rechignait tant aux soins ... Et puis, elle voulait réellement aider la petite, parce qu'elle était à peine plus jeune que ses propres chatons, parce que, comme eux, elle traînait dans son sillage un lourd secret et parce qu'elle méritait d'être aimer, de grandir, protéger ...