The King and his Queen - The Queen and her King [PV Shampooing] -end

Il y a des jours comme ça où je n’ai rien envie de faire. Aujourd’hui, c’est un jour comme ça. Pour ne pas être emmerdé à devoir obligatoirement rejoindre une patrouille quelconques, je me suis absenté du camp en douce pour faire la sieste sur une branche. J’ai bien le droit de prendre un peu de repos, après tout.

Je grimpe donc sur un chêne, les dents serrées par l’effort et la douleur. Depuis que le Clan du Vent a tenté de nous annihiler, j’ai une vilaine balafre sur le côté gauche de ma tête. De l’oreille jusqu’au menton. Je suis loin d’avoir fier allure. Mon beau pelage impeccable à été abimé par une barbare. Elle ne paie rien pour attendre, celle-là.

En tout cas, elle ne souille pas mes songes qui sont des plus simples, tandis que je me suis endormi sur une branche de chêne, le cul dans le creux d’un tronc. Je suis tellement bien que je ne tarde pas à m’endormir pour une sieste.

C’est une odeur inconnue pas si inconnue qui me réveille. Une effluve qui parvient jusqu’à mon museau, alors que je peux voir les buissons s’agités plus bas. On dirait que le chat avance avec discrétion, j’entends à peine le bruit des feuilles qui remuent. Je me glisse le long du tronc pour descendre de mon perchoir et atterrir avec souplesse sur le sol, me glissant à mon tour dans les buissons orangés me permettant de me camoufler à la perfection. De toute façon, je suis un Roi donc évidemment que je me camoufle à la perfection.

Je me glisse, tel une vipère, entre les branches, vers la source de l’odeur, me fiant bien plus à mon nez qu’à mes oreilles qui semblent défaillantes. Plus je m’approche, plus cette odeur me dit quelque chose et je fini par ramper au sol.

Enfin, l’odeur quitte les buissons et je me tapis dans les hautes herbes tapissant une clairière, toujours couché, à l’observer. Cette forme me dit quelque chose. Ses longs poils blancs mêlé à du café au lait se répartissant en taches harmonieuses. Ce port de queue en panache ne m’est pas inconnu. Je n’arrive pas à bien voir son visage, si bien que je fais bouger des plantes pour voir son visage. Je la connais cette chatte. Impossible d’oublier son visage et ses yeux dorés semblables aux miens. Les souvenirs me reviennent instantanément.

Des souvenirs de bagarre dans un panier moelleux en osier contre un ventre blanc. Des courses-poursuite. Nous deux fuyant un grand chat brun sombré et tigré. Moi qui rêvaient de ses retrouvailles depuis des lunes. Non, des saisons. Des saisons se sont écoulées depuis que ma chère sœur m’a été enlevée et la voilà à nouveau devant moi, grande, forte et belle.

Je me redresse, bouche bée. Je ne sais pas si elle va me reconnaître, après, quand on s’est quitté je n’étais qu’un chaton un peu trop gras. J’ai grandi et bien maigrit depuis. Et j’ai une vilaine cicatrice au visage. Mais, il n’y a qu’un moyen pour qu’elle me reconnaisse.

- Camembert ? C’est toi ? C’est bien toi ? Ma sœur ?

Ah, zut ! Comment je m'étais retrouvée ici, moi, déjà ? A l'origine, j'avais cherché comment me rendre au cirque, suivant la grosse bête métallique qui faisait plus de bruit qu'un troupeau de bisons - ou de Bipèdes une fois par an -, mais elle n'allait de toute évidence pas du tout dans la bonne direction ! Aussi, j'avais décidé de rentrer chez Héléna par mes propres moyens, puisqu'on ne pouvait pas faire confiance à ces stupides bêtes hurlantes. Et je m'étais retrouvée dans la forêt, à me battre avec les plants de fougères mortes et les branches. Et dire que certaines boules piquantes s'accrochaient dans mon pelage ! Rah ! Je mettrais des heures à m'en débarrasser, il faudrait qu'Héléna m'aide, car je ne pouvais pas compter sur Carde pour ce faire, il était tout juste bon à ouvrir un œil pour voir passer le facteur. Un vrai chien d'intérieur, je vous jure, c'était tout juste si il ne courait pas après les Bipèdes qui apportaient sa nourriture à notre humaine, quand ça arrivait. Mais par contre pour profiter et essayer de quémander, là, il était fort ! Enfin. Ce n'était pas le sujet. Alors que je pestais entre mes dents, oubliant momentanément toute prudence, je ne me rendis pas bien compte de ce qui m'entourait. Si bien que je me figeais en entendant quelqu'un m'appeler.
Attendez... Quoi ? Non seulement cette voix ne m'était que très vaguement inconnue, ravivant dans ma mémoire des souvenirs d'enfance et de voix fluettes, mais aussi... C'était mon ancien nom ! Avant que Héléna ne m'emmène chez elle ! Je couchai un instant les oreilles sur mon crâne, déstabilisée. Ah, si c'était un mauvaise plaisanterie, ils allaient m'entendre, ces stupides matous de la forêt ! On ne la faisait pas à une vieille chatte comme moi. Je me retournai, prête à attaquer, quand... Hé bien, quand je reconnus cette silhouette. Mes oreilles s'agitèrent un instant d'incompréhension. Cette fourrure rayée... Ces yeux d'ambre... Je mis mes moustaches en avant pour renifler son odeur. Non, pas de doute ! Malgré la puanteur de la forêt, j'étais quasiment sûre de qui il s'agissait.

- Mimolette ?

Un instant troublée, je secouai la tête avant de me rapprocher du mâle en trottinant. Je le reniflai de plus près, mais... Pas de doute. Je me souvenais encore de quand nous nous blottissions ensemble contre le ventre de notre mère, nous battant parfois pour accéder à une mamelle. Mon frère ! Un ronronnement très audible s'échappa de ma gorge et je me mis à lui lécher les joues et les oreilles, radieuse. Pour une journée qui commençait mal, c'était un dénouement tout à fait plaisant !

- Qu'est-ce que tu fais par ici ? Et... Oh, ciel ! Qu'est-ce qui t'est arrivé ?

Une cicatrice zébrait son visage, partant d'un bout d'oreille arraché et courant jusque sur sa joue. Précautionneuse, mes coups de langue se firent un peu plus doux à cet endroit, avant que je ne le regarde de nouveau, les yeux pétillants de joie. Ça alors, pour une surprise !

- Mimolette ?

Je hoche la tête, mais la femelle ne semble pas sûre. Je la laisse donc se rapprocher, sans faire de geste inutile, et me renifler avec prudence. Au pétillement de ses prunelles, je devine qu’elle me reconnait et je me mets alors à ronronner de joie, de concert avec ma sœur retrouvée. Je la laisse me faire un brin de toilette tandis qu’elle me pose des questions.

- Qu'est-ce que tu fais par ici ?
- Eh bien, je vis ici à présent. Je suis un clanique.

Je bombe le torse, fier de ma situation. Voilà un moment, à présent que j’ai rejoint les chats des bois. Pourtant, jamais je n’oublierais mon ancienne condition, celle d’un chat domestique. Car au fond de moi, j’en suis fier. Je n’ai aucune honte à avoir été domestique. Après tout, ça me rend bien plus savant que les chats sauvages.

- Et... Oh, ciel ! Qu'est-ce qui t'est arrivé ?
- Ah ! La cicatrice sur mon visage ? C’est une longue histoire. J’ai tellement de choses à te raconter depuis qu’on s’est quittés ! Si tu as le temps, suis-moi, on va trouver un coin pour discuter tranquillement. Je te ramènerais chez toi après, si tu veux.

Je quitte la petite clairière pour me diriger vers un chêne aux branches biens larges et avec des beaux creux dans le tronc. Comme ça, on sera tranquille pour discuter. Et puis, j’ai tout mon après-midi pour ça. Sur le chemin, je sens une vague odeur de souris et du geste de la queue, je fais signe à Shampooing de s’arrêter et de rester là. Je m’enfonce dans les buissons jusqu’à voir le petit rongeur grignoter une graine, sans doute tiré de son terrier par la faim. Mais moi aussi, j’ai faim et je m’approche doucement, à pas de velours avant de lui sauter dessus et de l’achever d’un coup de dents bien placé. Je retourne vers ma sœur, lui montrant le rongeur.

- C’est toujours plus agréable de discuter autour d’un repas, non ? Au fait, je m’appelle Graine de Tournesol à présent, mais tu peux m’appeler Waffle, c’était le nom que m’avaient les Bipèdes qui m’avaient adopté. Allez viens, c’est plus très loin !

Je reprends le chemin, ma souris en gueule et après quelques secondes supplémentaires de marche, je m’arrête au pied d’un grand chêne. Je le pointe du bout de la queue à ma sœur, posant la souris pour lui parler.

- J’aime bien ce chêne. On y est tranquille. Tu sais grimper aux arbres ?

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'Chasse Tonnerre' :

Mon frère ! C'était bien mon frère, pas de doute possible là-dessus. Je ne dirais pas qu'il était tel que dans mon souvenir, puisqu'il avait grandi et moi aussi, mais en tout cas les muscles saillaient sous son épaisse fourrure, ce qui m'assurait qu'il mangeait. Si pas à sa faim, au moins suffisamment pour ne pas passer pour l'un de ces mendiants faméliques fouillant dans les poubelles.

- Un cla-quoi ?

"Clanique" ? Qu'est-ce que c'était que ça ? C'était comme ça que s'appelaient les chats de la forêt ? Quel étrange terme. J'enroulai ma queue à la sienne et le suivis, heureuse de le retrouver, restant sur le côté lorsqu'il me l'indiqua. J'eus alors tout le loisir de voir sa technique de chasse et je remuai les oreilles lorsqu'il revint avec une souris dans la gueule.

- Je me demande quel goût ça a !

J'avais bien dû chasser un ou deux rongeurs, mais plus par jeu que par réelle nécessité. Je mangeais suffisamment, donc je n'en n'avais pas besoin. Mais ça devait assurément avoir un goût différent de mes croquettes habituelles. J'avisai cependant l'arbre vers lequel il m'emmena, levant une patte sceptique avant de secouer la tête.

- Non, je ne sais pas monter aux arbres. Comment fait-on ? Est-ce que c'est vraiment nécessaire ?

Ça ressemblait à mon arbre à chat, mais c'était très différent tout de même. Je m'approchai et pris mon élan pour sauter, griffes dehors, mais contrairement à mon perchoir chez Héléna, mes griffes glissèrent sur le tronc, me faisant grincer des dents alors que je retombais mollement au sol. Agitant la queue d'un air vexé, je me léchai le poitrail par fierté. Au pire, il nous resterait bien le creux près des racines pour y manger ! Je doutais que quoi que ce soit y ait fait son nid.

- Un cla-quoi ?
- Clanique. C’est comme ça que se nomme les chats des forêts qui vivent en Clan. Comme moi.

Je ricane légèrement. Je croyais Shampooing plus savent que ça, mais visiblement, elle ne s’intéresse pas à grand-chose. Ce n’est pas grave, c’est ma sœur, elle ne peut être que génial. Elle semble stupéfaite par ma technique de chasse. Je sais, je suis génial.

Je l’entraîne au chêne ou ma sœur me dit qu’elle ne sait pas grimper aux arbres. Il n’y en avait donc pas dans son jardin ? Avait-elle un jardin au moins ? Je la vois faire une démonstration, plutôt râté, de ses talents de grimpeuse et ça me fais rire. Ça, même Nuage Criard sait le faire, pourquoi pas ma sœur ? Je secoue la tête d’agacement. Pourquoi je songe à cette erreur de la nature dans un moment comme celui-ci ?

Lançant la souris en l’air pour la rattraper par la queue, jouant de la langue pour la coincer derrière ma canine afin de parler plus distinctement, je m’approche de l’arbre.

- On ne grimpe pas sur un arbre comme une grimpe une palissade, ma chère Shampooing. Viens-là, je vais te montrer comment faire. Tu vois, les espèces de trou dans l’écorce, tu dois caler tes griffes là, pour grimper. Je vais monter et tu va essayer de faire comme moi.

Ma souris toujours en gueule, je commence l’escalade, plaçant mes griffes dans les striures de l’écorce, m’assurant que Shampooing me suivait bien. Pas à pas, le rythme de ma sœur, en fait, je grimpais sur une branche basse. La branche que j’aimerais atteindre, se trouve un peu plus haut. Un nid de chouette abandonné. Avec une vue imprenable sur toute la forêt. Je laisse un instant ma sœur reprendre son souffle avant de reprendre l’ascension. Nous arrivons enfin à la branche et au creux dans le tronc. Assez pour que deux chats puissent s’y installer.

- Regarde ça, comme c’est beau. Tu n’auras jamais une telle vision sur la forêt hivernale. Ça valait le coup de grimper, non ? Et puis comme ça, on peut discuter tranquillement.

De la patte, je pousse la souris vers Shampooing, dans un sourire engageant.

- À toi l’honneur. Allez dis-moi tout. Je veux tout connaître de ta vie. On a beaucoup à rattraper, toi et moi.

Fallait-il vraiment grimper à un arbre pour manger une stupide souris ? Les chats de la forêt avaient vraiment des habitudes très étranges. Si quelqu'un d'autre que lui s'était permis de me faire la leçon, je l'aurais sans doute superbement ignoré en lui montrant mes fesses, mais là, il s'agissait de mon cher frère, pas de n'importe quel matou mal léché. Je posai une patte curieuse sur l'écorce de l'arbre, râpeuse et désormais marquée par mes griffes, et j'observai le mâle en tendant le cou pour enregistrer ses mouvements. Une fois que j'eus compris, je sautai sur le tronc. Les premières avancées furent fastidieuses et ma queue me fut d'un très grand secours pour ne pas me vautrer une seconde fois, mais je finis par comprendre le principe, quand bien même je n'étais pas confiante. Finalement, nous arrivâmes à une branche sur laquelle je trouvai un perchoir bienvenu, une patte arrière battant un instant le vide. Sauf que Mimolette - pardon, Graine de Tournesol, maintenant - ne l'entendait pas de cette oreille. Roulant un instant les yeux au ciel, je compris néanmoins où il voulait en venir et l'imitai, le rejoignant dans le vieux nid de chouette où quelques toiles d'araignée firent se coller mes poils. J'enroulai la queue autour de mes pattes, regardant un instant le paysage avant de baisser les yeux. C'était haut.

- Oui, c'est beau. Mais... On arrivera à descendre ?

Je n'avais pas envie de me casser une patte en descendant ! Poussant un soupir, je retournai sous le couvert de l'arbre, humant brièvement l'odeur de chouette. Elle était ancienne et l'herbe y était toute desséchée. Je regardai la souris qu'il poussa vers moi avec curiosité, très intriguée par le goût que ça devait avoir. Ils mangeaient vraiment ça ? Je reniflai la fourrure encore chaude, puis relevai les yeux vers mon cher frère.

- Hé bien... Je suis toujours avec l'humaine qui m'a emmenée loin du ventre de maman. Elle est très gentille et s'occupe bien de moi. J'ai eu quelques petits avec son autre chat, mais je ne sais pas ce qu'ils sont devenus. A dire vrai, j'aurais douté de savoir comment m'en occuper. Et puis, si elle l'a fait, c'était pour mon bien, non ?

L'espace d'un instant, le doute voila mon regard. Cependant, je secouai rapidement la tête. Bien sûr ! Elle ne faisait chaque chose que pour mon bien. Alors c'était forcément ça.

- A part ça, j'ai une petite réputation dont je ne suis pas peu fière ! Beaucoup des chats qui se sont frottés à moi me mangent désormais dans la main. Et certains mâles trop aventureux sont passés chez le Coupeur après s'être un peu trop approchés de moi.

Le bout de ma queue s'agita. Oui, j'étais contente. Ces mâles avaient payé leur bêtise au prix fort, et moi, on ne me reprochait jamais rien. Alors en un sens, je contribuais à la régulation des chatons de la ville ! Je reniflai l'oreille de mon frère avant de donner un petit coup de museau dessus.

- Et toi alors ? Tu as eu des petits ? Et qui a osé te blesser les oreilles ? Tu t'en est pris à la mauvaise femelle ?

Vu les blessures que j'avais laissées à certains chats, ça ne me surprendrait même pas ! Mais j'aurais donné cher pour voir l'état de l'autre chat.

Shampooing n’a pas l’air bien à l’aise dans le nid de chouette. Elle doute de ses capacités à redescendre le tronc, on dirait bien. Je ronronne, légèrement moqueur. Ha ha ha ! Il faut savoir garder son assurance, voyons ! Il n’y a que comme ça qu’on réussit dans la vie.

- Ne t’en fais pas, je te montrerais ! Tu verras c’est très simple ! Autant que de manger !

Je lui fais un sourire qui se veut rassurant alors que je pousse la souris contre sa patte, l’incitant à manger. Peut-être qu’elle ne sait pas comment faire. Je récupère la souris tandis que je l’écoute me raconter sa vie. Je dépèce le rongeur d’un coup de griffe expert et habitué. Mon oreille tique quand elle me parle de ses chatons. Qu’ils lui ont été enlevé au loin.

- J'ai eu quelques petits avec son autre chat, mais je ne sais pas ce qu'ils sont devenus. A dire vrai, j'aurais douté de savoir comment m'en occuper. Et puis, si elle l'a fait, c'était pour mon bien, non ?
- T’as même pas cherché à savoir ce qu’ils étaient devenus ? Tu sais qu’ils ont des sentiments, eux aussi ?

Je sais que je suis pas le mieux placé pour parler car je dénigre Nuage du Cri au quotidien, mais moi au moins je sais ce que devienne mes six chatons et que même si moi je ne m’en occupe pas au quotidien, le Clan le fait. Ils sont en bonne santé et c’est suffisant pour moi. Et puis, je n’en ai pas l’air, mais je les garde à l’œil. Nuage Fleuri et Nuage de Châtaigne ont vraiment attiré mon attention, je les aime bien. Nuage de Bourgeon est un peu idiot mais il est pas méchant. Nuage de Suie, j’ai plus de mal avec lui. Nuage de Charbon, il est un peu vicieux mais il a bon fond. Quant à Nuage Criard… Eh bien… Je dirais qu’elle fait de son mieux, ça suffit pas toujours mais c’est l’intention qui compte, je suppose ?

- A part ça, j'ai une petite réputation dont je ne suis pas peu fière ! Beaucoup des chats qui se sont frottés à moi me mangent désormais dans la main.
- Ah ha ha ha ! Ça doit être de famille, alors.

Une fois la souris dépecée, je la repousse vers Shampooing, lui laissant toujours l’honneur de la première bouchée. Je sens un léger souffle qui me chatouille l’oreille et celle-ci bat un coup en arrière tandis que ma sœur me donne un petit coup de museau.

- Et toi alors ? Tu as eu des petits ? Et qui a osé te blesser les oreilles ? Tu t'en est pris à la mauvaise femelle ?
- J’ai été adopté… Une lune après toi, je crois. Mes esclaves m’avaient renommé Waffle et ils étaient quatre ou cinq, je ne sais plus. Je crois qu’ils avaient un bébé quand je suis arrivé. Ou un enfant tout jeune. Et ils avaient un chien. Mais je lui ait vite appris qui était le boss à ce crétin de clébard ! Je l’ai surpris le nez dans ma gamelle une fois, il ne m’a plus approché pour les lunes qui ont suivi, hin hin.

Idiote de Cookie. Quand je l’ai surprise le nez dans ma nourriture, j’ai vraiment été furieux. Heureusement qu’un esclave était là, j’aurais pas donner cher de sa peau, sinon.

- Deux semaines après mon arrivée, ils ont cru que la compagnie d’autres chats me manquait, alors ils ont adoptés une femelle un peu plus vieille que moi : Honey Pancakes qu’ils l’ont nommée. On s’entendait pas trop au début mais j’ai fini par la supporter. En fait, ce qui nous a rapprochés, c’est quand nos esclaves on eût la bonne idée d’adopter un perroquet plus que bruyant, des poissons, un lapin qui mordait et des cochons d’Inde. On s’est fait plaisir. T’as pas idée. Notre premier palmarès de chasse. J’ai bien eût une relation avec elle mais je sais pas si ça a abouti. On l’a retrouvée écrasée par une voiture alors qu’elle allait rendre visite à sa sœur qui vit dans une ferme.

Qu’est-ce qu’elle allait faire là-bas, d’ailleurs ? ‘Fin, elle m’a bien dit qu’elle allait voir Rosa que j’ai dut rencontre une ou deux fois. Je me rappelle même pas de sa tête, c’est dire. Peut-être bien que j’ai eût des chatons avec Honey Pancakes, mais jamais eût le courage d’aller demander à Rosa. Parce que c’est méga-loin et que je ne me souviens plus du chemin, de toute manière.

- Moi aussi j’avais une réputation du quartier. Un vrai Roi ! J’avais une vraie troupe de fidèles qui buvaient toute mes paroles ! Mais bon, la vie de chat domestique, c’est monotone, c’était devenu ennuyant, je trouve. Alors je me suis intéressé aux Clans et à leur coutume. Puis j’ai fait la rencontre de Nuage de Plume, une apprentie du Clan du Tonnerre, puis d’Étoile de Suie, l’ancienne cheffe du Clan. Après quelques péripéties, j’ai demandé à Étoile de Suie de rejoindre son Clan et elle a accepté. Depuis, je me nomme Graine de Tournesol.

Et ça, certains ont encore du mal à l’accepter, que moi, un chat qui vienne de la ville, je suis beaucoup plus charismatique et doué qu’eux. Mais que voulez-vous que je vous dise, c’est ça de puer la lose.

- Ça n’a pas été toujours facile, mais je trouve que je m’en sort bien. J’ai eût deux portée, une avec Plume Duveteuse et une avec Mirage du Désert. J’ai six chatons du coup, Nuage Cria… Nuage du Cri, Nuage de Charbon, Nuage de Châtaigne, Nuage de Suie, Nuage de Bourgeon et Nuage Fleuri. Quatre mâles et deux femelles. Ils ont chacun leur petit caractère. Ils sont un peu bizarres mais pas réellement méchants. Sauf Nuage de Suie et Nuage de Charbon qui ont trop été couvés par leur mère. J’ai pas trop le temps de plus les connaître mais je les observe beaucoup. Ils ont chacun leur mentor, leur apprentissage se passe bien. J’ai été assigné à la formation de Nuage Criard. Enfin, Nuage du Cri. Ils ont tous de bons mentors. Surtout Nuage Fleuri et Nuage de Bourgeon qui sont formés par l’actuel chef, Étoile de Cendre, et son lieutenant, Raton-Laveur, respectivement.

Hum… Si c’est bien résumer, je pense. Je ne passe pas de temps avec mes chatons, sauf Nuage du Cri, mais je les observe tous et je n’hésite pas à écouter les discussions des mentors par rapport aux progrès de leur protégés. Il m’arrive même de me mêler à eux.

- Pour ma cicatrice, c’est un peu plus compliqué à expliquer. T’as entendu parler de ces chats bizarres qui ont traînés dans le coin, les Lunar Pods ? Notre ancienne cheffe, Étoile de Suie, à pactisé avec eux. On était pratiquement tous contre, mais on avait pas trop le choix que d’obéir. La grosse Suie n’était qu’une despote à moitié boiteuse et sans doute galeuse, mais si elle voulait t’ouvrir le gorge, elle savait y faire. On lui obéissait plus par peur que par réellement envie. Enfin, moi je lui aie désobéit avec Plume Duveteuse, mais on a eu peur des représailles. Bref. Le fait de s’être alliés nous a valut la haine des trois autres Clans. Étoile de suie à par ailleurs été exécutée publiquement par les autres chefs. Mais visiblement, ça n’a pas suffit à l’ancienne meneuse du Clan du Vent, Tache d’If, qui a voulu nous exterminés jusqu’au dernier. Elle nous a attaqués dans notre camp un peu avant le lever du soleil. Ils nous sont tombés dessus alors qu’on dormait. Je me suis battu contre une femelle, Rosée Nocturne, je crois. C’est la première fois de ma vie que je me suis battu pour garder la vie sauve. Mais elle a aussi tâté de mes griffes. Mais cette guerre nous a fait beaucoup de mal. On a eût beaucoup de blessées et Mirage du Désert y a perdu la vie alors qu’elle défendait les chatons à la pouponnière. Oui, ils étaient prêts à attaquer les chatons. En plus, ils ont prit une otage, Guêpe Sauvage, elle est rentrée il y a peu, mais je te raconte pas son état. Elle était maigre, avec des plaies partout, certaines étaient même infectées, je pense. Elle est revenue vraiment choquée de son emprisonnement. M’enfin, la cheffe, Tache d’If, a trouvé la mort et j’espère que le Clan des Étoiles la rejetée et que son prédécesseur, Étoile Tropicale, saura mieux se comporter. Enfin, voilà ma vie. C’est… hum… mouvementé.

Oui, je crois que c’est un bon résumé.

[Y a absolument pas pas loin de 1500 mots dans cette réponses. Je ne fais pas du tout de monologue.

Désolée]

La vie de mon frère promettait d'être bien plus palpitante que la mienne, moi qui restais simplement dans mon petit confort à profiter de Carde, de Héléna, de nourriture et de boisson à volonté. Aussi, je haussai les épaules lorsqu'il me parla des petits.

- Les chatons, ça crie, ça geint, ça miaule à longueur de journée. Ce que je vais dire va peut-être te paraître bizarre, mais je fais confiance à Héléna, ma propriétaire, et je sais qu'ils sont bien traités où qu'ils soient.

De toute façon je limitais les problèmes en faisant castrer les mâles qui voulaient fricoter avec moi ! Oui, parfois, j'étais sans cœur, mais je le vivais bien. Je reniflai la souris sans trop savoir comment l'entamer, laissant ensuite mon frère à son monologue. Je me perdis dans l'écoute et goûtai au gibier sans trop y penser, mastiquant la chair tendre et encore chaude. Si d'abord l'arôme du sang me parut étrange, je m'y fis bien vite. Une fois arrivée à la moitié de la souris, je la poussai du museau vers le mâle, me léchant les babines, puis la patte pour me nettoyer les moustaches. Les Lunar Pods... J'en avais vaguement entendu parler, mais sans connaître leurs noms, puisque même les chats de la ville les avaient craints et s'étaient montrés plus prudents pendant cette période. Je ne comprenais pas vraiment tout ce dont il parlait - qu'est-ce que c'était que le Clan des Étoiles ? -, mais j'arrivais assez aisément à m'imaginer ce que ça pouvait être... Les étoiles, peut-être ? Enfin, je n'allais pas juger de ses croyances, après tout. Une fois qu'il eut terminé, mes oreilles frémirent légèrement.

- Hé bien, tu as une vie beaucoup plus intense que la mienne. Mais en t'écoutant, ça me donne presque l'impression que tous les claniques sont des sauvages.

Je ne les craignais pas, bien entendu, je n'étais pas femelle à me laisser impressionner par quelques chats vivant en autarcie dans la forêt. J'en avais défiés des bien plus coriaces dans ma vie ! Mais leur vie semblait violente et sans merci, alors en un sens, je m'inquiétais pour mon frère. Je le savais parfaitement capable de se défendre, mais tout de même.

Shampooing m’écoute avec attention. Mais j’ai bien l’impression que par moment, elle ne comprend pas tout. Le jargon est un petit peu spécial par moment. Quand je termine ma tirade, je récupère la souris à moitié dévorée par ma sœur pour la finir en quelques bouchées.

- Hé bien, tu as une vie beaucoup plus intense que la mienne. Mais en t'écoutant, ça me donne presque l'impression que tous les claniques sont des sauvages.

Mon oreille blessée tique légèrement. Mais je ronronne pour la rassure. Mais non, ma vie n’est pas sauvage. Il y a des claniques qui sont très très sympa.

- Plume Duveteuse était sympa. Écho des Ruisseaux et Secret du Firmament sont vraiment gentils aussi. Petite Nuit, qui ne doit plus s’appeler comme ça à présent, était un peu prétentieuse, mais pa méchante non plus. Tous les claniques ne sont pas des barbares sanguinaires. Beaucoup le sont, mais tous ne le sont pas. Faut se fier uniquement à ce qui se dit, il faut vérifier soi-même.

Les rencontre, c’est toujours un plus. Jene regrette absolument pas ma vie, sauf ma surdité et le mutisme de Nuage Criard, mais ça, je n’y peux rien, ce n’est pas de mon ressort. Je sais bien que je commençais à perdre l’audition avant de recevoir cette vilaine plaie. Disons que la plaie n’a rien arrangé et mon conduit auditif a du s’en retrouvé touché. Ce qui explique mon état, probablement. Pour Cri, je ne l’explique pas, mais ça. C’est sans doute la faute à Plume Duveteuse. Moi, je suis parfait alors, ça ne vient pas de moi.

- Mais ça, oui, ma vie est intense, mais je ne regrette rien. Je l’aime bien, au final.