[Canicule] Chaleur agonisante [Ft Plume de Buse] - abandon

 
 La canicule faisait rage dans la forêt de Cerfblanc. Le soleil cognait dur -surtout sur les terres du Vent, qui n'avaient pas ou peu d'ombre- et l'eau s'amenuisait, tout comme les proies. Celles-ci ne se montraient que très peu, et il fallait donc s'armer de patience pour en dénicher une. 


Ainsi, le tas de gibier ne méritait même plus son appellation, car il s'agissait juste de deux pièces de gibiers maigres, qui ne nourriraient rien. En ce moment-même, les chatons, les reines, les anciens et chaque chat de la tribu attendait son repas avec impatience, tandis que leur ventre gargouillait pour leur rappeler l'importance de ce besoin. 


Celui d'Etoile Tropicale faisait le même bruit, mais comme depuis quelques jours déjà, il décida de l'ignorer. L'état de la réserve et celui de ses camarades le désolait. Alors, comme il l'avait fait pour l'hiver, il ne se nourrissait pas, laissant ce privilège aux membres de son clan. Eux n'avaient qu'une vie, lui huit. Il s'agissait aussi là d'une des raisons de leur existence. Etre le premier au combat et le dernier à manger. 


Il négligea donc une nouvelle fois l'appel de son corps, pour sortir de sa tanière et de son ombre rafraîchissante. A l'extérieur, il n'y avait presque personne, les guerriers qui avaient chassé de nuit dormaient, tout comme les apprentis, et les autres restaient à l'abri de cette chaleur. Malgré l'instauration de la chasse de nuit, le tas de gibier restait maigre, et il avait bien la ferme intention de le rengorger.

Il marchait lentement, fatigué, vidé d'énergie. Sa lourde et longue fourrure l'handicapait, collait à sa peau, créant un véritable manteau, qui ne faisait qu'augmenter l'inconfort crée par la canicule. Il avait chaud, si chaud... Au moins, son pelage permettait de cacher ses côtes qui se dessinaient sur sa peau, preuve de sa maigreur. C'était en partie pour cela qu'il le toilettait, pour rester décent, garder les apparences. Il n'avait jamais fait autant attention aux apparences que depuis qu'il était chef. 

Tandis qu'il marchait, il vit Plume de Buse sortir d'un recoin du camp. Sachant très bien que seul, il ne ferait pas grand chose, il l'appela à le rejoindre, sous forme d'un ordre-demande.

"Bonjour Plume de Buse. Viens chasser avec moi s'il te plait."


Il continua sa route, quitta le camp et se dirigea vers les Hautes Landes. Il fallait absolument qu'ils trouvent quelque chose...
 

La faim touchait tout le monde, tout comme la chaleur et si les Reines, les chatons et les Anciens se voyaient douloureusement attaqués par la canicule, les guerriers étaient tout autant vulnérables. Plume de Buse avait la chance d'avoir un pelage ras et léger, mais cela n'enlevait rien au manque d'ombres dans le camp et lorsqu'il ne pensait pas à son envie pressante de boire, c'était à son estomac, qu'il pensait. La famine le tiraillait, son ventre grondait à intervalle régulier comme le rappel cuisant d'une vielle blessure.
Mais il ne se permettait pas de boire ou de manger avant que les plus fragiles n'aient put le faire. Il était un membre du Clan du Vent et une Sentinelle, cela signifiait qu'il n'avait pas le droit de faire preuve d'égoïsme, surtout à cette saison.

C'est en sortant d'un coin du camp, le regard et l'allure fier en dépit de sa faiblesse actuelle, que Plume de Buse aperçu Etoile Tropicale. Il s'arrêta, respectueusement lorsque celui-ci lui demanda sans détour :
" Bonjour Plume de Buse. Viens chasser avec moi s'il te plait. " Le félin crème acquiesça sans broncher, c'était un honneur de chasser avec ce cher félin roux et blanc. Il s'élança à sa suite, à travers le camp puis dans les landes.

L'herbe y avait sécher, celle-ci était déjà bien maigre et rêche, d'ordinaire, dû à la pauvreté des sols, mais aujourd'hui le sol avait jaunit et n'était plus qu'un tas de poussière filandreux. Le vent n'arrivait même pas à rafraîchir nos deux compères, chaud, il s'amusait à brûler leurs poils en soulevant un peu de poudre brune qui tâcha le pelage du guerrier tigré.
" ... Avec cette chaleur, nous aurons de la chance si nous trouvons une carcasse... " Souffla-t-il, la gorge sèche, avant de s'ébrouer. Et puis, attentif, il leva les oreilles, cherchant du regard un mouvement, une trace, un signalement qui aurait put les mettre sur la piste d'une proie, quelle qu'elle soit.

  Les Hautes Landes n'avaient de landes plus que le nom. En effet, chauffé par le soleil, le sol ressemblait bien plus à un tapis de foin qu'autre chose à présent. Sous les pattes, les tiges jaunes craquaient, tombées en poussières. Étoile Tropicale réprimait ses halètements, tandis que sa gorge le brûlait à cause de la poussière et de la sécheresse qui y régnait. Il n'avait pas bu depuis la matinée de la vieille et de ses réserves d'eau interne, il ne restait plus grand chose, perdues rapidement par la transpiration. 

" ... Avec cette chaleur, nous aurons de la chance si nous trouvons une carcasse... " 

Il ne pouvait que hocher de la tête aux paroles de son camarade. Les proies si elles n'étaient pas mortes, devaient se cacher à l'ombre, dans les terriers, comme les deux chats auraient du le faire.

"Alors, espérons avoir beaucoup, beaucoup de chance..."

Il en doutait très sincèrement. Mais par le clan des Etoiles. 

Coïncidence, ou réponse de leur part, il sentit l'odeur plus qu'alléchante d'une part de gibier. Là. Plus loin, une grive s'était posée, sans doute épuisée. Ses ailes étaient décharnées, et il devait y avoir bien plus d'os que de viande dans ce corps. Mais c'était toujours ça. 

Le meneur s'approcha d'elle, en position adéquate. Il n'avait jamais été bon à la chasse -bien plus taillé pour le combat- mais il connaissait la technique, à défaut d'exceller en pratique. Il avança, et une fois qu'il se sentit proche, il bondit. Mais sa force lui fit défaut, et son saut ne franchit pas la distance prévue. L'oiseau, alertée par ce bruit lourd, prit la fuite. Le roux et blanc lança sa patte en l'air, mais ne fit que frapper l'air. La bête, prise d'un soudain instinct de survie très fort s'était envolé à une vitesse affolante pour le cadavre vivant qu'elle était.

"Fais ch*er!" murmura t-il pour lui-même.

Les jurons ne faisaient habituellement pas partis de son jargon, mais la frustration ressentie était si intense que les mots étaient sorti d'eux-mêmes. Dire qu'il avait laissé échapper le -maigre- repas d'un de ses compères... Pourvu que Plume de Buse ait vu quelque chose et ait plus de succès que lui... 

Il se retourna donc pour voir où il en était.

HRP:

Plume de Buse posa les yeux sur son leader alors que celui-ci sembla soudain attiré par autre chose. L'odeur ne lui vint qu'après, portée par un nouveau souffle chaud qui inonda ses narines et fit gargouiller légèrement son estomac. Un oiseau.
Voyant qu'Etoile Tropicale s'était lancé à sa poursuite, il préféra laisser la proie à celui-ci. Au lieu de cela, il s'éloigne doucement, cherchant lui aussi une proie à se mettre sous la dent. Qui sait, peut-être que la grive n'était pas tout à fait seule ?

Il avait eut raison de se focaliser sur autre chose que cette maigre proie car en s'élevant sur les rochers dans l'espoir d'apercevoir un autre animal, il entraperçu entre deux buissons décharnés les oreilles courtes et pointues d'un lapin. Le félin ne bougea plus, ne voulant pas alerter l'animal avec un mouvement trop brusque. Il attendit de sentir le vent, face à lui, une nouvelle fois, pour se plaquer contre la roche. Il laissa son chef de clan à son oiseau et s'approcha furtivement entre les herbes craquantes.
Les yeux ronds comme des billes, focalisé sur sa proie, il se rapprochait, ses pattes étaient sûres et en dépit de sa faiblesse - dû à la canicule - il comptait bien sur le fait de réussir à chasser cet animal. Celui-ci était tout aussi maigres que les deux chats, pire encore ! Des poils lui manquait et il semblait blessé. Une proie parfait bien que peu nourrissante.
Trop concentré, il en oublia son environnement. Alors qu'il se préparait à fondre sur le pauvre lapin, la grive que chassait son Etoile s'envola. Surpris, Plume de Buse eut un léger sursaut... Assez visible, cela dit, pour affolé le lapin qui s'enfuit à toute jambe, soulevant un léger nuage de poussière. Le félin tigré bondit en avant et s'élança à sa suite, mais c'était peine perdue et il s'arrêta assez vite, levant les yeux sur Etoile Tropicale.

" ... La famine ne les a pas rendu moins vifs. " Constata-t-il, rejoignant à patte traînantes sous la chaleur, mais toujours aussi fier, son chef. " A moins que ce soit nous qui sommes moins alertes. "

[justify]

Visiblement, Plume de Buse n'avait pas plus de chance que lui. Le lapin qu'il avait repéré s'était enfui, et partait avec lui l'espoir de revenir au camp avec de quoi nourrir un ancien ou une reine. Il ne pouvait en vouloir au guerrier de s'être raté, d'abord parce qu'il en avait fait de même, mais aussi car comme tous, il était plus fatigué, moins en forme. Tout ceci était un véritable cercle vicieux qui semblait ne jamais vouloir prendre fin. Oh ciel, il était temps que ce soleil infernal s'en aille!

Dépité, Étole Tropicale revint vers son camarade, qui s'approchait également.

" ... La famine ne les a pas rendu moins vifs.]A moins que ce soit nous qui sommes moins alertes. "

"Un peu des deux, je suppose..."

Il soupira. Non, ils ne pouvaient rentrer bredouille, ni s'accorder du repos, même si son corps entier réclamait de l'eau, même s'il avait l'impression qu'on lui tambourinait la tête, coup de pierre aussi lourdes que celles qui se situaient près a Grotte de la Vie.

"Nous ferions mieux de nous séparer, je ne pense pas qu'il reste quelque chose dans les environs."

Ainsi, il s'éloigna de Plume de Buse, droit , même s'il avait l'impression que ses pattes le lâcheraient d'un instant à l'autre. Il ne pouvait se permettre de paraître faible, même s'il l'était. Il se sentait actuellement aussi vulnérable qu'un chaton sorti du ventre de sa mère.

Sa vision devenait flou, mais il avançait. C'était maintenant plus machinal que réfléchi. C"était comme si un coup de vent suffirait à le faire tomber.

HRP:

[justify]