Au delà des Landes et des souvenirs | feat Rusrus - end

Mais Muguet, la Petit Muguet (plus si petite que ça) avait vécu plus de cent tracas et à si jeune âge... Les Clans semblaient être une vie très chargée, trop chargée, surchargée, que même un chat autrefois discipliné et entraîné à respecter un horaire strict n'aurait sans doute pas été capable de la suivre dans les siens. "Le Clan de l'Ombre", "Le Clan de la Rivière", "Du Tonnere"... " Du Vent"... Le concept de territoires était difficile à comprendre pour un chat dont le sien s'était limité à son foyer - même ici, au verger, il délimitait son territoire par les environs de la "construxion" des vieux humains du coin que lui et Trash ne voyaient jamais. Car une mention de la rivière et soudain le voilà plongé dans une mer de poils longs et bicolores, les yeux ronds, pupilles dilatées, les oreilles hautes, le nez chatouilleux et la tête chaude comme si son sang venait d'y monter.

— « De la Rivière Monsieur Rusty, c'était super !
— « Blff!!
— « C'est.. inimaginable !
— « Mff !
— « Ma maman était du clan de la Rivière !!

--De l'air ! Il émergea de la mer de poils blancs et noirs lorsqu'elle le libéra et elle sautilla sur ses pattes avant de lui en tendre une - aussitôt il rondit le dos en craignant une attaque, mais ses pupilles se rétrécirent, retrouvèrent leur apparence ovales, se posèrent sur la patte dont il était question pour timidement y approcher le nez et la sentir comme les humains lui avaient appris à le faire. Il se claqua de la langue pour se féliciter son propre retour au calme.

— « Ça se confirme par ça, et l'explique en même temps ! Oho, Jaguar d'Opale n'en croira pas ses oreilles !

Rusty se redressa, le sourire aussi chaud que l'était sa face et le reste de sa tête et pour le coup qui sait si ses oreilles ne s'étaient pas éclaircies dans toute cette chaleur! Il ronronna, réussissant enfin à enfiler quelques sons:

— Tu as l'air ravie ! »

Ce qui se traduisait par « Je suis tellement heureux d'avoir réussi à te donner les informations que tu voulais alors que je ne suis qu'un "Croquette" qui (selon vous) (ou plutôt selon les claniques) ne sait rien » Une autre vague de chaleur le prit mais cette fois elle ne vint pas de lui - il vit, dans les yeux de Muguet, comme un reflet à un lui du passé, toute cette gratitude qu'elle avait pour lui (son lapin) (et la discussion). Si la neige aurait pu fondre, à ce moment, elle l'aurait fait.

— Merci beaucoup Monsieur Rusty. Leurs méchancetés allaient commencer à m'atteindre sinon..

Il s'apprêtait à répondre que tout le plaisir était pour lui et que son coeur allait exploser car Monsieur! Il était Monsieur Rusty! Mais c'est alors que l'une de ses oreilles tiqua - et distinctement, à cette largeur, impossible de les manquer. En remettant les pattes dans la neige il s'adroitit pour regarder, l'air sérieux, oui, mais cependant sans sévérité, Muguet dans les yeux.

— Leurs méchancetées?

Au delà des Landes et des souvenirs. (20)


L'abyssin se débattit un petit peu de mon étreinte, l'étouffant sans doute dans l'épais duvet que j'avais. Mais j'étais trop heureuse pour m'en rendre compte, aveuglée par la joie. Je terminais de piétiner dans la neige lorsque j'entendais Monsieur Rusty ronronner, son empathie camouflée par le bruit de mes larges pattes sautillant dans la neige. Enfin, l'ambiance était la légèreté et aux remerciements. Mais le solitaire sentit quand même un problème dans ma voix, et releva le mot qui faisait tâche dans ma phrase. "Méchancetés." Ses grandes oreilles -mais pas grandes comme celles de Grain de Sel, juste larges- tiquèrent, à croire que grâce à leur superficie, elles ne loupaient rien. Le chat roux avança une patte et se tint droit, tout à coût sérieux, perdant un peu de son côté doux. Face à cette soudaine autorité, mais surtout inquiétude, comme celle d'un papa -que je n'avais eu ni de mon père décédé, ni de mon "papa" d'adoption-, je ne résistai pas fort longtemps. Je soupirai, avec toutes mes peines qui pesèrent sur mes épaules.

" Méchancetés oui, car à l'Ombre, beaucoup ont des œillères. "Le sang pur de claniques", 'la volonté des Etoiles"...Vu que je suis, qu'à moitié maintenant, née avec du sang étranger, très très étranger même, on me déteste. Enfin, mon frère aussi en pâtit, mais lui il courbe l'échine ! Je déteste ça ! Et.. à force de vous répéter que vous êtes les enfants d'un monstre... "

Ma tête pivotai vers le sol, regardant mes griffes sortir et rentrer dans leurs fourreaux. Pattes de géante.

" On finit par y croire... "

Je fis un sourire mélancolique, relevant les yeux sur Monsieur Rusty, et toutes les informations qu'il m'avait données me revinrent. Je n'étais pas un monstre, pas tant que ça. La moitié de mes gènes venait d'une timide et gentille rondelette de la Rivière ! Notre père ne devait pas être horrible alors, sinon cela aurait fait un couple très bizarre. Et... je refusais de croire que j'étais née d'une union sans amour, ou au moins respect. Je m'ébrouai.

" Mais bon, je leur tiendrais mieux tête désormais ! Bon, ils se ficheront que ma mère soit de la Rivière, cependant moi je le sais et ça me donne des forces. "

Je rejouai à écarter les doigts de mes pattes, contente de savoir l'origine de mes doigts palmés.

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— « Méchancetés oui, car à l'Ombre, beaucoup ont des œillères. "Le sang pur de claniques", 'la volonté des Etoiles"...Vu que je suis, qu'à moitié maintenant, née avec du sang étranger, très très étranger même, on me déteste. »

Rusty fronça immédiatement les sourcils et gonfla et son poil et ses joues et sa queue, qui décrivit un vif mouvement sur le côté en sentant une drôle de tension dans les extenseurs de ses avant-mains, qui firent, lentement, sortir ses griffes de leur fourreau, dans la neige.

Comment pouvait-on en bonne conscience détester des enfants?!

— « Enfin, mon frère aussi en pâtit, mais lui il courbe l'échine ! Je déteste ça ! Et.. à force de vous répéter que vous êtes les enfants d'un monstre...

Non, non, non, elle n'était pas--

— On finit par y croire...
— Muguet tu n'es pas une voiture! » s'exclama l'abyssin avec une expression méconnaissable.

Il avait beau être plus petit que le chaton qu'il avait aidé à faire naître, maintenant qu'elle était apprentie, mais il se sentait plus grand encore qu'étaient les arbres du verger et se sentait capable d'être aussi fort que l'était l'un d'eux en tombant. Mais Rusty se rendit compte qu'il prenait trop à coeur la souffrance de Muguet - il sursauta, pointa hautes ses larges oreilles et se ratatina le dos et la tête en ramenant sa patte devant l'autre, lançant un rapide coup d'oeil sur la concernée qui lui sourit en guise de réponse. Ce n'était pas un sourire chaud comme l'été mais un sourire bizarrement froid, bizarrement aussi humide que l'étaient les bourbiers du Clan de l'Ombre dans lesquels il s'embourbait les pattes, lorsqu'il allait encore visiter Madame Fée...

— « Mais bon, je leur tiendrais mieux tête désormais ! Bon, ils se ficheront que ma mère soit de la Rivière, cependant moi je le sais et ça me donne des forces.

Rusty s'approcha de l'apprentie plus grande que lui et lui donna un autre câlin, en montant ses pattes pour l'enserrer autour et lui donner le plus de chaleur que son étroit corps d'abyssin pouvait lui donner. Dans cette position, ses cicatrices à son poitrail lui picotèrent la peau, mais il espérait pouvoir lui faire entendre le battement de son coeur ce-faisant, comme à l'époque où il vivait encore à la maison, où il se couchait encore sur son humain, près de son coeur, pour s'endormir au rythme des siens.

Il redescendit d'un rebond après un moment, et donna un coup de front à l'épaule de Muguet.

— « ... Si jamais le Clan de l'ombre décide de te "mettre de côté", comme ils l'ont fait avec Madame Fée ...
Il hocha la tête, résolu, et les yeux aussi brillants que le ciel à découvert ce jour-là:

Ma maison est ta maison. Je t'ai fais naître, on est de la même famille. (Un petit clin d'oeil.) Et ça vaut aussi pour ton frère, ahaha! ♪

Au delà des Landes et des souvenirs. (20)


Les émotions de Rusty accompagnaient ma confidence dans ses yeux. Son corps aussi laissait échapper ses pensées et ses réactions face au comportement franchement immature des Ombreux. Le voir s'offusquer pour moi me fait chaud au coeur, comme lorsque mes quelques amis m'aidaient à ne pas perdre espoir dans ce camp. Mais il me sortit aussi une phrase que je .. n'avais pas compris. Une.. voature ? C'était peut - être un synonyme de monstre pour lui, mais l'absurdité de ce mot me fit rire dans ma tristesse. Et je me regonflais un peu de courage quand je repensais à mes nouvelles origines claniques. Puis Monsieur Rusty vint aussi m'éteindre avec ses pattes avant, même si j'avais eu un réflexe de recul lorsque je le vis lever ses pattes d'un coup. Il était vraiment spécial. Mais si spécial signifiait ne pas être comme les horribles membres de l'Ombre, qu'il conserve alors toute son originalité.

Je ronronnai dans son étreinte et mis une patte dans son dos pour accompagner le mouvement. Il redescendit, trouvant sa taille initiale et me proposa d'être mon refuge si jamais l'Ombre me mettait de côté comme.. Madame Fée ? Je déglutis. L'Ombre avait déjà mis Madame Fée de côté alors qu'elle était tout à fait des leurs ? Et guérisseuse ? Allais - je être mise dehors dès mon baptême de guerrière, car je saurais me débrouiller sans eux ? L'abyssin continuait de me rassurer, me disant qu'il nous considérait, Crocro et moi, de la "famille". Encore une fausse famille ? Perdue dans les fausses promesses de famille de l'Ombre, je ne me raccrochais qu'à ceux partageant mon sang. Mais devant le sourire du solitaire... Je répondis à son coup de front, lui en faisant moi aussi un sur le sien et ronronnai :

" On verra si je ne suis pas celle qui les mettra dehors de ma vie avant, ces imbéciles ! " dis - je en bombant le poitrail. " Mais je retiens ta proposition si jamais cela devait mal aller. Merci pour aujourd'hui Monsieur Rusty. "

J'inspirai un grand coup, et vis le soleil qui se rapprochait doucement de l'horizon, indiquant la journée qui commençait à se finir. Je soupirai. Je ne pouvais pas disparaître trop longtemps.

" Vu le temps passé, je vais devoir songer à rentrer, ou je vais en prendre plein la figure ! " rigolai - je, quoiqu'un peu rattrapée par la réalité.

Je me frottai une dernière fois au chat couleur de rouille, si contente de l'avoir retrouvé.

" Je repasserai quelques fois pour te donner des nouvelles, alors tâche de ne pas partir trop loin ! Encore merci surtout ! "

Et avec un peu de mal, je me détachais de lui, repartie pour mes tâches d'apprentie et les regards noirs, et les quelques bons moments avec Mimosa, Ouragan, Crocro et mon trio de bêtises. Ça ira mieux, je l'espère. En tout cas, j'allais mieux, et c'était déjà ça.

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