Attaque-moi, si tu l'oses ! ft Nuage Poivré - end

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'Attaque Clan' :

Le noiraud se recula, et lui lança un regard perplexe. Eclat de Crépuscule se leva à son tour, une lueur de défi dans ses iris embrasées. Il se firent face, l'un fixant l'autre, comme pour tenter de lire dans les pensées de son ami. Elle sentit ses muscles se tendre instinctivement, comme tout le temps lorsqu'elle savait qu'il était l'heure de se battre. Ce sentiment de détermination lui faisait énormément plaisir. Elle était heureuse de voir que l'envie de vaincre ne s'était pas échappée, comme ses larmes partant de ses yeux. Elle ne sut si c'était ses mots qui avaient fait réagir Nuage Poivré, ou bien simplement qu'il se bouge pour lui faire plaisir, mais dans les deux cas l'action était la même. Alors elle ne souhaitait pas en savoir plus, et préférait se concentrer sur lui. Elle se promit de faire attention à ses commentaires pour l'améliorer, sans le blesser, et l'enfoncer plus encore que ce qu'il n'était.
" KESS'TU M'AS DIT ?! "

La rouquine éclata de rire, en le voyant se transformer subitement. Où était passé le gamin pleurnichard, qui ne songeait qu'à l'impressionner ? Elle voyait désormais un futur guerrier, prêt plus que tout à se battre, mais néanmoins toujours rôdait cette envie de la toucher, la rendre fière. Mais elle était son mentor, et son amie. Donc oui, elle comprenait cette détermination qui l’enivrait, et cela lui faisait drôlement plaisir. L’autre avait presque doublé de volume, pendant qu’il avait vociféré ces propos, et continua sur sa lancée :
" Fais gaffe hein ! Moi ceux qui font les durs j'leur met les moustaches à la place des oreilles et les pattes à la place de la queue ! "

La féline lâcha un sourire amusé. Il en faisait des tonnes, des caisses, mais il ne faisait pas le premier pas. Elle se rappela que pendant qu’il était chaton, il n’osait pas non plus l’attaquer, voulant qu’elle mette d’abord le coup. Mais elle ne voulait pas, pas cette fois-ci, qu’il ne fasse que se défendre. Le but de la manoeuvre était simplement de le faire réfléchir sur la conduite à tenir. Quand on était l’attaquant, on possédait l’avantage de la surprise, tandis qu’en plus, en positif de défense, il n’y avait qu’à protéger ses zones les plus faibles. C’est-à-dire le ventre, et la jugulaire.

Elle se tourna vers les moutons, tentant de ne pas trop lâcher le regard, de fixer le noiraud, même si elle était particulièrement attentive à sa démarche. D’un coup, d’un seul, il fonça, mais elle anticipa trop bien sa réaction. Sans même faire d’efforts, elle le repoussa, et le regarda, une lueur de moquerie dans les yeux. Il était réellement bien trop téméraire, et n’utilisait pas assez son cerveau. Non, il se contentait d’obéir, sans même réfléchir un peu. Sans doute son encéphale n’était-il pas mis en marche, parce qu’il ne le souhaitait pas. Il attendait la réponse, directement donnée. Et ça, ce n’était pas digne d’un guerrier ! Même à terre, il n’avait pas perdu sa hargne, et continua de lui envoyer une méchante répartie à la figure, narquois :
" PFFFF j'te fais peur hein ! Si tu fais des coups aussi ridicules !! "

Eclat de Crépuscule secoua vainement la tête, sachant bien qu’il serait pour lui impossible de se concentrer tant qu’elle l’aurait pas calmé. Mais était-ce une bonne idée de le balayer, de l’écraser et de rétorquer avec toute la violence dont elle était capable ? Elle recula, lui laissant le temps de se lever. Son coeur battait avec frénésie tant elle était heureuse de se battre de nouveau. Sa queue remuait rapidement de gauche à droite, et, n’y tenant plus, dès qu’il fut sur ses quatre pattes, elle bondit. Sa force n’égalait en rien son agilité, et elle était connue pour ça. La rouquine atterrit sur lui, et fut intérieurement très fière d’elle. Son coup avait été drôlement bien géré, songea-t-elle joyeusement. Ses coussinets frappèrent le pelage sombre, et il chuta une nouvelle fois. Elle posa une patte sur son thorax, l’empêchant sans grande fermeté de partir :
“Quand on fait même pas peur à une souris, il vaut mieux se taire !”

Elle éclata de rire, et remua les moustaches, puis reprit :”Ton coup aurait pu être mieux géré, mais tu es trop prévisible. Essaie de ne pas me foncer dessus directement, de faire un détour, d’aller à l’opposé de là où je regarde. Tu vois ce que je veux dire ? Refais encore une fois.”

Elle se recula, et pencha légèrement la tête, un léger sourire sur le coin des lèvres. C’était reparti !

Ses yeux jaunes brillaient comme deux soleils tandis que, repoussé, il se relevait lentement et surveillait les gestes de son mentor. Cette dernière recula un peu. Pas beaucoup, mais il crut que cela était bon signe pour lui, et se redressa vivement, tout emballé à l'idée de foncer de nouveau. Mais il y eut un contretemps qui l'interrompit dans sa lancée : une attaque remarquable de son mentor. Il avait eu le temps de la voir bondir et de comprendre qu'il faudrait remettre sa charge à plus tard, mais cela ne l'avait pas rendu capable de bien réagir pour autant. En un rien de temps, il fut avachi de nouveau sous son mentor, et même si ses gestes restaient assez doux, l'impact avait été un peu étourdissant. Nuage Poivré se demandait comment il pourrait se libérer de cette étreinte injuste lorsque la rouquine, cinglante, rétorqua :

" Quand on fait même pas peur à une souris, il vaut mieux se taire !
- PFFFFF Tu vas voir si j'me tais ! " parvint-il à lâcher en se hérissant un peu. Mais comme il n'avait pas encore tout à fait retrouvé son souffle depuis le choc, ses mots eurent surtout l'air d'être ceux d'un enfant qui voulait faire le malin.

Et d'ailleurs, plus le temps passait où il se sentait tout proche de son amie, plus sa combativité semblait s'estomper pour laisser place à cette drôle de vantardise caressante. Elle n'avait pas vraiment besoin de lui donner des coups pour l'étourdir, il suffisait qu'elle soit là, avec sa chaleur rassurane, son odeur enivrante, ses couleurs chatoyantes, sa douceur désarmante. C'était presque une invitation à fermer les yeux, et à frotter la tête contre les pattes de la belle en ronronnant. Ça rappelait au petit qui n'en était plus vraiment un combien il avait hâte de câliner la guerrière même si cette pensée était des plus inavouables.

Petit à petit, Nuage Poivré se découvrait donc un fond mollasson et se sentait de plus en plus stupide. Enfin quoi, elle est pas folle, et puis et puis c'est l'entraînement, d'abord, alors faut que je reste concentré. essayait-il de se discipliner. Et ce faisant, son corps se recontractait légèrement, mais en vain car aussitôt après, il se relâchait sans avoir pu se libérer.

" Ton coup aurait pu être mieux géré, mais tu es trop prévisible. Essaie de ne pas me foncer dessus directement, de faire un détour, d’aller à l’opposé de là où je regarde. Tu vois ce que je veux dire ? Refais encore une fois.
- Rlmlrmlr. " ronchonna l'apprenti qui d'un côté se sentait un peu humilié de sentir la belle s'éloigner, et de l'autre, se refusait, pour continuer le jeu, à lui donner raison d'une façon trop manifeste. Ça n'eut pas tant d'effet que ça, alors sitôt debout, il profita de faire face à la guerrière pour lancer une nouvelle menace qui le rendrait peut-être un peu moins ridicule, et surtout, qui l'aiderait à retrouver son habituelle hargne :

" Fais pas la maligne tu vas voir tu vas RIEN COMPRENDRE. "

Et sans plus attendre, il courut à nouveau en direction de la guerrière. Ce qu'il se passa ensuite fut un peu étonnant, car Nuage Poivré n'avait pas pensé à tout. Il s'était dit rapidement que vu les consignes qu'elle lui avait donné, Éclat de Crépuscule ne risquait pas se laisser avoir facilement par des feintes, d'autant plus que les feintes, il n'avait pas l'habitude d'en faire en courant, mais seulement à l'arrêt. Car les bagarres de chatons se faisaient la plupart du temps à l'arrêt.

Bref, il s'était dit que son mentor ne s'attendait pas forcément à ce qu'il attaque encore de façon frontale, et en conséquence, n'avait pas dévié véritablement sa course. Mais il s'arrêta devant elle plutôt que de bondir comme la dernière fois, car il n'était pas sûr que la rouquine ait été véritablement distraite. Et une fois qu'il fut placé là, devant la guerrière, il entreprit de faire semblant de lui taper les pattes trois ou quatre fois, pour la faire réagir. Et il recommença à faire semblant deux ou trois fois de plus. Ses feintes étaient très rapides, même si de moins en moins convaincantes au fur et à mesure qu'elles s'accumulaient. Il forçait en quelque sorte la belle à faire des gestes défensifs avec ses pattes et endormait en même temps sa vigilance.

Lorsqu'il eut assez feinté, et seulement à ce moment-là, il attaqua de ses pattes avant pour de bon cette fois, et atteignit l'épaule de la guerrière, qu'il ne griffa pas vraiment, avant d'éloigner sa patte de peur d'être pris encore une fois. Son "méfait" accompli, il hésitait désormais à recommencer ou à s'enfuir.

Spoiler:

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'Attaque Clan' :

L'autre ronchonna, et quand il eut fini de grommeler, il se remit en place. Eclat de Crépuscule observa, ravie, le résultat de leur petite discussion. Elle nota dans un coin de sa tête, dans la partie mentorat, que si un jour son nouvel apprenti n'allait pas bien, il valait mieux perdre un peu de temps à parler, plutôt que de s'abstenir, et gagner quelques heures niveau performances ! Elle sourit, heureuse de sa découverte, qui était carrément logique, mais elle n'avait pas tilté plus tôt. Le noiraud l'apostropha, la sortant de ses joyeuses pensées, et elle reporta son attention sur lui, le cœur léger :
" Fais pas la maligne tu vas voir tu vas RIEN COMPRENDRE. "

Elle le fixa un peu distraitement, s'attendant de toute façon à ce qu'il lui obéisse, et attaque comme elle lui avait demandé. Son regard se perdit une fois de plus sur les moutons qui avalaient avec une étonnante rapidité. Et elle sentit quelque chose s'approcher à toute allure, et dès qu'elle tourna la tête, Nuage Poivré s'arrêta net. Ses yeux jaunes reflétaient son hésitation, et elle attendit un peu. Il avait pourtant bien compris la consigne, non ? Ce n'était pas compliqué de faire une courbe, et de ne pas l'attaquer de face ! Et c'est exactement ce qu'il fît ! Elle secoua la tête, un peu agacée. Si elle était heureuse de le voir reprendre du poil de la bête, tout n'était pas permis pour autant ! Comme par exemple ne pas l'écouter !

Mais ne lui laissant pas de rétorquer, il commença à lui donner quelques coups de patte très peu douloureux, puis s'acharna sur elle plus violemment. C'était bien mieux que de lui lécher les pattes, c'est vrai, mais le mouvement, ce n'était pas encore ça. Il était bien trop doux, et un ennemi pouvait lui foutre une raclée en deux-deux s'il ne se décidait pas à prendre définitivement l'affaire en main. Comme s'il lut dans ses pensées, il attaqua réellement et elle ressentit une vive douleur à l'épaule, qui disparut rapidement, comme par magie. Elle avait encaissé des coups plus méchants, il était vrai, mais il s'était bien débrouillé. A force d'avoir reçu ses "caresses" à répétition, sa concentration avait disparu, et il en avait profité ! La rouquine était fière de lui, qu'il ait ENFIN utilisé son cerveau pour se battre ! C'était inespéré !

L'apprenti la fixa avec appréhension, craignant sûrement d'essuyer une nouvelle remarque désapprobatrice de sa part. Mais ce n'était pas le cas, et elle ne put retenir un ronronnement de contentement. Elle s'assit à côté de lui, caressant au passage son flanc de sa queue, dans une marque d'amitié. Le regard perdu dans le vague, avec une idée bien précise dans la tête, elle engagea une banale conversation :
Bien joué ! Tu ne trouves pas que le coucher de soleil est magnifique, ce soir ?"

Elle n'avait pas tort. L'astre brillait de mille feux, plus orangé que jamais. Le ciel autour l'accompagnait dans son habituelle ascension, dans un splendide dégradé. Seulement, son esprit était totalement pris par sa future revanche. Elle n'allait pas laisser le jeune matou s'en tirer comme ça, sur une victoire. Il en était hors de question ! Elle s'éloigna d'un pas négligé, faisant mine de s'étirer, afin qu'il ne la suive pas. Elle prit alors son souffle, et s'élança vers lui, dans une allure souple et gérée. Elle se jeta en avant, et le bouscula violemment, jusqu'à en avoir elle-même le souffle coupé. Elle n'imaginait pas ce qu'il avait dû ressentir, ne pensant même pas à la haine qui devait l'habiter en ce moment. Lui qui détestait tant être surpris ! Un léger sourire illumina son visage, mais elle ne s'arrêta pas ici pour autant. Il allait comprendre ce qu'était un combat, un vrai !

Profitant de son élan, elle fit un roulé-boulé, et l'entraîna dans leur tonneau, une fois sur lui, et réciproquement. Alors qu'il était sous elle, elle lui laboura avec détermination le ventre, sans mettre les griffes pour autant. Et enfin, enfin, elle lui laissa un moment de répit, et reprit son souffle. Son cœur se remit à battre normalement, lui qui s'était emballé sous le coup de l'adrénaline ! Elle lâcha un éclat de rire, et enchaîna, toute joyeuse qu'elle l'était :
"C'est ça un vrai combat ! Alors, tes petits coups minables, tu vas me faire plaisir de les amplifier encore et encore, et comme ça tu vas pouvoir m'éventrer avec tes puissants coups !"

Certains ne rigolaient pas avec le passage dans le clan des Etoiles, mais elle ne comprenait pas ce qu'il y avait de si tabou là-dedans. Là n'étaient que la normalité de la vie. Quand elle était finie, on allait là-haut. Ce n'était pas compliqué ! Elle reprit, plus sérieuse, cette fois-ci :
"C'était un très beau coup, vraiment. J'ai été prise de surprise. Mais par contre, avec un vrai ennemi, il sera rapidement agacé par tes tapes, et réagira plus vite que moi. Donc c'est une bonne idée, mais préfère les attaques vives qui sont donc efficaces. Essaye de te libérer maintenant, et, par pitié, ne lèche pas mes pattes ! On fera un bilan juste après !"

Spoiler:

L'hésitation qui prenait Nuage Poivré était de celles qui ne disparaissaient jamais. En fait, ça le démangeait de savoir ce que pensait la belle guerrière, ou pour être plus exact, il exécrait l'incertitude. Il n'avait pas envie de montrer qu'il se souciait vraiment de la façon dont elle le percevait à cette seconde précise où il venait de lui désobéir pour un résultat pas tout à fait lamentable, même si nettement moins brillant que ce qu'il aurait espéré. Il n'avait pas envie de la regarder dans les yeux, de peur d'y voir quelque chose de décourageant, mais il ne pouvait pas non plus l'éviter d'une façon trop manifeste.

Dis quelque chose, n'importe quoi... pria-t-il la rouquine silencieusement. Et elle répondit à ses attentes secrètes, même si son air évasif n'était pas des plus réconfortants. C'était comme si pour le complimenter, pour lui tenir compagnie, elle n'était soudain plus là qu'à moitié :
" Bien joué ! Tu ne trouves pas que le coucher de soleil est magnifique, ce soir ? "

S'il n'avait aucune idée de ce qu'elle attendait qu'il fasse à ce moment-là, il put au moins perdre son regard d'or dans les dernières lueurs du jour sans craindre de passer pour un faible ou pour un bloc de glace. Et réaliser, bizarrement, ce qu'il y avait de vrai dans l'observation de son mentor. Cet orange crépusculaire qui adoucissait toutes les lumières et rallongeait les ombres était un spectacle remarquable, et d'une grande rareté. Et il lui apparut, étrangement, que la guerrière faisait partie de ce ciel, tant son pelage et son nom se confondaient avec lui. Tout dans cet horizon, jusqu'aux parfums capiteux propres à cette heure au cours de laquelle nuit et jour s'épousaient, formait un décor uni, harmonieux, éphémère. Tout cela disparaîtrait en l'espace de quelques secondes, il suffirait qu'un nuage se déplace, ou que le soleil descende ne serait-ce qu'un tout petit peu plus. Malgré tout, Nuage Poivré sentait que cette contemplation d'une scène insaisissable éveillait déjà en lui quelque chose de neuf qui traverserait sa vie pendant des lunes et des lunes. Quelque chose d'inoubliable.

Il ferma les yeux, retint son souffle, et son cœur battit à tout rompre lorsqu'il réalisa qu'aucune de ces impressions ne l'avait quitté. Tout était fidèlement enregistré, et ça allait même au-delà : cette seconde insignifiante l'habiterait toujours.

L'apprenti n'eut pas le temps de reprendre sa respiration avant que la guerrière ne le percute. Un instant, il crut étouffer et écarquilla les yeux, terrifié. Mais dès qu'il reconnut Éclat de Crépuscule, la peur disparut et ses pupilles se dilatèrent légèrement, comme s'il était en train de se mettre à l'aise alors que la guerrière lui tapait le ventre qu'il exposait sans prudence. Le côté fâcheux de la position dans laquelle il se trouvait lui échappait totalement. C'était comme si l'apprenti abandonnait vite ses prétentions, une fois que son mentor commençait à l'entourer, pour devenir une boule de poils qui se laissait balader n'importe comment.

" C'est ça un vrai combat ! Alors, tes petits coups minables, tu vas me faire plaisir de les amplifier encore et encore, et comme ça tu vas pouvoir m'éventrer avec tes puissants coups !
- Pfff mais c'était fait exprès ! " parvint-il à protester avec un sourire trop large et une voix trop étranglée pour que ce soit convaincant.

Comme pour en convaincre la guerrière, il levait ses pattes avant et les passait paresseusement dans le pelage doux et éclatant de son ventre. Un regard le fit flancher néanmoins, et il s'efforça de retrouver un semblant de sérieux :

" C'était un très beau coup, vraiment. J'ai été prise de surprise. Mais par contre, avec un vrai ennemi, il sera rapidement agacé par tes tapes, et réagira plus vite que moi. Donc c'est une bonne idée, mais préfère les attaques vives qui sont donc efficaces. Essaye de te libérer maintenant, et, par pitié, ne lèche pas mes pattes ! On fera un bilan juste après !
- Me... libérer... " répéta-t-il dans ce qui aurait sans doute ressemblé à un rire ironique si l'apprenti avait pu assez reprendre son souffle.

Il réalisait qu'être le prisonnier de son mentor, ça ne lui déplaisait pas vraiment. Il était probablement plus libre écrasé sous elle que lorsqu'on le laissait se déplacer à sa guise, mais tout seul, dans le camp. Ce manque de motivation ne rendait pas l'épreuve plus facile, loin de là. Et surtout, sa déconcentration avait perturbé le rythme de sa respiration, il se sentait complètement vidé de ses forces pour cette raison.

Il essaya quand même de se tordre pour passer sa tête en souplesse sous l'épaule de la guerrière. Il supposait que si sa tête parvenait à passer, le reste de son corps suivrait bien. Mais son petit plan avait deux failles : tout d'abord, il réalisa vite que s'enfoncer sous l'épaule d'une guerrière lorsqu'on n'avait qu'une mobilité réduite, ce n'était pas très intelligent si on manquait déjà d'air. Il aurait pu s'étouffer tout seul comme un imbécile si un réflexe miraculeux ne l'avait pas poussé à chercher un peu d'air en-dessous de lui. L'autre difficulté, c'était que même une fois sa tête passée, le reste de son corps ne pouvait pas suivre, pour la raison bien simple qu'Éclat de Crépuscule le coinçait au sol avec une fermeté formidable.

Bref, il ne dégagea réellement que la partie supérieure de son corps, et encore, avec difficulté. Pour l'arrière, il essayait inutilement de tirer, mais ne semblait pas réaliser un seul instant qu'il lui aurait été beaucoup plus facile de forcer la rouquine à relâcher la pression en la menaçant avec les pattes qu'il avait de libres.

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'Parade Clan' :

La rouquine le maintenait fermement au sol. Il était définitivement bloqué, s’il ne se bougeait pas un peu, et qu’il ne lui léchait pas les pattes. Elle voulait réellement qu’il se prenne la tête, pour trouver une solution à son problème. Ce n’était pas vraiment compliqué, puisqu’il avait les deux pattes avant de libre, et qu’il commençait à avoir plus de forte qu’elle. Un brin de nostalgie s’empara de son petit bout de tête. Elle l’avait connu quand il avait moins d’une lune, et il avait par la suite grandi, encore et encore, jusqu’à la dépasser. Loin était le temps où il arrivait à se faufiler sous elle, et où il l’escaladait comme si elle était aussi grande qu’une montagne. Désormais il était plus imposant qu’elle, bien que moins frêle, et moins musclé. Elle profitait d’avoir l’avantage physique. Plus tard, elle ne pourrait lui faire du chantage que mentalement. Et ça, il réagissait bien, très bien, à ça.

- Pfff mais c'était fait exprès ! " rétorqua-t-il, en s’étirant contre elle. Elle sourit, mais ne répondit pas à cet énième mensonge. Il fallait réellement qu’il arrête de se trouver des excuses. Il n’avait juste pas obéi à sa consigne, et cela l’avait légèrement motivée à le remettre durement à sa place. Il pouvait se trouver imbattable, mais finissait par revenir au même stade, soit à celui d’ignorant. Il avait une forte tendance à oublier qui d’eux deux était le maître, et l’élève. Elle l’avait alors entraîné dans roulé-boulé remarquable, un de ceux qui faisaient tourner la tête après, et dont elle était fière. Lui semblait plutôt satisfait de leur gymnastique, et se satisfaisait de sa position, pourtant inconfortable.

- Me... libérer... " répéta-t-il, avec un peu de sérieux. Ses iris pétillaient joyeusement, et il avait un petit sourire, malgré son souffle court, qui indiquait sa fatigue. Le début de la journée était déjà loin, et le souvenir du repas avec le guerrier remontait il y a longtemps. Alors la patrouille matinale, n’en parlons pas ! Mais Nuage Poivré était moins endurant qu’elle, plus jeune. Elle décida qu’après sa libération, et son bilan, ils rentreraient. Afin d’être en forme le lendemain. Leur rythme d’entraînement s’accélérerait rapidement, pour le préparer à son futur rôle de guerrier.

Il se contorsionna étrangement. La rouquine se concentra sur son bloquement, afin de ne pas lui faciliter la tâche. Il n’arriva pas à se dégager, et fut obligée de se tordre pour respirer, s’étant trouvé sous son épaule. Elle qui était petite, comme tous les venteux, conservait une bonne dose de pelage, et inhaler de l’air dans cette rousse prison n’était pas une mince affaire. Il se dégagea finalement, dans un effort effort. Sentant qu’il serait bien compliqué de finir son exfiltration, elle se leva, tout de même satisfaite de son intervention, quoique particulière. Ce qu’il y avait de satisfaisant dans l’épreuve, c’est qu’un ennemi ne s’attendrait pas à ce qu’il réagisse pareillement, par la difficulté. La surprise était la meilleure des techniques. Cette citation était bien réelle, et elle adorait user de cet effet d’étonnement contre les autres.

Elle s’assit sur la petite butte, face au coucher de soleil. L’astre laissait la place au Clan des Etoiles, qui commençait à briller faiblement. Elle attendit qu’il la rejoigne, et lui expliqua certaines bases, qu’il devait absolument connaître.

“Bon. Alors, tout d’abord, même si tu ne m’as pas écoutée, il faut bannir de ton esprit les attaques frontales. Sauf si tu n’as pas le choix, et que ton ennemi est occupé autre part. Mais évite. Ensuite, pour ta libération … Heu … Comment dire? C’était particulier ?” fit-elle en éclatant de rire joyeusement. Ce n’était pas le terme le plus approprié, mais elle ne voulait pas qu’il se sente vexé, alors qu’il avait essayé, mais pas non plus trop sûr de lui. Il prendrait la grosse tête et ferait des nouvelles interventions de ce style, qui n’étaient pas, malgré tout, des plus efficaces. Elle reprit, sentant qu’elle n’était pas assez claire. “Disons que c’était une bonne idée, mais utilise les armes que tu as de libre : soit tes pattes avant. Tu aurais pu me repousser et en profiter pour te faufiler et partir. Les effets comme ça, on verra plus tard ! Bon, on va rentrer maintenant. Tu as des objections, des questions ?”

La rouquine se leva, et invita son apprenti à la suivre, en lui donnant un coup d’épaule dans le flanc. Tout sourire, elle se tourna vers lui, alors qu’ils s’engageaient sur le chemin du retour. Elle attendait une réponse de sa part, espérant pouvoir lui répondre. Toute jeune qu’elle était, il était son premier novice, et toujours flottait dans son esprit la peur de mal faire. Si elle savait qu’il n’en tiendrait pas rigueur, lui, tout à son amitié, le regard des autres sur leur drôle de duo l’inquiétait légèrement. Alors elle se donnait à fond, quitte à poursuivre les entraînements tard dans la journée, et très régulièrement. Il se devait, pour eux deux, d’être prêt et de tous les impressionner.

Lorsqu'elle le relâcha, il eut un drôle de grognement qui pouvait passer pour une protestation orgueilleuse aussi bien que pour l'expression d'une indéfinissable déception. J'aurais bien aimé qu'elle me garde toujours.

Mais cette frustration s'évanouit lorsqu'il se redressa et étudia le tableau que formait son amie dans le crépuscule de ce jour-là. D'ordinaire, Nuage Poivré n'était pas quelqu'un de très éveillé au monde vulgaire des images, mais pour une raison inconnue, sans doute s'agissait-il de l'état de fatigue de sa jeune cervelle, il fut ce jour-là envahi par une impression tenace et extraordinairement profonde.

C'était comme si le corps de son mentor se mêlait aussi bien que son nom aux lueurs roses et orangées qui striaient l'horizon. C'était comme si autour de lui, il n'y avait plus que le ciel. La femelle était si éclatante qu'elle était devenue évanescente. Elle irradiait comme cent soleils, et tout ce qui venait d'elle semblait séparé de lui par l'immensité du monde. Il n'avait plus que des échos et des rayons, mais ces échos et ces rayons constituaient depuis toujours l'ensemble des indices qui l'avaient guidé.

Sans eux, il n'était rien. Sans eux, il était fou. Sans eux, il était seul. Nuage Poivré ouvrait les yeux sur la beauté du ciel autant que sur le seul avenir qui demeurait envisageable. Mais était-il vraiment possible, au fond, de prétendre à cet avenir-là, lorsque l'on était à ce point misérable ? Il baissa les yeux. Non. Bien sûr que non. Je ne suis rien. Rien du tout.

" Bon. Alors, tout d’abord, même si tu ne m’as pas écoutée, il faut bannir de ton esprit les attaques frontales. Sauf si tu n’as pas le choix, et que ton ennemi est occupé autre part. Mais évite. Ensuite, pour ta libération … Heu … Comment dire? C’était particulier ?
- Tu peux dire "génial", plaisanta-t-il en se donnant un faux air satisfait.
- Disons que c’était une bonne idée, mais utilise les armes que tu as de libre : soit tes pattes avant. Tu aurais pu me repousser et en profiter pour te faufiler et partir. Les effets comme ça, on verra plus tard ! Bon, on va rentrer maintenant. Tu as des objections, des questions ?
- Tu trouves pas qu'il fait beau ? " demanda-t-il avec un détachement voulu. " Moi, j'adore. Ce ciel-là. "

Quand je serai grand... pensa-t-il en la regardant d'un air presque taquin, quand je serai grand, je te convaincrai vraiment.

Ou sinon, tant pis pour moi.

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