Ma belle étoile ~ Mimosa - abandon

Il faisait nuit, et je m’étais éloigné le plus possible du camp de la mort. Il avait vu ma sœur, mon frère et ma sœur de lait, mon père qui n’est jamais venu me voir et… La pire de toute, ma mère. Je savais que je ne la verrais plus jamais. Je ne pouvais plus lui raconter chacun de mes entrainements le soir en mangeant un morceau avec elle. Je ne pouvais plus aller contre elle, ou lui raconter mes secrets. Maintenant, pour la voir, je devais regarder le ciel. Mais elle me semblait si lointaine. Maman… J’étais si fatiguée mais… Je ne pouvais pas dormir. Je revoyais cette scène, tous les jours. Tout le temps. Elle me hantait. Ma Maman était partie et… Et… Je ne terminais pas mes pensées. Tout s’embrouillait, tout passait trop rapidement. J’étais dépassée. Alors je me lançais. Je courrais à travers les bois, quitte à effrayer les créatures de la nuit, quitte à ne plus être discrète. Je m’en fichais. Je voyais Maman à terre. Alors j’allais plus vite, laissant mes larmes couler le long de mon visage. J’étais en colère, triste, perdue… Je ne savais pas où j’allais sans ma mère. Elle était mon seul et unique modèle. Je voulais être comme elle… Je voulais la garder près de moi pour toujours. Je ne faisais plus attention à mon chemin, ce qui fait que je me rétamais au sol. Je m’arrêtais alors en m’asseyant par terre. Je me sentais seule. Je levai la tête vers les belles étoiles.

Toi aussi Maman tu es une belle étoile maintenant. Une si jolie étoile, qui était déjà si magnifique sur terre dans le Tonnerre. Je t’aime Maman, et je suis si triste de ne pas avoir pu te le dire, avant que tu… Avant que tu brilles de milles feux toi aussi. Je pense tous les jours à toi, je t’envoie cette douce prière chaque nuit, que tu saches que tu es toujours dans mon cœur, que tu es toujours en moi, quelque part. Je trouve ça injuste que j’ai le droit de respirer cet air et pas toi. Injuste que mon cœur puisse battre et pas le tien. J’aimerais partager tant de moment encore avec toi. J’aimerais te raconter mes journées comme avant. Tu es ma première lumière, et, je l’espère, ma dernière étoile.

Un bruit étrange me faisait revenir à la réalité. J’en avais presque oublié cet endroit terrible aux multiples odeurs. Il semblait n’y avoir personne. Je m’approchais en douceur, ma curiosité l’emportant. Cependant un craquement derrière moi me fit sursauter. Je croyais voir une vague tache brillante.

« Maman… ? »

Mais non. Ce n’était que la lumière de la Lune. Par contre quelqu’un était vraiment présent.

« Qui est là ? »

J’essayais de sécher mes larmes, cachant à l’être vivant présent, mes tourments.

Quelques jours déjà avaient passé, dans la forêt de Cerfblanc, depuis la nuit d'Halloween, qui, gardienne de tous les sortilèges, avait aussi été le sanctuaire d'une nouvelle amitié, sous une grande tente écarlate baignée de lumière dorée; quelques jours déjà avaient passé, dans le Clan de l'Ombre, depuis le retour de Nuage du Mimosa après sa rencontre avec Caresse du Vent, qui l'avait laissée le cœur rempli d'une nouvelle mélodie, les yeux brillants de féerie, d'espoir, et d'une nouvelle détermination, avec dans l'esprit les mots qu'elle avait dits, leurs jeux, leurs souvenirs, les yeux d'ambre du jeune mâle, et sa pelisse rousse qui la faisait bien rire - comme une petite flamme. Elle n'oublierait jamais le miroir, la tanière aux mille accessoires, la corde des funambules, et tous les mots, mais aussi, le plus précieux des cadeaux. Beaucoup en auraient ri, de cette petite pierre, à la nuance de ses prunelles; pour la jeune apprentie, c'était le symbole d'un ami qui l'avait vue, l'avait appréciée, l'avait aidée, quelque part, à se comprendre, à se trouver, par ses seules questions qui lui ouvraient la voie; c'était le symbole d'une fleur de confiance, qui poussait dans son cœur, dans le jardin secret qu'elle cultivait, muette - et c'était ça, c'étaient les sentiments, et tous les souvenirs, qui rendaient, plus que tout, cette petite pierre si belle. C'était pour ça, qu'elle portait depuis ce jour, soigneusement retenu d'un bandeau de soie moiré, ce délicat bijou, tout contre les battements de son cœur. Pour se souvenir, toujours, de ce qui l'animait. Et depuis cette nuit-là, la petite princesse des ombres aux prunelles de soleil, sa couronne de fleurs jaunes bonheur, mimosa-sensibilité, se dévouait à son Clan, chassait, se battait, s'entraînait, sans protester; elle allait voir Nuage du Corbeau, aussi, parlait un peu à Muguet, devenue la plus jeune de l'antre des novices, à Ouragan, aussi, à sa fratrie, bien sûr, à Esprit Lent, et puis à Feulement. En apparence, rien n'avait changé, quoique, réservée, elle se montre néanmoins légèrement plus assurée. Mais en elle, tout était différent: les deux rencontres du Clan du Vent... Caresse du Vent. Nuage des Vents. Deux félins aussi différents que le feu et la glace, le soleil et la lune. Mais deux amitiés. Sublimes. Merveilleuses. Inespérées. Interdites. Précieuses. Infimes. Deux amitiés ténues, mais que la jeune fille protégerait, parce qu'elles l'avaient changée. Et si Mimosa était loyale à son Clan pour ceux qu'elle aimait, elle n'avait aucune intention de laisser la lumière se mourir dans les ombres, et la haine gagner; les Clans ne pouvaient rien, contre des amitiés.

Mais la rencontre pleine de poésie, sous ce chapiteau de cirque, monde créé par les Bipèdes qui, le temps d'une nuit, n'avait été celui que de deux jeunes félins, laissait à Mimosa l'envie de se faufiler à nouveau là-bas, sous la toile rouge profond, dans la lumière qui faisait scintiller ses grands yeux ambrés, simplement pour... Pour retrouver les sentiments de ce soir-là. C'était comme sa petite pierre: l'immense structure emplie de jeux et de magie, elle aussi, était devenu un symbole, le symbole de cette nuit - et un de ses plus beaux souvenirs. Alors, un soir, l'apprentie de l'alouette s'était à nouveau glissée hors de son nid, hors de sa tanière, hors du camp, esquissant un joli sourire à Museau Gelé, son oncle, qui menait la garde, pour lui souffler qu'elle partait chercher des plantes parce qu'elle n'arrivait pas à dormir - l'alibi parfait, qui justifierait l'odeur des Bipèdes, puisqu'elle devait parfois s'approcher d'eux pour ses cueillettes, et qui pourrait aussi expliquer qu'elle rentre les pattes et la gueule vides - à l'approche de la saison des neiges, on ne trouvait pas toujours de pousses à ramasser. Du reste, la jolie aide guérisseuse, à la silhouette fine et élancée, allure de danseuse, était si connue dans le Clan pour son amour des plantes que la voir se lever en pleine nuit pour donner un coup de patte à leur apprenti guérisseur n'aurait rien d'étonnant. Elle avait fait une promesse, et comptait la tenir ! Mais pas cette nuit. Non, cette nuit, elle voulait laisser Diablo, le vent, son ami, murmurer encore à son oreille et guider ses pas, à travers les marécages, près du Cèdre Calciné et par-delà le Chemin du Tonnerre, jusqu'au cirque. Pour des souvenirs ou... Pour une nouvelle rencontre ? Elle ne pouvait pas être la seule curieuse à rêver, tout de même ! Alors l'espoir lui créant des ailes, la novice s'était éloignée de sa vie, sous la pâle lumière des étoiles; dans un monde où la seule voie possible ne lui plaisait pas trop, elle écrirait la sienne. La vie était une aventure... Et Mimosa voulait bien davantage que survivre. Alors elle avançait, entre plantes et jolies fleurs, espérant parer à l'infini le monde de mille couleurs.

Je suis et je serai toujours l'Optimiste,
celle qui espère les espoirs lointains
et la rêveuse des rêves impossibles.
Je suis moi, je suis Nuage du Mimosa.
Je suppose que j'aimerais être moins timide.
Mais le reste ? Non. Je veux rester moi.
Je veux aimer et je veux rire;
Je veux des amitiés, dans l'avenir
- Qu'importe les Clans, pour ça.
Je veux des aventures, lointaines,
Et pourtant, savoir revenir chez moi.
Je veux le bonheur de ceux que j'aime.
Pour le reste... Je suis moi.

Elle aurait voulu le crier au monde, au ciel, à la brise, et aux constellations.
Mais déjà, elle arrivait tout près du cirque, et une intuition la fit rester muette.
Bien lui en prit; une voix appela, un peu triste lui sembla-t-il, comme recueillie:

« Maman… ? »

La voix, quoique plus grande qu'elle, n'était pas celle d'une adulte.
Elle ressemblait à celle d'un chaton, après un mauvais rêve.
Celle qui appelait, pour demander des mots rassurants, ou une lèche.
Une voix d'apprentie, alors, plus grande que Mimosa... Mais perdue.
Presque comme une chatonne, pensa la petite fleur d'or, pensive.
Hypersensible et très intelligente, elle déduisait souvent les choses.
À partir d'une voix, d'un sourire, d'un geste... Ou d'un joli regard.

« Qui est là ? »

Se révélant dans un rayon de lune puis se glissant dans la tente, Mimosa avança.
Un peu timide, toute légère, silhouette un peu trop grande pour encore une petite.
Elle n'avait pas envie de se cacher, que l'autre croie qu'elle l'espionne, cette nuit !
Et puis, elle avait des rêves, l'amoureuse des plantes, qu'elle chassait, pas à pas.
Princesse des pins, des fleurs, chasseuse d'extraordinaire, elle remarqua pourtant vite
La tristesse dans les yeux bleus d'une jeune chatte calicot. Et les efforts de celle-ci.
Pour cacher. Pour ne pas montrer qu'elle était peinée. Et puis, appeler sa maman...
Qu'était-il arrivé ? La cadette avança encore un peu, puis souffla timidement:

« Tu... Tu vas bien ? »

Elle ne s'était même pas encore présentée !
Et elle posait des questions ! Mais quelle idiote !
Rougissante, elle ajouta alors, en un balbutiement:

« Je... Pardon, désolée. Je m'appelle Nuage du Mimosa, du Clan de l'Ombre. »
Elle huma l'air, juste un peu. Pas le Vent, nom, mais une fragrance voisine.
« Toi, tu viens du Clan... Du Tonnerre, c'est bien ça ? Tu es apprentie, toi aussi ? »

Une grande apprentie, ou une petite guerrière ?
Une seule chose surpassait la timidité, chez l'ombreuse;
Pour la petite fleur d'or, le plus grand encouragement
Se nommait tout simplement C u r i o s i t é.
Et puis, qui sait ! Elles créeraient peut-être
Une nouvelle amitié ?

Une minette sorti alors des buissons. Elle ressemblait tant à Etoile Maudite ! Le même pelage sombre rayé de noir. Ce chef m’avait impressionné lors de l’assemblée… Frisson. Ce souvenir terrible. Je n’en voulais plus et pourtant… Je dormais avec, je vivais avec, il me collait à la peau. Et puis je revoyais le tonnerre frappé par… l’ouragan. J’en tremblais encore, un traumatisme gravé en moi. Et ma Maman… Non.

« Tu vas bien ? »

Non.

« Je… Pardon, désolée. Je m’appelle Nuage Du Mimosa, du clan de l’Ombre. »

Elle levait le museau pour sentir l’air. Voyait-elle mon malheur ?

« Toi, tu viens du Clan du… Tonnerre, c’est bien ça ? Tu es apprentie, toi aussi. »

Je hochais la tête. Oui, j’étais du clan du Tonnerre. Oui, j’étais apprentie. C’était bien la première fois que je rencontrais un félin d’un autre clan en dehors des assemblées. Je levais une patte pour me sécher les yeux. La curiosité, qui devait être mon trait de caractère le plus fort, pris le dessus. J’avançais vers elle avec prudence, les yeux brillant, reflétant questionnement mais aussi un fond de tristesse, ma mère restait toujours là. Elle était du clan de l’Ombre, d’après ses dires, et son odeur.

« Je suis Nuageuse Pénombre. »

Je me demandais ce qu’elle faisait là. Cet endroit paraissait… Si terrifiant ! Au moins je n’étais pas seule ici, perdue au milieux d’odeur animal étrange, de monstre et de bipède. Mais je voulais tout découvrir de ce lieu à présent !

« Tu es déjà venue ici ? Pourquoi tu es si loin de chez toi ? »

J’avais une autre question. Mais plus délicate. Mais je voulais tant savoir !

« Et euh… »

J’hésitais, une boule dans mon ventre se formait à cause de mon stree. Mais j’étais lancée alors…

« Ton Papa c’est Etoile Maudite ? Vous vous ressemblez beaucoup… »

La curiosité surpassait tout le reste.

Un hochement de tête
Deux réponses
Trois secondes de silence
Quatre pierres précieuses scintillantes
Pour cinq regards emplis d'émotions
Tristesse, joie, prudence, curiosité
A m i t i é

Nuage du Mimosa laissa lentement approcher la jolie femelle calico qui, plus grande qu'elle - ce qu'elle remarqua en se rappelant, avec amusement, des silhouettes de Caresse du Vent et de Nuage des Vents, avec leur petite taille, courante dans leur Clan -, la surplombait, avec cependant une telle fragilité, poupée de porcelaine et danseuse de verre d'une boîte à musique ancienne au chant très doux, qu'un instant, la jolie petite ombreuse oublia d'avoir peur. Plus de timidité, juste... L'envie de savoir. De comprendre. Et puis, de voir l'inconnue rire, aussi. Parce que tout le monde était plus joli, avec un sourire, et les yeux brillants de gaieté, cette fois, plutôt qu'empli de larmes que la cadette devina quand, d'un revers de la patte, l'inconnue des grands bois en effaça les traces sur ses grands yeux saphir. Des océans bleutés, emplis de la même curiosité. Un nouveau monde, pour elles deux, qui entraîna, du même coup, de nombreuses questions - ravie, la petite princesse des fleurs ronronna. Un tout petit son, léger, gentil, rassurant, aussi, qui exprima une joie sincère quand sa nouvelle potentielle amie - oui, Mimosa voyait la belle étrangère ainsi, oui elle était naïve, non elle ne voulait pas changer - se présenta à son tour; la même joie qui étincela dans ses prunelles d'ambre et de soleil qui s'irisaient à la lumière dorée des projecteurs. Les ombres autour d'elles jouaient, un peu, aussi. La petite, elle, souriait. Elle souriait au vent, au ciel et aux étoiles. Et surtout, cette nuit, elle souriait à...

« Je suis Nuageuse Pénombre. »

C'était joli, comme nom ! Très joli ! Et comme elle était grande, Pénombre, pour une apprentie !
Mais ses grands yeux bleus étaient des mers d'innocence, de douceur et de curiosité. Rien de mal.
Et puis... L'intuition de la plus petite ne criait pas aux menaces. Alors elles pouvaient s'entendre !
C'était mieux comme ça; c'aurait fait de la peine à la petite fleur d'or, que l'autre soit méchante.
Mais ce n'était pas le cas, et de nouvelles questions et réponses affluaient sur la langue, à présent.

« Tu es déjà venue ici ? Pourquoi tu es si loin de chez toi ? »

La première question avait le goût du miel, du vent, les couleurs du cirque et des déguisements.
La deuxième interrogation, en revanche, portait les fragrances des plantes, des ombres, des tanières.
Amitiés, et famille. Ombre et lumière. Rôles, devoirs, loyauté, et puis, oubli, sentiments, liberté.
Ici, les certitudes pouvaient se taire un instant; ici, elle pouvait n'être rien d'autre qu'une enfant.
Et pour la future guerrière qui avait tant rêvé, avant, d'être guérisseuse... C'était précieux, ce rêve.

« Et euh… »

Une hésitation, une autre demande, avant qu'elle n'ait eu le temps de répondre ?
Nuage du Mimosa lança un regard interrogateur, mais timide, à Nuageuse Pénombre.
Autant de curiosité que d'encouragement, cette fois, dans ses mirettes pierres précieuses.

« Ton Papa c’est Etoile Maudite ? Vous vous ressemblez beaucoup… »

La petite princesse d'ombres et de plantes sourit.
Papa. Papa Maudit. La pouponnière et le promontoire.
Les plantes, la foi, les jeux, les rires, les câlins, aussi.
Le grand sapin de sa vie, qui lui avait appris l'espoir.
Elle hocha la tête avec gaieté, et ajouta, contente:

« C'est gentil de dire qu'on se ressemble ! Mais mon jumeau est encore plus comme lui.
Tu devrais le voir, Nuage d'Aulne ! Ils se ressemblent vraiment. Moi, je suis plus fine... »

Et d'ajouter, d'une voix plus ténue:

« Et plus timide, aussi. Pas vraiment la carrure d'une cheffe. J'aime pas me battre. »

Chasser la peine, retrouver son rire.
Son enfance, son bonheur, son innocence.
Ne pas être triste, elle aussi, pas là.
Il fallait du soleil, en plus de la pluie
Pour créer, à deux, un très joli arc-en-ciel.
Et donc, elle répondit, joyeuse, au reste.
Une vraie balle rebondissante, de l'extérieur
Pour cacher la sensibilité et le sérieux de son cœur.

« Oui, je suis déjà venue ! C'est joli, ici, non ? J'aime bien la magie !
Et puis, ça permet de nouvelles rencontres. J'ai rencontré un autre chat.
D'un autre Clan. » Rien de plus, pour protéger... « Un ami. »

Elle souffla ensuite:

« Et puis ça permet d'oublier, un peu. Les responsabilités.
Le rôle d'apprentie guerrière, je suppose. Ici, je suis juste moi.
La gamine qui aime les plantes. La rêveuse, pleine d'espoir.
Je peux m'amuser, découvrir, rencontrer. Et c'est suffisant. »

Puis, d'une voix très douce, emplie de curiosité enfantine:

« Toi aussi, tu as un poids à poser un moment ?
Et puis, c'est la première fois que tu viens ici ?
Comment tu connais papa Maudit, aussi ?
Et puis... Tu voudrais bien être mon amie ? »

Oups ! Elle n'avait pas laissé Nuageuse Pénombre répondre !
Un peu désolée, elle lui esquissa un angélique sourire.
Pour se faire pardonner. Parce qu'elle voulait bien une nouvelle amie !
Même si ce n'était qu'une amie de magie et de rêves et de nuit;
Une amie de curiosité, pour explorer. Il y avait un monde à découvrir

Ensemble
Ma belle étoile.

« C'est gentil de dire qu'on se ressemble ! Mais mon jumeau est encore plus comme lui. Tu devrais le voir, Nuage d'Aulne ! Ils se ressemblent vraiment. Moi, je suis plus fine... »

Nuage d’Aulne. Hé bien, si tous les enfants d’Etoile Maudite lui ressemblaient… Il pourrait faire une armée de petit Maudit ! Bon maintenant il fallait espérer qu’ils n’étaient pas maudit, justement. Quel nom difficile ! Quelle idée les étoiles on eu de l’appeler de cette manière ! De mon côté je ne savais pas vraiment si c’était gentil… Il m’impressionnait beaucoup.

« Et plus timide, aussi. Pas vraiment la carrure d'une cheffe. J'aime pas me battre. »

Oh, je partageais cela avec l’étrangère. La guerre me donnait des cauchemars, comment être une véritable guerrière alors que la violence me terrifie ? Je pouvais chasser à l’infini pour nourrir les miens, je respectais bien sûr la vie des bêtes qui nous nourrissaient, mais je préférais de loin être une chasseuse qu’être une combattante. Rien que de revoir les images de guerre… J’en avais des frissons. C’était un traumatisme. Je n’avais certainement pas la carrure d’un chef, malgré mon ambition quand j’étais encore qu’un chaton.

« Oui, je suis déjà venue ! C'est joli, ici, non ? J'aime bien la magie ! Et puis, ça permet de nouvelles rencontres. J'ai rencontré un autre chat. D'un autre Clan. Un ami. »

Je trouvais ce lieu si étrange pourtant…

« Et puis ça permet d'oublier, un peu. Les responsabilités. Le rôle d'apprentie guerrière, je suppose. Ici, je suis juste moi. La gamine qui aime les plantes. La rêveuse, pleine d'espoir. Je peux m'amuser, découvrir, rencontrer. Et c'est suffisant. »

C’est vrai qu’ici, nous pouvions laisser place à notre propre nous même, sous l’œil bienveillant des étoiles. Les plantes m’intriguaient, mais elles n’étaient tout de même pas une passion pour moi. Je ne me sentais plus à ma place dans le Tonnerre, je m’étais transformée en une simple petite pluie, je n’étais plus cette foudre si vive ! Je voulais simplement vivre de ma chasse, faire vivre les miens en ne faisant que chasser, mais… J’avais un devoir, je devais les défendre aussi. Et j’étais incapable de me battre…

« Toi aussi, tu as un poids à poser un moment ? Et puis, c'est la première fois que tu viens ici ? Comment tu connais papa Maudit, aussi ? Et puis... Tu voudrais bien être mon amie ? »

Elle semblait si douce cette petite fleur. Nuage de Mimosa. Elle me ressemblait quelque part, elle était aussi curieuse que moi, et n’aimait pas la guerre. Du moins je pensais ? Elle m’avait posé autant que question que je lui en avais posée.

« Oui malheureusement. La guerre est ma peur, la violence est mon horreur. Je suis venue ici, échapper à ma vie. Ton papa, je l’ai vu à la Lune Rouge, impressionnant, comme un roc sur le promontoire. Et nous nous ressemblons beaucoup, alors je pense que nous pouvons êtres amies, bien sûr. »

Je tachais de présenter un grand sourire, comme à mon habitude. Elle était bien gentille cette Mimosa. Apprendre à la connaitre me semblait être une bonne idée.