Fleurs éphémères sur mon coeur... Secret de soeurs. [Ft. Mimo] -abandon

« Je suis Caresse du Vent, guerrier des landes. Enchanté. »

Dans le secret de la tanière des apprentis, déserte à cette heure, une jeune novice brune aux grands yeux d'ambre et au cœur d'or revivait en pensées, en souvenirs, une nuit d'automne, loin de son nid, lorsque le vent de minuit l'avait guidée jusqu'à la tente parée d'arc-en-ciel, tandis que ses vœux s'emplissaient de magie et que son âme découvrait une allégeance, un nouvel ami. Les couleurs de ce passé l'envahirent, en une tornade de sensations, d'émotions, de détails, des rires et des larmes, et de la douceur, comme mille pétales de fleurs. Le rouge du cirque qui avait été leur secret. L'orange de la fourrure du fils du vent, la couleur de ses étreintes. Le jaune de leurs prunelles ravies, et du cadeau qu'il lui avait donné - elle ronronna, serrant plus fort la pierre polie entre ses pattes. Le vert du tissu qu'elle avait trouvé à lui offrir, un vert tendant sur le bleu, le turquoise, pour capturer la beauté du monde, et de leur rencontre. Le bleu de la plateforme de funambule, qui lui rappelait le sauvetage, et les miroirs aussi, leurs discussions. L'indigo du ciel où les étoiles rieuses ne les jugeaient pas, parce que le temps d'une nuit, tout était permis. Et le violet...

Une tornade bicolore la tira de ses pensées, emportant avec elle la dernière couleur qui lui donnait son nom, Mimosa se relevant d'un bond mais roulant au sol dans un tourbillon de mousse et d'énergie, deux fleurs dans la brise, une étreinte folle, inespérée, enfantine et immensément heureuse. Alors, la brunette riait: combien de lunes avaient passé, depuis leurs derniers jeux, depuis qu'elle n'avait pas vu Violette aussi innocente, aussi insouciante, aussi joyeuse, aussi lumineuse ? Les grands yeux verts de la féline de jais et de neige scintillaient comme les lumières du cirque dans la nuit, comme des pierres précieuses, comme les étoiles - non, comme deux petits soleils. Et le cœur de sa sœur s'emplit de bonheur, parce que l'aînée d'entre elles - car Mimosa considérait l'aventurière de la fratrie comme la plus grande, et la plus dormeuse d'entre elles comme la benjamine - méritait bien toute cette joie; et les deux amies de cœur, unies par la famille, les jeux et les secrets esquissèrent des sourires, en miroir. Elles n'auraient pu être plus différentes, reflétant chacune un mélange de leurs parents: Mimosa était fine, presque trop, sa sœur plus en courbes; Violette avait les couleurs de Papillon de Lune, et sa sœur la robe d'Étoile Maudite; Mimosa portait les prunelles de sa maman, les yeux de sa sœur brillaient, pareils à ceux de leur père. Elles étaient des jumelles inversées. Par le corps, tout les séparait, mais...

Tu sais, toi et moi sommes pareilles.
Et tu es et tu restes ma jolie merveille.
Je garde tes secrets, ton amitié, ton cœur;
Tu gardes mon courage, mon amour, ma sœur.

La voix de Violette parlait comme ses yeux, vibrante, en une mélodie extraordinaire.
Les émotions l'emplissaient à éclater... Mimosa n'avait pas ressenti pareille chose depuis...
Depuis sa propre escapade au Cirque. D'où revenait sa jolie fleur violette ? Qui l'illuminait ?
Souriant tendrement, complice, face aux mots de l'aînée, sa cadette s'installa pour discuter.
Elles étaient seules, comme cela devait être; Violette l'avait choisie - ce serait leur secret.
L'apprentie guerrière et aide guérisseuse se sentit si heureuse de partager ce moment-ci !
Reconnaissante, aussi. Sa fratrie ne l'oubliait pas, l'aimait - et la brunette en fut fière.

Si tu savais, si tu savais, grande sœur
Tu es mon équilibre, mon aventure,
Et la plus belle de toutes mes parures.
Tu mérites toutes les fleurs du bonheur.

« Dit, dit ! J'ai passé une superbe après-midi, c'était trop génial ! »

Violette flottait presque d'euphorie - Mimosa sourit.
Un ronron, un câlin, un regard doux - une question fleurit.
Puis une deuxième. Curiosité, tendresse, complicité, finesse.

« Tu as l'air bien heureuse, dis-moi ! Que se passe-t-il, Vivi ?
Raconte-moi: qu'est-ce qui fait briller les yeux de ma grande sœur ? »

Je suis et je serai toujours l'Optimiste,
celle qui espère les espoirs lointains
et la rêveuse des rêves impossibles.
Je suis moi, je suis Nuage du Mimosa.
Je suppose que j'aimerais être moins timide.
Mais le reste ? Non. Je veux rester moi.
Je veux aimer et je veux rire;
Je veux des amitiés, dans l'avenir
- Qu'importe les Clans, pour ça.
Je veux des aventures, lointaines,
Et pourtant, savoir revenir chez moi.
Je veux le bonheur de ceux que j'aime.

À cet instant, et dans les grands yeux verts ou or
Mimosa en était sûre: les rêves se réalisaient encore.
Elle s'assit donc auprès de Violette, mêla leurs fourrures.
Un parfum léger, alors, fit bondir son cœur, semblable à un rêve.

Caresse du Vent.
Nuage des Vents.
C'est l'odeur de leur Clan.

Mais c'était diffus, alors même qu'elle avait le nez dans la fourrure de sa sœur, alors...
Elle avait du rêver. Et de toute façon, quoiqu'il se soit passé, Violette lui dirait.
Nul besoin d'imaginer, de parler; Mimosa ferait ce qu'elle préférait: écouter, accepter.

A i m e r